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La Vérité sur l’Algérie/08/09

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CHAPITRE IX

L’affaire étudiée du point de vue des intérêts particuliers.


Mais en politique, dans notre état social, bien qu’en principe l’État soit la réunion des particuliers, la République, res publica, la chose publique, il se peut que telle opération soit mauvaise pour l’État, bonne pour les particuliers.

Surtout en l’actuel propos, où le public colonial ferait une classe particularisée dans le public national. Ces milliards ajoutés à la dette nationale, ces millions annuellement ajoutés à la dépense nationale, ce sacrifice imposé à l’État français, à la France, pourrait avoir constitué bénéfice pour les coloniaux algériens, pour les Français et les étrangers européens d’Algérie.

L’affaire de la colonisation de l’Algérie pourrait, si elle est incontestablement mauvaise pour la France, être bonne pour les colons algériens.

Cherchons.

Là, encore, j’ai été obligé de constater l’insuffisance lamentable des renseignements précis que le gouvernement général de l’Algérie peut mettre à la disposition de l’écrivain.

Avec des statistiques bien ordonnées et tenues à jour, rien n’aurait été plus facile que de répondre en quelques lignes à cette question. Des divisions nettes de l’élément européen ; ce qu’il possède, ce qu’il gagne. Et c’eût par quelques chiffres été dit.

Ce sera pour dans quelques années… si le service des statistiques a les ressources voulues pour persévérer dans le travail dont M. Jonnart lui a tracé les grandes lignes. Car l’ignorance où l’on se trouve des réalités précises de l’Algérie, on ne peut en faire grief, ni au gouverneur, ni au service de la statistique… actuels.

En attendant, malgré le peu de renseignements à notre disposition, nous arriverons tout de même à trouver suffisamment de faits probants pour caractériser « l’affaire » du point de vue des intérêts particuliers.