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La Guirlande des dunes/Les Pêcheurs à cheval

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Deman (La Guirlande des dunesp. 51-53).

Les Pêcheurs à cheval


Vagues d’argent et beau soir clair.
Le flot sur les grèves se vide,
Les cinq pêcheurs équestres de Coxyde
Pèchent, nonchalamment, sur le bord de la mer.

Dans les lueurs et dans les moires
Des vagues pâles, passent.
Allant, venant,
Leurs silhouettes noires ;
Les chevaux vieux, les chevaux las,
Parfois lèvent la tête et regardent là-bas
L’espace.

Les mailles traînent
Lentes et pesantes ; dans le remous
Les bêtes vont, les rênes
Tombantes, sur leur cou
Et monotones ;
Le corps houleux, au rythme de leur dos,
Leur cavalier, les yeux mi-clos,
Siffle ou chantonne.

Une heure passe, une heure ou deux ;
On est heureux ou malchanceux,
Le poisson vient ou bien se cache ;
On travaille par les temps chauds, par les temps froids,
Toujours ; et néanmoins on retourne chez soi,
— Oh que de fois ! —
Les paniers creux, sonnants et lâches.

Ainsi peinent les pêcheurs vieux,
Contents de rien, heureux de peu,
Usant dans le malheur ou dans la chance,
Dans la contrainte et dans l’effort,
Les sabots creux de l’existence
Qui se brisent un jour et réveillent la mort.

Pourtant, tels soirs d’été, quand, aux levers de lune,
Sur leurs chevaux pesants, ils remontent les dunes
Et apparaissent, au loin, sur les crêtes, à contre ciel,
Chargés de filets et de toiles,
On croirait voir de grands insectes irréels,
Qui reviennent de l’infini,
Après besogne faite et butin pris,
Dans les étoiles.