La Psychologie des romanciers russes du XIXe siècle/IV/2

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II


Souvenirs de la Maison des Morts et Crime et Châtiment sont les deux chefs-d’œuvre de Dostoïevsky. Je les préfère de beaucoup à ses autres ouvrages[1]. Tout Dostoïevsky s’y reflète et s’y résume.

Souvenirs de la Maison des Morts est un tableau de la vie dans les prisons sibériennes. Les habitants de cette Maison des Morts ne constituent pas une masse terne, uniforme, mais un organisme vivant avec des joies, de la haine, de l’espérance, toutes les lueurs, toutes les nuances humaines. Les personnages les plus variés et les plus étranges défilent devant le lecteur.

Au commencement du séjour de Dostoïevsky au bagne, un jeune détenu au visage régulier excita vivement sa curiosité. Son nom était Sirotkine : c’était un être énigmatique à beaucoup d’égards. Sa figure avait frappé Dostoïevsky. Il n’avait pas plus de vingt-trois ans et il était condamné aux travaux forcés à perpétuité, on devait le considérer comme un des criminels militaires les plus dangereux. Doux et tranquille, il parlait peu et riait très rarement. Ses yeux bleus, son teint pur, ses cheveux blond clair lui donnaient une expression douce que ne gâtait même pas son crâne rasé. Il était remarquablement paresseux et toujours vêtu comme un souillon. Sirotkine ne buvait ni ne jouait et ne se querellait presque jamais avec les autres forçats. Il se promenait toujours les mains dans les poches, paisiblement, d’un air pensif. Quand on l’appelait pour lui demander quelque chose, il répondait avec déférence, nettement, sans bavarder comme les autres : il vous regardait toujours avec les yeux naïfs d’un enfant de dix ans. Si on le plaisantait ou qu’on se moquait de lui — ce qui arrivait assez souvent — il tournait sur ses talons sans mot dire, et s’en allait ailleurs. Si la plaisanterie était trop forte, il rougissait. Sirotkine avait été envoyé aux travaux forcés pour avoir tué, étant soldat, son capitaine. La vie de soldat lui était pénible. « On ne cessait de me punir, et pourquoi ? J’obéissais à tout le monde, j’étais exact, soigneux, je ne buvais pas. Et pourtant tout le monde autour de moi était cruel et dur. Je me cachais quelquefois dans un coin et je sanglotais. Une fois, la nuit, j’étais de garde. C’était l’automne, il ventait fort et il faisait si sombre qu’on ne voyait pas un chat. J’étais si triste, si triste. J’enlève la baïonnette de mon fusil et je la pose à côté de moi ; puis j’appuie le canon contre ma poitrine, et avec le gros orteil du pied — j’avais été ma botte — je presse la détente. Le coup rate. Je recommence, le coup rate de nouveau. Arrive le capitaine qui faisait la grande ronde. — « Est-ce qu’on se tient comme ça quand on est de garde ? » J’empoigne mon fusil et je lui plante la baïonnette dans le corps… »

De tels portraits abondent dans la Maison des Morts. Dostoïevsky cherche à découvrir chez les forçats une lueur de personnalité. Un forçat a vécu tranquillement pendant plusieurs années consécutives, sa conduite a été si exemplaire qu’on a confié même à sa surveillance dix autres détenus ; subitement, au grand étonnement de ses chefs, cet homme se mutine et ne recule pas devant un crime capital, tel qu’un assassinat, un viol, etc. La cause de cette explosion inattendue, chez un homme dont on n’attendait rien de pareil, c’est la manifestation morbide de la personnalité, un désir d’affirmer son moi. C’est comme un accès d’épilepsie, un spasme : l’homme enterré vivant et qui se réveille tout à coup doit frapper aussi désespérément le couvercle de son cercueil ; il tache de le repousser, de le soulever, bien que son raisonnement lui dise l’inutilité de tous ses efforts, mais le raisonnement, écrit avec raison Dostoïevsky, n’a rien à voir dans ces convulsions.

La Maison des Morts est un monde nouveau, ignoré jusqu’à Dostoïevsky, qui apparaît, éclairé par une lumière sobre ; il surgit, horrible, puissant, tragique, et attire cependant toute notre sympathie. Notre cœur s’éveille et une angoisse navrante rétouffe… Dostoïevsky a mis dans cet ouvrage une richesse et une variété telles de données psychologiques qu’il faut le considérer comme un nouvel exemple de ces divinations de l’art, souvent conformes aux constatations scientifiques.

