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L’Encyclopédie/1re édition/TIREUR

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TIREUR, s. m. (Gram. Jurisprud.) est celui qui tire une lettre de change sur une autre personne, c’est-à-dire, qui prie cette personne de payer pour lui à un tiers la somme exprimée dans cette lettre. Voyez Change & Lettre de change. (A)

Tireur, (Commerce de banque.) c’est celui qui tire ou fournit une lettre de change sur son correspondant ou commissionnaire, portant ordre de payer la somme y contenue, à la personne qui lui en a donné la valeur, ou à celui en faveur duquel cette personne aura passé son ordre. Ricard. (D. J.)

Tireur, terme d’ouvrier, chez les ferrandiniers, gaziers, & autres ouvriers en étoffes de soie façonnées ou brochées, c’est le compagnon qui tire les ficelles du simblot qui servent à faire la figure, ou le brocher des étoffes. On dit une tireuse, quand c’est une femme qui tire. (D. J.)

Tireur, (Fonte de la dragée au moule.) on appelle ainsi l’ouvrier qui tire dans la chaudiere le plomb fondu, & qui le verse dans les moules pour en former des dragées ou des balles pour les armes à feu. Voyez B, fig. 1. Pl. de la fonte des dragées au moule, & l’article Fonte des dragées au moule.

Tireur, chez les Gaziers ; c’est un compagnon qui tire les ficelles du simblot qui servent à faire le brocher des gazes.

Pour savoir quelles ficelles il faut tirer, cet ouvrier doit avoir lu auparavant le dessein, c’est-à-dire, avoir passé autant de petites cordes à nœuds coulans que le lisseur en a nommé. Cette lecture du dessein est ce qu’il y a de plus curieux & de plus difficile dans la monture de ces métiers ; & l’on a besoin pour cela d’habiles ouvriers, principalement quand le dessein est fort chargé. Voyez Dessein.

Tireur d’or et d’argent, est un artisan qui tire l’or & l’argent, qui le fait passer de force à-travers les pertuis ou trous ronds & polis de plusieurs especes de filieres qui vont toujours en diminuant de grosseur, & qui le reduit par ce moyen en filets très longs & très-déliés, que l’on nomme fil d’or ou d’argent, ou de l’or ou de l’argent trait.

Les tireurs d’or & d’argent, sont aussi batteurs & écacheurs d’or & d’argent, parce que ce sont eux qui se mêlent de battre ou écacher l’or & l’argent trait, pour l’applatir ou le mettre en lame, en le faisant passer entre les deux rouleaux d’acier poli, d’une sorte de petite machine nommée moulin à battre ou à écacher. Voyez l’article Or.

Les statuts de la communauté des tireurs & batteurs d’or de Paris se trouvent insérés dans le recueil des statuts, ordonnances & privileges accordés en faveur des marchands orfévres-jouailliers. Ils prêtent serment à la cour des monnoies.

L’élection des jurés se fait le 3 Janvier, de même que celle des deux maîtres examinateurs des comptes ; & le premier Décembre s’élisent les maîtres ou couriers de la confrerie.

La communauté est reduite à 40 maîtres de chef d’œuvres, il est défendu de ne plus recevoir de maîtres de lettres.

Tout apprentif, même les fils de maîtres, doivent avoir 12 ans accomplis, & ne peuvent être reçus à la maîtrise, qu’ils n’aient fait un apprentissage de 5 ans, & qu’ils n’aient fini le chef-d’œuvre.

Chaque maître ne peut obliger qu’un apprentif à la-fois, & chaque apprentif doit servir 10 années chez les maîtres en qualité de compagnon, avant que d’avoir droit de tenir boutique, ni de travailler pour son compte.

Tout maître doit avoir sa marque enregistrée au greffe de la monnoie, & empreinte sur une table de cuivre.

L’ouvrage des tireurs doit se vendre au poids du roi de huit onces au marc, & de huit gros à l’once, & non au poids subtil, vulgairement appellé le poids de Lyon.

L’argent fin fumé est défendu sous peine de confiscation & de 2000 liv. d’amende.

L’or ou l’argent doit être filé sur la soie teinte, & non sur la crue, & le faux seulement sur le fil.

Maniere de tirer l’or & l’argent fin. On prend d’abord un lingot d’argent du poids de 35 à 36 marcs, que l’on réduit par le moyen de la forge, en forme de cylindre, de la grosseur à-peu-près d’un manche à balai.

Après que le lingot a été ainsi forgé, on le porte à l’argue, où on le fait passer par 8 ou 10 pertuis d’une grosse filiere, que l’on nomme calibre, tant pour l’arrondir plus parfaitement, que pour l’étendre jusqu’à ce qu’il soit parvenu à la grosseur d’une canne, ce qui s’appelle tirer à l’argue, ou apprêter pour dorer. Voyez Argue & Filiere.

