La Liberté de conscience (Cinquième édition 1872)/4.IV

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Hachette et Cie (Cinquième éditionp. 383-412).

CHAPITRE IV.

Légitimité et nécessité de la liberté de penser.


Il me reste à résumer les leçons de l’histoire, et à conclure. Il ne s’agit pas de faire une démonstration ; la liberté de conscience est au-dessus de la preuve. Elle est le fondement de toutes les autres libertés. Quand on nous conteste un de nos droits, il suffit de montrer qu’on porterait atteinte, en le supprimant, à la liberté de conscience. En effet, nous avons le droit d’agir librement, parce que nous avons d’abord le droit de penser librement. Que ma conscience s’éteigne ou se trouble, que reste-t-il de moi-même ? Si je prétends à être un citoyen, il faut avant tout que je sois une personne.

Mais la liberté de conscience renferme et implique plusieurs libertés nécessaires à son existence et à son exercice. Le droit de penser n’est rien, sans ces autres droits qui le fortifient et le complètent. Pour bien voir comment tous ces droits s’enchaînent et se soutiennent, procédons par ordre : l’histoire nous a fourni tous les éléments de l’analyse. Le premier droit que je réclame, c’est celui de me former librement une croyance sur la nature de Dieu, sur mes devoirs, sur mon avenir ; c’est un droit tout intérieur, qui ne gouverne que les rapports de ma volonté et de ma conscience. C’est, si l’on veut, la liberté de conscience en elle-même ; c’en est le premier acte, l’indispensable fondement. Libre dans le secret de ma pensée, serai-je réduit à un culte muet ? Ne pourrai-je exprimer ce que je pense ? La foi est expansive et veut être manifestée au dehors. Je ne puis lui refuser son expression, sans la violenter, sans offenser Dieu, sans me rendre coupable d’ingratitude. Je ne puis surtout adorer un Dieu qui n’est pas le mien. Ainsi la liberté de croire n’est qu’un leurre sans la liberté de prier. Suffit-il de prier ? Cette expression solitaire de ma foi, de mon amour, de mon espérance, suffit-elle aux besoins de mon cœur et à mes devoirs envers Dieu ? Oui, si l’homme est fait pour être seul ; non, s’il a des frères. Je suis né pour la société ; j’ai des devoirs envers elle comme envers Dieu ; ma croyance me commande également de prier et d’enseigner. Il faut que ma voix puisse se faire entendre, et qu’en marchant vers ma destinée, j’y entraîne avec moi, dans la mesure de mes forces, tous ceux qui voudront me suivre. Croire, prier, enseigner, voilà tout le culte[1]. Mais quoi ? puis-je me croire libre dans ma foi, si l’on me permet de prier, et de prier publiquement, et d’enseigner ma doctrine, à la condition de perdre, en la confessant, mes droits d’homme et de citoyen ? n’y a-t-il d’autres moyens d’entraver le culte et l’apostolat que les bûchers ? suis-je libre à la seule condition de n’être ni tué, ni enfermé ? quand on me fait acheter le droit de prier au prix du sacrifice de tous mes autres droits, suis-je libre encore ? suis-je traité en homme ? Il faut évidemment, pour qu’il n’y ait pas d’attentat, que ma croyance ne me coûte rien ; qu’elle ne m’ôte ni un droit civil, ni un droit politique. Tout cela est compris dans ce mot de liberté de conscience : il enferme tout à la fois le droit de penser, le droit de prier, le droit d’enseigner et le droit d’user de cette triple liberté sans souffrir aucune diminution dans sa dignité d’homme et de citoyen. Voilà les conditions de la liberté, et les degrés de la tyrannie. En Angleterre, le juif est affranchi dans sa croyance, dans son culte, dans ses écrits, dans sa vie civile ; mais tant qu’il ne pouvait entrer au Parlement, sans commettre un parjure, il n’avait pas la liberté de conscience. En Bohême, le juif ne peut entrer à la synagogue sans perdre à la fois tout droit politique et toute indépendance personnelle. En Russie, en Espagne, il ne peut pas même prier ; il ne lui reste que le sanctuaire où la force ne pénètre pas, le sanctuaire impénétrable de la liberté d’un cœur.

Commençons par là et voyons si l’on osera nous poursuivre jusque dans ce dernier asile de la liberté. Je le reconnais : pour moi, homme mûr, homme éclairé, l’indépendance du dedans m’appartient, quelles que soient les violences des ennemis de ma foi. Ils ne peuvent triompher de ma raison, parce que j’ai fortifié mon esprit par la méditation, et ma volonté par l’exercice du devoir. Je puis dire avec les stoïciens : Vous m’arracherez toutes choses, vous ne m’arracherez pas à moi-même. L’ennemi peut me rendre un membre inutile de la société ; il peut faire de moi un paria. Il peut porter la douleur et la désolation dans mon foyer. Il dispose de mon corps. Il dépend de lui de me jeter dans un cachot, de me faire torturer, de me faire assassiner. Mais je le brave au dedans de moi. Pendant qu’il me torture et qu’il me martyrise, moi, je le juge. Il commande à ses bourreaux, et moi à ma douleur. Je garde entière ma foi, parce que je le veux. Je mourrai ; mais je mourrai entier. Voilà l’homme libre.

