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L’Assemblée de Dieu

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L’ASSEMBLÉE

DE DIEU.


Réimpression du Messager Évangélique.


VEVEY
imprimerie ch.-f. recordon

1862.
Séparateur


En présence de toutes les divisions de l’Assemblée de Dieu sur la terre, et de toutes les tentatives plus ou moins fructueuses qui ont été faites pour rassembler les croyants autour d’un centre commun, chaque chrétien, en particulier, doit sentir combien il lui importe de connaître la pensée de Dieu au sujet de ces choses, qui touchent si directement au témoignage qu’il est appelé à rendre ici-bas. Il n’y a que les Écritures qui puissent réellement nous enseigner à cet égard, con vaincre, corriger, instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli, et « parfaitement accompli pour toute bonne œuvre. » Le Seigneur n’a-t-il pas dit : « Sanctifie-les par ta vérité, ta Parole est la vérité » (2 Tim. III, 16-17 ; Jean XVII, 17 ; comp. Matth. IV, 4, 7, 10 ; Ps. XVII, 4 ; CXIX, 9-11, 97-105 ; És. VIII, 19, 20). Je me propose donc, sous la bénédiction du Seigneur, d’appeler ici l’attention des frères sur l’enseignement de la Parole au sujet de l’Assemblée de Dieu et de l’unité du corps de Christ, et puis sur quelques conséquences pratiques, que cette Parole elle-même rattache à ses instructions sur ce point.

Il n’est pas besoin de rappeler que si nous voulons nous occuper de l’Assemblée, et savoir ce qu’elle est selon le conseil de Dieu, nous ne devons pas chercher de lumière sur ce sujet dans l’Ancien Testament. Nous y rencontrerons sans doute, çà et là, quelques figures remarquables, qui, sous un aspect ou un autre, nous représenteront l’Assemblée (voy. p. ex. la figure d’Ève, Gen. II, 21-24, comparé avec Éphés. V, 22, 23) ; mais le témoignage explicite des Écritures nous dit que le conseil de Dieu à l’égard de la gloire de Christ, élevé au-dessus de toutes choses, comme Chef de l’Assemblée qui est son corps et la plénitude de celui qui remplit tout en tous, est resté « un mystère, » « caché en Dieu » jusqu’à ce que le Saint-Esprit descendit du ciel pour le révéler, et que Paul fût suscité pour être l’instrument particulier de sa communication, « afin de compléter la parole de Dieu » (voyez Éphés. III, 1-11 ; Col. I, 24-29 ; IV, 3 ; Rom. XVI, 25, 26).

C’est donc au Nouveau Testament, et plus spécialement aux écrits de l’apôtre Paul, qu’il nous faut recourir, si nous voulons apprendre ce qu’est l’Assemblée, et quels sont nos priviléges et nos devoirs, comme membres de cette glorieuse unité du corps de Christ.

La première mention qui soit faite de l’Assemblée dans le Nouveau Testament, Matth. XVI, 15-18, nous montre clairement, que, quoique avant et pendant la vie de Jésus ici-bas, il y ait eu des croyants sur la terre, Pierre tout le premier, l’Assemblée cependant n’existait pas encore. Reconnu pour la première fois « Fils du Dieu vivant, » Christ annonce qu’il bâtira son Assemblée sur ce fondement (comp. Éphés. II, 20), et il nous dit que les portes du Hadès ne triompheront pas contre ce qu’il aura ainsi bâti : « Sur ce rocher je bâtirai mon Assemblée, et les portes du Hadès ne prévaudront pas contre elle ! » Plus loin, dans ce même Évangile, Matth. XVIII, 15-20, le Seigneur ajoute quelques instructions précieuses pour le temps où l’Assemblée existerait de fait.

Avant que le Sauveur vînt, nous le savons tous, il y avait eu de nombreux croyants sur la terre, toute cette grande nuée de témoins que le chap. XI des Hébreux fait passer devant nous et que nous ne faisons que mentionner ici. Il y a eu plus tard ceux au milieu desquels le Sauveur apparaît, ces « restes fidèles » qui attendaient la consolation d’Israël, les Zacharie, les Élisabeth, les Marie, les Siméon, Anne, tous ceux au milieu desquels nous nous trouvons au commencement de l’Évangile de Luc ; mais ces croyants, quels que fussent d’ailleurs les sentiments qui les unissaient, étaient dispersés et isolés, ils n’avaient d’autres liens entre eux que leur commune foi et la consolation qu’ils attendaient. Pour les « rassembler en un, » il a fallu, non-seulement que Jésus vint s’associer à eux, « ces excellents de la terre, » et qu’il les rassemblât autour de lui par sa parole, mais, selon le témoignage exprès de l’Écriture, il a fallu que Jésus mourût. Caïphe prophétisa « que Jésus allait mourir pour la nation, et non-seulement pour la nation, mais pour rassembler en un tous les enfants de Dieu dispersés » (Jean XI, 51, 52).

Comme je viens de le dire, Jésus apparaît au milieu du résidu fidèle d’Israël ; il s’associe à ceux qui viennent au baptême de Jean, confessant leurs péchés ; le portier lui a ouvert, il est entré dans la bergerie des brebis, et il appelle ses propres brebis par leur nom ; il les rassemble autour de lui. Il est le vrai cep, eux les sarments. Mais quand il a appelé ses propres brebis, il les mène dehors, il marche devant elles et met sa vie pour elles ; et les « autres brebis, » qui ne sont pas de cette bergerie, il les amènera aussi, et « il y aura un seul troupeau et un seul berger » (voyez Jean X, 1–16). Il meurt pour la nation, et non-seulement pour la nation, mais pour rassembler en un tous les enfants de Dieu dispersés. Dans sa mort et sa résurrection, il délivre le résidu fidèle d’Israël, et l’introduit dans une toute nouvelle position, dont, en même temps, il a aussi ouvert l’accès aux pauvres Gentils, et qui est exprimée dans les paroles qu’il adresse à Marie : « Va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean XX, 17. Comp. aussi Hébr. II, 10 et suiv.)

