L’Heptaméron des nouvelles/Tome IV/08

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FRANCOIS RABELAIS
A l’Esprit de la Royne de Navarre.

Esprit abstrait, ravy & estatic
Qui, fréquentant les Cieulx, ton origine,
A délaissé ton hoste & domestic,
Ton corps concorde, qui tant se morigine
A tes edictz, en vie pérégrine,
Sans sentement & comme en apathie,
Vouldrois-tu poinct faire quelque sortie
De ton manoir, divin, perpétuel,
Et ça bas veoir une tierce Partie
Des Faictz joyeux du bon Pantagruel[1].

  1. C’est un honneur pour Rabelais autant que pour Marguerite que la dédicace du IIIe livre adressée par lui à la Reine. Les vers sont à la fois peu clairs & exécrables, ce qui est l’habitude de cet incomparable prosateur. D’eux-mêmes, il serait impossible de voir s’ils ont été écrits avant ou après la mort de Marguerite ; on s’adresse aussi bien à l’esprit de quelqu’un de son vivant. Une note de l’édition de M. Burgaud, I, 1857, p. 400, tranche la question. Le dizain n’est pas seulement dans l’édition définitive de 1552 ; il se trouve dans l’édition de 1546, deux ou trois ans avant la mort de la Reine, morte en 1549. — M.