Si les Souvenirs de la Maison des Morts sont un véritable traité de psychologie criminelle, on intitulerait volontiers Crime et Châtiment « Traité de la conception criminelle dans le cerveau humain », tant l’auteur démontre bien comment ce qui n’est au début qu’une pensée mauvaise, l’esquisse d’un rêve, un germe imperceptible, prend corps et se transforme avec le temps en un acte monstrueux. Une imagination qui s’abandonne conçoit des fantômes et finit par enfanter des forfaits. M. Bérard des Glajeux, président d’assises à la Cour d’appel de Paris, dans son ouvrage Les passions criminelles, raconte que, selon M. Athalin, juge d’instruction, le livre dont il avait le plus profité dans le domaine des affaires criminelles, était Crime et Châtiment. M. des Glajeux ajoute : « Je dirais volontiers aux jeunes magistrats : Lisez Dostoïevsky. »

Toutes les questions de l’instruction pénale sont traitées dans ce livre par un maître à qui rien n’échappe. On y trouve le tableau complet de l’évolution du crime, depuis la naissance de l’idée jusqu’à l’effusion du sang, qui met un terme à sa fatale croissance. La puissante description et l’exactitude scientifique des quatre étapes évolutives du crime de Raskolnikov sont vraiment remarquables. On constate : 1) l’idée du crime qui surgit dans l’esprit ; 2) la pensée subséquente qui sert à mûrir le plan du forfait ; 3) l’action criminelle elle-même ; 4) la réaction qui accompagne le crime accompli. L’idée du crime ne se développe pas d’elle-même, par la voie d’un processus logique, elle trouve le terrain préparé par la vie, par le milieu ambiant, par l’état social.

La beauté émotive et intellectuelle de Crime et Châtiment n’a jamais été dépassée, même par Résurrection de Tolstoï.

Le héros du roman, Raskolnikov, est un ancien étudiant ; la misère l’obligea de quitter l’Université. Il est seul à Saint-Pétersbourg : sa famille — très honorable — habite la province. Raskolnikov a un caractère morose, sombre, lier, hautain, hypocondriaque, mais bon et généreux.

À certains moments, il est d’une taciturnité extrême. Tout lui est à charge, tout le monde le dérange, et il reste couché sans rien faire. Il n’écoute pas jusqu’au bout ce qu’on lui dit. Jamais il ne s’intéresse aux choses qui, à un moment donné, intéressent tout le monde. Il a une très haute opinion de lui-même « et en cela il n’a pas tout à fait tort », dit son ami Razoumikhine, personnage très sympathique.

Raskolnikov est un tendre, écrasé par de continuels échecs ; il voit se rétrécir de plus en plus le cercle du besoin affreux dans lequel se débat sa mère adorée. Perdu dans cette ville inconnue, témoin des injustices sociales, il sent s’éveiller en lui la question du droit de l’homme, du droit de vivre. Souvent, il engage de menues choses chez une très vieille usurière, riche et avare. Une idée bizarre se glisse dans l’âme troublée de Raskolnikov, peu à peu, tout doucement, comme un serpent insidieux. Elle est encore vague, indéfinie, mais elle tombe sur un sol fertile, préparé par la faim, par l’extrême épuisement… Il voit, d’une part une vieille usurière, méchante, nuisible à la société ; d’autre part, des forces jeunes, puissantes, destinées à périr faute de ressources matérielles… Le grain germe, monte à la surface, la fantaisie malade dessine petit à petit le tableau de la réalisation pratique de l’idée ; des projets sont médités, sans la moindre foi en leur réalisation possible. « Est-ce que je suis capable de cela ? Est-ce que cela est sérieux ? Ce n’est pas sérieux du tout. Ce sont des billevesées qui amusent mon imagination, de pures chimères ! »

Le cœur défaillant, les membres secoués par un tremblement nerveux, Raskolnikov va cependant faire la répétition de son entreprise, et, à chaque pas, son agitation est croissante. « Si j’ai déjà si peur maintenant, que sera-ce quand je viendrai ici pour de bon ? » ne peut-il s’empêcher de penser. « Oh ! que tout cela soulève le cœur ! Se peut-il, se peut-il que je… Non, c’est une sottise, une absurdité ! Et une idée si épouvantable a pu me venir à l’esprit ? De quelle infamie faut-il que je sois capable ? Cela est odieux, ignoble, repoussant !… Et pendant tout un mois, je… »

Raskolnikov n’était pas habitué à la foule, il fuyait le commerce de ses semblables. Mais maintenant il se sent attiré tout à coup vers les hommes. Une sorte de révolution semble s’opérer en lui, l’instinct de sociabilité reprend ses droits. Il est si fatigué de son isolement qu’il veut se retrouver, ne fût-ce qu’une minute, dans un milieu humain. Il entre dans un cabaret… Il y trouve des misérables demandant à l’eau-de-vie un peu de répit. Ce qui le frappe le plus dans les physionomies « c’est le regard où la flamme de l’intelligence alterne avec une expression de folie ». Et l’idée de la vieille usurière revient à l’esprit de Raskolnikov.

« L’homme est lâche, il s’accoutume à tout, et s’il n’est pas nécessairement lâche, il doit fouler aux pieds toutes les craintes, tous les préjugés qui l’arrêtent. » Au point de vue moral, Raskolnikov a lieu de considérer la question comme résolue. La casuistique, aiguisée comme un rasoir, a tranché toutes les objections, mais, n’en rencontrant plus dans son esprit, il s’efforce d’en trouver au dehors. On dirait qu’entraîné par une puissance aveugle, irrésistible, surhumaine, il cherche désespérément un point fixe auquel il puisse se raccrocher.