C’est en pensant à cette inexpugnable vertu de la conscience qu’un des plus illustres adversaires de la raison[2] a pu dire que demander la liberté de penser est aussi absurde que de demander la liberté de la circulation du sang. Mais quoi ? le fanatisme a-t-il toujours des stoïciens à combattre ? Quand il arrive escorté de toutes les séductions et de toutes les menaces, et quand il dresse toutes ses batteries pour triompher de mon cœur, a-t-il le droit de me déclarer invincible et de se railler de mes alarmes, lui qui traite ma raison d’imbécile et qui lui reproche à outrance ses limites ? Il est trop facile, en vérité, de combattre un principe tantôt en le niant, et tantôt en soutenant qu’il n’a pas même besoin d’être défendu. Hélas ! il ne faut pas dire que cette liberté intime et solitaire est par cela même inattaquable, puisqu’elle peut s’abandonner et se trahir. On nuit à ma liberté, quand on me présente sans cesse, d’un côté le désespoir et de l’autre tous les plaisirs. On nuit encore à ma liberté, quand on emploie le mensonge ou le sophisme pour troubler ma raison et pour la tourner contre moi-même. Ôter la parole aux défenseurs d’une doctrine, et la laisser à ses ennemis, n’est-ce pas attenter deux fois à la liberté du dedans ? Que dirons-nous de l’immense troupeau des ignorants et des faibles, proie facile pour quiconque dispose de la force ? Et l’enfance, grand Dieu ! n’appartient-elle pas à ses précepteurs ? N’avons-nous pas vu les prescripteurs de tous les temps et de tous les pays accaparer l’homme à cet âge où il est désarmé, où son jugement est sans force, sa mémoire vide, son imagination vive et crédule ; où il reçoit avec avidité et sans défiance toutes les impressions qu’on lui donne ? Quelle est la ressource de ceux qui veulent abattre la raison, la détrôner, la dépraver ? c’est de s’emparer d’abord de l’imagination et de la volonté ; de créer au dedans des habitudes qui ôtent le temps de penser, ou qui rendent la pensée impuissante par défaut d’exercice, ou qui la chargent de trop de règles et de trop d’entraves et de trop de scrupules pour qu’elle se possède elle-même, et qu’elle saisisse son objet avec clarté et autorité. On peut donc attenter à la liberté du dedans, au moins par ces voies détournées, et ce n’est pas seulement le droit de parler, c’est le droit de penser qui a des ennemis. Eh ! si cela n’était pas, qui donc se donnerait la peine de propager des superstitions ineptes ? Et pourquoi trouverait-on dans certains partis, à toutes les époques, de sourdes haines contre la diffusion des lumières ? Pourquoi tant de presses brisées, tant d’écoles fermées, tant de voix éloquentes condamnées au silence ? À qui la contradiction et la discussion feraient-elles peur, si le fanatisme n’espérait pas trouver dans l’homme même, dans ses passions, dans ses erreurs, dans son ignorance, un ennemi de la liberté de l’homme ?

C’est ici qu’il faut se donner le spectacle des contradictions de nos adversaires. Tantôt ils nous déclarent que nos alarmes sont vaines, parce que la liberté intérieure est invincible ; et tantôt, pour montrer qu’il n’y a pas de liberté ou que la liberté ne vaut rien, ils soutiennent que notre raison est impuissante. Et en effet, si la raison perdait son autorité, je ne donnerais pas un fétu de la liberté de l’homme. La vérité est qu’il ne faut pas s’exagérer la force de la raison au point de croire qu’on ne peut la tromper, car ce serait dire qu’il n’y a ni enfants, ni faibles esprits, ni lâches cœurs, ni souveraines passions, ni volontés chancelantes ; et qu’il ne faut pas non plus s’exagérer la faiblesse de la raison jusqu’à prendre pour un vice de sa nature ce qui n’est qu’un effet de l’ignorance, ou de l’entraînement, ou de l’éducation. Quand même il serait vrai que la raison a besoin d’être éclairée, ce que personne ne nie, et qu’elle a une portée différente selon les âges, l’éducation et la trempe du caractère et de l’esprit, ce qui est évident, qu’en pourrait-on conclure, sinon qu’il faut lui donner les instruments et les directions dont elle a besoin, l’aider à chasser les préjugés qui l’offusquent, à vaincre les passions qui l’étouffent, la rendre enfin maîtresse d’elle-même ? car tout est là, et, dès qu’elle se possède, elle va en droite ligne et par sa propre force vers la vérité. Mais ce n’est pas le compte de nos adversaires de faire ces distinctions équitables, et de constater ainsi la force que la raison a en elle-même, et la faiblesse qui lui vient du mauvais usage de nos autres facultés, et du milieu dans lequel nous vivons. Ils aiment mieux déclamer sur sa force, pour nous endormir sur nos périls, ou sur sa faiblesse, pour nous dégoûter de son exercice. Aussi perfides dans leurs apologies que dans leur scepticisme, ils s’inquiètent peu d’une contradiction pourvu que leur ennemi soit harcelé.

