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L’Enfant du bordel/tome 1/6

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(p. 120-152).

CHAPITRE VI.


LA personne qui m’avoit secouru étoit une fort jolie femme que j’ai su depuis être une danseuse de l’opéra, son domestique m’avoit par ses ordres jeté la corde qui m’avoit servi à parvenir jusqu’à elle. Elle me fit passer dans une salle à manger et parut se savoir gré, en voyant ma jolie figure, du secours qu’elle m’avoit donné. Cependant ma parure n’avoit rien d’attrayant, mon pantalon de bure, ma chemise de toile jaune, point de veste, et nus pieds.

La manière dont je m’énonçai pour lui témoigner ma reconnoissance parut lui faire plaisir, en lui prouvant que je n’étois pas un malotru. Elle fit apporter de l’eau chaude pour me laver les pieds, me donna des pantoufles, du linge fin et une robe de chambre, ensuite elle me fit passer dans la chambre à coucher où il y avoit un grand feu, ce qui me fit beaucoup de plaisir. Comme, grace à ma maladie factice, je n’avois rien mangé depuis le matin, je fis un honneur infini à un charmant soupé qui nous fut servi par ordre de mademoiselle S.... Après que l’on eût desservi, elle ordonna à son domestique de me dresser un lit dans la pièce voisine. Il sortit pour obéir et nous laissa tête-à-tête.


Dès que nous fûmes seuls, mademoiselle S.... fit tomber la conversation sur les motifs de mon arrestation. Je lui contai l’histoire de ma vie, ce qui la fit beaucoup rire, surtout l’aventure de la baronne. Cependant ma jolie hôtesse me regardoit avec des yeux qui paroissoient contenir autre chose que de l’attention à mon récit ; un certain intérêt tendre y régnoit, je hasardai de prendre sa main que je pressois tendrement dans les miennes, je la portai à mes lèvres ; mademoiselle S.... fit un mouvement pour retirer sa main, j’en fis un pour la retenir, elle me fut laissée.

Que dirai-je enfin, d’encore en encore je m’emparai alternativement de la bouche, du sein, de la jambe, de la cuisse et du cul ; je la renversai sur sa bergère, et prenant ses jambes sous mes bras, je l’enfilai avec toute l’ardeur de mes moyens de quinze ans et demi.

Oh ! vous qui avez foutu, vous ne connoissez pas le plaisir, si vous n’avez pas joui de mademoiselle S......

C’est au lit surtout que mademoiselle S.... étoit impayable ; tempérament de feu, caresses séduisantes, des appas, d’une fraîcheur vraiment étonnante pour une danseuse de l’Opéra. Nous épuisâmes dans cette nuit bienheureuse tout ce que le code libertin a de plus voluptueux et de plus varié.

Cependant ma fuite avoit fait du bruit, on avoit découvert les moyens que j’avois employés pour m’évader, et comme on ne supposoit pas que, vu mon costume remarquable j’aie pu aller bien loin ; on ordonna une visite dans les maisons qui bordent l’enclos des Lazaristes ; et après en avoir visité plusieurs, la meute de Saint-Lazare arriva à celle de mademoiselle S..... et se fit ouvrir la porte de la part du roi. Que faire ? que devenir ; il y avoit vraiment de quoi perdre la tête. Mademoiselle S.... qui ne la perdoit jamais, excepté dans les bras de son amant, ne trouva d’autre moyen que de me faire coucher la tête dans le lit et de se coucher exactement sur moi ; mes pieds étoient sous le traversin, de manière que ma tête étoit précisément entre ses jambes.

Les cerbères, malgré que le domestique leur eût dit que sa maîtresse étoit malade, entrèrent dans la chambre de mademoiselle S.... et se mirent à fureter partout. Cependant la position que le hasard m’avoit donnée étoit trop appétissante pour que je n’essayasse pas d’en tirer parti ; malgré le danger, ma langue chercha à s’introduire dans le réduit amoureux que nous venions de fêter avec tant de plaisir. Mlle. S.... qui ne savoit pas refuser un instant de jouissance, malgré le danger qui nous menaçoit, se prêta à mes desirs, de manière qu’au moment où les suppôts de Saint-Lazare, après avoir visité partout, lui demandèrent si elle n’avoit pas connoissance d’un prisonnier qui s’étoit échappé ; ce qu’elle leur répondit avoit si peu de suite, si peu de sens commun, qu’ils ne doutèrent pas qu’elle ne fût très-malade, et son déraisonnement l’effet du transport ; ils se retirèrent donc en emportant avec eux la persuasion intime que je n’étois pas dans cette maison.

