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L’Aventure du détective agonisant

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L’Aventure du détective agonisant
Traduction par des contributeurs de Wikisource.
George H. Doran Company (p. 179-204).

V

L’Aventure du détective agonisant


Madame Hudson, la logeuse de Sherlock Holmes, était une femme durement éprouvée. Non seulement l'appartement de son premier étage était envahi à toute heure par des cohortes de personnages singuliers et souvent indésirables, mais son remarquable occupant faisait preuve d'une excentricité et d'une irrégularité de vie qui avait sans doute mis sa patience à rude épreuve. Son incroyable désordre, son penchant pour la musique aux heures les plus étranges, sa pratique occasionnelle du revolver en chambre, ses expériences scientifiques bizarres et souvent malodorantes, et l'atmosphère de violence et de danger qui l'entourait en faisait de loin le pire locataire de Londres. D'un autre côté, il payait rubis sur l'ongle. Je ne doute pas que la maison aurait pu être achetée pour le prix que Holmes paya pour ses pièces pendant les années que j'ai passées avec lui.

La logeuse avait pour lui un respect proche de la vénération et n'osait jamais interférer avec lui, aussi outrageuses que puissent être ses occupations. Elle l'appréciait par ailleurs beaucoup, car il avait dans ses relations avec les femmes une douceur et une courtoisie remarquables. Il n'appréciait guère le beau sexe et s'en méfiait, mais il était toujours un adversaire chevaleresque. Connaissant la sincérité de son attachement envers lui, c'est avec attention que j'écoutai son histoire lorsqu'elle vint me trouver chez moi lors de la deuxième année de mon mariage et m'informa de la triste condition à laquelle se trouvait réduit mon pauvre ami.

"Il est à l'agonie, Dr. Watson", dit-elle. "Cela fait trois jours que son état empire, et je doute qu'il passe la journée. Il refuse que je lui amène un docteur. Ce matin lorsque j'ai vu ses os pratiquement sortir de sa figure et ses grands yeux brillants qui me regardaient, je n'ai pu en supporter davantage. 'Avec ou sans votre permission, je vais chercher un docteur sur l'heure.', lui ai-je dit. 'Dans ce cas que ce soit Watson', a-t-il dit. Je ne perdrais pas de temps à votre place, monsieur, si vous voulez le voir en vie.

J'étais horrifié, car je n'avais rien su de sa maladie. Je n'ai pas besoin de dire que je me ruai sur mon manteau et mon chapeau. Alors que nous nous en retournions, je demandais les détails.

"Je ne peux guère vous en dire plus, monsieur. Il travaillait sur une affaire à Rotherhithe, dans une allée près de la rivière, et il en a ramené cette maladie. Il a pris le lit mercredi après-midi et n'en a pas bougé. Il n'a rien avalé depuis.

"Seigneur ! Mais pourquoi n'avoir pas appelé un médecin ?

"Il ne le voulait pas, monsieur. Vous savez à quel point il est impérieux. Je n'ai pas osé lui désobéir. Mais il n'en a plus pour longtemps, comme vous le constaterez par vous-même dès que vous poserez les yeux sur lui.

Il formait en effet une vue désolante. Dans la lumière timide d'un novembre brumeux, sa chambre de malade était un lieu lugubre, mais c'était cette face livide, décharnée, qui me fixait du lit, qui me glaça le cœur. Ses yeux étaient brillants de fièvre, une rougeur malsaine couvrait ses pommettes, et des croûtes sombres s'accrochaient à ses lèvres; les mains émaciées sur la courtepointe tressautaient sans cesse, sa voix était rauque et haletante. Il gisait inerte lorsque j'entrais dans la chambre, mais ma vue apporta une lueur de reconnaissance à ses yeux.

"Hé bien, Watson, on dirait que nous sommes tombés bien bas," dit-il d'une voix faible, mais avec un peu de sa vieille insouciance.

"Mon cher ami !" m'écriais-je, l'approchant.

"Reculez ! Reculez immédiatement !" dit-il de ce ton sec de commandement que je n'avais associé qu'aux moments de crise. "Si vous m'approchez, Watson, je vous ordonnerai de quitter la maison."

"Mais pourquoi ?"

"Parce que je le souhaite. N'est-ce pas assez ?"

Oui, Madame Hudson avait raison. Il était plus impérieux que jamais. C'était pitoyable, cependant, de voir son épuisement.

"Je voulais seulement aider", expliquais-je.

"Exactement ! Vous m'aiderez au mieux en faisant ce que je dis."

"Certainement, Holmes."

Il se détendit quelque peu.

"Vous n'êtes pas fâché ?" demanda-t-il, luttant pour respirer.

Pauvre diable, comment pouvais-je être en colère alors que je le voyais dans un tel état devant moi ?

"C'est pour votre propre bien, Watson," croassa-t-il.