Dans cette nouvelle position que la mort et la résurrection de Jésus leur ont faite, les disciples assemblés jouissent deux fois, le premier jour de la semaine, de la présence personnelle et visible du Sauveur, qui s’entretient avec eux et leur montre ses mains et son côté. C’est sur eux aussi, qu’après son ascension, le Saint-Esprit est répandu, comme il nous est rapporté au ch. II du livre des Actes. Sans doute l’Assemblée, telle qu’elle nous apparaît alors, n’est composée encore que du résidu juif, transféré dans sa nouvelle position, et les Samaritains et les nations n’ont pris place au milieu d’elle que plus tard (Act. VIII et X) ; mais par le fait de la mort et de la résurrection de Jésus, et de son assemblée au ciel, en conséquence de laquelle le Saint-Esprit a été répandu, l’Assemblée existe désormais sur la terre comme un corps distinct, séparé d’Israël et des nations. Il n’y a plus sur la terre, seulement des croyants dispersés et isolés, mais ils sont « rassemblés en un, » et Dieu « ajoutait tous les jours à l’Assemblée ceux qui devaient être sauvés » (Act. II, 47).

C’est à ce point de vue que l’apôtre Pierre envisage les saints, et tel est « le troupeau de Dieu » dont il nous parle au chap. V de sa première épître : « Ayant été régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, nous nous approchons du Seigneur comme d’une pierre vivante, rejetée des hommes, mais précieuse et choisie auprès de Dieu, et nous aussi, comme des pierres vivantes, nous sommes édifiés pour être une maison spirituelle, une sainte sacrificature, un peuple acquis » (voy. 1 Pier. II, 1–10). Christ, le Fils du Dieu vivant, triomphateur de la mort, est la base et la pierre angulaire de l’édifice ; il bâtit la maison et la soutiendra victorieusement contre toute la puissance de celui qui a l’empire de la mort : l’Assemblée repose sur lui qui a la puissance de la vie divine en lui-même, et sur ce rocher elle est sûrement établie.

Jusqu’ici l’Assemblée ne se présente encore à nous que comme un rassemblement de personnes, réunies dans la même position par la mort et la résurrection du Fils de Dieu, et la participation au Saint-Esprit répandu sur elles ; les disciples, que Jésus ressuscité appelle maintenant ses frères, sont associés à la position dans laquelle il entre auprès de son Père et leur Père, de son Dieu et leur Dieu, et le Fils envoie sur eux, d’auprès du Père, le Saint-Esprit promis. Mais les écrits de l’apôtre Paul viennent nous révéler un tout nouveau caractère de l’Assemblée ainsi formée, savoir son union glorieuse avec Christ, élevé au-dessus de toutes choses dans les cieux. L’Assemblée existait déjà lorsque Paul apparaît sur la scène, mais « le mystère » n’était pas encore révélé, et pour qu’il le fût, il fallait d’abord que celui qui devait en être le proclamateur, en reçut lui même la communication. Le Fils de l’homme, dans la gloire, arrête le persécuteur de l’Assemblée sur le chemin de Damas, et, en se révélant ainsi lui-même à Paul, il lui apprend que les saints sur la terre sont un avec lui dans le ciel : « Je suis Jésus que tu persécutes » (voy. Act. IX). Le persécuteur de l’Assemblée reçoit « grâce et apostolat » (Rom. I, 5 ; comp. Gal. I, 11–17) ; il est converti et est fait en même temps ministre de l’Assemblée pour compléter la parole de Dieu, par la révélation du mystère jusque-là caché en Dieu, mais que Dieu manifestait maintenant à ses saints, auxquels il a voulu donner à connaître quelles sont les richesses de la gloire de ce mystère.

Nous apprenons ainsi que l’Assemblée n’est pas seulement un rassemblement de personnes, réunies devant Dieu dans la même position par la mort et la résurrection de Jésus et la participation au Saint-Esprit répandu sur elles, mais que, dans son vrai caractère, elle est associée à la gloire du Fils de l’homme comme son corps et la plénitude de celui qui remplit tout en tous, et qu’elle devient, en même temps, par la descente du Saint-Esprit sur la terre, une habitation de Dieu par l’Esprit. Cette unité a été réalisée par le baptême du Saint-Esprit, sous lequel les disciples rassemblés ont été placés le jour de la Pentecôte (1 Cor. XII, 13, comp. avec Act. I, 5). Le seul et même Esprit, qui est venu habiter dans les croyants individuellement et a fait de chacun d’eux, en particulier, un temple du Saint-Esprit, les unit aussi tous ensemble, formant ainsi d’eux tous un seul grand corps, « car nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés pour [l’unité d’]un seul Esprit » (1 Cor. XII, 13). Édifies ensemble sur le fondement des apôtres et prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin, les croyants deviennent ainsi, par la présence et l’opération de l’Esprit, une « habitation de Dieu, » « la maison de Dieu qui est l’Assemblée du Dieu vivant, la colonne et l’appui de la vérité. » « Il y a un seul corps et un seul Esprit » (Éph. IV, 4) : une seule et même unité qui se présente à nous, en connexion avec la gloire et la seigneurie du Fils de l’homme dans le ciel, comme son corps, comme l’objet de ses soins et de son amour, comme une seconde Ève d’un second et glorieux Adam (Éphés. I, 22, 23 ; II, 6, 7 ; IV, 10-16 ; V, 22-53), et puis, en communion avec la présence et l’opération de l’Esprit, comme le temple de Dieu, une habitation de Dieu par l’Esprit, la sphère des manifestations de l’Esprit (1 Cor. III, 16, 17 ; Éphés. II, 19-22 ; 1 Cor. XII, 4-11).

