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L’Encyclopédie/1re édition/BAGUETTE

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* BAGUETTE, s. f. On donne communément ce nom à un petit morceau de bois de quelques lignes d’épaisseur, plus ou moins long, rond & flexible. On employe la baguette à une infinité d’usages. Le bois dont on la fait, varie selon ses usages. On en fait même de fer forgé.

Baguette divine ou divinatoire. On donne ce beau nom à un rameau fourchu de coudrier, d’aune, de hêtre ou de pommier. Il n’est fait aucune mention de cette baguette dans les auteurs qui ont vécu avant l’onzieme siecle. Depuis le tems qu’elle est connue, on lui a donné différens noms, comme caducée, verge d’Aaron, &c. Voici la maniere dont on prétend qu’on s’en doit servir. On tient d’une main l’extrémité d’une branche, sans la serrer beaucoup, ensorte que le dedans de la main regarde le ciel. On tient de l’autre main l’extrémité de l’autre branche, la tige commune étant parallele à l’horison, ou un peu plus élevée. L’on avance ainsi doucement vers l’endroit où l’on soupçonne qu’il y a de l’eau. Dès que l’on y est arrivé, la baguette tourne & s’incline vers la terre, comme une aiguille qu’on vient d’aimanter.

Supposé ce fait vrai, voici comment M. Formey croit pouvoir l’expliquer par une comparaison entre l’aiguille aimantée & la baguette. La matiere magnétique sortie du sein de la terre s’éleve, se réunit dans une extrémité de l’aiguille, où trouvant un accès facile, elle chasse l’air ou la matiere du milieu ; la matiere chassée revient sur l’extrémité de l’aiguille, & la fait pancher, lui donnant la direction de la matiere magnétique. De même à peu-près, les particules aqueuses, les vapeurs qui s’exhalent de la terre, & qui s’élevent, trouvant un accès facile dans la tige de la branche fourchue, s’y réunissent, l’appesantissent, chassent l’air ou la matiere du milieu. La matiere chassée revient sur la tige appesantie, lui donne la direction des vapeurs, & la fait pencher vers la terre, pour vous avertir qu’il y a sous vos piés une source d’eau vive.

Cet effet, continue M. Formey, vient peut-être de la même cause qui fait pencher en bas les branches des arbres plantés le long des eaux. L’eau leur envoye des parties aqueuses qui chassent l’air, pénetrent les branches, les chargent, les affaissent, joignent leur excès de pesanteur au poids de l’air supérieur, & les rendent enfin autant qu’il se peut, paralleles aux petites colonnes de vapeurs qui s’élevent. Ces mêmes vapeurs pénetrent la baguette & la font pencher. Tout cela est purement conjectural.

Une transpiration de corpuscules abondans, grossiers, sortis des mains & du corps, & poussés rapidement, peut rompre, écarter le volume, ou la colonne de vapeurs qui s’élevent de la source, ou tellement boucher les pores & les fibres de la baguette, qu’elle soit inaccessible aux vapeurs ; & sans l’action des vapeurs, la baguette ne dira rien : d’où il semble que l’épreuve de la baguette doit se faire sur-tout le matin ; parce qu’alors la vapeur n’ayant point été enlevée, elle est plus abondante. C’est peut-être aussi pour cette raison que la baguette n’a pas le même effet dans toutes les mains, ni toûjours dans la même main. Mais cette circonstance rend fort douteux tout ce qu’on raconte des vertus de la baguette.

On a attribué à la baguette la propriété de découvrit les minieres, les thrésors cachés, & qui plus est les voleurs & les meurtriers fugitifs. Pour cette derniere vertu, on peut bien dire credat Judæus Apella. Personne n’ignore la fameuse histoire de Jacques Aymar, paysan du Lyonnois, qui guidé par la baguette divinatoire, poursuivit en 1692 un meurtrier durant plus de quarante-cinq lieues sur terre, & plus de trente lieues sur mer. On fait aujourd’hui à n’en pouvoir douter, & on le croira sans peine, que ce Jacques Aymar étoit un fourbe. On peut voir le détail de son histoire dans le dictionnaire de Bayle, article Abaris. A l’égard des autres effets de la baguette, la plus grande partie des Physiciens les révoquent en doute. (O)

Baguette de Neper. Voyez Neper.

Baguette noire, (Hist. mod.) L’huissier de la baguette noire, c’est le premier huissier de la chambre du roi d’Angleterre, appellé dans le livre noir, lator virgæ nigræ & hastiarius ; & ailleurs, virgi-bajulus. Voyez Huissier. Sa charge est de porter la baguette devant le roi à la fête de S. George à Windsor. Il a aussi la garde de la porte de la chambre du chapitre, quand l’ordre de la Jarretiere est assemblé ; & dans le tems que le parlement tient, il garde la chambre des pairs. Sa marque est une baguette noire, qui a un lion d’or à l’extrémité. Cette baguette est en Angleterre une marque d’autorité, comme les masses le sont en d’autres pays. (G)

Baguette, en Architecture, est une petite moulure composée d’un demi-cercle, que la plûpart des ouvriers appellent astragale. Voyez Astragale. (P)

Baguette, chez les Arquebusiers, c’est un morceau de baleine ou de bois de chêne de la longueur d’un canon de fusil : il a par en haut le diametre du canon ; il est ferré par le bout. Son autre extrémité est menue & fort déliée ; du reste il est rond dans toute sa longueur, & sert à bourrer un fusil quand on le charge.

