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L’Art de péter/Chapitre premier

La bibliothèque libre.
Florent-Q., rue Pet-en-Gueule, au Soufflet (p. 18-20).

CHAPITRE PREMIER.

Extraction ou formation du Pet.


Nous avons dit qu’il étoit néceſſaire que la matiére du Pet soit attiédie & legérement atténuée ; nous allons le ſoutenir & avec fondement.

Car de même qu’il ne pleut jamais dans les pays les plus chauds, la trop grande chaleur abſorbant toutes ſortes de fumées & de vapeurs ; ni même dans les pays-froids, l’exceſſive gelée empêchant l’exhalation des fumées ; mais qu’au contraire il pleut dans les Régions moyennes & temperées (comme Bodin, Scaliger & Cardan l’ont très-bien & très élégamment remarqué) de même auſſi la chaleur, lorſqu’elle eſt exceſſive ; broye non ſeulement & attenuë les alimens, mais encore diſſoud & conſume toutes les vapeurs, ce que le froid ne peut pas faire, & ce qui l’empêche conſéquemment de produire la moindre fumée ; mais la Chaleur n’attenuë que légérement lorſquelle n’eſt pas aſſez forte & qu’elle ne peut faire une Cuiſſon parfaite. Alors la pituite du ventricule & des inteſtins engendre beaucoup de vents qui ſe forment encore en plus grande quantité ſi les alimens ſont naturellement flatueux, parce que n’étant digérés que par une chaleur médiocre, ils cauſent des fumées trop épaisses & trop embarraſſantes. On ſentira, cela plus nettement par la comparaiſon du Printemps & de l’Automne avec l’Eté & l’Hiver, & par la diſtillation où il n’eſt queſtion que d’une chaleur ou d’un feu très modique.