Une question le préoccupe : pourquoi presque tous les crimes sont-ils si facilement découverts, et pourquoi retrouve-t-on si aisément la trace des coupables ? Il arrive à la conclusion que presque toujours le criminel éprouve, au moment du crime, une diminution de la volonté et de l’entendement ; c’est pourquoi il se conduit avec une étourderie enfantine, une légèreté extraordinaire. Raskolnikov assimile cette éclipse du jugement et cette défaillance de la volonté à une affection morbide qui, se développant par degrés, atteint son maximum d’intensité peu avant la perpétration du crime, subsiste au moment du crime et encore quelque, temps après pour cesser ensuite, comme toutes les maladies. Un point à éclaircir est celui de savoir si la maladie détermine le crime ou si le crime lui-même, en vertu de sa nature propre, n’est pas toujours accompagné de quelque phénomène morbide… Il se persuade que lui, personnellement, est à l’abri de semblables bouleversements moraux, qu’il conservera la plénitude de son intelligence et de sa volonté pendant toute la durée de son ' entreprise, par cette seule raison que son « entreprise » n’est pas un crime. « Que je conserve seulement ma présence d’esprit, ma force de volonté, et, quand le moment d’agir sera venu, je triompherai de tous les obstacles. » Mais il ne se met pas à l’œuvre. Moins que jamais, il croit à la persistance finale de ses résolutions.

Le moment cependant est arrivé.

Lorsque Raskolnikov essayait de se représenter par avance la situation qui est maintenant la sienne, il se figurait parfois qu’il serait très effrayé. À présent, contrairement à son attente, il n’a pas peur du tout. Des pensées étrangères à son « entreprise » l’occupent. « C’est ainsi sans doute que les gens conduits au supplice arrêtent leur pensée sur tous les objets qu’ils rencontrent en chemin. » Cette idée lui vient à l’esprit, mais il se hâte de la chasser. Cependant, il approche, voici la maison, voici la grand’-porte, voici l’escalier, voici la porte d’Anna Ivanovna, l’usurière.

Raskolnikov étouffe. Il a une seconde d’hésitation : « Ne ferais-je pas mieux de m’en aller ? » Sans répondre à la question, il se met aux écoutes, il tâte sa hache… « Ne suis-je point trop pâle ? N’ai-je pas l’air trop agité ? » Loin de s’atténuer, les pulsations de son cœur deviennent de plus en plus violentes… Il n’y peut tenir davantage et, avançant lentement la main vers le cordon de la sonnette, il le tire…

Il apporte un objet à engager.

— Que vous êtes pâle ! lui dit Anna Ivanovna, vos mains tremblent. Vous êtes malade ?

— J’ai la fièvre, répond-il d’une voix saccadée. Comment pourrait-on ne pas être pâle quand on n’a pas de quoi manger ? achève-t-il non sans peine.

D’un coup de hache, il tue la pauvre vieille femme ; la sœur d’Anna, Elisabeth, se présente inopinément au moment du crime, il la tue aussi. Il met toutes sortes de choses dans sa poche sans s’assurer du contenu : bourse, écrins, etc. Les angoisses l’ont tellement affaibli qu’il se tient difficilement sur ses jambes. De grosses gouttes de sueur ruissellent sur son visage. Il n’a plus la tête à lui ; plus il va, plus ses idées s’obscurcissent. Sans prendre aucune précaution, il rentre chez lui, les poches bourrées.

Pendant deux jours il vit dans une sorte de fièvre, dans un délire. Il sort, cherche à se débarrasser des objets volés, veut les jeter dans la Néva, se décide enfin à les déposer sous une grosse pierre dans un endroit isolé. Alors, il s’arrête soudain dérouté, abasourdi par une question nouvelle, tout à fait inattendue et excessivement simple : « Si réellement tu as agi dans toute cette affaire en homme intelligent et non en imbécile, avec un but nettement tracé et fermement poursuivi, comment se fait-il donc que tu n’aies pas même regardé ce qu’il y a dans la bourse ? Comment en es-tu encore à ignorer ce que te rapporte l’acte dont tu n’as pas craint d’assumer le danger et l’infamie ? »

Raskolnikov ne sait pas ce qu’il a volé ; il n’en a rien gardé.

La police poursuit une fausse piste.