"Pour mon bien ?"

"Je sais quel est mon problème. C'est une maladie des coolies de Sumatra -- une chose dont les Hollandais savent plus que nous, bien qu'ils n'en aient guère fait à ce jour. Une seule chose est certaine. C'est infailliblement mortel, et horriblement contagieux."

Il parlait avec une ferveur fiévreuse, ses longues mains se tordant et tressautant alors qu'il me faisait signe de m'éloigner.

"Contagieux par le toucher, Watson -- c'est cela, par le toucher. Gardez vos distances et tout va bien."

"Grand Dieu, Holmes ! Vous croyez qu'une telle considération pèserait une seconde à mes yeux ? Cela ne pèserait pas dans le cas d'un étranger. Imagineriez-vous que cela m'empêcherait de faire mon devoir envers un vieil ami ?" Une fois de plus je m'avançais, mais il m'arrêta d'un regard flamboyant de colère.

"Si vous restez à votre place je parlerais. Sinon vous devez quitter la pièce".

J'ai un respect si profond pour les extraordinaires facultés de Holmes que j'en ai toujours déferré à ses souhaits, même lorsque je les comprenais le moins. Mais à présent tout mes instincts professionnels étaient éveillés. Qu'il soit mon maître ailleurs, j'étais le sien dans une chambre de malade.

"Holmes, " dis-je, "vous n'êtes pas vous-même. Un malade n'est guère qu'un enfant, et je vous traiterais donc ainsi. Que vous le vouliez ou non, je vais examiner vos symptômes et les traiter."

Il me regarda avec des yeux venimeux.

"Si je dois à tout prix avoir un docteur, laissez-moi au moins en avoir en lequel j'ai confiance," dit-il.

"Vous n'en avez donc pas en moi ?"

"En votre amitié, certainement. Mais les faits sont les faits, Watson, et vous n'êtes après tout qu'un praticien généraliste d'expérience très limitée et moyennement qualifié. Il est pénible d'avoir à dire de telles choses, mais vous ne me laissez pas le choix."

J'étais amèrement blessé.

"Une telle remarque est indigne de vous, Holmes. Elle me montre très clairement l'état de vos propres nerfs. Mais si vous n'avez aucune confiance en moi je ne vais pas imposer mes services. Laissez-moi vous amener Sir Jasper Meek ou Penrose Fisher, ou un autre des meilleurs praticiens de Londres. Mais vous devez voir quelqu'un, ceci ne souffre pas de discussion. Si vous croyez que je vais rester là à votre chevet à vous regarder mourir sans vous aider moi-même ni vous amener de l'aide, vous vous méprenez sur mon compte."

"Vous avez de bonnes intentions, Watson," dit le malade avec quelque chose entre un grognement et un sanglot. "Dois-je vous démontrer votre propre ignorance ? Que savez-vous, par exemple, de la fièvre de Tapanuli ? Que savez-vous de la maladie noire de Formose ?"

"Je n'ai jamais entendu parler ni de l'une ni de l'autre."

"Il y a bien des maladies problématiques, beaucoup d'étranges pathologies possibles, dans l'Est, Watson." Il s'arrêtait après chaque phrase pour rassembler ses forces défaillantes. "J'ai au moins appris cela au cours de quelques recherches récentes avec un aspect médico-criminel. C'est au cours de ces enquêtes que j'ai contracté ce fléau. Vous ne pouvez rien faire."

"Peut-être pas. Mais je sais que le Dr. Ainstree, la plus grande autorité vivante sur les maladies tropicales, est justement à Londres en ce moment. Tout reproche est inutile, Holmes, je vais le chercher sur l'heure." Je me tournais résolument vers la porte.

Je n'avais jamais eu un tel choc ! En un instant, avec un saut de tigre, le mourant m'avait intercepté. J'entendis le cliquetis métallique d'une clef tournée dans la serrure. Le moment suivant il s'en était retourné, titubant, à son lit, épuisé et haletant après cette unique explosion d'énergie.

"Vous ne me prendrez pas la clef de force, Watson. Je vous ai, mon ami. Ici vous êtes, et ici vous resterez jusqu'à ce que j'en décide autrement. Mais je vais vous faire une concession." (Tout ceci d'une voix hachée, avec de terribles efforts pour respirer.) "Vous n'avez que mon bien à cœur. Bien sûr que je le sais. Vous ferez ce que vous souhaitez, mais laissez-moi le temps de rassembler mes forces. Pas maintenant, Watson, pas maintenant. Il est quatre heures. À six heures vous pourrez y aller."

"C'est insensé, Holmes."

"Seulement deux heures, Watson. Je vous promets que vous partirez à six heures. Êtes-vous satisfait ?"

"On dirait que je n'ai pas le choix."