Mais suivons-les dans ce nouveau rôle ; et comme nous avons montré par quelles influences la raison pouvait être détournée de sa voie, montrons aussi qu’elle est puissante et solide par elle-même, et qu’après tout, forte ou faible, elle est le juge en dernier ressort, le juge nécessaire des doctrines mêmes sous le joug desquelles on veut la courber.

À en croire les ennemis de la raison, nous demandons la liberté de penser, et, si nous l’avions, nous la laisserions périr dans nos mains. Nous nous croyons capables de trouver une doctrine, quand nous n’avons tout juste que ce qu’il faut d’intelligence pour comprendre la doctrine que nos maîtres veulent bien nous apprendre.

Nous connaissons de vieille date les arguments qu’on apporte pour soutenir cette étrange thèse de l’imbécillité humaine. C’est par eux que les sophistes de la Grèce ont voulu triompher de la raison et du bon sens de Socrate. Tout cet étalage de scepticisme peut être réduit à un seul mot, que voici : « Puisque l’humanité se trompe souvent, il est juste et raisonnable d’en conclure qu’elle se trompe toujours. — Il y a, contre la vérité, un argument invincible : c’est l’erreur. » Malheureusement pour les sophistes de la Grèce et pour les nôtres, c’est un raisonnement qui ne convaincra jamais personne. Il est naturel de croire ; il est contre nature de douter ; il est ridicule de fonder sur un raisonnement la négation de toute raison. Mais supposons une victoire impossible ; accordons à nos sceptiques et à nos théologiens que la raison humaine est une lumière vacillante et trompeuse : les sceptiques pourront se réjouir des ruines qu’ils auront faites ; c’est leur état de détruire, c’est leur passion, c’est leur but ; mais que deviendront les théologiens ? À peine ont-ils mis la pensée humaine au néant, qu’ils s’adressent à elle pour lui inculquer leurs doctrines. « Voici, disent-ils, nos preuves. Voici ce que nous fournit l’analyse du cœur humain, ce que nous dit la société humaine, ce que nous trouvons dans l’histoire. Voici des axiomes que toute intelligence doit admettre, et la conclusion que nous voulons en tirer. » Eh quoi ! insensés que vous êtes, ressuscite-t-on les morts ? Passerez-vous la moitié de votre vie à détruire une force, et l’autre moitié à l’invoquer ? La raison est-elle capable, oui ou non, de former une opinion juste ? Si oui, laissez-la libre ; si non, abandonnez les hommes à leur instinct comme un troupeau de brutes. Mais vous n’êtes capables ni de croire à la force de l’humanité, ni de vous résigner à son néant !

Quand vous dites que l’intelligence humaine suffit à pourvoir aux besoins inférieurs, mais qu’elle est incapable de philosophie et qu’il lui faut une doctrine toute faite venue de plus haut, ne vous apercevez-vous pas que vous raisonnez dans votre propre hypothèse, et que vos raisonnements ne prouvent rien, à moins qu’on ne soit d’abord de votre avis ? Vous me proposez un maître, mais quel maître ? Comment puis-je le reconnaître ? À quel signe ? Si vous parlez de soumission volontaire et raisonnée, je ne m’en plains pas, je n’ai rien à dire, tout homme est maître de ses convictions. Tant que vous discutez avec moi pour faire de moi un adepte, me soumettant vos motifs, réfutant les miens, faisant appel à ma raison éclairée, vous êtes dans votre droit et vous respectez le mien : ce que vous faites n’est que du prosélytisme. J’honore le prosélytisme, je le respecte, je demande pour moi-même la liberté d’enseigner et de propager mes croyances. Je ne repousse que la force, et par la force j’entends tous les moyens directs ou indirects qui ôtent à l’homme la disposition de lui-même. Je repousse la loi qui m’oblige à cacher ma croyance, à me conformer extérieurement à une croyance qui n’est pas la mienne, ou celle qui, moins violente en apparence, mais plus perfide, remplit mes yeux et mes oreilles de la prédication, de la pratique et des cérémonies d’une autre religion en condamnant la mienne à l’obscurité et au mystère ; ou celle enfin qui, divisant un peuple, distribue aux citoyens ses faveurs ou même la justice, non d’après leurs mérites, mais d’après leur foi, établissant ainsi en eux-mêmes une lutte sacrilège entre leur conscience et leurs intérêts.