Dans le conseil de Dieu, dans sa position en Christ, et en résultat (Éphés. I ; II, 1-14 ; V, 27), l’Assemblée est le corps de Christ ; elle comprend proprement tous les croyants qui ont passé sur la terre ou y passeront encore, depuis le jour de la Pentecôte, où le corps a pris son commencement, jusqu’au jour de l’enlèvement des saints, alors que Christ se présentera l’Assemblée, une assemblée glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable. Mais en général, la Parole, laissant de côté les croyants qui se sont endormis en Christ, et ceux qui n’ont pas encore pris place, de fait, dans le corps, voit l’Assemblée dans ceux de ses membres qui sont vivants sur la terre à un moment donné. C’est ainsi que Paul s’adressant « à l’Assemblée de Dieu qui est à Corinthe, aux sanctifiés en Jésus-Christ, saints appelés, avec tous ceux qui en quelque lieu que ce soit invoquent le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, » leur dit : « Or vous êtes le corps de Christ ; » et ailleurs : « Le temple de Dieu est saint, or vous êtes ce temple » (1 Cor. I, 2 ; II, 27 ; III, 16, 17). C’est sous ce même point de vue encore que le même apôtre nous présente la position des saints sur la terre au chap. II de l’épître aux Éphésiens : « Christ ayant détruit dans sa mort le mur mitoyen de clôture qui séparait les Juifs et les nations, a créé les deux en lui-même pour être un seul homme nouveau en faisant la paix ; et il les a réconciliés tous les deux en un corps à Dieu par la croix, ayant tué en elle l’inimitié ; il a annoncé la bonne nouvelle de la paix à ceux qui étaient loin et à ceux qui étaient près, et par lui ils ont, les uns et les autres, accès auprès du Père par un seul Esprit, tous édifiés sur le fondement des apôtres et prophètes du Nouveau Testament, Jésus Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin, en qui tout l’édifice, bien ajusté ensemble, croit pour être un temple saint dans le Seigneur, en qui aussi ils sont édifiés pour être une habitation de Dieu par l’Esprit » (Éphés. II, 11–22). Le chap. IV de la même épître, pareillement, nous entretient de l’Assemblée sur la terre, et c’est d’elle que l’apôtre parle, quand il écrit à Timothée, afin qu’il sache « comment il faut se conduire dans la maison de Dieu qui est l’Assemblée du Dieu vivant, la colonne et l’appui de la vérité ; » et quand ailleurs, il exhorte les chrétiens à se conduire de telle manière qu’ils ne deviennent une cause d’achoppement ni aux Juifs, ni aux Grecs, ni à l’Assemblée de Dieu (1 Tim. III, 10 ; 1 Cor. X, 32).

L’ensemble des chrétiens sur la terre se présente donc à nous en relation avec Christ, le chef, comme « le corps de Christ, » et en relation avec la présence de l’Esprit, comme « la maison de Dieu. » Dans leur position normale, le corps de Christ et la maison de Dieu sont une seule et même chose, elles sont composées des mêmes personnes ; mais le corps étant le fruit des conseils de Dieu, et la maison le fruit d’une œuvre de Dieu dans laquelle l’homme est appelé à avoir une part, il peut y avoir à distinguer entre « le corps » qui ne se compose jamais que des vrais membres, vitalement unis à la tête, et « la maison, » telle qu’elle se présente à nous de fait. « Nul ne peut être vrai membre de Christ, » dit un frère qui a écrit sur ce sujet, « sans être réellement uni à la Tête, ni vraie pierre de la maison non plus ; mais la maison peut être la demeure de Dieu, bien que ce qui n’est pas une vraie pierre soit entré dans la construction ; mais il est impossible qu’une personne qui n’est pas née de Dieu, soit membre du corps de Christ. »

Il est important de retenir ferme la vérité, que l’Assemblée, le corps de Christ, est « un seul corps » (1 Cor. XII, 12, 13, 20 ; Éphés. IV, 4). Il y a une seule unité reconnue de Dieu, l’unité du corps, et quand l’Écriture parle du corps, elle a toujours en vue l’Assemblée tout entière, « tout le corps, » selon l’expression d’Éph. IV, 16 et de Coloss. II, 19. La Parole fait bien mention de plusieurs rassemblements, de plusieurs assemblées, « l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe, » « l’assemblée des Thessaloniciens, » « les assemblées de Galatie, » « l’assemblée qui est dans la maison » (1 Cor. I, 2 ; 2 Cor. I, 1 ; 1 Thess. I, 1 ; 2 Thess. I, 1 ; Gal. I. 2 ; Philém. 2) ; car le corps peut se rassembler en divers lieux ; mais jamais il n’est parlé de plusieurs corps, ou il n’est supposé qu’il puisse y en avoir plusieurs. Une assemblée particulière ou locale, ou une confédération d’assemblées comprenant une partie des chrétiens seulement, ne sont pas le corps. Celui-ci se compose toujours de tous les membres, quels qu’ils soient, réunis ou non en assemblées ; et si Paul, après avoir exposé aux chrétiens à Corinthe, avec tous ceux qui, en quel que lieu que ce soit, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, s’adresse à eux en leur disant : « Or vous êtes le corps de Christ, et ses membres chacun en particulier » (1 Cor. XII, 27), il est facile de se convaincre que l’apôtre avait réellement en vue « tout le corps. » Les chrétiens de la localité, rassemblés sur le pied de l’unité du corps, étaient, pour autant dans ce lieu-là, la réalisation et l’expression de cette grande unité universelle, dont ils étaient les membres, chacun en particulier, mais qu’ils ne constituaient pas à eux seuls. Ils étaient membres du corps, du seul corps, et non pas de telle ou telle assemblée à Corinthe ou ailleurs, ou de telle confédération plus vaste, mais n’embrassant pas tout le corps : ils étaient membres du corps et de rien autre. C’est de cette seule et même unité de tout le corps, et non pas de l’Assemblée qui était à Rome, que nous parle le même apôtre dans son épître aux Romains (Rom. XII, 4, 5) ; il en est de même de ses instructions dans les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens (Éphés. IV, 4–16 et Coloss. I, 18 ; II, 19). Dans tous ces passages, il s’agit toujours du grand corps universel tout entier, de « tout le corps, » non pas des assemblées locales comme si elles constituaient plu sieurs corps. « Il y a un seul corps » (Éphés. IV, 4) ! On est « du corps, » ou on n’est « pas du corps » (1 Cor. XII, 15, 16).