Baguette, chez les Artificiers. Il y en a de plusieurs sortes : les unes qu’on devroit appeller des fouloirs ou refouloirs, sont courtes, eu égard à leur grosseur, & tantôt massives, tantôt percées, suivant leur axe ; elles sont destinées à charger les cartouches des fusées de toutes especes de matieres combustibles. Les autres longues & minces, servent à diriger la course des fusées volantes, & à les tenir dans une situation verticale, & la gorge d’où sort le feu, tournée en bas. Voyez Fusée volante, & Planche I. de l’Artificier, fig. 1. R, une baguette égale dans toute sa longueur, pour rouler les cartouches. Voyez Cartouche. Fig. 2. M, une baguette avec un manche plus gros, pour les petites fusées ; & fig. 3. une baguette avec un manche plus petit, pour les grosses fusées. Voyez Artific. Pl. II. fig. 23. une baguette à charger, percée par le bout d’un trou AI, égal en largeur & profondeur à la grosseur & à la longueur de la broche qu’il doit recevoir entierement : figure 24. une baguette à charger, plus courte d’un quart, percée dans sa longueur d’un trou 26, dont l’ouverture est égale au diametre de la broche, pris au tiers de sa longueur, & profonde de la longueur du reste de la broche : fig. 25. baguette à charger, diminuée de la longueur d’un tiers plus que la précédente, & percée d’un trou 3 c, dont l’ouverture est égale au diametre de la broche pris aux deux tiers, & profonde du tiers de sa longueur : fig. 26. baguette appellée le massif, longue de deux diametres du calibre ; & massive, parce qu’elle ne sert qu’à charger la partie de la fusée qui est au-dessus de la broche. Le manche de ces baguettes doit être garni d’une virole de cuivre, & non de fer, de peur d’accident.

Baguette, chez les Ciriers. Les Ciriers ont deux sortes de baguettes : les baguettes à meches, & les baguettes à bougies ou chandelles. Ils enfilent dans les premieres leurs meches, lorsqu’elles sont coupées de longueur : ils enfilent dans les secondes leurs bougies, quand elles sont achevées. Outre ces deux sortes de baguettes, les Chandeliers en ont une troisieme, c’est une baguette à tremper : c’est celle sur laquelle les meches sont enfilées, lorsqu’ils font de la chandelle à la main, en trempant à plusieurs reprises les meches dans l’abysme. Voyez Abysme. Les baguettes à bougies & à tremper sont longues, légeres & flexibles. Celles à meches sont beaucoup plus fortes.

Baguette, terme de Courroyeur ; c’est un bâton ou perche sur laquelle ces ouvriers étendent leurs cuirs, toutes les fois qu’ils ont été foulés à l’eau, afin de les y faire sécher. Voyez Courroyer.

Baguette, outil d’Hongrieur ; c’est un morceau de bois assez long & rond, mais qui diminue de grosseur en allant du milieu aux extrémités, comme un fuseau. Il sert à ces artisans pour unir & applanir leurs cuirs, en les roulant dessus avec le pié. Voyez Hongrieur, & la figure E, Planche de l’Hongrieur.

Pour cet effet, les hongrieurs ont dans une chambre une espece d’élévation de planche, fig. 5. Planche de l’Hongrieur, a a g, sur le plancher ou le pavé, qui va un peu plus en montant du côté du mur qu’à l’extrémité opposée : deux morceaux de bois, af, de, dressés depuis le pavé jusqu’au plancher, à la distance d’environ trois piés l’un de l’autre, sont joints à la hauteur de quatre piés par un autre morceau de bois bc, qui les traverse. L’ouvrier étend son cuir F sur cette espece de parquet ; il y place sa baguette entre les plis du cuir : alors il monte dessus, & en s’appuyant avec les mains sur la traverse de bois bc, il foule le cuir en reculant, & répete la même opération jusqu’à ce que ce cuir soit rendu maniable.

Baguettes de tambour, (Luth.) ce sont deux morceaux de bois qui ont chacun un pié ou quinze pouces de longueur, sur neuf lignes ou environ de diametre par le bout qu’on tient à la main, d’où ils vont toûjours en diminuant jusqu’à l’autre bout, qui a la forme & les dimensions d’une grosse olive ; ils sont tournés au tour, d’un bois dur & pesant comme l’ébene ; & l’on s’en sert pour battre la caisse ou le tambour. Voyez Tambour. Voyez figures 16 & 17, Planche 2. de Lutherie.

Baguettes de tymballes ; ce sont deux morceaux de bois de bouis, qui sont garnis par un bout de petites courroies capables de recevoir les deux doigts du milieu, & destinées à les manier commodément, dont le fût est partout à peu près de la même grosseur, & n’a pas plus de sept à huit pouces de longueur, & qui sont terminés chacun par une espece de tête de l’épaisseur de trois à quatre lignes, du diametre de sept à huit, & de la forme d’un champignon plat & arrondi par les bords. Voyez la même Planche de Lutherie que nous venons de citer.

Baguette de Tympanon, Psaltérion, &c. ce sont deux petits morceaux de bois de bouis, de cornouiller, d’ébene, &c. recourbés par un bout, & quelquefois terminés de l’autre par un anneau ; d’une ligne & demie ou deux au plus d’épaisseur par le bout qu’on tient à la main, d’où ils vont toûjours en diminuant. Ils sont recourbés par un bout, afin que ce bout s’applique facilement sur les cordes qu’on veut, sans toucher à d’autres : ils ont un anneau pour les tenir plus commodément, en y plaçant le doigt. On prend entre les doigts celles qui n’ont point d’anneaux.

Baguettes de tambourin, soit à cordes, soit à caisse. Ces baguettes ne different guere de celles du tambour que par les dimensions. Celle du tambourin à cordes est plus courte & plus menue que celle du tambour ; celle du tambourin à caisse ou de Provence est plus menue, mais plus longue.

Baguette, bâton dont le Fauconnier se sert pour faire partir la perdrix des buissons, & pour tenir les chiens en crainte.