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La Petite-Poste dévalisée/Lettre 31

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Nicolas-Augustin Delalain, Louis Nicolas Frantin Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 148-151).


À Monsieur ***.

Monsieur,


Jen suis bien honteux ; nous sommes prévenus ; il y a un nouvel astre sur l’horison. Votre sagacité ordinaire ne nous l’a pas fait découvrir. Je sens combien il est affreux pour vous de n’être pas le premier à la faire connoître à nos excellentes pratiques. Cela ne pourra nous revenir que trop tard : elle est jolie, oh ! vraiment jolie ; mais cela s’est déja montré à tous les spectacles ; elle ne vaudra plus rien pour notre Grand Seigneur qui les veut avant qu’elles soient connues. Il paye assez cher pour avoir cette fantaisie là. Il a bien contribué à votre fortune ; & par contre-coup, il n’a pas nui à la mienne. Je sens que cela est cruel, & qu’il pourra trouver une sorte d’ingratitude ou de négligence de notre part dans cette affaire. Mais en vérité, je ne sçais comment cela s’est fait : je n’avois pas oui dire un mot de cette nouvelle nymphe, ni vous non plus, je le parie. Depuis que nous faisons le commerce, nous n’avons pas eu un pareil affront : mais patience… j’y veillerai pour vous & pour moi de plus près encore ; & me les enlevera qui pourra. D’ailleurs j’ai bonne espérance pour cette petite bourgeoise toute mignone & toute naïve, que je vous ai promise. Parlez-en toujours à Monseigneur : cela ne sçauroit lui manquer ; c’est du nanan, c’est un petit ange, mais il faudra beaucoup d’argent : tous les entours que j’ai été forcé de prendre sont diablement coûteux.

Je suis, Monsieur, très-respectueusement, &c.