La Parole de Dieu prend un soin tout particulier à nous faire bien comprendre quel est le caractère et l’organisme de cette unité dont nous parlons ; et l’importance du sujet nous engage à citer ici tout au long les instructions détaillées que nous trouvons sur ce point dans la 1re épître aux Corinthiens. « Car de même que le corps est un et a plusieurs membres, mais que tous les membres de ce seul corps, quoiqu’ils soient plusieurs, sont un seul corps, ainsi aussi est le Christ. Car aussi nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit, pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés pour [l’unité d’]un seul Esprit. Car aussi le corps n’est pas un seul membre, mais plusieurs. Si le pied disait : parce que je ne suis pas la main, je ne suis pas du corps, est, ce que à cause de cela il n’est pas du corps ? Et si l’oreille disait : parce que je ne suis pas l’œil, je ne suis pas du corps, est-ce que à cause de cela elle n’est pas du corps ? Si tout le corps était l’œil, où serait l’ouïe ? Si tout était ouïe, où serait l’odorat ? Mais maintenant Dieu a placé les membres, — chacun d’eux — dans le corps, comme il l’a voulu. Or si tous étaient un seul membre, où serait le corps ? Mais maintenant les membres sont plusieurs, mais le corps un seul. L’œil ne peut pas dire à la main : Je n’ai pas besoin de toi ; ni encore la tête aux pieds : Je n’ai pas besoin de vous ; mais bien plutôt les membres du corps qui paraissent être les plus faibles, sont nécessaires. Et ceux que nous estimons les membres les moins honorables du corps, nous les environnons d’un honneur plus grand, et les moins honnêtes sont les plus parés au dehors. Mais nos membres honnêtes n’en ont pas besoin ; mais Dieu a composé le corps de telle manière, qu’il a donné un plus grand honneur à ce qui en manquait, afin qu’il n’y eût pas de division dans le corps, mais que les membres, aient un soin égal les uns des autres, Et si un membre souffre, tous les autres souffrent avec lui ; si un membre est glorifié, tous les membres se réjouissent avec lui. Or vous êtes le corps de Christ, et ses membres chacun en particulier » (1 Cor. XII, 13–27).

Ce passage remarquable nous montre que l’unité que nous avons ici devant nous, n’est pas seulement une agrégation de personnes, telle que nous la représente l’image d’un troupeau, — un seul troupeau, un seul berger, — pas plus qu’il n’est question simplement d’une unité de race ou de famille, comme par exemple en És. XLI, 8, et Jér. XXXI, 36 ; 1 Sam. X, 21, et Zach. XII, 12 ; ou de position comme en Hébr. II, 13, par exemple. Il s’agit moins encore seulement d’une unité de sentiment ou de pensée, quelque désirable qu’elle soit (comp. Philip. II, 1 et suiv.). Tous ces genres d’unité sont bien différents et restent bien au-dessous de l’unité du corps, telle qu’elle nous est présentée ici avec la puissance de l’Esprit de Dieu. « Car de même que le corps est un et a plusieurs membres, mais que tous les membres de ce seul corps, quoiqu’ils soient plusieurs, sont un seul corps, ainsi aussi est le Christ. Car aussi nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit, pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit es claves, soit libres, nous avons tous été abreuvés pour [l’unité d’]un seul Esprit » (vers. 12, 13). Dieu ne nous fait pas seulement membres de la grande famille de la foi, en nous vivifiant par son Esprit ; mais par sa présence souveraine, et par l’opération constante de l’Esprit, il a fait de tous les chrétiens une seule et vaste unité, organisée sur le principe de la dépendance mutuelle la plus complète et la plus absolue, rendant chaque partie nécessaire à la santé et au bonheur de chaque autre partie et de tout l’ensemble : Christ la tête, nous les membres, l’Esprit unissant ceux-ci à la Tête et aussi les uns aux autres en en faisant un seul corps. Il y a un corps, plusieurs membres. La vie et les grâces qui sont dans le Chef se répandent dans tout le corps, par la puissance du Saint-Esprit qui unit tous les membres à lui, et ceux-ci tous entre eux d’une manière indissoluble. Ce corps n’a de vie que par son union avec la Tête, et il ne peut croître non plus que par elle. Mais comme le corps est un, les membres sont plusieurs ; le corps n’est pas un seul membre, mais plusieurs (vers. 12, 14, 20). Si un membre n’a pas la même fonction qu’un autre membre, il ne faut pas dire pour cela qu’il ne soit pas du corps. Si tout le corps était l’œil où serait l’ouïe ? Si tout était ouïe, où serait l’odorat ? — Mais Dieu a placé chacun des membres dans le corps comme il a voulu, l’Esprit a distribué à chacun ses dons comme il lui plaît. Chacun des membres a sa place et son service assignés, selon la mesure de la grâce du don de Christ ; l’un ne peut pas dire à l’autre : je n’ai pas besoin de toi ; mais bien plutôt les membres du corps qui paraissent les plus faibles, sont nécessaires, Dieu ayant composé le corps de telle manière, qu’il a donné un plus grand honneur à ce qui en manquait, afin qu’il n’y eût point de division dans le corps, mais que les membres aient un soin égal les uns des autres. Et si un membre souffre, tous souffrent avec lui ; si un membre est glorifié, tous se réjouissent avec lui (vers. 14–26).