Le lingot ayant été tiré, comme il vient d’être dit, est reporté chez le tireur d’or, où il est limé avec exactitude sur toute sa superficie, pour ôter la crasse qui peut v être restée de la forge ; puis on le coupe par le milieu, ce qui forme deux lingots d’égale grosseur, longs chacun d’environ 24 à 25 pouces, que l’on fait passer par quelques pertuis de calibre, soit pour abaisser les crans ou inégalités que la lime y a pu faire, soit aussi pour le rendre le plus uni qu’il est possible.

Lorsque les lingots ont été ainsi disposés, on les sait chauffer dans un feu de charbon pour leur donner le degré de chaleur propre à pouvoir recevoir l’or que l’on y veut appliquer, ce qui se fait de la maniere suivante.

On prend des feuilles d’or, chacune du poids d’environ 12 grains, & de 4 pouces au-moins en quarré, que l’on joint quatre, huit, douze ou seize ensemble, suivant qu’on desire que les lingots soient plus ou moins surdorés ; & lorsque ces feuilles ont été jointes de maniere à n’en plus former qu’une seule, on frotte les lingots tout chauds avec un brunissoir, puis on applique en longueur sur toute la superficie de chaque lingot, six de ces feuilles préparées, par dessus lesquelles on passe la pierre de sanguine pour les bien unir.

Après que les lingots ont reçu leur or, on les met dans un nouveau feu de charbon pour y prendre un certain degré de chaleur ; & lorsqu’ils en sont retirés, on repasse par-dessus une seconde fois la pierre de sanguine, soit pour bien souder l’or, soit aussi pour achever de le polir parfaitement.

Les lingots ayant été ainsi dorés, sont reportés à l’argue, où on les fait passer par autant de pertuis de filiere qu’il est nécessaire, (ce qui peut aller environ à quarante) pour les réduire à-peu-près à la grosseur d’une plume à écrire.

Ensuite on les reporte chez le tireur d’or pour les dégrosser, c’est-à-dire, les faire passer par une vingtaine de pertuis d’une sorte de filiere moyenne qu’on appelle ras ; ce qui les réduit à la grosseur d’un ferret de lacet.

Le dégrossage se fait par le moyen d’une espece de banc scellé en plâtre, que l’on nomme banc à dégrosser, qui n’est qu’une maniere de petite argue que deux hommes peuvent faire tourner.

Après que les lingots ont été dégrossés & réduits, comme on vient de dire, & à la grosseur d’un ferret de lacet, ils perdent leur nom de lingots, pour prendre celui de fil d’or. Ce fil est ensuite tiré sur un autre banc, que l’on nomme banc à tirer, où on le fait passer par vingt nouveaux pertuis d’une espece de filiere appellée prégaton ; après quoi il se trouve en état d’être passé par la plus petite filiere, qu’on nomme fer à tirer, pour le porter à son dernier point de finesse ; ce qui se pratique de la maniere suivante.

Premierement, on passe le fil d’or par le trou du fer à tirer appellé pertuis neuf, qu’on a auparavant retréci avec un petit marteau sur un tas d’acier, & poli avec un petit poinçon d’acier très-pointu, que l’on nomme pointe. Ce pertuis est ainsi retréci & repoli successivement avec de pareilles pointes, toujours de plus fines en plus fines, & le fil y est aussi successivement tiré jusque à ce qu’il soit parvenu à la grosseur d’un cheveu.

Ce qui paroît de plus admirable, est que tout délié & tout fin que soit ce fil, il se trouve si parfaitement doré sur toute sa superficie, qu’il seroit assez difficile de s’imaginer, sans le savoir, que le fond en fût d’argent.

Le fil d’or en cet état s’appelle or trait, & peut s’employer en crépines, boutons, cordons de chapeau, & autres semblables ouvrages.

Il faut remarquer qu’avant que l’or trait soit réduit à cet extreme point de finesse, il a dû passer par plus de 140 pertuis de calibre, de filiere, de ras, de prégaton, & de fer à tirer, & que chaque fois qu’on l’a fait passer par un de ces pertuis, on l’a frotté de cire neuve, soit pour en faciliter le passage, soit aussi pour empêcher que l’argent ne se découvre de l’or qui est dessus.

Pour disposer l’or trait à être filé sur la soie, il faut l’écacher ou applatir, ce que plusieurs appellent battre l’or, & le mettre en lame. On lui donne cette façon, en le faisant passer entre deux rouleaux d’une petite machine nommée moulin à battre, ou moulin à écacher.

Ces rouleaux qui sont d’un acier très-poli, environ de trois pouces de diametre, c’est-à-dire, épais de douze ou quinze lignes, & très-serrés l’un contre l’autre sur leur épaisseur, sont tournés par le moyen d’une manivelle attachée à l’un des deux, qui fait mouvoir l’autre ; en sorte qu’à mesure que le fil trait passe entre les deux rouleaux, il s’écache & s’applatit, sans pourtant rien perdre de sa dorure, & il devient en lame si mince & si flexible, qu’on peut aisément le filer sur la soie, par le moyen d’un roüet & de quelques rochets ou bobines passées dans de menues broches de fer.

