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La Comédie de la Mort (1838)/Versailles

La bibliothèque libre.
La Comédie de la MortDesessart éditeur (p. 241-242).


VERSAILLES.


sonnet.


Versailles, tu n’es plus qu’un spectre de cité ;
Comme Venise au fond de son Adriatique,
Tu traînes lentement ton corps paralytique,
Chancelant sous le poids de ton manteau sculpté.


Quel appauvrissement, quelle caducité !
Tu n’es que surannée et tu n’es pas antique,
Et nulle herbe pieuse, au long de ton portique,
Ne grimpe pour voiler ta pâle nudité.

Comme une délaissée à l’écart, sous ton arbre,
Sur ton sein douloureux, croisant tes bras de marbre,
Tu guettes le retour de ton royal amant.

Le rival du soleil dort sous son monument ;
Les eaux de tes jardins à jamais se sont tues,
Et tu n’auras bientôt qu’un peuple de statues.