Aller au contenu

L’amour saphique à travers les âges et les êtres/15

La bibliothèque libre.
(auteur prétendu)
Chez les marchands de nouveautés (Paris) (p. 131-134).

L’Amour saphique, Bandeau de début de chapitre
L’Amour saphique, Bandeau de début de chapitre

XV

LES ATTITUDES DE L’AMOUR LESBIEN
LEUR RAPPORT PSYCHOLOGIQUE
AVEC L’HOMOSEXUALITÉ


Il est superflu d’expliquer que, lorsqu’il s’agit de rapports ayant lieu avec des organes virils postiches, toutes les attitudes que le vice ingénieux inspira aux amoureux de sexe différent sont applicables à l’amour lesbien.

Elles sont recherchées précisément par les amantes qui essaient de se donner mutuellement l’illusion de l’amour naturel et elles aident à celle-ci.

Lorsqu’il s’agit de jouissances voluptueuses provoquées par attouchements manuels ou par des caresses au sexe données par les lèvres et la langue de l’amante, les attitudes sont commandées par le genre de la caresse et les préférences particulières des individus.

D’après toutes les confidences faites à ce sujet l’on peut conclure que le frottement du clitoris à l’aide du doigt amène des sensations différentes selon la position de la femme qui reçoit cette caresse.

Si celle-ci est étendue sur le dos, le spasme est accompagné d’une sensation d’abandon, d’anéantissement infini, la femme se livre, est vaincue.

Lorsqu’elle est couchée de côté, il y a résistance, lutte voluptueuse contre la sensation montante et qui finit par la vaincre.

Couchée sur le ventre, et la main de l’amante venant trouver le clitoris en passant entre les jambes, le spasme est très vite provoqué et particulièrement spontané, ardent et presque douloureux, mais d’une saveur goûtée par les sensuelles prononcées.

Toutes celles qui ont quelques velléités mâles, attaquées de cette sorte, goûtent des plaisirs mixtes tenant de l’instinct copulatif mâle et de la satisfaction sensuelle de la femelle.

L’explication de ce fait est dans la mise en jeu de muscles différents lors de chacune des attitudes et par suite de l’action dissemblable exercée sur les nerfs et transmise au cerveau.

Il est à remarquer que, par suite de son éducation esthétique, la femme garde presque toujours dans l’amour saphique une préoccupation non pas pudique, mais coquette. Rares sont les lesbiennes qui n’étant pas des nymphomanes recherchent l’obscénité dans les postures et les attitudes.

Alors que la plupart des hommes sont excités par la vue d’une posture disgracieuse mais obscène, la majorité des femmes en est plutôt choquée et détournée de la jouissance.

Il n’y a pas là un instinct proprement dit ; c’est le résultat de l’éducation donnée à la femme qui, sans cesse réprime ses gestes disgracieux, la rappelle à une pudeur hypocrite, lui enseigne qu’à tout prix il faut toujours être jolie, gracieuse, harmonieuse.

Les manquements à ces règles qui deviennent pour la femme une seconde nature lui sont en général difficiles.

Au contraire, l’homme n’a point d’ordinaire cette pudeur à vaincre et l’obscénité l’enflamme plus aisément parce qu’elle ne le répugne que rarement.

Cependant, chez la femme atteinte plus ou moins de nymphomanie, le désir et la jouissance de l’attitude obscène devient un plaisir analogue à celui de tant de femmes qui seraient choquées de certains gestes et qui se complaisent en certains instants passionnels à écouter ou à prononcer elles-mêmes les paroles les plus grossières.

La nymphomane n’étant qu’une sorte d’aliénée, il ne faut pas s’étonner que la poussée animale qui l’envahit la conduise aux gestes les plus révoltants, aux attitudes les plus écœurantes. Quand on a eu devant soi le spectacle qu’offre une folle ou une nymphomane en leurs instants de délire passionnel, l’on a l’idée de ce que devait être jadis les sabbats où des hystériques se ruaient, se croyant sorcières, et se livraient à toutes les contorsions lubriques que leur suggérait — croyaient-elles — le démon.

Nous avons connu un jeune docteur, interne dans un asile de nymphomanes aliénées, qui déclarait que le spectacle immonde que lui offraient perpétuellement les malheureuses internées lui était un supplice encore plus grand que celui de la dissection des corps demi-putréfiés, cette terrible épreuve du médecin.


L’Amour saphique, Vignette de fin de chapitre
L’Amour saphique, Vignette de fin de chapitre