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La Prison du Mid-Lothian/Chapitre 44

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La Prison du Mid-Lothian ou La jeune caméronienne
Traduction par Albert Montémont.
Ménard (Œuvres de Walter Scott, volume 26p. 479-486).


CHAPITRE XLIV.

UN NOUVEAU PERSONNAGE.


Ô toi qui est mon amour, ma vie, dit-il ; toi à qui je puis donner un titre encore plus cher, le plus doux que nous ait accordé la nature, viens, ma femme ; quitte pour moi les parents et la maison de ton père. Mon père est maintenant le tien ; tu n’auras plus désormais d’autre maison que la mienne.
Logan.


L’entrevue de Jeanie et de Butler, dans des circonstances qui promettaient de couronner un attachement éprouvé depuis si long-temps, fut plus touchante par la sincérité de leur affection que par la vivacité de leurs transports. Davie Deans, qui dans sa pratique s’éloignait quelquefois de sa théorie, les consterna d’abord en leur rapportant l’opinion de différents prédicateurs et champions persécutés de sa cause, dans son jeune temps, qui regardaient le mariage, tout honorable qu’il était d’ailleurs d’après les lois de l’Écriture, comme un état dans lequel les jeunes gens, et surtout les jeunes mistress, devaient craindre de s’engager témérairement, leur désir désordonné de prendre une femme et d’obtenir des bénéfices les ayant souvent conduits à une lâche complaisance pour les erreurs du temps, et de là à l’apostasie. Il essaya aussi de leur faire comprendre qu’un mariage trop précipité avait causé la perte de plus d’un sage professeur de la foi ; que la femme incrédule n’avait que trop souvent justifié les prédictions de l’Écriture en pervertissant son mari ; que quand le fameux Donald Cargill, pendant sa retraite à Leewood, dans le Lanarkshire, dans les temps de persécution, avait, à force d’importunités, consenti à marier Robert Marshall de Starry Shaw, il s’était exprimé ainsi : « Qui peut porter Robert à épouser cette femme. Le principe du mal qui est en elle a détruit le bien qui était en lui, ses jours de prospérité sont passés. » Davie ajoutait qu’il avait été lui-même témoin de l’accomplissement de cette triste prophétie, car Robert Marshall, s’étant rendu coupable de criminelles complaisances envers les ennemis de la foi, retourna chez lui, alla entendre les sermons des curés, se laissa aller à d’autres erreurs, et depuis ne fut jamais tenu en grande estime. Et il avait remarqué, en effet, que les grands soutiens de l’étendard de la foi, Cargill, Peden, Cameron et Renwick, se plaisaient moins à consacrer les nœuds du mariage qu’à toute autre œuvre de leur saint ministère ; et, quoiqu’ils ne voulussent ni dissuader les parties, ni leur refuser leur office, ils regardaient ceux qui les sommaient de solenniser une union entre eux, comme donnant la preuve de l’indifférence la plus coupable aux malheurs du temps. Cependant, quoique le mariage eût été un piège pour beaucoup de gens, Davie était d’opinion, et il l’avait prouvé dans la pratique, que c’était un état fort honorable, surtout quand on vivait dans un temps où l’on ne courait pas le risque d’être pendu ou banni pour ses opinions, et lorsqu’on avait une fortune suffisante pour se soutenir, soi et ceux qui pouvaient venir après soi. « En conséquence, » concluait-il un peu brusquement en s’adressant à Jeanie et à Butler, qui, le visage enflammé et non sans inquiétude, avaient écouté ces arguments prolongés pour et contre le saint état du mariage, « je vous abandonnerai à vos propres réflexions. »

Comme, dans la conversation qu’ils eurent ensemble à la suite de cette conférence, Jeanie et Butler s’occupèrent de leurs espérances futures et de leurs sentiments actuels, cette conversation, tout intéressante qu’elle fût pour eux, le serait vraisemblablement très-peu pour le lecteur ; nous la passerons sous silence, et nous nous contenterons de rapporter ce qui concerne la fuite d’Effie, Butler, ayant communiqué à Jeanie sur ce sujet plusieurs détails qu’elle n’avait pu obtenir de son père.