Le jour vint, et il fallut songer à la fuite ; car, malgré le plaisir que nous avions goûté, mademoiselle S.... et moi, nous sentions parfaitement le danger de rester plus long-tems dans le voisinage des Lazaristes, où mille circonstances imprévues pouvoient me faire découvrir ; d’un autre côté, comment gagner pays sans vêtemens, sur-tout sans argent. Ah ! si j’avois eu les vingt-cinq louis du baron de Colincourt...... Mais la généreuse Mlle. S.... se chargea de pourvoir à tous mes besoins. Par ses ordres, son domestique sortit, et une demi-heure après, il revint amenant un fripier avec son garçon chargé d’habits, chapeaux, bottes et en général, tout ce qui pouvoit constituer l’accoutrement masculin. En peu d’instans je fus vêtu de la tête aux pieds d’une manière aussi solide qu’agréable et commode. Les fournisseurs payés et retirés, nous délibérâmes sur le parti que j’allois prendre. Mademoiselle S.... me demanda si je savois quelque métier ou si je me sentois des dispositions pour jouer la comédie. Je lui dis que j’avois une assez jolie voix, elle voulut en juger, et sur-le-champ je lui chantai la chanson suivante :

Air : J’ai vu partout dans mes
                  voyages.

Ma Justine, tu me demandes
Où notre ame doit résider ;

Je l’ai dans le vit quand je bande,
Dans le doigt s’il faut te branler.
Pour chanter l’objet qui me touche,
J’ai mon ame dans mon esprit ;
Mais elle passe dans ta bouche
Lorsque tu me suces le vit. (bis.).

L’homme franc l’a dans ses promesses,
L’usurier l’a dans son calcul,
Un fouetté l’a dans ses deux fesses.
Un bardache l’a dans le cul,
Un buveur l’a dans sa chopine,
Un poltron l’a dans le talon,
Un bon fouteur l’a dans la pine,
Une garce l’a dans le con. (bis.)

Des transmigrations divines,
Je vais dévoiler les ressorts,
C’est en foutant que les bramines.
Font changer les ames de corps.

Quoique bien distincte chacune,
Souvent nous les réunissons ;
Nos deux ames n’en font qu’une
Au moment où nous déchargeons.


Mademoiselle S.... étoit restée stupéfaite en entendant cette chanson grenadière ; ensuite elle me sauta au col, et me donna mille baisers auxquels je ripostai de grand cœur ; et peu d’instans après, nous réunîmes nos ames à la manière des bramines.

Mademoiselle S.... après être revenue de son extase amoureuse, me fit des complimens sur la beauté de ma voix, m’assura qu’elle alloit devenir pour moi une ressource assurée. Elle m’engagea à tourner mes pas du côté de Lyon, écrivit une lettre au directeur du spectacle de cette ville, me la remit et m’assura qu’avec cette recommandation le directeur m’admettroit sans difficulté dans sa troupe, et me donneroit des appointemens suffisans pour exister.

Il fallut cependant songer au départ ; après cent baisers donnés et rendus, je la quittai, je traversai tout Paris, et fus sortir par la barrière des Gobelins, non sans donner quelques regrets à cette cité fameuse, berceau de mes premiers jours et de mes premiers plaisirs, où je laissois Mad. D......y Félicité, la baronne de Colincourt, et sur-tout la généreuse Mlle. S.... Bientôt ce nuage léger se dissipa, et le plaisir de parcourir des pays nouveaux pour moi, consola mon ame affligée.

Arrivé au haut de la montagne de Villejuif, je jetai le dernier coup-d’œil sur Paris ; je lui envoyai un dernier soupir, et j’entrai dans le village. Profitons de cette traversée ennuyeuse pour faire la description de mon équipage, et donner une idée des bontés de Mlle. S…

Habit de drap bleu, gilet piqué de Marseille, pantalon de velours gris, bottines, chapeau rond, le tout recouvert d’une immense redingotte d’alpaga brun garnie en velours noir ; dix louis dans ma poche, une petite montre d’or émaillée, un paquet sous le bras, contenant quelques chemises de toile d’Hollande, mouchoirs de la même toile et cravattes de mousseline.

