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L’Espion libertin ou le Calendrier du plaisir/02

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Au palais égalité (Gay et Doucé) (p. 9-11).
Liste des jolies femmes :
Du Palais-Égalité  ►
Petit Avertissement

L’Espion libertin, Bandeau de début de chapitre
L’Espion libertin, Bandeau de début de chapitre

PETIT AVERTISSEMENT



S i quelque admirateur des beautés de la Nature, poussé par un besoin naturel, ou inspiré par le pieux désir de contempler l’ouvrage du Créateur ; si quelque amant Protée, dis-je, croyant trouver à l’adresse indiquée l’objet qu’il aurait choisi, voyait son attente trompée, qu’il ne murmure point contre l’auteur de cet intéressant opuscule ; mais qu’il sache que les bacchantes de Paris, pour la conservation de leurs charmes, évitent scrupuleusement le mauvais air ; et, comme personne ne sent si fort qu’un créancier, elles ont soin de déménager, une ou deux fois par mois, afin d’éviter les réclamations insupportables d’une vieille propriétaire qui fait la réservée ; d’une couturière coquette qui fait la prude, et d’une petite marchande de modes qui fait l’innocente.

Or, au moment de mettre ce manuel sous presse, il eut été difficile de changer l’adresse de celles de ces demoiselles qui auraient pris de nouveaux appartements. Malgré cela, le lecteur peut être assuré que ces sortes d’erreurs ne sont point nombreuses. Toutes les précautions ont été prises four que ce petit dictionnaire réunisse à la justesse et à l’exactitude des noms et demeures, autant de ressemblance et de variété dans les portraits que d’impartialité dans les caractères, les mœurs et la conduite.

Jeunes gens, qui ne savez encore ce qui est le plus honorable, de se parer de la vertu des sages d’Athènes, ou de l’amabilité des jeunes Lacédémoniens ; cœurs tièdes ou pusillanimes, hommes timides qui avez un pied sur la route du plaisir, et l’autre dans le monde indifférent ; vous, enfin, que le désir tourmente et que la crainte accable, quel secours ne trouverez-vous pas dans cet ouvrage !

Heureux, si, lorsque les passions me dévorèrent, j’eusse trouvé, comme vous, un écrivain qui préférât aux lauriers du Parnasse le plaisir d’être utile à ses contemporains ! Je ne serais point exténué de fatigue, ni rongé par la jouissance ; et je rendrais, à celui qui m’aurait averti dans ses écrits, la reconnaissance et l’estime que je désire mériter de vous, mes chers lecteurs, en vous assurant que je suis le plus fidèle partisan de votre salut.

K***.