Jeanie apprit donc qu’après l’arrivée de sa grâce, Effie était revenue dans la maison de son père, à Saint-Léonard, où elle était restée trois jours ; que les entrevues qui avaient eu lieu entre Davie et son enfant égaré, avant que celle-ci eût quitté la prison, avaient été extrêmement touchantes ; mais Butler ne pouvait s’empêcher de croire que lorsque le père avait été une fois rassuré sur la crainte de perdre sa fille d’une manière si terrible, il avait employé avec elle une sévérité capable de remplir d’amertume et d’exaspérer un esprit naturellement irritable et impatient, et qui l’était devenu doublement par le sentiment secret de sa faute qui l’exposait à une rigueur dont elle n’avait pas le droit de se plaindre.

La troisième nuit de son séjour à Saint-Léonard, Effie en disparut sans laisser aucun indice de la route qu’elle avait prise. Butler, cependant, voulut aller à sa recherche, et avec beaucoup de peine parvint à retrouver ses traces et à les suivre jusqu’à une petite baie formée par un petit ruisseau qui va se joindre à la mer, entre Musselburgh et Édimbourg. Cet endroit, où l’on a depuis construit un petit port, et qui est aujourd’hui entouré d’habitations et de maisons de campagne, s’appelle maintenant Porto-Bello. À cette époque il était environné d’une plaine nue et inculte, couverte de broussailles, et la baie n’était fréquentée que par quelques bateaux de pêcheurs, et de temps à autre quelque lougre contrebandier. On avait vu un bâtiment de ce genre dans la rade, à l’époque de la fuite d’Effie, et Butler s’assura que le soir du jour où la fugitive avait disparu, une barque était partie du rivage et avait conduit une femme à bord du lougre. Comme le bâtiment avait mis à la voile immédiatement, et n’avait rien déchargé de sa cargaison, il n’était guère possible de douter qu’il ne fût monté par des complices du fameux Robertson, qui n’étaient venus dans ce détroit que dans le but d’enlever sa maîtresse.

Ceci fut éclairci par une lettre que Butler lui-même reçut bientôt après par la poste, et qui était signée E. D., mais sans aucune indication du jour ou du lieu d’où elle avait été écrite. L’écriture et l’orthographe en étaient très-mauvaises, le mal de mer ayant encore augmenté la difficulté qu’Effie avait à écrire. Dans cette lettre, comme dans tout ce que faisait et disait cette malheureuse fille, il y avait de quoi louer et de quoi blâmer. Elle y disait qu’elle ne pouvait souffrir la pensée que son père et sa sœur se condamnassent pour elle à l’exil, et partageassent sa honte ; que, si son fardeau était pesant, c’était elle qui l’avait ainsi voulu, et que par conséquent, c’était à elle seule à le porter ; qu’elle ne pouvait désormais leur être d’aucune consolation ni en recevoir d’eux, puisque chaque parole, chaque regard de son père lui rappelait sa faute, et la jetait dans un état qui tenait de la folie ; qu’elle avait pensé perdre la raison pendant les trois jours qu’elle avait passés à Saint-Léonard ; que les intentions de son père étaient bonnes sans doute, mais qu’il ne comprenait pas le mal affreux qu’il lui faisait en lui reprochant sans cesse ses péchés. Si Jeanie, eût été au logis, tout aurait pu se mieux passer ; Jeanie était comme ces anges du ciel qui pleurent sur les pécheurs plutôt que de compter leurs erreurs. Mais elle ne devait plus revoir Jeanie, et c’était de tous ses chagrins passés et à venir celui qui jetait le plus d’amertume dans son cœur. Elle prierait le ciel à genoux nuit et jour pour Jeanie, tant à cause de tout ce qu’elle avait fait pour elle que de tout ce qu’elle avait refusé de faire ; car elle sentait bien que de tous ses tourments le plus grand dans ce moment eût été qu’une si vertueuse créature se fût rendue coupable d’une faute pour la sauver. Elle priait son père de donner à Jeanie tout le bien qui lui revenait du côté de sa mère ; elle avait passé un acte par lequel elle lui abandonnait ses droits, et qui se trouvait dans les mains de M. Novit. La fortune était la chose à laquelle elle pensait le moins dans ce moment ; d’ailleurs il était probable qu’elle n’en aurait jamais besoin. Elle espérait que l’augmentation de sa dot pourrait faciliter l’établissement de sa sœur ; et après s’être ainsi exprimée, elle offrait à Butler ses bons souhaits en retour de l’intérêt qu’il lui avait témoigné. Quant à elle, disait-elle, son sort ne pouvait être que triste ; mais comme elle l’avait voulu ainsi, elle ne demandait pas qu’on la plaignît. Cependant pour la satisfaction de ses parents, elle désirait qu’ils sussent qu’elle n’allait pas vivre d’une manière criminelle ; que celui qui avait été l’auteur de tous ses maux était disposé à les réparer, autant qu’il était en son pouvoir, et que, sous certains rapports, sa situation serait plus heureuse qu’elle ne l’avait méritée. Mais elle priait sa famille de se contenter de cette assurance, et de s’épargner la peine de prendre aucun renseignement sur elle à l’avenir.

