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La Chanson française du XVe au XXe siècle/La Parisienne

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La Chanson française du XVe au XXe siècle, Texte établi par Jean GillequinLa Renaissance du livre (p. 238-239).


LA PARISIENNE

1830


      Peuple français, peuple de braves,
      La liberté r’ouvre ses bras !
      On nous disait : Soyez esclaves,
      Nous avons dit : Soyons soldats !
      Soudain Paris, dans sa mémoire,
      A retrouvé son cri de gloire :
   En avant, marchons contre leurs canons,
A travers le fer, le feu des bataillons,
        Courons à la victoire ! (bis)

      Serrez vos rangs, qu’on se soutienne.
      Marchons : chaque enfant de Paris
      De sa cartouche citoyenne
      Fait une offrande à son pays.
      O jour d’éternelle mémoire !
      Paris n’a plus qu’un cri de gloire :
   En avant, marchons, etc.

      La mitraille en vain nous dévore,
      Elle enfante des combattants ;
      Sous les boulets voyez éclore
      Ces vieux généraux de vingt ans.
      O jour d’éternelle mémoire !
      Paris n’a plus qu’un cri de gloire :
   En avant, marchons, etc.

      Pour briser leurs masses profondes,
      Qui conduit nos drapeaux sanglants ?
      C’est la liberté des deux mondes,
      C’est La Fayette en cheveux blancs.
      O jour d’éternelle mémoire !
      Paris n’a plus qu’un cri de gloire :
   En avant, marchons, etc.


      Les trois couleurs sont revenues,
      Et la colonne, avec fierté,
      Fait briller à travers les nues
      L’arc-en-ciel de sa liberté.
      O jour d’éternelle mémoire !
      Paris n’a plus qu’un cri de gloire :
   En avant, marchons, etc.

      Soldat du drapeau tricolore,
      D’Orléans ! toi qui l’as porté,
      Ton sang se mêlerait encore
      A celui qu’il nous a coûté ;
      Comme aux beaux jours de notre histoire,
      Tu redirais ce cri de gloire :
   En avant, marchons, etc.

      Tambours, du convoi de nos frères
      Roulez le funèbre signal,
      Et nous, de lauriers populaires
      Chargeons leur cercueil triomphal.
      O temple de deuil et de gloire,
      Panthéon, reçois leur mémoire.
   Portons-les, marchons, découvrons nos fronts,
Soyez immortels, vous tous que nous pleurons,
        Martyrs de la victoire ! (bis)

Casimir Delavigne.