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La Vénus des aveugles/À la Florentine

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La Vénus des AveuglesAlphonse Lemerre, éditeur (p. 109-110).

À LA FLORENTINE



Entre tes seins blêmit une perle bizarre.
Tu rêves, et ta main curieuse s’égare
Sur les algues de soie et les fleurs de satin.
J’aime, comme un péril, ton sourire latin,
Tes prunelles de ruse où l’ombre se consume
Et ton col sinueux de page florentin.

Tes yeux sont verts et gris comme le crépuscule.
Insidieusement ton rire dissimule
La haine délicate et le subtil courroux.

Tes cheveux ont les bruns ardents des rosiers roux
Et ta robe au tissu mélodieux ondule
Ainsi qu’une eau perfide où chantent les remous.

Les pieuvres du printemps guettent les solitudes ;
Le musical avril prépare ses préludes ;
Le gouffre des matins et l’abîme des soirs
S’entr’ouvrent ; les désirs, pareils aux désespoirs,
M’entraînent vers les sanglotantes lassitudes
Que la perversité parsème d’iris noirs.