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La Double Méprise/XVII

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Fournier (p. 287-290).
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XVII.


Dans le monde, on fit plusieurs récits de la mort de madame de Chaverny. Suivant les uns, elle avait eu un rêve ou, si l’on veut, un pressentiment qui lui annonçait que sa mère était malade. Elle en avait été tellement frappée qu’elle s’était mise en route pour Nice sur-le-champ, malgré un gros rhume, qu’elle avait gagné en revenant de chez madame Lambert ; et ce rhume était devenu une fluxion de poitrine.

D’autres, plus clairvoyans, assuraient d’un air mystérieux que madame de Chaverny, ne pouvant se dissimuler l’amour qu’elle ressentait pour M. de Châteaufort, avait voulu chercher auprès de sa mère la force d’y résister. Le rhume et la fluxion de poitrine étaient la conséquence de la précipitation de son départ. Sur ce point on était d’accord.

Darcy ne parlait jamais d’elle. Trois ou quatre mois après sa mort, il fit un mariage avantageux. Lorsqu’il annonça son mariage à madame Lambert, elle lui dit en le félicitant : « En vérité votre femme est charmante, et il n’y a que ma pauvre Julie qui aurait pu vous convenir mieux. Quel dommage que vous fussiez trop pauvre pour elle quand elle s’est mariée ! »

Darcy sourit de ce sourire ironique qui lui était habituel, mais il ne répondit rien.



FIN.