Qui osera exercer sur moi de telles violences ? Est-ce un individu ? Mais de quel droit ? Du droit de la vérité qu’il possède ? Sa vérité ! N’est-il pas un homme, un homme comme moi ? Sa raison lui démontre la vérité de ce principe, et la mienne m’en démontre la fausseté. Les vérités mathématiques sont évidentes avec le temps, parce qu’elles sont conçues d’une façon identique par tous les esprits : en est-il de même des vérités religieuses ? Ont-elles tant d’évidence qu’il suffise de les présenter à l’esprit pour qu’il se soumette ? Non, j’en atteste les disputes théologiques qui remplissent l’histoire de toutes les églises ; j’en atteste l’inquisition, j’en atteste votre doctrine elle-même, car l’évidence vous dispenserait de la force. Entre ma raison et la vôtre, pourquoi faut-il que ce soit la mienne qui abdique et la vôtre qui triomphe ? C’est la force seule qui décide : voilà donc le fondement de la vérité l Concluons qu’aucun homme n’est maître de la pensée d’un autre homme. Criminel est celui qui opprime, criminel celui qui se laisse opprimer, et qui de libre et responsable qu’il était, devient par sa faute une créature passive, renonçant ainsi à sa dignité et à sa tâche.

Ce que ne peut contre moi un homme, est-ce la majorité qui le pourra ? Les majorités ne font pas la loi en matière de conscience. N’y a-t-il jamais eu chez aucun peuple un homme qui voyait mieux et plus loin que tout le peuple ? N’y a-t-il pas eu quelque part un cirque croulant sous des milliers de spectateurs féroces, et au milieu de ce cirque, un martyr de la conscience et de la vertu, mourant maudit par les hommes, et ne laissant pas même derrière lui une mémoire ? La majorité n’est ni le droit, ni le signe, ni l’apparence du droit : elle n’est que la force. C’est à la force que vous revenez en invoquant les foules ; comme si la raison souveraine ne nous était pas donnée pour vaincre et utiliser la force ! Quand tout mon peuple se lèverait pour me crier qu’il faut courber le front devant la tyrannie, qu’il faut mentir, et se parjurer et se vendre, que je serai encore un hon citoyen quand j’aurai cessé d’être un honnête homme, est-ce que cette dégradation d’un peuple entier prévaudrait contre ma conscience ?

Les foules rejetées, à qui en appellerez-vous ? à l’État ? Mais qu’est-ce que l’Etat ? Son institution, si elle n’a pas pour fondement la liberté, repose ou sur un dogme ou sur la force. S’il n’est que la force, c’est-à-dire, s’il n’est qu’un contrat social, une coalition des intéressés, qu’apporte-t-il avec lui qui puisse ébranler une conviction ? Cet État athée n’est maître que de mon corps. Si l’État est fondé sur un dogme, comment cette alliance d’une vérité religieuse avec la force civile peut-elle changer quelque chose au caractère de la vérité religieuse ? Quoi ! en est-elle devenue plus vraie parce qu’elle a une armée ? Étrange principe, en vertu duquel la religion russe serait plus vraie que la religion romaine, car le czar a plus de troupes que le pape. Quelle que soit l’origine et la nature de la force, ni individu, ni majorité, ni État ne peut l’employer sans crime à triompher du droit de la raison ; et nul homme ne peut sans crime, ayant été créé raisonnable, s’oublier et se prosterner devant la force. Tant que la vérité religieuse sera discutable,

c’est-à-dire tant qu’elle n’aura pas les caractères de l’évidence, il n’y aura pour elle d’arme légitime que la discussion. Qu’elle respecte avant tout la liberté de conscience, et qu’elle fasse par l’enseignement, si elle lapent, de légitimes conquêtes. La lice est ouverte !