"Aucun au monde, Watson. Merci, je n'ai pas besoin d'aide pour arranger les couvertures. Je vous prie de gardez vos distances. Maintenant, Watson, il y a une autre condition que je poserais. Vous irez chercher l'aide, non de l'homme que vous avez mentionné, mais de celui que je choisirais."

"Par tous les moyens."

"Les quatre premiers mots sensés que vous avez prononcés depuis que vous êtes entré dans cette pièce, Watson. Vous trouverez quelques livres par là. Je suis quelque peu épuisé; je me demande comment une pile se sent lorsqu'elle se décharge dans un non-conducteur ? À six heures, Watson, nous poursuivrons notre conversation."

Mais elle était destinée à se poursuivre bien avant l'heure fixée, et dans des circonstances qui me donnèrent un choc à peine moindre que celui causé par son bond vers la porte. J'étais resté quelques minutes debout à contempler la silhouette silencieuse dans le lit. Son visage était pratiquement couvert par les draps et il semblait endormi. Alors, incapable de m'asseoir pour lire, je parcouru lentement la pièce, examinant les photos de célèbres criminels qui ornaient chaque mur. Finalement, dans ma déambulation sans but, j'arrivais au manteau de cheminé. Un fouillis de pipes, blagues à tabac, seringues, coupe-papiers, cartouches de revolver, et autres débris était disséminés dessus. Nichée parmi eux se trouvait une petite boîte noire et blanche en ivoire avec un couvercle à glissière. C'était une petite chose délicate, et j'avais étendu ma main pour l'examiner de plus près lorsque -- c'est un cri effroyable qu'il poussa -- un hurlement qui aurait pu être entendu de la rue. Ma peau se glaça et mes poils se dressèrent à cet horrible cri. Alors que je me retournais j'aperçus fugitivement un visage convulsé et des yeux frénétiques. Je restais paralysé, la petite boîte à la main.

"Posez-là ! Posez-là à l'instant, Watson -- sur-le-champ, j'ai dis !" Sa tête retomba sur l'oreiller et il poussa un profond soupir de soulagement dès que je remis la boîte sur le manteau de cheminée. "J'ai horreur que l'on touche mes affaires, Watson. Vous savez que j'en ai horreur. Vous me harcelez au-delà de mon endurance. Vous, un médecin -- vous en faites assez pour pousser un patient à l'asile. Asseyez-vous donc et laissez-moi me reposer !"

L'incident me laissa avec la plus désagréable impression à l'esprit. L'excitation violente et infondée, suivie de la brutalité de son discours, si éloignée de sa suavité habituelle, me montrait à quel point son esprit était désorganisé. De toutes les ruines, celles d'un noble esprit sont les plus désolantes. Je restai assis dans une silencieuse mélancolie jusqu'à ce qu'arrive l'heure prescrite. Il semblait avoir guetté l'horloge d'aussi près que moi, car il était à peine six heures lorsqu'il commença à parler avec la même animation fiévreuse que précédemment.

"Alors, Watson," dit-il. "Avez-vous de la monnaie dans votre poche ?"

"Oui."

"De l'argent ?"

"Une bonne quantité."

"Combien de demi-couronnes ?"

"J'en ai cinq."

"Ah, trop peu ! Trop peu ! Quelle malchance, Watson ! Néanmoins, vous pouvez mettre celles que vous avez dans votre gousset. Et le reste de votre monnaie dans la poche gauche de votre pantalon. Merci. Vous serez bien plus équilibré ainsi."

C'était du délire. Il frémit, et à nouveau émit un son entre une toux et un sanglot.

"Vous allez maintenant allumer le gaz, Watson, mais en veillant très soigneusement à ne jamais le pousser au delà de la moitié. Je vous supplie d'être prudent, Watson. Merci, c'est parfait. Non, vous n'avez pas besoin de tirer les volets. Maintenant vous allez avoir la gentillesse de mettre quelques lettres et papiers sur cette table, à ma portée. Merci. Maintenant un peu de ce qui traîne sur le manteau de cheminée. Excellent, Watson ! Il y a une pince à sucre là. Utilisez-là pour saisir délicatement cette petite boîte en ivoire. Placez-là parmi les papiers. Bien! Vous pouvez maintenant aller chercher M. Culverton Smith, au 13, Lower Burke Street."

À vrai dire, mon désir d'aller chercher un docteur avez quelque peu faibli, car ce pauvre Holmes était si évidemment délirant qu'il semblait dangereux de le quitter. Cependant il était aussi impatient maintenant de consulter la personne nommée qu'il avait été têtu dans son refus.

"Je n'ai jamais entendu ce nom," dis-je.