Cette lettre n’apporta qu’une faible consolation à Davie et à Butler ; car quelle perspective leur présentait l’union de cette jeune infortunée avec un homme perdu d’honneur comme l’était Robertson (car ils devinaient bien que c’était de lui qu’elle voulait parler dans la dernière phrase de sa lettre) ? Que pouvait-on en attendre, sinon qu’elle deviendrait à l’avenir la complice et la victime de ses crimes ? Jeanie, qui connaissait le caractère et le rang véritables de George Staunton, envisagea la situation de sa sœur d’une manière différente, et ne perdit pas tout espoir. Elle augura bien de l’empressement qu’il avait mis à réclamer les droits qu’il avait sur Effie, et elle se flatta qu’il en avait déjà fait sa femme. Dans ce cas, il ne paraissait pas probable qu’avec ses espérances de fortune et d’après le rang de sa famille il s’abandonnât de nouveau au genre de vie aventureux et criminel qu’il avait suivi, d’autant plus que son existence dépendait d’un secret qu’il ne pouvait garder qu’en changeant entièrement de conduite, et surtout en évitant tous ceux qui auraient pu reconnaître dans l’héritier des Willingham l’audacieux, le criminel, le proscrit Robertson.

Elle jugea que probablement, après leur mariage, ils passeraient à l’étranger pendant quelques années et ne reparaîtraient en Angleterre que lorsque l’affaire Porteous serait complètement oubliée. Jeanie pouvait donc concevoir sur le sort futur de sa sœur une espérance que Butler et son père n’étaient pas dans le cas de partager ; car elle ne se croyait pas le droit de leur faire part du soulagement qu’elle éprouvait en songeant que sa sœur serait à l’abri du besoin et qu’il était peu probable qu’elle fût entraînée de nouveau dans la carrière du crime. Elle n’aurait pu leur donner cette satisfaction sans dévoiler ce qu’il était si essentiel au repos futur d’Effie de tenir caché, c’est-à-dire que George Staunton et George Robertson étaient une seule et même personne. Après tout, il était affreux de penser que sa sœur se fût unie à un homme condamné à mort pour vol à main armée, et exposé à être mis en jugement comme assassin, quels que fussent sa naissance et le degré de repentir qu’il pouvait éprouver. Il lui était en outre pénible de songer que ce terrible secret qu’elle se trouvait posséder ne permettrait jamais à la pauvre Effie de la revoir, autant par un sentiment de fierté que dans l’intérêt de la sûreté de son mari. Après avoir lu et relu la lettre et les derniers adieux de sa sœur, elle soulagea son cœur oppressé en versant un torrent de larmes que Butler s’efforça en vain d’arrêter par les plus tendres soins. Il fallut bien pourtant qu’elle s’essuyât les yeux et cherchât à se remettre, car son père, qui pensait avoir laissé aux amants assez de temps pour s’entretenir, revenait du château, accompagné du capitaine Knockdunder, ou, comme ses amis l’appelaient par abréviation, Duncan Knock, titre que quelques exploits de jeunesse justifiaient.

