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La Maison dans l’œil du chat (Crès, 1917)/Sidonie

La bibliothèque libre.
Georges Crès (p. 127-132).




XVIII

SIDONIE


SIDONIE



Que c’est joli, ô Sidonie… à travers les allées, à travers les pelouses fraîches et bien taillées, de se promener le dimanche.

Les cloches sonnent la sortie de la grand’messe et le parc avec ses marronniers fleuris, au fond la maison du jardinier qui fume comme une pipe, ressemble à une image où la paix épouserait le printemps.

Tu as treize ans, Sidonie : déjà une grande fille. Et ton ombrelle : c’est ta tante qui te l’a donnée, pour faire la dame dans les allées.

Tu as cueilli des fleurs pour orner ta chambre ; ainsi en faisant tes devoirs, tu pourras contempler ce souvenir de ta promenade et tu reverras tout de suite la forêt or et verte, comme un pourpoint de roi. Tu reverras cet écureuil qui a glissé devant tes yeux, comme une flamme échappée du soleil. Tu reverras le paysan qui chantait en poussant sa charrue et le soleil sur la charrue… qui reluisait.

Ô Sidonie, la fumée monte claire et bleue des cheminées et ce merle qui siffle, sur les cimes, chante la gloire des petites filles sages et des dimanches printaniers.