Mais, dit-on, il ne s’agit pas de preuve philosophique, il suffit d’établir l’authenticité d’une révélation, c’est-à-dire de prouver par le témoignage l’existence d’un fait matériel. Je réponds qu’il n’y a de faits évidents que ceux dont on est témoin. Le reste se discute ; et la preuve, c’est qu’il y a des témoignages contradictoires, des révélations contradictoires, et des incrédules de bonne foi qui rejettent toutes les révélations. Comment ne sentez-vous pas que vous confondez l’évidence qui est dans les faits avec la certitude qui n’est qu’en vous-mêmes ? L’histoire aurait dû vous dégoûter de ce sophisme. La chimère de l’unité, que chaque doctrine a poursuivie tour à tour, a coûté assez de sang ; mais enfin aujourd’hui elle est vaincue ; les faits, tous les faits sont contre vous ; les majorités se sont déplacées ; le plus pitoyable des arguments, l’argument du nombre, est devenu ridicule ; il y a désormais droit de bourgeoisie pour toutes les croyances : il faut donc trouver des arguments que vos adversaires puissent admettre, et ne pas les déclarer impuissants par l’unique raison qu’ils ne croient pas ce que vous croyez. Eh ! sans doute, si une fois vous partez de la vérité de la révélation, vous pouvez dire que la raison est inutile, ou n’est utile tout au plus que pour vérifier les témoignages ; et vous pouvez dire que toute spéculation est insensée dès qu’elle s’écarte, ne fût-ce que d’une ligne, de la vérité révélée. Mais dites cela aux théologiens, dites-le aux fidèles ; ne le dites pas aux incrédules. Cherchez-leur des arguments qui puissent les convaincre. Ne supposez pas avec eux ce qui est en question, si vous voulez réellement discuter. Répéter sans cesse un argument qui, par le fait, est un cercle vicieux, c’est moins raisonner qu’inPage:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/405 Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/406 Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/407 Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/408 Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/409 Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/410 Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/411 Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/412 Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/413 Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/414 Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/415 toi, » et à la société : « Reste immobile ou remonte vers la nuit des temps. » Mais c’est pour cela qu’elle sera vaincue. Dieu ne nous a pas créés pour le repos, mais pour l’agitation féconde. Il ne nous a pas donné nos facultés pour que nous les rendions inutiles. Il ne fait pas luire à notre esprit le divin flambeau de l’idéal pour que nous jetions notre force au néant. Il nous mène à travers les siècles dans la voie du progrès ; et l’humanité, sous sa conduite, marche, marche sans cesse, domptant la matière, utilisant les forces brutes, remplaçant la guerre par la paix, l’ignorance par la lumière, adoucissant les mœurs, perfectionnant les arts, ouvrant à l’industrie des perspectives nouvelles, et construisant peu à peii, sur les ruines des systèmes, l’édifice de la sereine et immortelle sagesse.

Edita doctrinâ sapientum templa serena[3].

Ce n’est pas nous, libres penseurs, qui séparons ainsi les deux causes, qui mettons d’un côté la civilisation, les lettres, la liberté, le progrès, la vie ; de l’autre, le mépris des arts, les lettres avilies, les sciences proscrites, les découvertes de l’industrie dédaignées ou entravées, les écoles fermées, tout un amas de superstitions imbéciles pieusement recueillies et enseignées aux peuples qu’elles abusent, la liberté de la presse maudite, les principes les plus chers de nos constitutions modernes chaque jour battus en brèche, la philosophie non pas réfutée, mais condamnée, la doctrine du progrès reléguée parmi les chimères, l’inquisition regrettée, la Saint-Barthélemy justifiée, le pouvoir absolu préconisé, la révolution calomniée dans ce qu’elle a de plus grand, de plus sage et de plus durable. Nos adversaires se chargent eux-mêmes d’étaler ce triste cortège de leur doctrine. Sachons-leur gré de marcher désormais le front découvert, et de ne dissimuler ni leurs rancunes ni leurs visées[4].

Il me semble qu’on pourrait séparer les ennemis de la liberté de penser en deux classes bien distinctes. Les uns sont des fanatiques, qui veulent nous rendre heureux malgré nous, nous sauver, nous sanctifier malgré nous ; et les autres, des politiques, qui ne voient de salut pour l’État que dans l’unité. Ils se trompent les uns et les autres, puisqu’ils blessent la justice ; mais au malheur d’être injustes, ils joignent celui de ne pas réussir. Les premiers croient augmenter leur troupeau, parce qu’ils y introduisent des hypocrites ; les seconds, en aspirant à la paix, ne font que semer des tempêtes.