Le chap. IV de l’épître aux Éphésiens nous entretient du même sujet, savoir de cette grande unité universelle de tous les croyants, unis « en un » sur la terre, par la présence et l’opération de l’Esprit : « Il y a un seul corps, et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés pour une seule espérance de votre vocation. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême. Il y a un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tout et qui est partout et en vous tous. Mais la grâce a été donnée à chacun de nous, selon la mesure du don de Christ. C’est pourquoi il dit : Étant monté en haut, il a amené captive la captivité, et a donné des dons aux hommes. Or qu’il soit monté, qu’est-ce sinon qu’il est aussi descendu dans les parties inférieures de la terre ? Celui qui est descendu est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux, afin qu’il remplit toutes choses ; et lui, a donné les uns apôtres, les autres prophètes, les autres évangélistes, les autres pasteurs et docteurs, en vue de la perfection des saints, pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ, afin que nous ne soyons plus des enfants ballottés et emportés par tous vents de doctrine dans la tromperie des hommes, dans leur habileté à user de voies détournées pour égarer, mais que, étant vrais dans l’amour, nous croissions en toutes choses jusqu’à lui qui est le Chef, le Christ, duquel tout le corps, bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit l’accroissement du corps, pour l’édification de soi-même en amour, selon l’opération de chaque partie dans sa mesure » (Éphés. IV, 4–16).

Christ a aimé l’Assemblée, il s’est livré lui-même pour elle, il la sanctifie en la purifiant par le lavage d’eau par la Parole, afin de se la présenter une Assemblée sans tache, ni ride, ni rien de semblable ; sous les soins de son amour, par le moyen des dons qu’il lui donne, et par l’opération constante de l’Esprit et les dons qu’il distribue à qui il veut, l’Assemblée, unie à son Chef, soumise à Christ, croît jusqu’à lui ; et les puissances et les grâces de la vie, découlant du Chef, se répandent dans tout le corps, qui, fourni et bien ajusté ensemble par des jointures et des liens, croît d’un accroissement de Dieu (comp. Éphés. V, 22-34 ; IV, 4 16 ; 1 Cor. XII, XIII, XIV ; Rom. XII, 4-8). Quand l’œuvre sera accomplie, les saints seront enlevés au devant du Seigneur en l’air ; ils seront revêtus de la gloire promise, et l’Assemblée glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, apparaîtra avec le Fils de l’homme dans la gloire comme son corps et la plénitude de celui qui remplit tout en tous, comme une seconde Ève, l’épouse du céleste Adam. Quelle gloire qu’une telle vocation ! Quel privilége et quelle bénédiction extraordinaires !

Après avoir attiré l’attention des frères sur la position de l’Assemblée et le vrai caractère de l’unité chrétienne, je voudrais maintenant rappeler brièvement quelques-unes des exhortations de la sainte Parole, qui se lient à la connaissance de ces choses ; car ici, comme ailleurs, nous apprenons à la fois quels sont nos priviléges et quels sont nos devoirs. Notre responsabilité est inséparablement unie aux bénédictions dont nous sommes faits participants, et à la vocation à laquelle nous sommes appelés. À tous égards, le caractère et la direction de notre vie se rattachent aux différentes manifestations de la gloire de Christ ; nous trouvons en elles, en même temps, l’intelligence de la volonté de Dieu à notre égard et la puissance pour marcher dans cette volonté (voyez Coloss. I, 9 et suiv.). Puissions-nous le bien comprendre, afin de nous conduire d’une manière digne de Dieu, pour lui plaire à tous égards.

Mais si nous entrons ainsi dans le domaine de la vie pratique, on dira peut-être que depuis les temps apostoliques, tout a bien changé ? En effet, au lieu d’assemblées, réunies sur le pied de l’unité du corps, d’assemblées en paix, édifiées, marchant dans la crainte du Seigneur, et croissant par la consolation du Saint-Esprit (voyez Act. IX, 31), il n’y a que désordre, division, fausses doctrines ; un torrent dévastateur a tout ravagé, il ne reste de l’édifice que des ruines. L’homme avait une part dans l’ouvre du rassemblement et de l’édification ; il avait été appelé à être « collaborateur de Dieu » (1 Cor. III, 8–17) et par cette voie le mal est entré. L’Assemblée aussi était appelée à rendre un témoignage, et elle a manqué à sa responsabilité. Ce qui était réellement la maison de Dieu est devenu « une grande maison, » dans laquelle il y a des vaisseaux à honneur et des vaisseaux à déshonneur ; le corps visible que Dieu avait fait dépositaire de ses glorieuses révélations et gardien de la vérité, n’a pas su conserver in tact le dépôt de Dieu, et les croyants, au lieu d’être rassemblés ensemble en dehors du monde, se sont trou vés isolés et dispersés au milieu de la grande masse professante du christianisme de nom. Toutefois, quel que soit le résultat de l’infidélité de l’homme quant à l’œuvre et au témoignage que Dieu lui avait confiés, la position et la vocation du croyant ne sont pas changées : ce que Dieu a élevé et qui est assis dans les lieux célestes avec Christ, n’en redescend pas ; ce que Dieu aussi a bâti sur la terre, et où il est venu habiter par l’Esprit, demeure, en dépit de la puissance des portes du Hadès. L’Assemblée est toujours ; elle est toujours la maison de Dieu, la colonne et l’appui de la vérité ; la vie y est, le Saint-Esprit y demeure, car Jésus l’a envoyé pour demeurer éternellement avec les siens ; la grâce aussi, et l’opération de la grâce du Chef, pour nourrir et faire croître les membres, ne s’affaiblissent pas, non plus que l’amour du cœur du Sauveur de qui cette grâce découle. Au milieu de tout le désordre et des ruines qui nous entourent, Dieu et sa Parole nous restent, pour nous conduire saintement et justement dans la voie de l’obéissance, au travers de tout, jusqu’à la gloire qui nous attend.