La situation de Raskolnikov est étrange ; on dirait qu’une sorte de brouillard l’enveloppe et l’isole du reste des hommes. Il s’évanouit au bureau de police où il est appelé au sujet du paiement de son loyer ; il retourne inconsciemment sur le lieu du crime, il ne cause avec tout le monde que du crime. Définitivement, il tombe malade dans un état fiévreux avec délire et demi-inconscience. Guéri, il ressent le besoin de se confier à un être humain. Il s’adresse à Sonia, une malheureuse qui se prostitue pour nourrir les enfants d’une femme malade, il se confesse à elle…

La scène est d’une grandeur indescriptible. Après l’aveu, Raskolnikov marche, chez Sonia qu’il connaît à peine, de long en large sans parler, sans la regarder. À la fin, il s’approche d’elle. Il a les yeux étincelants, les lèvres tremblantes. Lui mettant les deux mains sur les épaules, il jette un regard enflammé sur son visage mouillé de larmes… Tout à coup, il se baisse jusqu’à terre et baise le pied de la jeune fille. Celle-ci recule effrayée, comme elle eût fait devant un fou. Du reste, la physionomie de Raskolnikov, en ce moment, est celle d’un aliéné.

— Que faites-vous ? Devant moi ! balbutie Sonia en pâlissant, le cœur douloureusement serré.

Il se relève aussitôt.

— Ce n’est pas devant toi que je me suis prosterné, mais devant toute la souffrance humaine… Que faire ? dis-le moi.

— Va tout de suite, à l’instant même, au prochain carrefour, prosterne-toi et baise la terre que tu as souillée, ensuite incline-toi de chaque côté en disant tout haut à tout le monde : « J’ai tué ! »

— Non, je n’irai pas ! Ils égorgent eux-mêmes des millions d’hommes et ils s’en font un mérite. Ce sont des coquins et des lâches, Sonia ! J’ai commis un crime ? quel crime ? celui d’avoir tué une vermine sale et malfaisante, une vieille usurière nuisible à tout le monde, un vampire qui suçait le sang des pauvres… Mais un tel meurtre devrait obtenir l’indulgence pour quarante péchés !

Raskolnikov va tout de même au Marché-au-Foin, toujours rempli de monde. Un immense attendrissement s’empare de lui, ses yeux se remplissent de larmes. Il se met à genoux au milieu de la place, se courbe jusqu’à terre et baise avec joie le sol boueux. Mais les mots : « J’ai tué », expirent sur ses lèvres.

Finalement, il se livre à la police, obligé par Sonia d’avouer son crime. On le condamne aux travaux forcés. Sonia l’accompagne en Sibérie.

Dostoïevsky nous laisse l’espoir d’une renaissance morale de Raskolnikov, renaissance par amour pour Sonia.


Raskolnikov est-il fou ou criminel ? Qui résoudrait cette question ? Dans tous les cas, ce n’est ni un criminel-né ni un fou-né, mais plutôt ce que Lombroso appelle un criminel d’occasion. Soit folie ou crime, soit folie et crime, la cause en est surtout sociale. Elle est due en partie aux mauvaises conditions matérielles dans lesquelles Raskolnikov avait vécu pendant plusieurs mois ; elle est le produit complexe d’influences multiples, soit physiques, soit psychologiques, telles que : préoccupations, soucis, craintes, inquiétudes, rêveries, c’est-à-dire elle provient avant tout de l’injustice sociale.

Raskolnikov était bon. À l’Université, il avait, pendant six mois, partagé ses maigres ressources avec un camarade pauvre et malade de la poitrine qui mourut, laissant dans le dénûment un père infirme dont il était, depuis l’âge de treize ans, l’unique soutien ; Raskolnikov avait fait entrer le vieillard dans une maison de santé, et plus tard, il avait pourvu aux frais de son enterrement. Il avait aussi, un incendie s’étant déclaré une nuit, sauvé des flammes au péril de sa propre vie deux petits enfants ; il s’était même grièvement brûlé en accomplissant cet acte de courage.

Son crime fut le résultat d’un entraînement fatal individuel, mais aussi le résultat d’un ordre général défectueux.

L’âme étouffe dans les chambres basses et étroites… Raskolnikov était seul… Il passait des journées entières à songer… Il avait reconnu que pour attendre le moment où tout le monde sera intelligent, où la solidarité existera, il fallait s’armer d’une bien longue patience. Il s’était même convaincu que ce moment n’arriverait jamais, que les hommes ne changeraient pas et qu’on perdait son temps à essayer de les modifier. « Puisque tu sais que les autres sont bêtes, pourquoi ne cherches-tu pas à être plus intelligent qu’eux ? Le maître parmi les hommes est celui qui possède une intelligence puissante. Qui ose beaucoup, a raison à leurs yeux. Qui les brave et les méprise, s’impose à leur respect. C’est ce qui s’est toujours vu et se verra toujours. Il faudrait être aveugle pour ne pas s’en apercevoir ! » Alors il se dit que le pouvoir n’est donné qu’y celui qui ose se baisser pour le prendre. Tout est là : il suffit d’oser. Du jour où cette vérité lui apparut, claire comme le soleil, il a voulu oser et il a tué… Il a voulu seulement oser, il a voulu faire acte d’audace. Tel a été le mobile de son crime. Quand il s’interrogeait sur le point de savoir s’il avait droit à la puissance, il sentait parfaitement que son droit était nul par cela même qu’il le mettait en question. « Le seul fait de me poser ce problème : Napoléon aurait-il tué cette vieille ? suffisait pour me prouver que je n’étais pas un Napoléon. »