"Peut-être pas, mon bon Watson. Cela vous surprendra peut-être d'apprendre que l'homme le plus versé sur Terre dans cette maladie n'est pas un homme de la profession médicale, mais un planteur. M. Culverton Smith est un habitant bien connu de Sumatra, actuellement en visite à Londres. Une brusque manifestation de cette maladie sur sa plantation, qui était éloignée de toute aide médicale, l'a poussé à l'étudier lui-même, avec des conséquences d'assez grande ampleur. C'est une personne très méthodique, et je ne souhaitais pas que vous partiez avant six heures, parce que j'étais bien conscient que vous ne le trouveriez pas à son étude. Si vous pouviez le persuader de venir ici et nous faire profiter de son expérience unique de cette maladie, dont l'étude a été l'un de ses plus chers passe-temps, je ne doute pas qu'il puisse m'aider.

Je donne les remarques de Holmes comme un tout suivi et n'essaierais pas de préciser comment elles étaient interrompues d'inspirations pénibles et de ces crispations des mains qui indiquaient la douleur où il se trouvait. Son apparence avait empiré durant les quelques heures que j'avais passées avec lui. Ces taches rouges étaient plus visibles, les yeux brillaient davantage du creux plus noir de ses orbites, et une froide sueur luisait sur son front. Il conservait, cependant, la confiante précision de son discours. Jusqu'au dernier souffle il resterait le maître.

"Vous lui direz exactement comment vous m'avez laissé," dit-il. "Vous lui transmettrez la même impression que vous avez à l'esprit -- celle d'un mourant -- un homme agonisant et délirant. De fait, je ne comprends pas pourquoi le lit entier de l'océan n'est pas une solide masse d'huîtres, tant ces créatures semblent prolifiques. Ah, mais je m'égare ! Il est étrange de voir comment le cerveau contrôle le cerveau ! Que disais-je, Watson ?"

"Mes instructions pour M. Culverton Smith."

"Ah, oui, je me souviens. Ma vie en dépends. Plaidez auprès de lui, Watson. Nous ne sommes pas en bons termes. Son neveu, Watson -- j'ai suspecté un jeu trouble et je lui ai permis de s'en rendre compte. Le garçon est mort horriblement. Il m'en tient rigueur. Vous allez l'attendrir, Watson. Suppliez-le, priez-le, amenez-le ici par tout les moyens. Il peut me sauver -- lui seul le peut !"

"Je l'amènerais dans un taxi, même si je dois l'y porter."

"Vous ne ferez rien de tel. Vous le persuaderez de venir. Et alors vous reviendrez avant lui. Trouvez n'importe quelle excuse pour ne pas venir avec lui. N'oubliez pas, Watson. Vous ne me faillirez pas. Vous ne m'avez jamais failli. Il y a sans doute des prédateurs naturels qui limitent la croissance de ces créatures. Vous et moi, Watson, nous avons fait notre part. Le monde sera-t-il alors débordé par les huîtres ? Non, non ; horrible ! Vous transmettrez tout ce que vous avez à l'esprit."

Je le laissai plein de l'image de cet intellect magnifique babillant comme un enfant sans jugeote. Il m'avait donné la clef, et j'eu l'heureuse inspiration de l'emporter de crainte qu'il ne s'enferme. Madame Hudson attendait, tremblante et en larmes, dans le couloir. Derrière moi alors que je quittais l'appartement j'entendis la voix haute et ténue de Holmes en un chant délirant. Dehors, alors que je sifflais un taxi, un homme sorti du brouillard et se dirigea vers moi.

"Comment va M. Holmes, monsieur ?" demanda-t-il.

C'était une vieille connaissance, l'inspecteur Morton, de Scotland Yard, vêtu de tweed en civil.

"Il est très malade," répondis-je.

Il me regarda de la plus singulière manière. Si ce n'avait pas été si malveillant, j'aurais pu croire que la lumière du réverbère montrait de l'exultation sur son visage.

"J'en ai vaguement entendu parler," dit-il.

Le taxi était arrivé, et je le laissais.

Lower Burke Street s'avéra être constituée d'une rangée de belles maisons nichée à la limite floue entre Notting Hill et Kensington. La maison précise devant laquelle s'arrêta mon taxi avait un air de fière et discrète respectabilité avec ses grilles de fer forgé à l'ancienne, sa porte à battants massive, et ses décorations de bronze. Tout cela allait avec le majordome solennel qui apparu entouré de la rose lueur d'une lumière électrique teintée derrière lui.

"Oui, M. Culverton Smith est ici. Dr. Watson ! Très bien, monsieur, je vais prendre votre carte."

Mon humble titre et mon nom n'impressionnèrent apparemment pas M. Culverton Smith. À travers la porte entrouverte j'entendis une voix haute, pétulante, pénétrante.

"Qui est cette personne ? Que veut-il ? Enfin, Staples, combien de fois vous ai-je dit que l'on ne doit pas me déranger lors de mes heures d'étude ?"

Le majordome émit un flot apaisant d'explications.

