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La Chanson française du XVe au XXe siècle/Les Infidélités de Lisette

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La Chanson française du XVe au XXe siècle, Texte établi par Jean GillequinLa Renaissance du livre (p. 219-220).


LES INFIDÉLITÉS DE LISETTE

Air : Ermite, bon ermite.


Lisette, dont l’empire
S’étend jusqu’à mon vin,
J’éprouve le martyre
D’en demander en vain.
Pour souffrir qu’à mon âge
Les coups me soient comptés
Ai-je compté, volage,
Tes infidélités ?

Lisette, ma Lisette,
Tu m’as trompé toujours ;
Mais vive la grisette !
       Je veux, Lisette,
   Boire à nos amours.

Lindor, par son audace,
Met ta ruse en défaut ;
Il te parle à voix basse,
Il soupire tout haut.
Du tendre espoir qu’il fonde
Il m’instruisit d’abord.
De peur que je n’en gronde,
Verse au moins jusqu’au bord.
Lisette, ma Lisette, etc.

Avec l’heureux Clitandre
Lorsque je te surpris,
Vous comptiez d’un air tendre
Les baisers qu’il t’a pris.
Ton humeur peu sévère
En comptant les doubla ;
Remplis encor mon verre
Pour tous ces baisers-là.
Lisette, ma Lisette, etc.


Mondor, qui toujours donne
Et rubans et bijoux,
Devant moi te chiffonne
Sans te mettre en courroux.
J’ai vu sa main hardie
S’égarer sur ton sein ;
Verse jusqu’à la lie
Pour un si grand larcin.
Lisette, ma Lisette, etc.

Certain soir je pénètre
Dans ta chambre, et sans bruit
Je vois par la fenêtre
Un voleur qui s’enfuit.
Je l’avais, dès la veille,
Fait fuir de ton boudoir.
Ah ! qu’une autre bouteille
M’empêche de tout voir !
Lisette, ma Lisette, etc.

Tous, comblés de tes grâces,
Mes amis sont les tiens,
Et ceux dont tu te lasses,
C’est moi qui les soutiens.
Qu’avec ceux-là, traîtresse,
Le vin me soit permis :
Sois toujours ma maîtresse
Et gardons nos amis.
Lisette, ma Lisette, etc.

Béranger.