Finalement, il renonça à chercher des justifications subtiles : il voulut tuer « sans casuistique », tuer pour lui, pour lui seul ! Il dédaigna de ruser plus longtemps avec sa conscience. S’il tua, ce n’est ni pour soulager l’infortune de sa mère, ni pour consacrer au bien de l’humanité la puissance et la richesse que, dans sa pensée, ce meurtre devait l’aider à conquérir. Non, tout cela était loin de son esprit… Il ne s’inquiéta sans doute pas de savoir s’il ferait jamais du bien à quelqu’un ou s’il serait toute sa vie un parasite social !… L’argent ne fut pas pour lui le principal mobile de l’assassinat, une autre raison l’y détermina surtout. Il n’aurait pas recommencé… Mais il avait voulu savoir « s’il était une vermine comme les autres ou un homme dans la vraie acception du mot, s’il avait ou non on lui la force de franchir l’obstacle, s’il était une créature tremblante ou s’il avait le droit au crime ».

Dans les Frères Karamazov, Dostoïevsky fait aboutir la loi héréditaire à l’irresponsabilité et devance ainsi Lombroso ; dans Crime et Châtiment, il fait ressortir l’irresponsabilité individuelle devant la responsabilité sociale évidente.

Raskolnikov considère son crime comme un acte de révolte et un acte de foi. Il est un de ces hommes qui se laisseraient arracher les entrailles en souriant à leurs bourreaux pourvu seulement qu’ils aient trouvé une foi ou un Dieu. Quelques années avant son crime, il avait publié, dans une revue, une étude où les hommes étaient classés en « ordinaires » et « extraordinaires ». Les premiers doivent vivre dans l’obéissance et n’ont pas le droit de violer la loi, attendu qu’ils sont des hommes ordinaires ; les seconds ont le droit, non pas officiellement mais vis-à-vis d’eux-mêmes, d’autoriser leur conscience à franchir certains obstacles, dans le cas où l’exige la réalisation d’une idée, laquelle peut être parfois utile à toute l’humanité.

Selon Raskolnikov, si les inventions de Kepler et de Newton, par suite de certaines circonstances, n’avaient pu se faire connaître que moyennant le sacrifice d’une, de dix, de cent et même d’un nombre plus grand de vies qui eussent été des obstacles à ces découvertes, Newton aurait eu le droit, bien plus, il aurait été obligé de supprimer ces dix, ces cent hommes afin que ses découvertes fussent connues du monde entier. Cela d’ailleurs ne veut pas dire que Newton avait le droit d’assassiner à son gré n’importe qui ou de commettre chaque jour des vols au marché.

Tous les législateurs et les guides de l’humanité, tous sans exception, ont été des criminels, car en donnant de nouvelles lois, ils ont par cela même violé les anciennes, observées fidèlement par la société et transmises par les ancêtres ; certainement, ils ne reculaient pas non plus devant l’effusion du sang — dès qu’elle pouvait leur être utile. Raskolnikov constate même que tous ces bienfaiteurs et ces guides de l’espèce humaine ont été terriblement sanguinaires. En conséquence, non seulement tous les grands hommes, mais tous ceux qui s’élèvent tant soit peu au-dessus du niveau commun, qui sont capables de dire quelque chose de nouveau doivent, en vertu de leur nature propre, être nécessairement des criminels, — plus ou moins, bien entendu. Autrement, il leur serait difficile de sortir de leur ornière ; quant à y rester, ils ne peuvent certainement pas y consentir et leur devoir même le leur défend.

L’auteur reconnaît bien que la classification des gens en « ordinaires » et « extraordinaires » est un peu arbitraire, mais il croit sa pensée juste. Cela revient à dire que la nature partage les hommes en deux catégories : l’une, inférieure, celle des hommes ordinaires, sortes de matériaux, ayant pour seule mission de reproduire des êtres : l’autre, supérieure, comprenant les hommes qui possèdent le don ou le talent de faire entendre dans leur milieu un mot nouveau. À la première appartiennent d’une façon générale les conservateurs, les hommes d’ordre qui vivent dans l’obéissance et qui l’aiment. Le second groupe se compose exclusivement d’hommes qui violent la loi ou tendent, suivant leurs moyens, à la violer. Leurs crimes sont, naturellement, relatifs et d’une gravité variable. La plupart réclament la destruction de ce qui est au nom de ce qui doit être. Mais si, pour leur idée, ils doivent verser le sang, passer par-dessus des cadavres, ils peuvent en conscience faire l’un et l’autre dans l’intérêt de leur idée. C’est en ce sens que Raskolnikov reconnaît le droit au crime. Le premier groupe est toujours le maître du présent, le second est le maître de l’avenir. Ceux-ci et ceux-là ont le même droit à l’existence, et, s’écrie-t-il, vive la lutte éternelle, jusqu’à la Jérusalem Nouvelle.

