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La Chanson française du XVe au XXe siècle/Le Grand Métingue du métropolitain

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La Chanson française du XVe au XXe siècle, Texte établi par Jean GillequinLa Renaissance du livre (p. 293-294).


LE GRAND MÉTINGUE
DU MÉTROPOLITAIN


C’était hier, samedi, jour de paye,
Et le soleil se levait sur nos fronts.
J’avais déjà vidé plus d’un’ bouteille,
Si bien qu’j’m’avais jamais trouvé si rond.
Vlà la bourgeois’ qui rappliqu’ devant l’zingue :
« Feignant, qu’ell’ dit, t’as donc lâché l’turbin ? »
Oui, que j’réponds, car je vais au métingue,
Au grand métingu’ du métropolitain !

Les citoyens dans une élan sublime
Étaient venus guidés par la raison.
A la porte, on donnait vingt-cinq centimes
Pour soutenir les grèves de Vierzon.
Bref, à part quat’ municipaux qui chlingue
Et trois sergots déguisés en pékins,
J’ai jamais vu de plus chouette métingue
Que le métingue du métropolitain !

Y avait Basly, le mineur indomptable,
Camélinat, l’orgueille du pays…
Ils sont grimpés tous deux sur une table,
Pour mettre la question sur le tapis.
Mais, tout à coup, on entend du bastringue ;
C’est un mouchard qui veut fair’ le malin !
Il est venu pour troubler le métingue,
Le grand métingu’ du métropolitain !

Moi j’tomb’ dessus, et pendant qu’il proteste,
D’un grand coup d’poing, j’y renfonc’ son chapeau.
Il déguerpit sans demander son reste,
En faisant signe aux quat’ municipaux.

À la faveur de c’que j’étais brind’zingue
On m’a conduit jusqu’au poste voisin…
Et c’est comm’ ça qu’a fini le métingue,
Le grand métingu’ du métropolitain !

Peuple français, la Bastille est détruite,
Et y a z’encor des cachots pour tes fils !…
Souviens-toi des géants de quarante-huite
Qu’étaient plus grands qu’ceuss’ d’au jour d’aujourd’hui.
Car c’est toujours l’pauvre ouverrier qui trinque,
Mêm’ qu’on le fourre au violon pour un rien…
C’était tout d’même un bien chouette métingue
Que le métingu’ du métropolitain !

Mac-Nab.