Lorsque l’or en lame a été filé sur la soie, on lui donne le nom de filé d’or.

Quand on ne veut avoir que de l’argent trait, de l’argent en lame, ou du fil d’argent, on ne dore point les lingots ; à cela près, tout le reste se pratique de la même maniere que pour l’or trait, l’or en lame, & le filé d’or.

L’or & l’argent trait battu, ou en lames de Lyon, se vend par bobines de demi-once, & d’une once net, c’est-à-dire, sans comprendre le poids de la bobine & ses différens degrés de finesse, se distinguent par des P, depuis un jusqu’à sept, toujours en diminuant de grosseur ; en sorte que celui d’un P est le plus gros, & que celui de sept P est le plus fin, que l’on appelle à cause de cela superfin.

L’or & l’argent trait, battu ou en lame, qui se fabrique à Paris, se débite en bobines de différens poids ; & ses divers degrés de finesse ou de surdorure sont indiqués par des numéros depuis 50 jusqu’à 72, qui vont toujours en diminuant de grosseur, & en augmentant de surdorure ; de maniere que celui du n°. 50 est le plus gros & le moins surdoré, & celui du n°. 72 est le plus fin & le plus surdoré, & ainsi des autres numéros à proportion.

Les filés d’or & d’argent de Lyon se vendent tout dévidés sur des bobines de différens poids, & leurs divers degrés de finesse sont distingués par un certain nombre d’S ; en sorte que l’on commence par une S, qui est le plus gros, & que l’on finit par sept S, qui est le plus menu : ainsi l’on dit du une S, du deux S, du trois S, du quatre S, du quatre S & demie, du cinq S, du cinq S & demie, du six S, & du sept S, autrement du superfin. Ceux d’une, deux, trois, & quatre S, sont par bobines de quatre onces, & ceux de quatre S & demie, de cinq, de cinq & demie, de six & de sept S, sont par bobines de deux onces, le tout net.

Il y a des filés d’or & d’argent que l’on nomme filés rebours, parce qu’ils ont été filés à contre-sens, c’est-à-dire, de gauche à droite. Ces sortes de filés ne s’emploient qu’en certains ouvrages particuliers, comme crépines, franges, molets, & autres semblables, qui ont des filets pendans ; il en entre aussi dans la boutonnerie.

On compte de cinq sortes de filés d’or & d’argent rebours, qui se distinguent par une demie S, par une S, par deux S, par trois S, & par quatre S, qui vont en diminuant de grosseur ; de maniere que celui d’une demi S est le plus gros, & celui de quatre S le plus fin : ces sortes de filés d’or & d’argent sont ordinairement par bobines de quatre onces net.

Ce qu’on appelle or de Milan, est de l’argent trait que l’on a écaché ou applati en lames très-minces & très-déliées d’une certaine longueur, qui ne sont dorées que d’un côté ; de sorte que venant à être filées, on n’apperçoit plus que de l’or, le côté de l’argent se trouvant entierement caché.

La maniere de ne dorer les lames que d’un côté, est un secret très-ingénieux & très-particulier, dont les seuls tireurs d’or de Milan sont en possession depuis long-tems. Ceux de Paris & de Lyon ont plusieurs fois tenté de les imiter ; mais ç’a toujours été sans un succès parfait.

Les filés d’or de Milan viennent par bobines de deux & de quatre onces net ; & leurs degrés de finesse se distinguent par un certain nombre d’S, de même que ceux de Lyon.

Maniere de tirer l’or & l’argent faux, pour le disposer à être employé en trait, en lame, ou en filé, ainsi que le fin. On prend du cuivre rouge appellé rozette, dont on forme par le moyen de la forge un lingot semblable à celui d’argent ; on le tire à l’argue, puis on fait des cannelures ou filets sur toute sa longueur avec une espece de lime plate dentelée par les bords en façon de peigne, que l’on nomme griffon ; après quoi on applique dessus six feuilles d’argent, chacune du poids d’environ 18 grains : ensuite on chauffe le lingot dans un feu de charbon, d’où étant retiré, on passe le brunissoir par-dessus jusqu’à ce que les feuilles soient bien unies ; puis on y applique encore six nouvelles feuilles d’argent semblables aux précédentes, & l’on employe ainsi une once & demie d’argent en feuille sur un lingot de cuivre d’environ vingt marcs.

Le lingot ainsi argenté se remet dans un feu de charbon où il chauffe jusqu’à un certain degré de chaleur ; & lorsqu’il a été retiré du feu, on passe par-dessus le brunissoir, soit pour souder l’argent, soit aussi pour le rendre tout-à-fait uni.

Ensuite on le fait passer par autant de trous de filiere qu’il est nécessaire, pour le réduire de même que l’or & l’argent fin à la grosseur d’un cheveu : en cet état c’est ce qu’on nomme du faux argent trait, ou de l’argent trait faux.