Me voilà donc en pleins champs, la bise au nez, pestant contre le baron de Colincourt, qui ne vouloit pas qu’un honnête garçon baisât sa femme, et qui, par une suite de ses mauvais procédés, m’obligeoit à voyager par un tems si rude.

Je faisois ces réflexions chagrinantes, lorsqu’une voiture à quatre chevaux que j’entendois rouler derrière moi, depuis quelques minutes, me dépassa rapidement ; j’enviois intérieurement le sort de ceux à qui leur fortune permet de se procurer de semblables douceurs, lorsque la roue crie, casse, et voilà la voiture par terre. Le postillon avoit mille peines à retenir ses chevaux, et de la voiture partoient des cris affreux. Je pars comme l’éclair ; je m’élance à la tête des chevaux, et, aidé du postillon, je parviens à les arrêter tout-à-fait ; je vole ensuite à la voiture à travers les glaces brisées ; je vois deux femmes le cul nu en l’air, et la tête ensévelie sous les coussins de la voiture ; je veux passer mes bras dans le carosse pour les dégager, un éclat de glace qui déborde me coupe la main. Mon sang coule, je ne m’en apperçois pas ; je parviens à ouvrir la portière et voilà ces dames sur pied. Leur mise annonçoit une maîtresse et sa femme-de-chambre ; la maîtresse étoit évanouie, le grand air la fit bientôt revenir.

Cette dame commençoit à se répandre en actions de graces, sur les services que je lui avois rendus, lorsqu’elle apperçut ma main sanglante ; elle fit un cri : j’eus beau vouloir lui persuader que ce n’étoit rien autre chose qu’une écorchure ; il fallut que je lui laissasse panser ma main : elle la lava avec de l’eau de Cologne, et l’entortilla de deux mouchoirs, imbibés de cette liqueur.

Ces dames, cependant, ne pouvoient pas rester ainsi ; il falloit remédier à l’accident. Le postillon détela un cheval, et fut à Villejuif chercher du secours. Après un quart-d’heure d’absence, pendant lequel la maîtresse de la voiture me dit mille choses honnêtes, le postillon revint, non avec une roue, mais avec une berline qu’il avoit été demander à la poste ; des paysans l’accompagnoient. Les malles et paquets de la voiture brisée, furent placés sur celle qui ne l’étoit pas ; les paysans généreusement payés, et chargés de reconduire la voiture invalide à Villejuif, où la dame promit de la reprendre à son retour. Elle m’invite à monter avec elle, au moins jusqu’à la première poste. Je ne me fais pas prier : me voilà à ses côtés, et nous partons.

Madame de Senneville me demanda de quel côté je portois mes pas ; je lui dis que j’allois à Lyon. — Comment, à pied ? me dit-elle. — Oui, madame. Je suis philosophe, et j’aime à observer la nature. — Vous n’y pensez pas, mon jeune ami, la nature est très-agréable à observer au mois de mai, lorsque la terre est couverte de ses dons ; mais au mois de décembre, c’est une folie qui n’a pas le sens commun. — Croyez-vous, madame, que l’hiver n’a pas ses agrémens comme le printems. — Vous avez raison, on a le plaisir de souffler dans ses doigts… Mais, peut-être, votre bourse est-elle peu garnie, on pourroit y suppléer. Ceci fut dit d’un air timide. Pour toute réponse je portai ma main à ma poche, et lui montrai mes dix louis en or. Allons, continua-t-elle, il ne faut pas disputer des goûts. J’espère cependant que malgré votre penchant pour les voyages pédestres, vous voudrez bien m’accompagner jusqu’à Fontainebleau. Je remerciai Madame de Senneville, et me félicitai intérieurement d’avoir une journée à passer avec elle.

Madame de Senneville avoit environ 32 ans, les cheveux châtains, la peau extrêmement blanche, peu de gorge, mais bien placée ; femme d’un président aux enquêtes, qui l’avoit épousée lorsqu’elle avoit 18 ans. Cet homme froid, comme un robin, n’avoit servi qu’à développer le tempérament de feu [de] sa femme, qui, bientôt délaissée par lui, avoit donné dans tous les écarts, avoit fait toutes les folies, sans cependant afficher son mari. En un mot, madame de Senneville étoit tellement blasée, qu’il n’y avoit que les choses extraordinaires qui pussent la contenter.

Cependant cette femme avoit un cœur excellent, le meilleur ton, beaucoup d’instruction, une manière de s’énoncer enchanteresse ; son corps étoit partagé en deux parties bien différentes de la ceinture en haut, c’étoit celui d’une des muses ; et de la ceinture en bas, celui de la messaline la plus déhontée.