"Hé bien, je ne le verrais pas, Staples. Je ne peux pas voir mon travail interrompu comme ça. Je ne suis pas à la maison. Dites le. Dites lui de venir le matin s'il doit vraiment me voir. À nouveau le doux murmure du majordome.

"Certes, hé bien, donnez lui ce message. Il peut venir le matin, ou il peut rester loin de moi. Mon travail ne doit pas en pâtir."

Je pensais à Holmes se tordant sur son lit de malade et peut-être comptant les minutes jusqu'à ce que je puisse lui apporter de l'aide. Ce n'était pas le moment de faire des cérémonies. Sa vie dépendait de ma rapidité. Avant que le majordome désolé ne vienne délivrer son message j'avais forcé le passage et j'étais dans la pièce.

Avec un cri de colère strident un homme se leva d'un fauteuil incliné devant le feu. Je vis une grande figure jaune, au grain de peau épais et gras, avec un double menton, et deux yeux gris ternes et menaçant qui me foudroyaient de sous des sourcils broussailleux couleur sable. Une tête haute et chauve avait un petit couvre-chef de velours incliné coquettement sur le côté de sa rose courbe. Le crâne avait une énorme capacité, et pourtant alors que je baissais les yeux je vis à ma surprise que l'homme était de petite et frêle stature, tordue aux épaules et dans le dos comme celle d'une personne atteinte de rachitisme pendant l'enfance.

"Qu'est ceci ?" s'indigna-t-il d'une voix stridente. "Que signifie cette intrusion ? Ne vous ai-je pas fait dire que je vous verrais demain matin ?"

"Je suis désolé," dis-je, "mais la chose ne peut attendre. M. Sherlock Holmes --" La mention du nom de mon ami eut un effet extraordinaire sur le petit homme. La colère disparue en un instant de son visage. Ses traits se firent tendus et alertes.

"Venez-vous de la part de Holmes ?" demanda-t-il.

"Je viens de le quitter."

"Qu'a-t-il ? Comment va-t-il ?"

"Il est désespérément malade. C'est pour cela que je suis venu."

L'homme me fit signe de m'asseoir, et retourna à son fauteuil. Se faisant je surpris un reflet fugace de son visage dans le miroir surmontant le manteau de cheminée. J'aurais pu jurer qu'un abominable sourire de malice y jouait. Cependant je me persuadais qu'il devait s'agir de quelque contraction nerveuse, car lorsqu'il se tourna vers moi un instant plus tard un souci sincère se lisait sur ses traits.

"Je suis navré de l'apprendre," dit-il. "Je ne connais M. Holmes qu'à travers quelques interactions professionnelles que nous avons eu, mais j'ai le plus grand respect pour ses capacités et sa personnalité. C'est un amateur du crime, comme j'en suis un des maladies. À lui les méchants, à moi les microbes. Ici se trouvent mes prisons," continua-t-il en indiquant une rangée de bouteilles et de fioles qui se tenaient sur une table de côté. "Parmi ces cultures gélatineuses quelques-uns des pires criminels de ce monde purgent leur peine."

"C'est en raison de vos connaissances spécialisées que M. Holmes voulait vous voir. Il a une haute opinion de vous et pense que vous êtes le seul homme à Londres qui peut l'aider."

Le petit homme me fixa, et le couvre-chef précieux glissa au sol.

"Pourquoi ?" demanda-t-il. "Pourquoi M. Holmes devrait-il penser que je peux l'aider dans sa condition ?"

"À cause de votre connaissance des maladies orientales."

"Mais pourquoi penser que cette maladie qu'il a contractée est d'origine orientale ?"

"Parce qu'au cours d'une enquête professionnelle il a travaillé sur les docks avec des marins chinois."

M. Culverton Smith sourit plaisamment et ramassa son couvre-chef.

"Oh, c'est cela -- n'est-ce pas ?" dit-il. "Je suis sûr que le problème n'est pas aussi grave que vous le supposez. Depuis combien de temps est-il malade ?"

"Environ trois jours."

"Délire-t-il ?"

"Parfois."

"Tut, tut ! Cela à l'air sérieux. Il serait inhumain de ne pas répondre à son appel. Je déteste toute interruption dans mon travail, DR. Watson, mais ce cas est certainement exceptionnel. Je viens avec vous tout de suite."

Je me souvint de l'injonction de Holmes.

"J'ai un autre rendez-vous," dis-je.

"Très bien. J'irais seul. J'ai déjà l'adresse de M. Holmes. Vous pouvez compter sur ma présence à son chevet avant une demi-heure.

C'était avec le cœur serré que je retournais dans la chambre de Holmes. Pour autant que je sache, le pire était peut-être arrivé en mon absence. À mon grand soulagement, son état s'était beaucoup amélioré dans l'intervalle. Son apparence était aussi désolante que jamais, mais toute trace de délire l'avait quitté et il parlait d'une voix faible, certes, mais plus lucide et cassante que jamais.