Ce Duncan de Knockdunder était un personnage de la première importance dans l’île de Roseneath et dans les paroisses dépendantes de Knocktarlity, Kilmin, etc., et son influence s’étendait même jusqu’à Corval, où cependant elle s’éclipsait devant celle d’un autre agent du duc. Les ruines de la tour de Knockdunder occupent encore un rocher suspendu sur le Holy-Loch. Duncan affirmait que c’était un ancien château royal : dans ce cas, c’eût été un des plus petits qui eussent jamais existé, car l’espace contenu dans l’intérieur n’était que de seize pieds carrés, proportion peu en harmonie avec l’épaisseur des murs, qui en avaient au moins dix. Telle qu’elle était pourtant, elle conférait depuis longtemps le titre de capitaine, équivalant à celui de châtelain, aux ancêtres de Duncan, qui étaient vassaux de la maison d’Argyle et avaient joui d’un droit héréditaire de juridiction subalterne qui n’avait pas beaucoup d’étendue, à la vérité, mais qui était d’une grande importance à leurs yeux, et qu’ils exerçaient ordinairement avec une rigueur qui allait même au-delà des prescriptions de la loi.

Le représentant actuel de cette ancienne famille était un petit homme gros et court, d’environ cinquante ans, qui se plaisait à réunir sur sa personne le costume des basses terres et celui des montagnards. Il portait donc sur sa tête une petite perruque noire surmontée d’un grand chapeau retroussé, comme un ferrailleur, et bordé d’un large galon d’or ; le reste de son habillement se composait du plaid et du jupon écossais. Duncan exerçait son autorité sur un district qui appartenait moitié aux montagnes, moitié au plat pays, et on pouvait supposer qu’il cherchait, par ce mélange des habitudes des deux peuples, à montrer son impartialité envers les Grecs et les Troyens. Cette disparate dans son costume, produisait cependant un effet bizarre et assez comique, car sa tête et son corps semblaient appartenir à deux individus différents, et, comme le disait quelqu’un qui avait été témoin de l’exécution des insurgés de 1715, il semblait que quelque magicien jacobite, dans sa précipitation à rappeler ces victimes à la vie, s’était trompé, et avait mis la tête d’un Anglais sur le corps d’un montagnard. Pour achever le portrait du gracieux Duncan, il avait le ton bref, les manières brusques et pleines de hauteur, et la forme de son nez retroussé et couleur de cuivre rouge, indiquait qu’il avait du penchant à la colère et du goût pour l’usquebaugh[1].