Quand on desire avoir de l’or trait faux, on porte le lingot tout argenté à l’argue, où on le fait passer par sept ou huit pertuis de calibre ; puis on le dore de la même maniere que les lingots d’argent fin ; & l’on observe au surplus toutes les circonstances marquées pour les autres especes de fils traits.

L’or & l’argent traits faux s’écachent & se filent de même que le fin ; avec cette différence néanmoins que le fin doit être filé sur la soie, & que le faux ne se doit faire que sur du fil de chanvre ou de lin.

L’or & l’argent faux, soit trait, soit battu ou en lame, vient la plus grande partie d’Allemagne, particulierement de Nuremberg, par bobines de deux & de quatre onces net ; & leurs différens degrés de finesse se distinguent par des numéros depuis un jusqu’à sept, toujours en diminuant de grosseur ; de sorte que le premier numéro est le plus gros, & que le dernier est le plus fin. Il s’en fabrique quelque peu à Paris, qui est fort estimé pour sa belle dorure, dont les bobines ne sont point numérotées se vendant au poids, à proportion qu’il est plus ou moins fin, ou plus ou moins argenté ou surdoré.

Tirer & filer l’or. Pour préparer, la matiere propre à être tirée, on commence à fondre un lingot d’argent, c’est-à-dire, une partie de matiere d’argent, soit piastre, vaisselle, &c. pour en composer un lingot dont le poids est ordinairement de 50 marcs environ. Il est d’une nécessité indispensable que cette matiere soit bien purgée de l’alliage qui pourroit s’y trouver, tant pour faire un filé plus brillant que pour la tirer plus fin. C’est pour cela même que l’argent, dont le titre le plus haut est de 12 deniers de fin, doit être pour le lingot de 11 deniers & 20 grains au-moins, n’étant pas possible de le porter à ce degré de finesse de 12 deniers de fin, attendu les matieres nécessaires, telles que le plomb, &c. qui doivent aider à la fonte.

Le lingot fondu & examiné pour le titre est porté chez le forgeur, où il est divisé sous le marteau en trois parties égales, & autant rondes qu’il est possible, pour être passé à l’argue. On donne ce nom au laboratoire, où chaque barre du lingot étant passé dans une filiere plus étroite que la barre même, étant tirée à l’aide d’une tenaille dentée qui tient la pointe de la barre & étant passée successivement dans différens trous, plus petits les uns que les autres, elle est réduite à une grosseur assez convenable, pour que deux hommes seuls puissent achever de la rendre encore plus fine, ainsi qu’il est démontré dans les fig. & dans les Planches.

La fig. 1. démontre un moulinet à l’arbre duquel, & dans le bas est une corde, laquelle prenant à une tenaille qui tient la barre du lingot passée dans la filiere, la tire jusqu’à ce qu’étant sortie du trou où elle se trouve, on la fasse passer dans un plus petit ; ainsi des autres.

La fig. 2. représente deux hommes qui dégrossissent la même barre, après qu’elle a été amincie & alongée par l’argue.

Figure 1. a, le haut du moulinet ; b, bas du moulinet ; c, barre du lingot ; d, idem derriere la filiere ; e, piece de bois taillée dans laquelle est arrêtée la filiere ; f, corde qui envelope le moulinet & tire la tenaille ; g, branches croisées du moulinet ; h, hommes qui tournent le moulinet ; i, crochet de la piece de fer qui arrête le moulinet ; k, traverse d’en-haut pour tenir le moulinet ; l, piece de fer pour arrêter le moulinet ; m, traverse d’en-bas ; n, poulie ou moufle pour doubler la corde arrêtée d’un côté à la piece ; r, o, dent de la tenaille ; r, piece de fer qui retient la corde d’un côté ; s, queue de la tenaille faite de façon que plus elle tire, plus elle est fermée, p, boucle de corde accrochée à la queue de la tenaille ; q, grande caisse pour tenir les barres des lingots ; t, dents de la tenaille.

Figure 2. 1, deux hommes qui dégrossissent la matiere au sortir de l’argue ; 2, manette du tambour sur lequel la matiere se roule ; 3, le tambour ; 4, autre tambour sur lequel elle est roulée au sortir de l’argue ; 5, coin pour tenir la filiere arrêtée ; 6, la filiere ; 7, fer dans lequel entre la filiere ; 8, table sur laquelle sont posés les tambours ; 9, idem.

Figure 3. homme qui peut dégrossir seul la gavette. On donne le nom de gavette à la matiere sortie de l’argue, & tirée à une certaine grosseur ; & lorsqu’elle est dégrossie, on lui donne le nom de trait.

Fig. 4. Fille qui tire le trait en le faisant passer successivement dans plusieurs filieres plus petites les unes que les autres, jusqu’à ce qu’il soit tiré à la finesse qu’on se propose.

Fig. 5. Fille qui bobine le trait en le tirant de dessus le tambour qui a servi à le tirer pour le mettre sur une petite bobine, à laquelle on donne le nom de roquetin.