— Vous croyez à la Jérusalem Nouvelle ?

— J’y crois, répond avec force Raskolnikov.

— Et… croyez-vous en Dieu ?

— J’y crois.

— Et… à la résurrection de Lazare ?

— Oui.

— Vous y croyez littéralement ?

— Littéralement.

Raskolnikov est un croyant et un mystique. Or, le mysticisme est le signe distinctif de la faiblesse de la raison, de l’absence de critique. L’impulsion chez lui est plus puissante que la conception. Il semble vouloir supprimer toute morale conventionnelle, créer quelque chose de neuf et il n’admet aucune critique pour le dogmatisme orthodoxe qui rétrécit les intelligences, anéantit la liberté morale. En cela, il diffère de Zarathoustra de Nietzsche. Zarathoustra, lui, cherche la puissance rationnelle : « Maintenant, je meurs et je disparais, et dans un instant je ne serai plus rien. Les âmes sont aussi mortelles que les corps. » Et encore :

« Croyez-moi, mes frères ! l’Hébreu qu’honorent les prédicateurs mourut trop tôt, lui-même aurait rétracté sa doctrine s’il avait vécu jusqu’à mon Age ! Il était assez noble pour se rétracter. Mais il n’était pas mûr encore… Jadis on disait : Dieu, quand on regardait sur des mers lointaines ; mais maintenant, je vous ai appris à dire : Surhomme… Je vous enseigne le Surhomme. L’homme est quelque chose qui doit être surmonté. Qu’est le singe pour l’homme ? Une dérision et une honte douloureuse ! Vous avez tracé le chemin du ver jusqu’à l’homme, et il vous est resté beaucoup du ver. Le Surhomme est le sens de la terre »[2].

Comme Raskolnikov par son acte criminel, Zarathoustra enseigne à être dur :

« Pourquoi si dur ? dit un jour au diamant le charbon de cuisine ; ne sommes-nous pas intimement parents ? Pourquoi si mous ? Ô mes frères, ainsi vous demandé-je, moi ; n’êtes-vous donc pas mes frères ? Pourquoi si mous, si fléchissants, si mollissants ? Pourquoi y a t-il tant de reniement, tant d’abnégation dans votre cœur ? si peu de destinée dans votre regard ?

« Et si vous ne voulez pas être des destinées, des inexorables, comment pourriez-vous un jour vaincre avec moi ? Et si votre dureté ne veut pas étinceler et trancher et inciser, comment pourriez-vous un jour créer avec moi ?

« Car les créateurs sont durs. Et cela doit vous sembler béatitude d’empreindre votre main en des siècles comme en de la cire molle.

« Béatitude d’écrire sur la volonté des millénaires comme sur de l’airain — plus dure que de l’airain, plus noble que de l’airain. Le plus dur est le plus noble.

« Ô mes frères, je place au-dessus de vous cette table nouvelle : Devenez durs ! »

Cela n’empêche pas Zarathoustra de chanter l’hymne à l’amour : « Il y a en moi quelque chose d’inapaisé et d’inapaisable qui veut élever sa voix. Il y a en moi un désir d’amour qui parle lui-même la langue de l’amour… »

Le crime de Raskolnikov ne l’empêche pas d’être bon. C’est que Raskolnikov et Zarathoustra, c’est-à-dire Dostoïevsky et Nietzsche planent dans le monde des représentations et des idées.

Zarathoustra est plus conséquent avec lui-même que Raskolnikov ; il admet la « mort à temps ».

« Beaucoup meurent trop tard, dit-il, et quelques-uns meurent trop tôt. La doctrine : Meurs à temps semble encore étrange. »

Pourquoi Raskolnikov ne s’est-il pas suicidé ? S’il n’avait pas assez de courage pour se tuer avant le crime, il eut dû le faire après, puisque son crime était, avant tout, un acte de révolte et un acte de volonté. En Sibérie, il regrette de vivre, mais il ne se suicide toujours pas. Il n’y a de salut pour celui qui souffre réellement de lui-même qu’en la mort rapide[3]. On pourrait peut-être objecter que Raskolnikov ne souffre pas seulement de lui-même, qu’il souffre aussi et surtout des autres… Et puis, Dostoïevsky avait besoin de montrer la possibilité de la résurrection morale de Raskolnikov.

Le principal point de contact entre Raskolnikov et Zarathoustra ou mieux entre Dostoïevsky et Nietzsche, c’est la division des hommes. Dostoïevsky divise les hommes en « ordinaires » et « extraordinaires » ; Nietzsche, en « forts » et « faibles », en « puissants » ou « surhommes » et en « superflus ». Mais ni l’un ni l’autre n’indique nettement comment l’on peut distinguer le surhomme du superflu, l’ordinaire de l’extraordinaire.