"Hé bien, l'avez-vous vu, Watson ?"

"Oui ; il arrive."

"Admirable, Watson! Admirable! Vous êtes le meilleur des messagers."

"Il voulait revenir avec moi."

"Cela n'aurait jamais été, Watson. C'était évidemment impossible. A-t-il demandait ce que j'avais ?"

"Je lui ai parlé des chinois sur East End."

"Exactement ! Hé bien, Watson, vous avez fait tout ce qu'un bon ami pouvait faire. Vous pouvez maintenant disparaître de la scène."

"Je dois rester et entendre son avis, Holmes."

"Bien sûr que vous le devez. Mais j'ai des raisons de penser que son opinion serait beaucoup plus franche et de plus de valeur s'il s'imagine que nous sommes seuls. Il y a juste assez de place derrière la tête de mon lit, Watson."

"Mon cher Holmes !"

"Je crains qu'il n'y ait pas d'alternative, Watson. La chambre ne se prête pas à la dissimulation, ce qui est aussi bien, dans la mesure où elle est moins susceptible d'éveiller les soupçons. Mais juste là, Watson, je crois que c'est possible." Soudainement il s'assit avec un air d'intense concentration sur son visage hagard. "Ce sont les roues, Watson. Vite, si vous m'aimez ! Et n'intervenez pas, quoi qu'il arrive -- quoi qu'il arrive, vous entendez ? Ne parlez pas ! Ne bougez pas ! Écoutez simplement de toutes vos oreilles." Et l'instant d'après son accès soudain d'énergie s'éteint, et son discours maîtrisé, délibéré se fondit en un murmure vague et bas d'homme à moitié délirant.

De la cachette où j'avais été si promptement poussé j'entendis les pas sur l'escalier, puis l'ouverture et la fermeture de la porte de la chambre. Alors, à ma surprise, s'ensuivit un long silence, interrompu uniquement par les pénibles inspirations et les halètements du malade. Je pouvais imaginer notre visiteur contemplant le souffrant debout à son chevet. Finalement cet étrange silence fut rompu.

"Holmes !" cria-t-il. "Holmes !" du ton insistant de qui réveille un homme endormi. "Pouvez-vous m'entendre, Holmes ?" Il y eut un bruit de froissement, comme s'il avait brutalement secoué le malade par l'épaule.

"Est-ce vous, M. Smith ?" chuchota Holmes. "Je n'osais espérer que vous viendriez."

L'autre rit.

"J'imagine que non," dit-il. "Et pourtant, vous voyez, je suis là. Les charbons ardents, Holmes -- les charbons ardents !"

"C'est très bon de votre part -- très noble de votre part. J'apprécie vos connaissances spéciales.

Notre visiteur ricana.

"En effet. Vous êtes, heureusement, le seul homme à Londres à les apprécier à leur juste valeur. Savez-vous quel est votre problème ?"

"Le même," dit Holmes.

"Ah ! Vous reconnaissez les symptômes ?"

"Trop bien, hélas".

"Oui, je n'en serais pas surpris, Holmes. Je ne serais pas surpris si c'était les mêmes. Une triste issue pour vous si c'est le cas. Ce pauvre Victor est mort le quatrième jour -- un homme jeune, fort, solide. Il était certainement très surprenant, comme vous l'avez dit, qu'il ait contracté une maladie asiatique si exotique au cœur de Londres -- une maladie, qui plus est, dont je me suis fait une spécialité. Singulière coïncidence, Holmes. Très futé de votre part de le remarquer, mais peu charitable de suggérer un lien de cause à effet."

"Je savais que vous l'aviez fait."

"Oh, vous le saviez ? Et bien, vous ne pouviez pas le prouver, de toute façon. Mais que pensez-vous donc, diffuser ce genre de rapports, et puis ramper vers moi me demander de l'aide dès que vous avez des ennuis ? Quel sorte de jeu est-ce là -- eh ?"

J'entendis la respiration rauque et laborieuse du malade. "Donnez-moi de l'eau !" haleta-t-il.

"Vous êtes bien près de votre fin, mon ami, mais je ne veux pas que vous partiez tant que je n'aurais pas eu un mot avec vous. C'est pourquoi je vous donne de l'eau. Voilà, ne la renversez pas. C'est cela. Pouvez-vous comprendre ce que je dis ?"

Holmes grogna.

"Faites ce que vous pouvez pour moi. Laissons le passé là où il est," chuchota-t-il. "J'oublierais vos mots -- je vous jure que je le ferais. Guérissez-moi, et je les oublierais."

"Oublier quoi ?"

"Hé bien, au sujet de la mort de Victor Savage. Vous venez pratiquement d'admettre que vous l'avez fait. Je l'oublierais."