Qu’ils interrogent l’histoire. Est-ce que cette unité qu’ils poursuivent a jamais existé ? C’était, au moyen âge, la théorie dominante ; et le moyen âge est le temps des guerres religieuses. Louis XIV aussi voulut imposer sa religion à son peuple : il en coûta des flots de sang. La France fut dévastée, l’hérésie ne fut pas vaincue. En Espagne, il est vrai, le catholicisme règne seul : à quel prix, grand Dieu ! mais si, à force de supplices, on parvint à y comprimer la pensée, le nombre des victimes nous apprend ce qu’il en coûte au pouvoir civil pour entrer en lutte avec les consciences. Quel est l’homme de sang-froid qui ne reconnaît en lisant l’histoire que la guerre ne s’est jamais allumée entre religions libres, mais toujours entre une religion dominante et une religion opprimée ? Si l’histoire ne parle pas assez haut, interrogeons la nature humaine. La philosophie, qui enfante les hérésies, n’est pas un accident. Elle répond à un besoin impérieux et éternel de notre nature. On a beau vouloir nous garrotter. Cet esprit enchaîné à un symbole, à des observances, se réveille un jour, et par une loi fatale, se porte d’un bond aux extrêmes. Pendant des siècles, tous les grands agitateurs sont sortis des cloîtres. L’hérésie, la nouveauté, si vous voulez, car c’est tout un, germait dans leur esprit pendant qu’ils chantaient machinalement des psaumes, ou qu’ils officiaient avec ce cérémonial inflexible qui dicte toutes les paroles, et règle jusqu’au moindre geste. Qui nous dira les angoisses d’un Abélard, d’un Wiclef, d’un Jean Huss, lorsqu’ils se séparaient tout frémissants de l’unité de l’Église, chassés hors de son sein par l’indomptable essor de leur pensée ? Luther alla jusqu’à envier le repos des morts : beati quia quiescunt ! Pour eux, les hérésiarques et les apôtres, ils ont échappé au cloître, à l’unité, à l’Église ; ils ont obéi au démon intérieur ; le feu qui les consumait s’est répandu sur le monde et l’a rempli d’embrasements. Mais que de martyrs obscurs, étouffés dans l’in pace ! Que d’âmes épuisées dans une lutte secrète ! Que d’hommes de génie qui n’ont pu vivre qu’en parvenant à s’abêtir ! Ceux qui rêvent de décréter l’unité par une loi, n’ont qu’à décréter aussi l’identité des intelligences.

Ce serait une réfutation écrasante de ces rêves, qu’une liste complète des hérésies, si aucun homme était capable de la faire. Impuissants pour empêcher les hérésies de naître, voulez-vous les rendre inoffensives ? Laissez-les libres. Il est consolant de penser que c’est plutôt la politique que la religion, qui a rendu la religion intolérante. La chimère du pouvoir absolu avait besoin pour s’étayer de la chimère de l’infaillibilité. Je le dis à l’honneur de l’Église et pour la défense de l’Église : quand elle se fit oppressive, quand elle invoqua le bras séculier contre la liberté de conscience, elle fut infidèle à son caractère et à sa mission. Elle servit les passions des hommes et cessa d’obéir à l’inspiration divine. À ce moment-là, elle oublia l’Évangile. Le jour où l’inquisition fut fondée, il fut vrai de dire que l’Évangile était trahi.

Non, ce n’est pas le christianisme qui a fondé l’inquisition et fait la Saint-Barthélemy. Ceux qui viennent nous dire aujourd’hui que l’inquisition était nécessaire et que la Saint-Barthélemy était juste, calomnient le christianisme. S’ils avaient raison, les ennemis de la foi n’auraient besoin pour l’écraser que de l’histoire. Ces horreurs que vous mettez à la charge de la foi chrétienne ont été enfantées par l’intolérance et le fanatisme. Qui êtes-vous donc ? et comment parlez-vous de paix, de concorde et d’amour, si vous revendiquez tout un passé de bourreaux ? Que les intolérants ne se vantent pas de représenter le christianisme. Trop d’évêques, trop de pasteurs protestent contre eux. Chaque fois qu’ils élèvent la voix pour annoncer une prétention nouvelle, on entend à côté d’eux de sages paroles qui les rappellent à la modération, à la charité, à l’Évangile. Nous pourrions les combattre avec les seules exhortations des évêques, tant il est vrai qu’au lieu de servir la foi, ils ne font que la méconnaître, et la rendre aux yeux des esprits inattentifs responsable de leurs fureurs. J’ai beau ouvrir l’Évangile, je n’y trouve nulle part l’esprit de domination et d’intolérance ; j’y trouve, à chaque page, la charité. Écoutez ces paroles de résignation et de douceur : « Jésus appela les douze apôtres et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous[5]… Car le Fils de l’homme lui-même n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie pour la rédemption de plusieurs[6]. » Puis il prit un petit enfant qu’il mit au milieu d’eux, et leur dit : « Quiconque reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci, me reçoit[7]… Laissez venir à moi les petits enfants, car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent[8]. » Jésus meurt sur la croix en pardonnant à ceux qui le tuent. « Lorsqu’ils furent arrivés au lieu appelé Calvaire, ils y crucifièrent Jésus et ces deux voleurs, l’un à droite et l’autre à gauche. Et Jésus disait : « Mon père, paroi donnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font[9]. » Laissez-moi, moi philosophe, moi libre penseur, prolonger cette lecture. Nous n’avons pas à rougir de ces maximes de l’Évangile, car nous n’avons jamais provoqué de vengeances ; nous n’avons pas fait appel aux puissances contre ceux qui ne partageaient pas nos doctrines ; nous n’avons pas ravivé les querelles religieuses et tenté de troubler la paix des consciences.