« À quel signe, demande Fouillée[4], reconnaîtra-t-on les superflus ? Et surtout comment reconnaîtront-ils eux-mêmes leur superfluité ? » Fouillée répète deux fois cette question : « Reste à savoir ce qu’on entend par faibles. Nietzsche était physiquement un faible, à supprimer ; et il devait même, par malheur, devenir plus qu’un raté (!), un dément. Cependant il fut une preuve de l’utilité que peuvent avoir les faibles de corps et même les déséquilibrés d’esprit qui ont parfois des facultés intellectuelles supérieures. »

Dostoïevsky, lui aussi, était maigre, pâle, petit, souffreteux et — nous l’avons dit plus haut — épileptique. On pourrait répondre à M. Fouillée que Nietzsche se préoccupe seulement de la vie et de la puissance intérieures en même temps que de l’attitude libre de l’homme vis-à-vis de ses semblables et de leurs lois. C’est au déploiement de la vie et de la puissance individuelles qu’il mesure la valeur de toutes choses.

M. Fouillée ne se pose pas seul l’embarrassante question de la distinction des faibles et des forts. Dans Crime et Châtiment, Zamétov, juge d’instruction, demande à Raskolnikov : « Comment peut-on distinguer ces hommes extraordinaires des hommes ordinaires ? Apportent-ils en naissant certains signes ? Je suis d’avis qu’il faudrait ici un peu plus de précision, une délimitation plus apparente en quelque sorte. Excusez cette inquiétude naturelle chez un homme pratique et bien intentionné ; mais ne pourraient-ils, par exemple, porter un vêtement particulier, un emblème quelconque ? Car, convenez-en, s’il se produit une confusion, si un individu d’une catégorie se figure qu’il appartient à l’autre et se met à « supprimer tous les obstacles », alors ? »

Suivant Uaskolnikov, l’erreur est possible seulement dans la première catégorie, c’est-à-dire chez ceux qu’il appelle « les hommes ordinaires ». Beaucoup d’entre eux, par suite d’un jeu de la nature, aiment à se prendre pour des hommes, d’avant-garde, pour des « destructeurs » ; ils se croient appelés à faire entendre « un mot nouveau », et cette illusion est très sincère chez eux. En même temps, ils ne remarquent pas d’ordinaire les véritables novateurs, ils les méprisent même comme des gens arriérés et sans élévation d’esprit. Mais, selon Raskolnikov, il ne peut y avoir là un sérieux danger, car ils ne vont « jamais bien loin ».

« Dites-moi, continue Zamétov, y a-t-il beaucoup de ces gens « extraordinaires » qui ont le droit de supprimer les obstacles ? Sans doute, je suis prêt à m’incliner devant eux ; mais, s’ils sont fort nombreux, avouez que cela est désagréable ? »

Raskolnikov ne trouve là rien d’inquiétant, car, en général, il naît un nombre singulièrement restreint d’hommes ayant une idée nouvelle, ou même capables de dire quoi que ce soit de nouveau. Il est évident que la répartition des naissances dans les diverses catégories et subdivisions de l’espèce humaine doit être strictement déterminée par quelque loi de la nature. Cette loi, bien entendu, nous est cachée aujourd’hui, mais Raskolnikov croit qu’elle existe et qu’elle pourra même être connue plus tard. Une énorme masse de gens n’est sur la terre que pour mettre finalement au monde, à la suite de longs et mystérieux croisements de races, un homme qui possédera quelque indépendance. On compte un génie sur plusieurs millions d’individus et des milliers de millions d’hommes passent sur la terre avant que surgisse une de ces hautes intelligences qui renouvellent la face du monde.

Dans notre ouvrage Le Bonheur et l’Intelligence, nous avons parlé de la théorie des grands hommes, et ce n’est pas le lieu d’y revenir. Rien n’est plus arbitraire que la définition et la classification des intelligences. Il est, dans tous les cas, bien certain que, malgré les progrès des sciences exactes, la loi — dont parle Raskolnikov — qui subdivise l’espèce humaine n’est pas encore connue et n’est pas près de l’être.



Les ouvrages de Dostoïevsky doivent être étudiés moins au point de vue littéraire qu’au point de vue de la psychopathologie et de l’anthropologie criminelle. Toutes les formes de névrose, d’épilepsie, d’obsession, de dégénérescence y sont présentées.

Krotkaïa est la confession d’un mari devant le cadavre de sa femme qui vient de se tuer. C’est un hypocondriaque. Prêteur sur gages, il a chassé toute pitié de son cœur, toute émotion. Un jour cependant il s’apitoie sur le sort d’une jeune fille pauvre qu’il épouse. Bientôt, il se reproche ce mouvement de générosité, il suppose à sa femme des pensées de calcul, il ne croit pas à son amour. Celle-ci se détache de son mari dont elle a peur et s’étiole dans la mélancolie et l’isolement. Voyant qu’elle se meurt, il se fait humble, il implore sa grâce, il lui promet une nouvelle existence. L’explosion de cet amour soudain épouvante la malade et, pour lui échapper, elle se jette par la fenêtre. Le mari est stupéfait. Il ne veut pas comprendre cette mort : « Ouvre seulement les yeux, un instant… je te ferai tout comprendre… Quand on t’emportera demain, que deviendrai-je ?… » C’est un récit douloureux.