Prêtons donc une sérieuse attention aux avertissements de la sainte Parole de Dieu, et écoutons ses enseignements à l’égard de nos devoirs comme « membres du Christ. »

La première chose à laquelle nous soyons appelés sous ce rapport, c’est de « retenir le Chef, » car il est notre vie cachée en Dieu. Entré devant Dieu, après qu’il a glorifié Dieu au sujet de nos péchés, il est dans sa position actuelle l’expression vivante de la valeur et de la perfection de son œuvre, l’expression parfaite de notre délivrance, de notre acceptation devant Dieu, et de la gloire à laquelle nous sommes appelés, car nous porterons son image. Le Saint-Esprit qu’il a envoyé du ciel, a pour office de rendre témoignage de lui, de prendre toutes les gloires qui sont en lui, le Chef, pour nous les communiquer, afin qu’ainsi nous croissions en lui, et que nous soyons fortifiés en toute force selon la puissance de la gloire de Celui qui est « l’image du Dieu invisible. » Toute plénitude s’est plue à habiter en lui, qui est le chef de toute principauté et autorité ; et en lui nous sommes accomplis : la purification de nos péchés, notre vivification, notre délivrance de la loi, du monde, de la puissance de Satan, notre espérance, tout pour nous se rattache à lui, qui est l’expression de toute la plénitude de l’amour et de la faveur de Dieu envers nous. C’est en tant qu’uni à ce Chef, et que retenant le Chef, que tout le corps fourni et bien uni ensemble, croît d’un accroissement de Dieu (Coloss. II, 19 comp. avec I, 9 et suiv. ; II et III, 1–4). Sa mort nous a rassemblés en un, et sa présence est la bénédiction de deux ou trois réunis en son nom. Retenons donc le Chef, réclamons-nous de lui, réunissons-nous en son nom et autour de lui avec tous ceux qui l’invoquent d’un cœur pur, car c’est en lui que nous croyons et pour lui que nous avons été baptisés, comme Israël l’avait été pour Moïse. S’attacher à un autre chef, quel qu’il soit, chercher un autre centre de rassemblement, se réunir autour d’un autre drapeau, ce n’est pas retenir le Chef, c’est se détourner de lui et ne pas lui rendre l’honneur qui lui est dû. « Chacun de vous dit : pour moi je suis de Paul, et moi d’Apollos, et moi de Céphas, et moi de Christ. Le Christ est-il divisé ? Paul a-t-il été crucifié pour vous ? ou avez-vous été baptisés au nom de Paul ? » (1 Cor. X, 12, 13.) Lui est le Sauveur du corps, et l’Assemblée lui est soumise comme à son Seigneur. Ses soins fidèles ne nous feront pas défaut, car il chérit l’Assemblée et la nourrit : personne n’a jamais eu en haine sa propre chair (Éph. V, 22–32). Monté en haut, il a envoyé le Saint-Esprit pour être son vicaire sur la terre, et il a distribué les dons nécessaires au rassemblement et à l’édification des saints, afin que nous croissions jusqu’à lui, « le Chef, duquel tout le corps bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit l’accroissement du corps pour l’édification de soi-même, en amour, selon l’opération de chaque partie dans sa mesure » (Éphés. IV, 16).

Au Chef, dans le ciel, correspondent sur la terre un corps et un Esprit : l’Écriture nous dit qu’il y a « un seul corps et un seul Esprit, » comme aussi nous avons été appelés à une seule espérance de notre vocation, et elle nous exhorte de garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix (Éph. IV, 3, 4). Après nous avoir montré la gloire du Chef dans le ciel, elle dirige nos regards sur la terre où elle voit maintenant le corps, cette vaste unité, formée et existant sur la terre, comme fait divin, par la présence et la constante opération de l’Esprit. Quelle qu’ait été l’infidélité de l’homme, le corps reste toujours un seul corps ; et l’Esprit qui l’unit en un, en poursuit l’édification : descendu sur la terre, il habite toujours dans la maison, qui croit pour être un temple saint dans le Seigneur : on peut l’ignorer, on peut le nier, mais il en est ainsi, et nous tous qui avons cru, nous appartenons à ce seul corps et nous devons toujours garder l’unité de l’Esprit. Nous pouvons aller ici ou là, nous joindre à telle secte ou à telle autre secte, nous appeler d’un nom ou d’un autre nom, nous n’en appartenons pas moins toujours au seul vrai corps universel dont Dieu nous a faits les membres, auquel il nous a ajoutés ; nous sommes membres du corps. Prenons donc, comme des enfants obéissants, la place que Dieu nous a faite ; reconnaissons en toutes choses cette unité du corps et de l’Esprit ; soyons de fidèles témoins de la vérité de Dieu, au lieu de la contredire par toutes sortes d’inconséquences et d’infidélités. Les membres du corps sont plusieurs, mais le corps est un seul ; il y a une seule unité reconnue de Dieu, gardons-la « par le lien de la paix. » Au lieu de cela, ne faisons-nous pas plutôt comme ces Corinthiens à qui Paul disait : « Il m’a été dit de vous… qu’il y a des dissensions parmi vous, » et plus loin : « Car puisqu’il y a parmi vous de l’envie et des querelles et des divisions, n’êtes-vous pas charnels et ne marchez-vous pas à la manière des hommes ? Car quand l’un dit : pour moi je suis de Paul, et l’autre : pour moi je suis d’Apollos, n’êtes vous pas charnels ? Qui donc est Paul, et qui Apollos ? Des serviteurs par lesquels vous avez cru, et comme le Seigneur a donné à chacun d’eux. Moi j’ai planté, Apollos a arrosé, mais Dieu a donné l’accroissement ; de sorte que ni celui qui plante, ni celui qui arrose, ne sont rien, mais Dieu qui donne l’accroissement » (1 Cor. I, 11 ; III, 3–8).

Toute notre marche comme membres de Christ se rattache à ces deux principes : « retenir le Chef, » « garder l’unité de l’Esprit. » Il nous amènent naturellement au seul rassemblement des saints qui soit selon Dieu, au rassemblement des saints autour du Seigneur sur le pied de l’unité de l’Esprit.