Quand cet illustre personnage se fut avancé près de Butler et de Jeanie, « Monsieur Deans, » dit-il d’un air important, « je prendrai la liberté d’embrasser votre fille qui est sans doute cette jeune personne, car en vertu de ma charge j’ai l’habitude d’embrasser toutes les jolies filles qui viennent à Roseneath. » Après ce discours galant, il s’approcha de Jeanie, lui donna sur la joue un baiser retentissant, et lui souhaita cordialement la bienvenue dans le pays d’Argyle. Puis s’adressant à Butler, il dit : « Il faut que vous alliez là-bas demain matin trouver les ministres, car ils voudront probablement terminer votre affaire, et la sanctionner à l’aide de quelques verres d’usquebaugh… Il est rare qu’on fasse jamais rien à sec dans ce pays. — Et le laird… dit Davie Deans. — Le capitaine, brave homme, interrompit Duncan… On pourrait croire que vous parlez d’un abbé, si vous ne donnez pas aux gens leurs véritables titres. — Le capitaine donc, reprit Davie, m’assure que le choix des paroissiens est unanime, et qu’il règne parmi eux la plus grande harmonie en votre faveur, Reuben. — Oui, dit Duncan, autant d’harmonie qu’on peut en attendre d’une assemblée dont la moitié baragouine l’anglais, et l’autre braille en écossais, comme des mouettes et des oies avant un orage. Il aurait fallu avoir le don des langues pour comprendre précisément ce qu’ils disaient… Mais je crois que ce qu’ils ont pu dire de mieux, c’est : Vivent Mac-Callum More et Knockdunder !… Quant à ce que vous appelez un vœu unanime, je voudrais bien voir que les drôles s’avisassent de faire un choix qui ne s’accorderait pas avec la volonté du duc ou la mienne ! — Cependant, dit Butler, si quelqu’un d’entre eux avait de ces scrupules qui se présentent quelquefois à l’esprit des chrétiens sincères, je serais bien aise de profiter de cette occasion pour chercher à détruire… — Ne vous tourmentez pas de cela, mon cher, interrompit Duncan Knock ; laissez-moi faire… Des scrupules ! oui, parbleu ! ils sont habitués à avoir des scrupules sur ce qu’on leur ordonne… et s’il arrivait rien de ce que vous dites, vous verriez le chrétien sincère, comme vous l’appelez, suspendu par une corde à la poupe de ma chaloupe, et faisant le plongeon avec quelques toises d’eau par-dessus la tête ; je serais curieux alors de voir si les eaux du lac Saint ne le débarrasseraient pas de ses scrupules comme de ses puces, Goddam ! »

Le reste de la menace de Duncan fut perdu dans une espèce de murmure mal articulé, qui promettait aux réfractaires, s’il s’en présentait, des moyens de conversion un peu rudes. Davie Deans aurait certainement livré bataille en faveur du droit qu’avait une congrégation chrétienne d’être consultée sur le choix d’un pasteur, ce qui, dans son opinion, était le premier et le plus inaliénable de ses privilèges ; mais il était entré en conversation avec Jeanie ; et avec plus d’intérêt qu’il n’en donnait ordinairement à des choses étrangères à ses opinions religieuses, il lui faisait des questions sur les particularités de son voyage à Londres. Cette circonstance fut peut-être favorable à la liaison qui venait tout nouvellement de se former entre lui et Knockdunder, dont Davie s’imaginait avoir gagné l’estime par les preuves de talents et d’habileté qu’il avait données dans le gouvernement d’une ferme, mais qui dans le fait était le résultat des recommandations les plus précises du duc à son agent, d’avoir les plus grands égards pour Deans et sa famille.

« Et maintenant, messieurs, » dit Duncan d’un air imposant, « je vous invite tous à aller souper et à rejoindre M. Archibald qui est à demi mort de faim, et une Anglaise à qui les yeux semblent sortir de la tête, de surprise et d’effroi, comme si elle n’avait jamais vu un gentilhomme en jupon. — Reuben Butler, dit Davie, désire peut-être se retirer immédiatement, pour se préparer à la grande affaire de demain, afin de célébrer ce jour avec solennité, et de présenter une offrande dont l’odeur soit agréable à nos révérends ministres. — Bon, bon ! brave homme, vous ne connaissez guère ceux dont vous parlez, interrompit le capitaine ; du diable s’il y en a un qui donnât l’odeur du pâté de gibier qui nous vient du château, » ajouta-t-il en levant le nez en l’air, « pour tout ce que M. Butler ou vous pourriez leur dire. »

Davie soupira ; mais voyant qu’il avait affaire à un gallio (un païen), il jugea que ce serait peine perdue de lui répondre. Ils suivirent donc le capitaine, et s’assirent en grande cérémonie autour d’une table bien garnie. La seule circonstance de la soirée qui mérite d’être rapportée, c’est que Butler prononça le benedicite, que Knockdunder le trouva trop long, et Davie Deans trop court, d’où le lecteur charitable peut conclure qu’il devait être à peu près de la longueur convenable.



  1. Eau-de-vie d’orge aromatisée, que l’on nomme communément whisky. a. m.