Voici en deux mots toute la morale de l’Évangile : « Faites à autrui ce que vous voudriez qui vous fût fait à vous-mêmes. Si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on, puisque les gens de mauvaise vie aiment ceux qui les aiment ? Et si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quel gré vous en saura-t-on, puisque les gens de mauvaise vie font la même chose ?… C’est pourquoi, aimez vos ennemis, faites du bien à tous et prêtez sans en rien espérer, et alors votre récompense sera très-grande, et vous serez les enfants du Très-Haut, parce qu’il est bon aux ingrats et même aux méchants. Soyez donc pleins de miséricorde comme votre Père est plein de miséricorde. Ne jugez point et vous ne serez point jugés[10]. »

Écoutez encore les mêmes doctrines : « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme, et de tout votre esprit. C’est là le plus grand et le premier commandement. Et voici le second, qui est semblable à celui-là : Vous aimerez votre prochain comme vous-même. Toute la loi et les prophètes sont renfermés dans ces deux commandements[11]. »

Et encore : « Mes petits enfants, je n’ai plus que peu de temps à rester près de vous… Je vous fais un commandement nouveau, qui est que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés[12]. »

Il me semble en vérité qu’il faut fermer les yeux à la lumière pour voir autre chose dans l’Évangile qu’une constante prédication de la charité ; et qu’il faut aimer la contradiction, pour faire tous les jours appela la haine et à la violence, quand on regarde l’Évangile comme la parole même de Dieu, et quand on fait profession d’en pratiquer les maximes.

Lisons encore le chapitre même où Jésus-Christ établit son Église, et voyons s’il y autorise l’emploi de la force. Voici ses paroles, que l’on cite tous les jours, et dont il faudrait pourtant savoir se pénétrer puisqu’on les a sans cesse à la bouche : « Allez, je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. En quelque maison que vous entriez, dites d’abord : « Que la paix soit dans cette maison[13]. »

Et ailleurs : « Simon, fils de Jean (c’est saint Pierre), m’aimez-vous plus que ne font ceux-ci ? » Il lui répondit : « Oui, Seigneur ; vous savez que je vous aime. » Jésus lui dit : « Paissez mes agneaux. »

« Il lui demanda de nouveau : « Simon, fils de Jean, m’aimez-vous ? » Pierre lui répondit : « Oui, Seigneur ; vous savez que je vous aime. » Jésus lui dit : « Paissez mes agneaux. »

« Il lui demanda pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimez-vous ? » Pierre fut touché de ce qu’il lui demandait pour la troisième fois : « M’aimez-vous ? » et lui dit : « Seigneur, vous savez toutes choses ; vous connaissez que je vous aime. » Jésus lui dit ; « Paissez mes brebis[14]. »

C’est bien la même doctrine que saint Paul répète dans son Épître aux Romains : « Bénissez ceux qui vous persécutent… Ne rendez à personne le mal pour le mal. Ayez soin de faire le bien, non-seulement devant Dieu, mais devant tous les hommes… Ne vous vengez point vous-mêmes, mes chers frères, mais retenez votre colère, car il est écrit : « C’est à moi que la vengeance est réservée, et c’est moi qui la ferai, dit le Seigneur[15]. »

Si je continuais ainsi à chercher toutes les paroles d’amour, je ne finirais pas, et je vous lirais tout l’Évangile. Je voudrais aller le lire dans les lieux où s’assemblent les docteurs de l’intolérance. Ah ! leur dirais-je, voilà le livre que vous aviez dans les mains, voilà la doctrine que vous pouviez nous prêcher, à nous, mondains, à nous, incrédules ; voilà la force que vous aviez pour conquérir les âmes ; et au lieu de cette douceur et de cette bénédiction, au lieu de cette voix venue du cœur et qui eût entraîné tous les cœurs, vous allez relever dans la fange le drapeau de l’inquisition et des guerres civiles ? Vous ne faites entendre que des paroles de haine, des malédictions, des menaces ? Quand vous avez dans la main l’Évangile, vous faites appel à la force ?

