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L’Encyclopédie/1re édition/TREMBOWLA

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TREMBOWLA, (Géog. mod.) les géographes françois qui devroient consulter les naturels du pays, écrivent Tremblowa. C’est une forteresse célebre dans l’histoire de Pologne à l’entrée de la Podolie. Cette forteresse est suspendue sur un rocher, dont l’accès n’est pratiquable que par un endroit, qui conduit à une petite plaine ornée de bois épais. Ce côté accessible est défendu par deux ravelins avec de bons fossés & un chemin couvert. La riviere d’Ianow, profonde & bourbeuse, fait presque le tour du rocher.

En 1675, Kara-Mustapha, neveu de Cuprogli, nommé grand-visir par Mahomet IV. employa la souplesse & la force pour s’en emparer ; mais le commandant rendit ses efforts inutiles. C’étoit Samuel Chrasonowski, juif renégat qui avoit quitté la loi de Moïse pour celle de Jésus : plus zélé contre les circoncis que s’il ne l’eût pas été lui-même. La noblesse réfugiée dans cette place, voyant une breche ouverte qui s’élargissoit d’heure en heure, perdit courage. La place avoit déja soutenu quatre assauts. Chrasonowski lui-même trembloit pour le cinquieme. Sa femme prit cette juste inquiétude pour une foiblesse de mauvais augure. Cette héroïne juive, armée de deux poignards, court à son mari, & lui dit en les lui faisant voir : en voilà un que je te destine si tu te rends, & l’autre est pour moi. Dans ce moment de détresse, l’armée polonoise conduite par Sobieski, arrive. Les deux armées se joignent ; le combat fut long, & les Turcs montrerent qu’avec un chef digne d’eux ils auroient pu prétendre à la victoire. Ils perdirent sept à huit mille hommes, & se retirerent sous le canon de Kaminiek.

Trembowla délivrée, rendit graces à la fermeté de Chrasonowski. Il fut élevé aux honneurs militaires ; sa femme se contenta des applaudissemens de la nation, & le soldat reçut de l’argent d’une république pauvre. L’abbé Coyer. (D. J.)