Le trait se divise ordinairement en trois parties principales pour la grosseur. La premiere est appellée lancé, beaucoup plus fine qu’un cheveu ; la deuxieme superfin fin ; la troisieme superfin ordinaire ; cette derniere partie est de la grosseur d’un cheveu. Tout ce qui vient d’être dit ne concerne précisément que le trait d’argent. Le trait d’or ne se tire pas autrement ; & à proprement parler, ce qui est appellé or dans les manufactures, n’est autre chose que de l’argent doré.

Pour faire le trait d’or, on dore le lingot en barre au sortir de la forge, & avant de le passer à l’argue. Le lingot pour or doit être disposé à la fonte d’une autre façon que le lingot pour argent ; c’est-à-dire que les affineurs ou fondeurs doivent avoir soin de le rendre plus dur afin que les feuilles d’or qui servent à le dorer ne s’enterrent pas dans la matiere d’argent, & se soutiennent toujours dessus pour que l’or soit plus brillant. De-là vient que le filé d’or est toujours plus pesant que le filé d’argent. On penseroit que l’or dont il est chargé cause l’augmentation du poids, ce qui n’est pas, puisque un lingot de 50 marcs n’employera pas un marc d’or pour le dorer. La véritable raison de la différence de ce poids ne vient donc que de ce que le lingot étant plus dur, le trait ne peut pas être tiré si fin que l’argent. D’ailleurs quand il seroit possible de le tirer aussi fin, la qualité de l’or qui n’est que superficielle sur matiere d’argent, n’auroit plus aucune apparence, attendu la finesse du trait.

Pour dorer le lingot, on fait chauffer une barre d’argent bien ronde & bien polie, jusqu’à ce qu’elle rougisse, après quoi le tireur d’or couche au long & au-tour de ladite barre des feuilles d’or, telles qu’on les trouve chez les Batteurs d’or, en quantité proportionnée à la qualité qu’il veut donner au trait qu’il se propose de faire ; & après les avoir couchés, il les frotte avec une pierre bien polie pour les attacher au lingot, de façon que la barre d’argent & les feuilles ne composent qu’un tout. Les or les plus bas sont dorés à 28 feuilles couchées les unes sur les autres & lissées avec la pierre à polir. Les or les plus hauts ne passent guere 56 feuilles. Le superflu ou excédent des feuilles qu’on voudroit ajouter deviendroit inutile, & empêcheroit même la barre d’être tirée comme il faut. Le frottement sur les feuilles se fait au fur & à mesure qu’on couche les feuilles de six en six, ou de huit en huit feuilles. Il faut beaucoup plus de soin pour tirer l’or que l’argent ; & surtout que les filieres soient extraordinairement polies, parce que si par hasard il s’en trouvoit quelqu’une qui grattât la barre, ou la gavette, ou le trait, la partie grattée blanchissant, seroit continuée jusqu’à la fin ; parce que quoique le lingot soit bien doré, en quelque cas, ou en quelque tems que vous rompiez la barre, ou la gavette, elle sera toujours blanche en-dedans, l’or, comme on l’a déja dit, n’occupant que la superficie du lingot, dont la dureté, par sa préparation, lui empêche de pénetrer plus avant, & lui donne plus de brillant.

Lorsque l’argent ou l’or est tiré, il s’agit de le filer ; & pour parvenir à cette opération, il faut l’écacher ou écraser sous deux roues ou meules dont la circonférence est d’un acier si poli, qu’il ne faut pas qu’il y ait une légere tache. C’est ce qui est représenté dans les Planches & les figures.

Le trait quelque fin qu’il puisse être, s’applatit en passant entre les deux meules du moulin m sortant du roquetin n. Le trait passe dans un livret o sur lequel est un petit poids de plomb qui le tient en regle, & empêche qu’il ne vienne plus vite que le moulin le distribue, & ayant passé entre les deux meules, il s’enroule sur un autre petit roquetin appellé roquetin de lame, parce que le trait quoique fin & rond, étant écaché ne forme plus qu’une lame, & que c’est cette même lame, laquelle enveloppant la soie sur laquelle elle est montée, forme ce qu’on appelle le filé.

La fig. 6 représente un moulin à écacher l’or & l’argent ; la lettre a le batis du moulin ; b, planche au bout de laquelle on met un poids pour charger le moulin, & faire que les deux meules se frottent davantage ; elle forme une espece de levier, & appuyant sur les cordes z qui remontent sur une traverse qui appuie sur l’arbre de la meule supérieure du moulin, elle la serre davantage sur l’autre. c, pieces de fer percées dans lesquelles entre un fil de fer qui soutient le roquetin d. e, poids d’une livre environ posé sur le livret dans lequel passe le trait. f, manivelle à laquelle est attachée une poulie cavée dans laquelle passe une corde très-fine qui fait tourner le roquetin de lame pour ramasser le trait écaché ou la lame. h, la lame que le guimpier tient entre ses doigts pour la conduire sur le roquetin. g, fer courbé en équerre qui contient une petite poulie large autour de laquelle passe la lame, afin qu’elle ne se torde pas lorsqu’elle est portée sur le roquetin. h, corde qui passant autour de la poulie cavée marquée f, vient envelopper une fusée appellée porte-roquetin, & qui le fait tourner pour ramasser la lame. K, écrou pour avancer ou reculer les porte-roquetins de lame. X, dessus du moulin. Y, montant du moulin ou soutien des meules. T, table du moulin, VV, bas des montans du moulin. Z, cordes de quindage pour serrer les meules du moulin.

