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La Bonté (Gilkin)

La bibliothèque libre.
La NuitLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 138).
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LA BONTÉ



Bonté ! ton nom devrait être : le Suicide.
Tu terrasses l’instinct juste, propice et fort,
Qui repousse l’attaque et qui prévient l’effort
Malfaisant, et qui fait notre plus sûre égide.

Tu déprimes l’orgueil soupçonneux et lucide ;
Par toi, la haine tombe et la vengeance dort ;
Toute force, en nos cœurs, tu la frappes de mort ;
Tu mêles notre sang d’une eau fade et perfide.

Ô bonté, l’idéal des faibles et des fous,
Molle idole de boue où se meurent les coups,
Le lâche et l’impuissant t’adorent à genoux !

Et si le sage admet ta grâce surannée,
Tu deviens dans sa main hypocrite et damnée
Et bouclier d’ouate et lame empoisonnée.