Nous arrivâmes à la dînée, sans malencontre. Madame de Senneville commanda un dîner succulent et délicat, auquel je fis parfaitement honneur. La jolie femme-de-chambre étoit à table avec nous : j’avois prié sa maîtresse de le permettre. En effet, Jeannette méritoit qu’on eût quelqu’attention pour elle.

Jeannette étoit la plus jolie blonde, faite comme une nymphe, et cependant une gorge d’un volume étonnant, et d’une fermeté plus étonnante encore. C’est sa peau surtout qui étoit frappante par cette blancheur rosée, qui fait le charme des blondes ; le bras parfait, le pied mignon, la jambe bien tournée. Madame de Senneville étoit fort aimable, mais elle perdoit beaucoup à être comparée à sa femme-de-chambre.

Après le dîner, nous remontâmes en voiture ; c’est alors que madame de Senneville me dit qu’elle alloit passer quelques semaines dans une terre qu’elle avoit à trois lieues au-delà de Fontainebleau, et que, si mes affaires me permettoient d’y venir résider quelques jours, elle feroit tout ce qui dépendroit d’elle, pour m’en rendre le séjour agréable.

J’acceptai, entraîné par l’amabilité de la maîtresse et par les charmes de la suivante, dont je me proposois bien de tirer pied ou aile ; nous arrivâmes sur les quatre heures du soir à un charmant château, meublé avec élégance. Comme on étoit prévenu de l’arrivée de la maîtresse, nous trouvâmes grand feu partout ; mais surtout ce qui me charma, ce fut un jardin d’hiver, d’une grandeur très-raisonnable. Il étoit vitré ; une douce chaleur y régnoit, grace à plusieurs poèles qui échauffoient l’athmosphère, et qui, artistement faits, servoient de piédestaux à des statues de marbre, qui décoroient le jardin. Un parfum délicieux embaumoit l’air qu’on y respiroit. On y trouvoit toutes les fleurs, depuis la modeste violette, jusqu’au lys éclatant ; depuis la simple marguerite, jusqu’à la rose vermeille ; des arbustes odorans, et même un bosquet de lilas, qui sembloit offrir son ombre aux mystères amoureux.

J’éprouvai un frémissement de plaisir en parcourant ce délicieux jardin. Madame de Senneville s’apperçut de mon émotion, elle y sourit, et intérieurement se promit bien d’en tirer parti. Nous revînmes ensuite dans le salon, où nous passâmes la soirée.

On soupa ; au dessert les domestiques furent renvoyés, et nous nous amusâmes à faire sortir quelques bouchons de Champagne. Madame de Senneville qui s’appercevoit que, depuis long-tems, je lorgnois Jeannette, m’en fit la guerre en plaisantant. Je répondis gauchement, ses éclats de rire redoublèrent ; vos yeux ne peuvent pas quitter la gorge de Jeannette, savez-vous qu’elle l’a superbe. Montre-la-lui, mon enfant ; et voilà Jeannette et moi à rougir ; elle de honte, moi de desir. Madame de Senneville, tout en riant, ôta les épingles, dénoua les cordons, et enleva le fichu de la pauvre Jeannette, qui tâcha, mais vainement, de cacher avec ses deux petites mains, ses tettons superbes. Jeanne d’Arc ne les avoit pas plus fermes ; Agnès Sorel ne les avoit pas plus blancs.

Imaginez une gorge comme la Franche-Comté nous en offre quelquefois, faite en poire, mais placée presqu’horisontalement, à rases épaules ; chaque demi-globe d’un volume rare se soutenoit seul sans artifice, et sans que son poids le fît seulement incliner vers la terre. Joignez le bouton le plus frais et le plus délicieux, ajoutez la peau d’une blancheur éblouissante, et vous aurez une idée de la gorge de Jeannette.

Cependant cette vue m’avoit mis en fureur, et je bandois. Ah ! je bandois… c’est cela que demandoit Mad. de Senneville. Bandes-tu, bien mon ami, me dit-elle, en appuyant sa bouche sur la mienne, et en y introduisant une langue, avec laquelle la mienne eût bientôt fait connoissance. Pour toute réponse je pris sa main, que j’appuyai sur mon vit ; elle déboutonna ma culotte, et mit à l’air un membre d’une roideur qui lui promettoit plus d’un assaut. Allons, s’écria madame de Senneville, à la besogne. Alors les deux femmes travaillèrent à se dépouiller de leurs vêtemens, et me prièrent d’en faire autant. Le feu est redoublé, pour que l’absence de nos habits ne nous laisse pas appercevoir de la rigueur de la saison.