L’épître aux Hébreux exhorte les saints à ne pas négliger le rassemblement d’eux mêmes, « comme quelques-uns ont l’habitude de faire » (voyez Hébr. X, 23–25). À cette réunion appartiennent les priviléges mentionnés par le Seigneur lui-même au chap. XVIII de l’évangile de Matthieu : « En vérité, je vous dis : tout ce que vous lierez sur la terre, sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre, sera délié dans le ciel. Je vous dis encore que si deux d’entre vous sont d’accord sur la terre pour une chose quelconque, quelle que soit la chose qu’ils demanderont, elle leur sera faite par mon Père qui est aux cieux ; car où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Matth. XVIII, 18-20 ; comp. Luc XXIV, 33–49 ; Jean XX, 19–29).

Il faut bien remarquer que ce qui nous est recommandé, c’est « le rassemblement de nous-mêmes, » le rassemblement des membres de la grande unité que Dieu a formée sur la terre. Il ne suffit pas, pour répondre à la pensée de Dieu, que nous nous réunissions, d’une manière ou d’une autre, avec quelques frères de notre choix, ou sans distinguer entre les vaisseaux à honneur, et les vaisseaux à déshonneur dont nous devons nous purifier : le rassemblement, selon Dieu, c’est le rassemblement de nous-mêmes, des frères, quels qu’ils soient. Notre propre volonté, notre choix, nos sympathies, n’ont aucun titre à intervenir ici, non plus que le plus ou moins de connaissance ou d’avancement spirituel des frères qui nous entourent. Dieu a ajouté à l’Assemblée ceux qu’il a reçus à lui en Christ, et ceux qu’il a reçus à lui, nous devons les recevoir[1]. Le vrai rassemblement de nous-mêmes est celui qui se fait sur le pied de l’unité de tous les saints, de l’unité de « tout le corps. » – Tout principe de rassemblement qui n’embrasse pas « tout le corps, » est faux et sectaire, contraire à la Parole de Dieu, ce principe est d’une grande simplicité, et il est une pierre de touche pour toute assemblée. Apprenons à nous en servir et à le mettre en pratique ; n’en acceptons point d’autre, ni dans nos cœurs, ni dans notre service. Dieu, on ne saurait trop le répéter, ne reconnaît qu’une seule unité, l’unité de tout le corps ; » tout chrétien est membre de cette unité-là, et non pas de telle ou telle assemblée locale, ou de telle ou telle confédération d’assemblées, car le corps n’est pas composé de plusieurs corps, mais il est un seul, et il a plusieurs membres, nous sommes ses membres chacun en particulier. Il n’y a pas pour Dieu, et il ne doit pas y avoir pour nous, d’autre corps que celui-là, et d’autres membres que ceux-là. L’unité est le seul vrai principe de rassemblement, mais l’unité de tout le corps.

Si Dieu nous exhorte à ne pas négliger le rassemblement de nous-mêmes, comme quelques-uns ont l’habitude de faire, soit par ignorance, soit par lâcheté ou par esprit sectaire, Dieu ne nous laisse pas non plus sans les directions et la puissance nécessaires, pour que nous nous réunissions à notre profit, et non pas à notre détriment. À l’occasion des désordres qui se manifestaient déjà du temps des apôtres, Dieu nous a donné les directions dont nous avions besoin pour éclairer notre sentier et il y est avec nous, car c’est son chemin. Son apôtre, lorsqu’il voit par avance le désordre et les faux docteurs qui ravageront le troupeau, ne remettait-il pas avec confiance les saints à Dieu et à la parole de sa grâce, qui a la puissance d’édifier et de conduire jusqu’à l’héritage (Act. XX, 29–33) ? N’est-ce pas aux Écritures que le même apôtre renvoie Timothée, lorsqu’il voit poindre déjà ces temps fâcheux où les hommes auront l’apparence de la piété, mais en en reniant la puissance (2 Tim. III, 1–17) ? N’est-ce pas lui encore qui, à propos des désordres qui avaient envahi l’assemblée à Corinthe, nous donne de la part du Seigneur ce qu’il a reçu de lui, et tous ses enseignements qu’il veut que nous recevions comme des commandements du Seigneur ? « Car moi j’ai reçu du Seigneur ce qu’aussi je vous ai enseigné ; » et plus loin : « Si quelqu’un pense être prophète ou spirituel, qu’il reconnaisse que les choses que je vous écris sont des commandements du Seigneur ; et si quelqu’un est ignorant, qu’il soit ignorant » (1 Cor. XI, 23 ; XIV, 37, 38). Nous avons besoin d’apprendre chacun à notre place, comme Timothée à la sienne, comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’Assemblée du Dieu vivant, la colonne et l’appui de la vérité ; nous avons besoin, comme les Corinthiens aussi, de savoir comment nous devons nous réunir ensemble pour la cène du Seigneur et pour l’édification ; et Dieu a abondamment pourvu à cela, pour qui veut à écouter, car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix, comme dans toutes les assemblées des saints (1 Cor. XIV, 33). (Voyez en particulier 1 Cor. XI, 17 et suiv. ; XII, XIII, XIV, et les deux épîtres à Timothée.) — Oui, quelle que soit notre faiblesse, la Parole infaillible nous reste, Dieu et la Parole de sa grâce ; Jésus est toujours présent là où deux ou trois sont rassemblés en son nom ; il a envoyé son Esprit pour demeurer avec nous éternellement, afin que, en paix, nous soyons édifiés et nous croissions par sa consolation. Avons-nous besoin d’autre chose ? Serons-nous plus en sûreté en nous appuyant sur l’homme et sa sagesse, sur ce bras de la chair, sur ce bâton qui n’est qu’un roseau cassé, qui, lorsqu’on s’appuie dessus, vous entre dans la main et la transperce (voyez És. XXXVII, 6 ; Jér. XVII, 5–8) ? — Béni soit l’homme qui se confie en Jéhovah et duquel Jéhovah est la confiance !