La fig. 7 n’est qu’une seconde représentation du moulin.

La fig. 8 représente les filieres de l’argue. 9, les tenailles de l’argue. 10, filiere à dégrossir, & le fil de la gavette passé dedans. 11, 12 & 13, filiere pour finir & achever le trait.

La fig. 9. 1, rouet à filer l’or ou l’argent. 2, ouvriere qui écache la lame. 3, ouvrier qui dégrossit la gavette. 4, tambour sur lequel le trait s’enroule à mesure qu’on le tire. 5, autre tambour servant à dégrossir. 6, crochets posés sur le tambour dans lesquels entre la manette ou manivelle. 7, autre tambour pour achever le trait. 8, cage du moulin. 9, fer courbé aux deux extrémités sur lequel passent les cordes qui servent à charger le moulin. 10, meules du moulin. 11, manivelle dans laquelle entre l’arbre des meules. 12, porte-roquetin de lame & de trait. 13, porte-poulie fous laquelle passe la lame au sortir d’entre les meules. 14, fer courbé & percé dans la partie supérieure, adhérant aux meules, dans lequel passe le trait, & qui lui sert de guide pour passer entre les meules. 15, grande roue du rouet à filer. 16, manivelle pour faire tourner le tambour. 17, fer appellé porte-piece pour le rouet à filer. 18, roue de piece. 19, roue de l’arbre. 20, filiere de l’argue. 21, filiere à dégrossir. 22, filiere pour achever. 23, fer ouvert dans lequel on pose les filieres pour achever. 24, pouce d’acier servant à ceux qui polissent les trous des fers où passe le trait pour le finir. 25, marteau pour frapper sur les trous. 26, le support de la barre de verre d’en-haut. 27, montans du rouet à filer. 28, traverse d’en-bas. 29, arbre taillé en fusées pour faire l’or ou l’argent plus ou moins couvert. 30, barre qui porte les poids d’attirage. 31, roulettes posées dans les entailles de la barre sur lesquelles passent les cordes des poids d’attirage. 32, porte-cueilleux. 33, piece de verre posée sur la bande du rouet sur laquelle passe le filé. 34, planche qui est entre la bobiniere & le sommier. 35, le sommier. 36, la bobiniere. 37, les cueilleux. 38, les bobines sur lesquelles est enroulée la soie sur laquelle passe la lame. 39, la machine ou porte-cueilleux servant à trancanner le filé & à le mettre sur des bobines. 40, la fusée de la grande roue. 41, partie de l’arbre. 42, poulies d’attirage. 43, cordes d’attirage. 44, poids d’attirage. 45, partie de la barre qui porte les poids d’attirage. 46, traverse pour arrêter la cage du moulin.

La fig. 10. 1. représente une fille qui trancanne, ou met du filé sur une bobine. 2. A une fille qui file l’or ou l’argent sur un rouet à douze. 3. B doubloir pour faire les bobines de soie sur lesquelles on file l’or. 4. C montant du rouet. 5. D baguette de verre sous laquelle passe la soie des bobines, sur laquelle se couche la lame d’or. 6. EFG traverses sur lesquelles sont adossés les cueilleux ou bobines sur lesquelles s’enroule le filé à mesure. G les cueilleux. 7. H partie de la même piece. 8. LM cueilleux. 9. N grenouille de fer dans laquelle entre le pivot du cueilleux. 10. OP partie du porte-cueilleux. 11. Q piece taillée pour soutenir l’arbre. 12. R l’arbre. 13. S traverse d’en-bas du rouet. 14. T partie de la barre qui supporte les attirages. 15. V partie de l’arbre. X poulies d’attirage. Y cordes d’attirage. Z cueilleux enveloppé de la corde qui lui donne le mouvement, &c. poids d’attirage. 16. ab bobiniere. 17. c baguette de verre sous laquelle passe la soie des bobines. 18. defg sommier, ou porte-piece. h planche qui est entre le sommier & la bobiniere. 19. i cage d’un rouet & l’arbre. k roue de l’arbre. l traverse de devant le rouet. m fusée de la grande roue. n corde de flanc. o traverse de côté. p barre de derriere pour soutenir la roue de piece. q poulie qui conduit la corde de flanc sur la roue de l’arbre. r poulie pour conduire la même corde. s cordes d’attirage. t cueilleux. u poulies d’attirage. x barre qui soutient les poids d’attirage. y poids d’attirage. z grande roue.