"Vous pouvez l'oublier ou vous en souvenir, comme vous voulez. Je ne vous vois pas dans le box des témoins. Plutôt dans une boîte d'une autre forme, mon bon Holmes, je vous assure. Il m'importe peu que vous sachiez comment mon neveu est mort. Ce n'est pas de lui que nous parlons. C'est de vous."

"Oui, oui."

"Le type qui est venu me voir -- j'ai oublié son nom -- a dit que vous l'aviez contracté auprès des marins d'East End."

"Je ne puis l'expliquer qu'ainsi."

"Vous êtes fier de votre intelligence, Holmes, n'est-ce pas ? Vous vous croyez malin, n'est-ce pas ? Vous avez croisé quelqu'un de plus malin cette fois. Maintenant, essayer de vous souvenir, Holmes. Ne pouvez-vous penser à aucune autre manière dont vous pourriez avoir attrapé ceci ?"

"Je ne peux pas penser. Mon esprit est parti. Pour l'amour du ciel aidez-moi !"

"Oui, je vais vous aider. Je vais vous aider à comprendre exactement où vous vous trouvez et comment vous en êtes arrivé là. J'aimerais que vous sachiez avant de mourir."

"Donnez-moi quelque chose pour atténuer ma douleur."

"Douloureux, n'est-ce pas ? Oui, les coolies criez souvent vers la fin. Je suppose que ça vous prend comme une crampe."

"Oui, oui ; c'est une crampe."

"Hé bien, vous pouvez entendre ce que je dis, de toute manière. Écoutez maintenant ! Pouvez-vous vous souvenir de quelque incident inhabituel dans votre vie vers le moment où vos symptômes ont commencé ?"

"Non, non ; rien."

"Essayez encore"

"Je suis trop malade pour penser."

"Alors je vais vous aider. Est-ce que quelque chose est arrivé par la poste ?"

"Par la poste ?"

"Une boîte, par hasard ?"

"Je défaille -- je suis parti !"

"Écoutez, Holmes !" Il y eu un bruit comme s'il secouait le mourant, et j'eus toutes les peines du monde à rester silencieux dans ma cachette. "Vous devez m'entendre. Vous allez m'entendre. Vous souvenez-vous d'une boîte -- une boîte en ivoire ? Elle est arrivée mercredi. Vous l'avez ouverte -- vous vous souvenez ?"

"Oui, oui, je l'ai ouverte. Il y avait un ressort pointu à l'intérieur. Quelque plaisanterie --"

"Ce n'était pas une plaisanterie, comme vous allez le constater à vos dépens. Pauvre fou, vous le vouliez et vous l'avez eu. Qui vous a demandé de vous interposer ? Si vous m'aviez laissé tranquille je m'en serais pas pris à vous."

"Je me souviens," gémis Holmes. "Le ressort ! Il m'a blessé au sang. Cette boîte -- celle-ci sur la table."

"Celle-là même, par Georges ! Et elle peut tout aussi bien quitter cette pièce dans ma poche. Ainsi disparaît votre dernier lambeau de preuve. Mais vous avez la vérité, maintenant, Holmes, et vous pouvez mourir avec la certitude que je vous ai tué. Vous en saviez trop sur le destin de Victor Savage, aussi je vous ai envoyé le partager. Vous êtes très proche de votre fin, Holmes. Je vais m'asseoir là et vous regarder mourir."

La voix de Holmes était réduite à un chuchotement presque inaudible.

"Qu'y a-t-il ?" dit Smith. "Aviver le gaz ? Ah, les ombres commencent à s'étendre, n'est-ce pas ? Oui, je vais faire plus de lumière, que je puisse mieux vous voir." Il traversa la chambre et la lumière brilla subitement plus fort. "Y a-t-il un autre petit service que je peux vous rendre, mon ami ?"

"Une allumette et une cigarette."

Je failli bondir de joie et de surprise. Il parlait de sa voix naturelle -- un peu faible, peut-être, mais la voix même que je connaissais. Il y eut une longue pause, et je sentis que Culverton Smith, debout, regardait son compagnon avec un étonnement silencieux.

"Que signifie ceci ?" l'entendis-je enfin dire d'un ton sec et rauque.

"La meilleur façon d'interpréter un rôle avec succès est de le faire sien," dit Holmes. "Je vous donne ma parole que depuis trois jours je n'ai ni bu ni mangé jusqu'à ce que vous soyez assez bon pour me verser ce verre d'eau. Mais c'est le tabac dont j'ai eu le plus de mal à me passer. Ah, ici il y a des cigarettes." J'entendis craquer une allumette. "C'est beaucoup mieux. Hello ! Entends-je le pas d'un ami ?"

Il y avait des bruits de pas dehors, la porte s'ouvrit, et l'inspecteur Morton apparu.