Maintenant, je résume en très-peu de mots toute la carrière que nous avons parcourue dans les pages qui précèdent. Il y a deux mille ans, rien n’était vivant dans le monde, la Grèce périssait sous les atteintes de Rome ; Rome, maîtresse du monde, s’humiliait et s’abaissait sous un empereur. Les lois perdaient leurs forces ; les mœurs, leur sainteté ; la philosophie dégénérait en luttes frivoles ; la religion païenne faisait pitié même à ses prêtres : le christianisme apporta dans cette société épuisée son symbole profond et simple, sa morale austère, et le dogme de la fraternité universelle. Tous les opprimés coururent à la religion qui les relevait et les sauvait. On embrassa ses mâles préceptes comme un refuge contre la dissolution et le dégoût qui avait envahi toutes les âmes. Rome se crut en péril, et se défendit par le glaive. Il y eut, pendant trois siècles, une grande lutte, et telle que l’histoire n’en avait jamais connue, entre la force et la pensée. Ce fut la pensée qui triompha. Après avoir rougi tous les prétoires du sang de ses martyrs, la religion conquit l’âme de Constantin, et, dès ce moment, elle eut dans la main la puissance impériale. L’empire tomba, la société romaine fut dissoute, les hordes barbares accoururent de tous les points de l’horizon ; elles se taillèrent des royaumes dans les provinces de l’empire ; elles se firent des constitutions, elles établirent des droits et des coutumes, elles eurent leurs guerres intestines, leurs batailles sanglantes, leurs proscriptions et leurs grands hommes. Seul, le christianisme demeura debout, toujours semblable à lui-même, avec le même symbole, la même discipline, la même hiérarchie ; maître des rois barbares, comme il l’avait été des empereurs, seul lien visible entre le monde disparu et le monde qui s’organisait, gardant le dépôt de la civilisation et de la morale, mais le gardant avec un soin jaloux, et ne permettant pas à la pensée humaine de s’émanciper. Il ne savait pas, il ne voulait pas disputer ; il ne savait que régner. Il avait des prédicateurs pour les fidèles, des juges et des bourreaux pour les incrédules. Il était intolérant sans pitié et sans remords, parce qu’il regardait la liberté comme une chimère et un péril. Elle grandit pourtant sous les entraves dont il la chargeait ; elle eut par toute la terre ses martyrs et ses champs de supplice, comme autrefois le christianisme, quand il luttait pour la foi contre la puissance romaine. La liberté s’appela d’abord l’hérésie. Les cachots et les bûchers aidant, l’hérésie fit du chemin et elle s’appela la philosophie. Encore quelques siècles de guerres religieuses, de proscriptions et de massacres, et la philosophie devint la Révolution.

Il avait fallu bien longtemps à l’humanité pour se retrouver elle-même. Enfin, la voilà émancipée, en possession de son droit et de sa force. Est-ce le moment de respirer ? L’intolérance est-elle vaincue à jamais ? Ne le croyez pas ! Les conquêtes de la Révolution subsistent encore peut-être sur le champ de bataille révolutionnaire : mais tout alentour, l’intolérance se relève, le fanatisme reprend des forces ; la guerre à la liberté, à la pensée, à la raison se continue. Ce royaume est fondé sur l’Église catholique ? il fait une loi pour opprimer ceux qui ne peuvent humilier leur pensée devant l’infaillibilité du pape. Cet autre s’est établi sur la doctrine de Luther ? il oblige tous les esprits, par sa constitution, à subir l’autorité de Luther. Les villes d’Allemagne se partagent entre des milliers de sectes, et chacune, dès qu’elle est installée sur une surface de quelque centaine de lieues, se met à proscrire les autres. En Suisse, les cantons catholiques, Schwytz, Uri, Underwald, refusent aux protestants le droit de propriété immobilière. Il n’est pas permis d’être protestant en Espagne ; il en coûte d’être catholique en Suède et en Pologne ; un juif, à Rome, en Bohême, en Bavière, est traité comme un esclave. Voilà la liberté du dix-neuvième siècle.

Qu’en présence de cette longue oppression de la raison et de la justice, toutes les religions, toutes les philosophies fournissent des défenseurs à la vraie doctrine sociale, qui est la doctrine de la liberté.

il n’y a que la liberté d’agir et de penser qui soit capable de grandes choses ; et elle n’a besoin que de lumières pour se préserver des excès.


FIN.


  1. « La liberté de former et de suivre sa conviction s’appelle dans son principe liberté de conscience, et dans ses effets liberté de culte. » Vinet, Essai de philosophie morale et de morale religieuse, p. 161.
  2. M. de Bonald.
  3. Lucret., l. II, v. 8.
  4. Voltaire n’avait pas prévu tant de franchise. Il disait, dans son article sur la Tolérance, section IV : « Il y aura toujours des barbares et des fourbes qui fomenteront l’intolérance ; mais ils ne l’avoueront pas ; et c’est avoir beaucoup gagné. »
  5. Saint Marc, IX, 34.
  6. Ib., X, 45.
  7. Ib., IX, 35, 36.
  8. Ib., X, 14.
  9. Saint Luc, XXIII, 33, 34.
  10. Ib., VI, 31, 32, 33, 35, 36, 37.
  11. Saint Matthieu, XII, 37, 38, 39 et 40.
  12. Saint Jean, XII, 33, 34.
  13. Saint Luc, I, 3 et 5.
  14. Saint Jean, X, 15, 16 et 17. — Cf. I Saint Pierre, V, 2. « Pascite gregem Dei aon coactè sed spontanè. »
  15. Saint Paul, aux Romains, XII, 14, 17 et 19.