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Lausanne à travers les âges/Bibliothèques/05

La bibliothèque libre.
Collectif
Librairie Rouge (p. 161-163).


V


Musée d’histoire naturelle.

Le Musée d’histoire naturelle fut fondé en 1817, sur l’initiative du professeur Daniel-Alexandre Chavannes. L’inauguration des modestes salles qui lui furent offertes, à l’étage supérieur de l’ancien bâtiment académique, eut lieu en 1818, à l’occasion de

École supérieure de jeunes filles (1886).

la troisième session de la Société helvétique des sciences naturelles. Ces collections, en s’accroissant, ont dû être en partie déplacées ; elles ont été momentanément disséminées : tandis que celles d’anthropologie et de zoologie demeuraient au-dessus des salles occupées récemment encore par la Bibliothèque cantonale dans les anciens bâtiments académiques, les autres collections ont été provisoirement déposées dans le bâtiment du Département de l’Instruction publique, en face de la cathédrale. Heureusement, ces collections seront bientôt réunies au Palais de Rumine. A côté des salles consacrées à chaque collection, se trouvent des auditoires pour l’enseignement de la branche à laquelle elles se rattachent, ainsi que des laboratoires, où les étudiants pourront travailler sous la direction de leurs professeurs. Ces locaux ont été ouverts à la rentrée des cours universitaires, en octobre 1905. Le Musée géologique, confondu à l’origine avec le Musée d’histoire naturelle, et disséminé dans les salles de celui-ci, en est maintenant entièrement distinct, et s’est considérablement développé, sous la direction du professeur E. Renevier, qui y a réuni successivement toutes ses collections, et donné récemment sa bibliothèque géologique. Dans son état actuel, logé dans le bâtiment du Département de l’Instruction publique, il ne date guère que de 1874 et comprend quatre divisions principales : a) Salle de Stratigraphie générale ; b) Salle de Géologie régionale (bassin du Léman et environs) ; c) Salle de Minéralogie et d) Salle de Paléontologie. D’anciennes collections Struve, Charles Lardy, Régnier, Roguin, de Charpentier, Renevier, Ph. de la Harpe, Ch.-T. Gaudin, Campiche, Vionnet, Sylvius Chavannes, Ch. Paris, sont venues successivement se fondre dans le Musée géologique. A remarquer plus spécialement : a) Les vertébrés de la molasse vaudoise ; b) Les plantes de la molasse ; c) Les fossiles crétaciques du Jura ; d) Les fossiles des Alpes vaudoises ; e) Une collection d’ammonites et beaucoup de fac-similés de types originaux destinés à l’enseignement. Trois grands cadres, contenant des palmiers fossiles du Vicentin, qui n’avaient pu être exposés jusqu’ici, à cause de leur dimension, formeront un beau panneau dans la galerie de paléontologie du Palais de Rumine.

L’habile préparateur du Musée géologique, M. Henri Lador, a beaucoup contribué à son aménagement.

Les plus anciennes collections que possède le Musée de botanique sont l’herbier Schleicher et celui du général de la Harpe, ainsi que des collections de plantes du Mexique du Brésil et de Porto-Rico, qui figurent dans un inventaire de 1844. Citons aussi l’herbier peint par Rosalie de Constant, qu’elle légua à sa mort, survenue en 1834[1] Ce Musée s’est surtout développé depuis sa réorganisation en 1873, et son transfert dans le bâtiment du Département de l’Instruction publique à la rue Saint-Etienne ; le professeur J.-B. Schnetzler[2], qui occupait la chaire de botanique à l’Académie, en était le conservateur et lui consacra tous ses soins. C’est sous sa direction que les herbiers Leresche, de Charpentier, Muret, J. Gaudin, Favrat, et bien d’autres encore qu’il serait trop long d’énumérer, ont pris place dans le musée ; ils ont porté le nombre des fascicules à deux mille et celui des espèces à cent mille. J.-B. Schnetzler eut comme successeurs dans la charge de conservateur du Musée : Louis Favrat, puis M. le professeur Wilczek. De vastes galeries sont réservées au Palais de Rumine pour les collections de géologie, de botanique et de zoologie.

Le Musée zoologique comprend une collection consacrée à la faune locale, qui s’enrichit de jour en jour, grâce à la collaboration du Département de l’Agriculture (Service des forêts, chasse et pêche), et à celle de plusieurs amateurs dévoués. A signaler, dans la classe des mammifères, de beaux exemplaires de bouquetins, tués en Suisse, d’où cette espèce a aujourd’hui complètement disparu, et deux lynx tués dans le pays. La classe des oiseaux renferme, entre autres, un superbe exemplaire du læmmergeier (vautour des agneaux) capturé en Valais, espèce qui paraît être éteinte en Suisse. On y trouve aussi les espèces suivantes, toutes fort rares en Suisse et capturées, soit dans le canton de Vaud, soit dans les cantons voisins : le vautour griffon, le busard blafard, le guêpier, le rollier, le syrrhapte, l’outarde, le flamant rose, l’oie hyperborée, les canards casarka, histrion et de Miclon, le guillemot, le pingouin macroptère, le pélican blanc. A signaler aussi plusieurs collections d’insectes offertes par des amis du Musée. A côté de ces séries spéciales à la Suisse, le Musée possède une collection générale consacrée aux faunes exotiques. Parmi les exemplaires de la classe des mammifères, mentionnons un gorille mâle, un couple d’orang-outangs, tués à Bornéo en 1899 par M. W. Morton, de Lausanne, et plusieurs sujets brésiliens, dons de MM. G. Perdonnet et Aug. Chavannes. La division ornithologique est une des plus riches du Musée, elle comprend la collection d’oiseaux de la faune paléarctique, formée à Cortaillod par le capitaine Vouga et achetée par souscription publique, qui compte près de 1200 oiseaux d’Europe et plusieurs pièces de grand intérêt, entre autres le grand pingouin (Alca impennis) et son œuf. A citer aussi une collection de reptiles et de batraciens, rapportés du Brésil par le professeur Aug. Chavannes et M. G. Perdonnet, il y a une soixantaine d’années, et augmentée récemment d’une collection constituée à Bornéo et à Ceylan par M. W. Morton. A mentionner encore la belle collection de mollusques terrestres et fluviatiles de Charpentier. Nous ne pouvons nommer ici tous les donateurs du Musée ; rappelons cependant le nom du Dr Jean Larguier des Bancels, qui en fut pendant de longues années le conservateur et qui a été remplacé en 1904 par M. Henri Blanc, professeur.

La collection ethnographique en voie de formation, comprend quelques armes, ustensiles, vêtements, provenant des diverses parties du monde, notamment des stations missionnaires du Sud de l’Afrique. La collection d’anatomie comparée, de création récente, renferme, plusieurs squelettes, et un très grand nombre de préparations concernant l’anatomie des invertébrés et des vertébrés. La plupart de ces préparations ont été exécutées et montées au laboratoire de zoologie et d’anatomie comparée de l’Université très bien installé au Palais de Rumine.

  1. Voir Revue suisse, 1840, l’article de Mlle Herminie Chavannes, «  Un herbier national . »
  2. Décédé en 1896, bourgeois d’honneur de Vevey, et père de M. André Schnetzler. directeur actuel des écoles de Lausanne.