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La Tyrannie socialiste/Livre 2/Chapitre 11

La bibliothèque libre.
Ch. Delagrave (p. 75-76).
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Livre II


CHAPITRE XI

Le bon marché.


Contradiction. — L’évolution économique. — Augmenter toujours la production. — Pas de crainte d’excès.


— Oui, mais il y a d’autres crises, dit-on, des crises qui résultent du bas prix des marchandises, de leur trop grandes abondance. Ainsi n’a-t-on pas été obligé de mettre un droit de 5 francs sur les blés pour rehausser le prix des blés français, autrement l’agriculture ne trouvait plus son compte à cultiver ? Oui, la préparation de la récolte était bien un excès de consommation ; car le bas prix de sa marchandise ne lui permettait pas de récupérer ses avances.

Mais quel est donc le remède, en dehors du droit de 5 francs, qui lui proposent les sociétés d’agriculture, les ministres de l’agriculture et tous ceux qui parlent, plus ou moins officiellement et avec plus ou moins d’autorité au nom de l’agriculture ? ne lui indiquent-ils pas des amendements, de meilleures semences, de nouveaux modes de culture qui tous doivent avoir pour résultat, s’ils réussissent, d’augmenter la production du blé, de la faire passer de 15 ou 16 hectolitres par hectare à 30 ou 40, d’augmenter l’excès de production et d’en avilir le prix ! Avez-vous entendu un agriculteur dire : le remède, ce serait de diminuer le rendement du blé à l’hectare ?

Non. Tous ont proposé de diminuer le prix de revient de la production, mais comment ? en augmentant cette production !

Tous, en un mot, ont proposé d’avilir le prix du blé, au moment même où par des tarifs de douanes, ils essayaient de faire de la cherté. Cette contradiction ne montre-t-elle pas que, malgré tous les sophismes, là est l’évolution économique : toujours produire à meilleur marché et par conséquent augmenter toujours l’excès de production — en admettant qu’il y ait jamais excès de production de blé, quand, dans l’univers, il y a tant de centaines de millions d’êtres humains qui ne mangent pas à leur appétit !