"Tout est en ordre et voici votre homme," dit Holmes.

L'officier accomplit les formalités d'usage.

"Je vous arrête pour meurtre sur la personne de Victor Savage," conclut-il.

"Et vous pouvez ajouter pour tentative de meurtre sur la personne de Sherlock Holmes," remarqua mon ami avec un petit rire. "Pour épargner un effort à un invalide, inspecteur, M. Culverton Smith a été assez bon pour nous donner le signal en allumant la lumière. À ce propos, le prisonnier a une petite boîte dans la poche droite de sa veste qu'il serait judicieux de retirer. Merci. Je manipulerais ceci avec précaution si j'étais vous. Posez-là ici. Elle pourrait jouer un rôle au procès.

Il y a un bruit soudain et une brève lutte, suivie du claquement du fer et d'un cri de douleur.

"Vous n'arriverez qu'à vous blesser," dit l'inspecteur. "Restez tranquille, voulez-vous ?" Il eut le cliquetis de fermeture des menottes.

"Un joli piège !" cria la voix haute et agressive. "Il vous amènera à la barre, Holmes, pas moi. Il m'a demandé de venir ici pour le soigner. J'étais désolé pour lui et je suis venu. Maintenant il prétendra sans doute que j'ai dit quoi que ce soit qu'il invente pour corroborer ses soupçons insensés. Vous pouvez mentir autant que vous le voulez, Holmes. Ma parole vaut toujours la vôtre.

"Ciel !" cria Holmes. "Je l'avais totalement oublié. Mon cher Watson, je vous dois un millier d'excuses. Penser que j'ai pu vous négliger ! Je n'ai pas besoin de vous présenter M. Culverton Smith, puisqu'il me semble que vous vous êtes rencontrés plus tôt dans la soirée. Avez-vous un taxi en bas ? Je vous suivrez dès que je serais habillé, car je serais peut-être utile au poste."

"Je n'en ai jamais eu autant besoin," dit Holmes alors qu'il se servait un verre de vin clairet et quelques biscuit dans les intervalles de sa toilette. "Néanmoins, comme vous le savez, mes habitudes sont irrégulières, et une telle épreuve m'est moins pénible qu'elle ne l'aurait été à la plupart. Il était de toute première importance que j'impressionne madame Hudson avec la réalité de ma condition, dans la mesure où elle devait ensuite vous la transmettre, et vous ensuite à lui. Vous n'êtes pas offensé, Watson ? Vous comprenez que parmi vos nombreux talents la dissimulation n'a pas sa place, et si vous aviez partagé mon secret vous n'auriez jamais été capable de faire sentir à Smith l'urgente nécessité de sa présence, qui était le point clef de toute l'affaire. Connaissant sa nature vindicative, j'étais parfaitement certain qu'il viendrait admirer son œuvre.

"Mais votre apparence, Holmes -- votre visage effrayant ?"

"Trois jours de jeûne total n'arrangent pas une beauté, Watson. Pour le reste, il n'y a rien là qu'une éponge ne puisse guérir. Avec de la vaseline sur le front, un peu de belladone dans les yeux, du rouge sur les pommettes, et des croûtes de cire autour des lèvres, un effet très satisfaisant peut être obtenu. L'art du déguisement est un sujet sur lequel j'ai parfois pensé écrire une monographie. Quelque paroles sur les demi-couronnes, les huîtres ou tout autre sujet extravagant produit un plaisant effet de délire.

"Mais pourquoi ne pas me laisser approcher, puisqu'il n'y avait à la vérité pas d'infection ?"

"Pouvez-vous le demander, mon cher Watson ? Pensiez-vous que je n'ai aucun respect pour vos talents médicaux ? Pouvais-je imaginer que votre jugement astucieux se laisserait abuser par un mourant qui, quoique faible, ne présentait ni accélération du pouls ni hausse de température ? À trois mètres, j'avais mes chances de vous tromper. Si j'avais échoué, qui m'aurait amené mon Smith à portée de main ? Non, Watson, je ne toucherais pas cette boîte. Si vous l'observez de côté vous pouvez voir où le ressort pointu émerge comme la dent d'une vipère lors de l'ouverture. J'oserais dire que c'est de la même manière que le pauvre Savage, qui se tenait entre ce monstre et un héritage, a rencontré sa mort. Ma correspondance, comme vous le savez, est cependant assez variée, et je me tiens en garde contre tout paquet qui me parvient. Il m'était clair néanmoins qu'en prétendant que son plan avait réussi, je pourrais peut-être lui soutirer une confession. J'ai joué cette comédie avec la méticulosité du véritable artiste. Merci, Watson, vous pouvez m'aider à mettre mon manteau. Lorsque nous aurons fini au commissariat je pense que quelque chose de consistant chez Simpson ne serait pas déplacé."