Nous voilà nus tous les trois. Madame de Senneville gagnoit à être vue ainsi, et elle n’étoit pas déplacée auprès de Jeannette, qui étoit de la tête aux pieds un composé de graces.

Je croyois tout uniment que j’allois foutre les deux femmes chacun leur tour, ou du moins madame de Senneville : combien j’étois loin de compte. Je la prends dans mes bras, et, après un baiser voluptueux, je fourre ma main entre ses cuisses… Oh ! surprise… ce n’est point un conin, pas même un con, c’est un gouffre, dans lequel j’aurois pu je crois entrer tout entier ; aussi aurois-je débandé tout net, si la vue des charmes de Jeannette n’eût soutenu mon courage.

Cependant le mot de madame Senneville à la besogne avoit une signification à laquelle je ne m’attendois pas. Jeannette fouille dans une petite armoire, dont sa maîtresse vient de lui donner la clef ; elle tire un godemiché, recouvert en velours, qui avoit, sans exagération, six pouces de diamètre, sur dix de long ; elle l’attacha autour de ses reins avec une ceinture de maroquin, et fut se coucher sur une chaise longue, qui étoit dans le salon. Madame de Senneville se mit sur Jeannette, et, à mon grand étonnement, elle se le fit entrer tout entier dans le corps. Voyez ce qu’il vous reste, me dit-elle ; je ne voyois que son cul...... c’étoit ce que demandoit madame de Senneville ; aussi sans me faire prier davantage je me mis à l’enculer. C’étoit la seule manière dont madame de Senneville pouvoit se procurer des jouissances : aussi s’en donna-t-elle tant et plus pendant deux heures, que les jouissances se multiplièrent. Madame de Senneville entendoit parfaitement ses intérêts en mettant Jeannette de la partie ; les appas de cette fringante soubrette soutenoient merveilleusement mes forces.

Pigault-Lebrun, L’Enfant du bordel, Tomes 1 et 2, 1800, fig., p. 168. C’étoit la seule manière dont madame de Senneville pouvoit se procurer des jouissances.
Pigault-Lebrun, L’Enfant du bordel, Tomes 1 et 2, 1800, fig., p. 168. C’étoit la seule manière dont madame de Senneville pouvoit se procurer des jouissances.

Il faut aussi avouer une petite rouerie que je m’étois permise, j’avois payé mon tribut au postérieur de Mad. de Senneville, en l’arrosant une seule fois d’un foutre brûlant ; mais ensuite je m’étois contenté de la limer, et j’avois réservé pour Jeannette des forces que j’aimois mieux perdre avec la soubrette qu’avec la maîtresse. Enfin, nous cessâmes nos chastes amusemens, et chacun reprit ses habits ; non, sans que madame de Senneville eût donné plusieurs baisers au bijou, qui venoit de si bien la travailler de la manière inverse.

Madame de Senneville passa dans une petite garde-robe pour y faire les ablutions nécessaires. Je profitai de ce moment pour demander à Jeannette, si elle ne pourroit pas me donner une heure dans le cours de la nuit. — Je n’ose pas, dit-elle, madame est jalouse ; elle veut bien que l’on me voie, mais elle ne veut pas que l’on me touche, il faut que tout tourne à son profit. — Mais, ma belle, elle doit en avoir assez. — Assez ! vous ne la connoissez pas. — Ma foi ! lui parlera qui voudra, moi, je suis muet pour elle ; mais je sens, ma bonne amie, que j’aurois encore bien des choses à te dire. Eh ! bien..... — Eh bien ? — Couchez-vous et restez tranquille, je tâcherai d’aller vous trouver. — Tu le promets ? — Je le promets. — Ta parole. — En voici le gage ; alors elle appuya sa bouche vermeille sur la mienne, et me donna un baiser qui passa jusqu’à mon cœur.

Madame de Senneville rentra ; nous prîmes quelques liqueurs, et, après nous être promis de renouveler souvent la scène qui venoit de se passer, elle appela un domestique qui me conduisit à la chambre qui m’étoit destinée, où je ne tardai pas à trouver, dans un sommeil profond, la réparation de mes forces.

Fin du premier volume.