Dans ces directions que nous fournit la Parole de Dieu au sujet du rassemblement des saints, le nom de Jésus et la cène occupent le premier rang (voy. 1 Cor. X, 16–21 ; XI, 17-34 ; comp. aussi Act. XX, 7). La bénédiction de deux ou trois rassemblés au nom de Jésus, c’est que lui-même est au milieu d’eux ; c’est lui qu’ils sont venus rechercher, et sa présence les console, les fortifie, les réjouit et les unit ensemble dans un même sentiment par le Saint-Esprit. En leur laissant le mémorial de sa mort, il voulu en faire le centre moral de leurs pensées ; ils sont devant Dieu comme le fruit de ses souffrances, de sa mort, du travail de son âme ; ils ont connu l’amour en ce qu’il a mis sa vie pour eux, et ainsi ils annoncent ensemble sa mort jusqu’à ce qu’il vienne. Précieuse bénédiction ! Puissant témoignage aussi, car en même temps, ayant communion avec l’autel, « participant tous d’un seul pain, ils deviennent la manifestation, voulue de Dieu, de l’unité du corps dont ils sont les membres chacun en particulier. « La coupe de bénédiction que nous bénissons n’est-elle pas la communion du sang de Christ ? Le pain que nous rompons n’est-il pas la communion du corps de Christ ? Car nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous sommes tous participants d’un seul pain » (1 Cor. X, 16–21) ! Il faut bien saisir ce point : la manifestation de l’unité du corps ne consiste pas seulement dans le fait que les frères sont réunis ensemble pour prier ou pour s’édifier, mais essentiellement dans la fraction du pain, dans la participation à un seul pain.

Après avoir traité de la cène, et nous avoir montré la place qui lui appartient dans les assemblées des saints, l’épître aux Corinthiens s’occupe des dons et de l’édification. Le Saint-Esprit distribue ses dons à qui il veut ; ils sont placés dans l’Assemblée, et sont donnés pour l’utilité, pour l’édification du corps. Les dons sont des membres du corps ; ils sont divers ; car aussi le corps n’est pas un seul membre, mais plusieurs ; ceux qui paraissent les plus faibles sont nécessaires, Dieu ayant composé le corps de telle manière, qu’il a donné plus d’honneur à ce qui en manquait, afin qu’il n’y eût point de division dans le corps, mais que les membres eussent un soin égal les uns des autres (v. 1 Cor. XII). Dieu a pris un soin particulier de nous faire bien comprendre, que les serviteurs qui exercent les dons, sont donnés en pur don à l’Assemblée, comme les lévites à Aaron et à ses fils et à tout Israël, pour servir, et qu’ils ne constituent point une caste privilégiée, placée entre Dieu et le peuple comme la sacrificature : on remarquera que selon le point de vue auquel l’Écriture en visage les dons, la nomenclature qu’elle en fait diffère essentiellement (comp. 1 Cor. XII ; Rom. XII ; Éphés. IV ; 1 Pier. IV, 10, 14 ; voyez aussi 1 Cor. XVI, 15–18). L’amour est la source de l’activité de celui que Christ a appelé par grâce à être son serviteur, et qu’il a donné en pur don à l’Assemblée ; c’est pourquoi le chap. XIII de la 1re épître aux Corinthiens vient interrompre les instructions relatives aux dons et à leur exercice dans l’Assemblée, nous montrant la place que l’amour occupe dans cet exercice, dont le Saint-Esprit est la puissance, et la Parole la lumière dirigeante. » Les esprits des prophètes sont assujettis aux prophètes » (1 Cor. XIV, 32). Dieu a placé les dons dans l’Assemblée, non pas dans une réunion particulière ou locale ; ils appartiennent à l’Assemblée tout entière dans son universalité, et jamais Dieu ne suppose qu’une certaine fraction de l’Assemblée, réunion locale, ou confédération, n’importe, soit organisée comme unité distincte et complète en elle-même, et si les choses sont ainsi dans l’état de santé, à plus forte raison le sont-elles quand tout est en ruine. — Les anciens ou évêques et les diacres se rattachent à une assemblée locale ; les dons sont donnés à l’Assemblée et placés dans l’Assemblée ; la sacrificature forme elle-même l’Assemblée comme corps d’adorateurs. Dieu a composé le corps de telle façon qu’il n’y ait point de division dans le corps ; il a donné des dons pour le perfectionnement des saints, pour l’édification du corps, jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la con naissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude de Christ, afin que nous ne soyons plus des enfants — mais que, étant vrais dans l’amour, nous croissions en toutes choses jusqu’à lui, qui est le Chef, duquel tout le corps, bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit l’accroissement du corps pour l’édification de soi-même en amour, selon l’opération de chaque partie dans sa mesure (Éph. IV, 12-16 ; comp. 1 Cor. XII, XIV).

Quand l’œuvre de l’édification sera ainsi complète, le Seigneur répondra à la prière de l’Esprit et de l’Épouse, qui disent : « Viens ! » et il nous soutient et nous encourage jusque-là par la promesse : « Oui, je viens bientôt » (Apoc. XXII, 17, 20) !

Ces lignes se sont étendues plus que je ne pensais. Puissent-elles, par la bonté de Dieu, parler à la conscience et au cœur de plusieurs de ceux qui les liront. Dieu tourne nos regards vers la gloire à laquelle il nous appelle, il nous montre quelle est l’espérance de notre vocation et quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints, afin que, dans la puissance de l’Esprit, avec l’intelligence de sa volonté, comme des enfants obéissants, nous marchions d’une manière digne de sa vocation. Comme un bon Père, qui sait ce qui convient à ses enfants, il veut que nous comprenions bien quelle est sa volonté, et que, ne restant pas toujours des enfants en connaissance, nous sachions nous conduire en hommes faits, qui, pour y être habitués, ont les sens exercés à discerner le bien et le mal. « Or à celui qui, selon la puissance qui opère en nous, peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons et pensons, à lui soit gloire dans l’Assemblée dans le Christ Jésus, pour tous les âges du siècle des siècles, Amen ! »


Séparateur

  1. Je laisse ici de côté, bien entendu, tout ce qui concerne la discipline, au sujet de laquelle la Parole nous fournit encore toutes les directions qui nous sont nécessaires.