L’Idiot est l’histoire d’un cerveau malade qui se regarde agir. Dans Béssy, tous les personnages ont leur maladie particulière.

Le principal héros à d’Humiliés et Offensés, Ivan Petrovitch, un raté de la littérature, est neurasthénique. Il aime une jeune fille riche, Natacha, qui, elle, s’éprend d’un autre. Ivan Petrovitch abdique sans murmurer et cherche encore à être utile aux deux amoureux. Dostoïevsky décrit et analyse en même temps les diverses sensations par lesquelles passe son héros : amour, jalousie, fierté, haine, compassion, etc. Une tristesse morne, maladive, pèse sur toutes les pages d’Humiliés et Offensés, bien que la conclusion en soit relativement satisfaisante.

Dans Les Frères Karamazov, Dostoïevsky cherche à incarner quatre des principaux types de la société russe de son époque. La famille Karamazov est dégénérée. Le père est un hobereau que l’abolition du servage a dévoyé et qui cherche à retrouver, en flattant la société nouvelle, les moyens de se procurer la richesse et de mener une existence facile, semblable à celle de jadis. Le fils aîné est un militaire, brave sur le champ de bataille, mais incapable de résister dans la vie privée à un acte d’indélicatesse qui lui est utile. Le second, plus instruit, plus intelligent, est un sceptique, il ne croit à rien. Le troisième est un mystique qui croit à toutes les utopies. Tous sont malades et plus ou moins criminels.

Dans Les Frères Karamazov, Dostoïevsky démontre que l’hérédité, au lieu d’être directe, est le plus souvent une hérédité transformée, que la dégénérescence caractérise la série des processus qui, dans une famille, une race, une espèce, aboutissent progressivement à l’extinction définitive par l’intermédiaire de l’hérédité au travers d’une succession croissante d’amoindrissements de vitalité. La dégénérescence réclame pour se réaliser une succession d’individus et ses tares vont en s’aggravant. Deux considérations essentielles résultent de ces faits : la première, c’est que les dégénérés forment une réelle série unie par un lien dégénératif commun ; la seconde, c’est que ces dégénérés présentent des signes de dégénérescence de plus en plus graves, qu’ils seront donc de plus en plus dégénérés, au fur et à mesure qu’on approchera du dénouement.

Les Frères Karamazov est un monde de ténèbres et de crimes. Dans le procès d’un des Karamazov, le procureur général constate la fréquence, en Russie, des causes célèbres, à tendances pathologiques : « Symptôme redoutable, les affaires criminelles n’ont plus d’horreur pour nous, tant nous sommes blasés. Or, pourquoi restons-nous indifférents devant de tels phénomènes qui nous présagent un si sombre avenir ? Est-ce cynisme de notre part ? épuisement prématuré de la raison et de l’imagination de notre société si jeune encore et déjà sénile ? Les fondements de la morale sont-ils ébranlés à ce point en Russie ? Seraient-ils Page:Ossip-Lourié - La Psychologie des romanciers russes du XIXe siècle.djvu/209 Page:Ossip-Lourié - La Psychologie des romanciers russes du XIXe siècle.djvu/210 Page:Ossip-Lourié - La Psychologie des romanciers russes du XIXe siècle.djvu/211 Page:Ossip-Lourié - La Psychologie des romanciers russes du XIXe siècle.djvu/212 Page:Ossip-Lourié - La Psychologie des romanciers russes du XIXe siècle.djvu/213 Page:Ossip-Lourié - La Psychologie des romanciers russes du XIXe siècle.djvu/214 Page:Ossip-Lourié - La Psychologie des romanciers russes du XIXe siècle.djvu/215 Page:Ossip-Lourié - La Psychologie des romanciers russes du XIXe siècle.djvu/216 Page:Ossip-Lourié - La Psychologie des romanciers russes du XIXe siècle.djvu/217 Page:Ossip-Lourié - La Psychologie des romanciers russes du XIXe siècle.djvu/218 Page:Ossip-Lourié - La Psychologie des romanciers russes du XIXe siècle.djvu/219 Page:Ossip-Lourié - La Psychologie des romanciers russes du XIXe siècle.djvu/220 Page:Ossip-Lourié - La Psychologie des romanciers russes du XIXe siècle.djvu/221 Page:Ossip-Lourié - La Psychologie des romanciers russes du XIXe siècle.djvu/222

  1. Pauvre gens, l’Idiot, Humiliés et Offensés, Possédés, Frères Karamazov, etc.
  2. Nietzsche. Ainsi parla Zarathoustra.
  3. Voir notre ouvrage Bonheur et Intelligence.
  4. Nietzsche et l’immoralisme, p. 242. (Paris. F. Alcan.)