Fig. 11. ABCE cage d’un grand rouet à seize bobines. D bobiniere. E sommier ou porte-piece. F partie supérieure de la bobiniere. H pieces de bois qui supportent une baguette de verre, sous laquelle passe la soie des bobines. G baguette de verre. I face de la bobiniere. L le sommier. M la bande du rouet. N piece de verre, ou baguette sur laquelle passe la dorure filée pour aller sur les cueilleux. O les cueilleux. P bande de face du rouet. Q bande de côté. R ouverture de l’arbre de la grande roue. S entaille pour tenir le pivot de l’arbre du côté de la corde de flanc. T entaille pour tenir l’autre pivot de l’arbre. V roue de l’arbre. X poulie assez grande pour guider la corde de flanc.

a tourniquet pour bander la corde de flanc. b traverse. c piece de bois mobile à laquelle sont attachées deux grosses poulies qui conduisent la corde de flanc sur la roue de l’arbre. d traverse qui tient les poulies. e pilier ou piece de bois qui soutient la roue de piece. f la roue de piece.

Fig. 12. représentant un rouet vu par le derriere. A, B, C, D, E, cage du rouet. F, la bobiniere. G, la barre qui soutient les poids d’attirage. H, poids d’attirage. I, barre de traverse dans laquelle entre le tourillon de l’arbre de la roue de piece. K, noyau ou poulie cavée de la roue de piece. L traverse pour soutenir l’arbre de la grande roue. M, N, corde de la grande roue qui donne le mouvement à la roue de piece. O, la roue de piece.

a, b, c, d, e, f, piece montée de son roquetin de lame, du fer, du bouton de verre, &c. h, i, le derriere de la piece. l, le devant de la piece. m, le canon de la piece qui entre dans le roquetin de lame. n, la plaque de la piece & les trous pour y passer les crochets qui servent à arrêter le roquetin de lame. o, p, crochet de fil de fer qui enfile une petite poulie verre, sur laquelle passe la lame, & qui est attaché à la plaque de piece. q, crochets de fil de fer. r, idem. s, petite cheville de bois tournante, à laquelle est attaché un fil de soie qui enveloppe le roquetin de lame, afin de le retenir. t, la soie. u, le roquetin de lame. x, l’entrée du même roquetin. y, z, fer qui porte la piece montée. 1, 2, petit bout de verre percé, attaché à un petit canon ou conduit de fer-blanc qui entre dans la partie Z du fer qui porte la piece dans lequel passe la soie qui reçoit la lame. 3, poulie cavée fort étroite, attachée derriere la plaque de piece dans laquelle passe la corde de piece. 4, partie de la planche & de la baguette de verre. 5, le coin. 6, petite vis de bois pour bander le roquetin de lame.

Fileur d’or. La façon de filer l’or & l’argent n’est autre chose que de coucher sur de la soie qui doit être très-belle, le fil d’or ou d’argent, après qu’il a été écaché ou applati sous la meule du moulin du tireur-d’or ou guimpier.

Cette opération se fait à l’aide d’un rouet tourné par quelqu’un, ainsi qu’il est démontré dans les Planches & les figures, concernant le fileur d’or. La méchanique de ce rouet est si ingénieuse, qu’avec une seule manivelle celui ou celle qui tourne la machine fait mouvoir plus de cent pieces séparées. On voit dans ces Planches le batis d’un rouet accompagné de son principal mouvement. La manivelle attachée à l’arbre de la grande roue marquée zz indique que lorsque la roue est en mouvement, la corde sans fin marquée h, qui enveloppe la fusée de l’arbre de la même roue venant passer en croisant dessous les poulies o & q ; enveloppant ensuite la roue k de l’arbre taillé en fusée, l’un ne peut pas tourner que toutes ces parties enveloppées par cette même corde ne tournent aussi : à chaque taille de l’arbre est passé une corde sans fin yyy, appellée corde d’attirage, laquelle passant dans les poulies uu, vient envelopper une partie cavée du cueilleux, & lui donnent un mouvement lent ou prompt, au prorata de la grande ou petite cannelure de l’arbre autour de laquelle elle se trouve, de façon qu’au moyen de toutes ces liaisons la grande roue, celle de l’arbre à laquelle il est attaché, les cueilleux tournent tous ensemble ; c’est le premier mouvement du rouet. Le second mouvement est démontré ailleurs. Cette même grande roue a une corde assez forte, laquelle passant dans sa cannelure, vient envelopper une poulie cavée, adhérante & fixée à l’arbre de la roue z, appellé la roue de piece.

Voilà donc une seconde roue mise en mouvement par la seule manivelle. Cette roue de piece a plusieurs cavités ou rainures dans lesquelles passe une corde très-fine, laquelle enveloppant les pieces montées & marquées a, b, c, d, e, f, & entrant dans une rainure fort étroite fait tourner toutes celles qu’elle enveloppe. Le nombre de ces pieces est ordinairement de 16 dans les grands rouets. La poulie k, voyez les fig. & les Planches, indique parfaitement le mouvement de la roue de piece, au moyen de celui qui est donné à la grande roue. Cette même roue de piece doit avoir quatre cannelures, dans lesquelles passe la corde qui donne le mouvement aux seize pieces dont le rouet est monté ; & cette corde doit être passée si artistement, qu’elle prenne toutes les pieces de quatre en quatre, & les fasse toutes tourner dans un même sens.

Par la démonstration qui vient d’être faite, on peut concevoir le mouvement de toutes les pieces qui composent le rouet. Il ne s’agit maintenant que de démontrer de quelle façon la lame d’or ou d’argent se couche sur la soie, & nous nous servirons pour cette démonstration de la figure où l’on voit la bobiniere. Elle est chargée de seize bobines, sur lesquelles est enroulée la soie marquée h, g ; les brins de cette même soie viennent passer sous la baguette de verre H ; & étant portés au-travers & dans le trou du fer représenté par la figure séparée y, z, viennent s’enrouler sur les cueilleux o, de façon que quand les cuilleux tournent, ils tirent la soie des bobines & l’enroulent. Or pour que cette soie soit couverte de la lame d’or ou d’argent, le roquetin marqué u, x, dans la partie séparée, est ajusté sur la partie 7 k, l, m, ainsi qu’il paroît dans les fig. a, b, c, d, e, f : sur le roquetin est la lame f, laquelle étant arrêtée avec la soie, la piece tournant d’une vîtesse extraordinaire, la lame passant sur une petite poulie de verre, dans laquelle est passé un petit crochet de fil de fer. Le roquetin étant mobile sur la piece & arrêté très-légerement à mesure que cette même piece tourne, la lame se porte autour de la soie qu’elle enveloppe ; & la soie enveloppée étant tirée par le cueilleux, le filé se trouve fait. Il faut observer que le roquetin de lame tourne dans un sens contraire à la piece qui le supporte ; & que les bobines sur lesquelles est la soie destinée à faire le filé, sont arrêtées légerement par un fil de laine qui enveloppe la cavité qui se trouve dans un des bords extérieurs de la bobine. Cette laine qui est arrêtée d’un bout à la bobiniere, s’enroule de l’autre sur une cheville, à l’aide de laquelle on resserre ou on lâche à discrétion, en tournant la cheville du côté nécessaire pour l’opération.

Le roquetin de lame est arrêté de même sur la piece. La fig. t indique la cheville & le fil qui l’enveloppe. La fig. n, les crochets arrêtés sur la plaque de la piece n, n, afin que le fil de laine passant dessus, ne touche que superficiellement la cannelure du roquetin de lame u. La fig. o, p, indique la poulie de verre sur laquelle passe la lame du roquetin, pour se joindre au fil de soie. La fig. séparée q est une visse qui entre dans le sommier marqué L ailleurs, & qui arrête tous les fers sur lesquels sont montées les pieces, de façon qu’ils soient solides & ne branlent point, sans quoi le filé ne sauroit se faire.

Il faut observer encore que l’arbre qui est taillé en seize parties pour les rouets à seize ; & chaque partie taillée en pain-de-sucre & cannelée n’est travaillée de cette façon que pour faire le filé plus ou moins couvert, c’est-à-dire plus ou moins cher ; parce que plus il est couvert, moins il prend de soie ; & moins il est couvert, plus il en prend. Or comme l’arbre, au moyen des cordes d’attirage, donne le mouvement plus ou moins prompt aux cueilleux, il arrive que quand la corde est passée dans la cannelure dont la circonférence est la plus grande, elle fait tourner le cueilleux plus vîte, lequel ramasse le filé plus promptement. Conséquemment la lame qui l’enveloppe & qui feroit, par exemple, cinquante tours autour du fil de soie dans la longueur d’un pouce, la corde étant passée sur la plus grande circonférence de l’arbre, en fera plus de soixante, si la corde est passée plus bas, ce qui fera dix tours de lame de moins dans la longueur d’un pouce, par conséquent un filé plus riant ; c’est le terme. Le cueilleux doit avoir aussi deux ou trois cannelures de différens diametres du côté droit, pour suppléer à celles de l’arbre. Ces cannelures différentes sont d’autant plus nécessaires, que lorsque le cueilleux se remplit de filé ; son tour étant plus grand, il ramasse bien plus vîte : pour-lors il faut baisser dans les cannelures de l’arbre, & augmenter dans celles du cueilleux.

Afin que le filé se roule avec égalité sur les cueilleux, on a eu soin de faire de petits trous dans la partie du rouet qui leur est supérieure marquée P ; ces trous servent à placer une cheville de laiton bien polie, qui conduit le fil dans la partie desirée du cueilleux, comme il est démontré dans la même figure. En remuant avec soin ces chevilles, on empêche le filé de faire bosse sur le cueilleux, qui se trouve par ce moyen toujours égal.