Le Correcteur typographe (Brossard)/volume 2/33/05

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Imprimerie de Chatelaudren (2p. 987-988).


V

COPIES ET ÉPREUVES


La copie est, pour le linotypiste, le facteur le plus important de la production. De bons résultats ne peuvent être obtenus avec une mauvaise copie. La copie d’un travail à exécuter rapidement et correctement doit être elle-même correcte, et elle doit être lue facilement ; en fait, il est indispensable qu’elle se rapproche le plus possible de ce que sera la composition lorsque cette dernière sera terminée.
xxxx La machine permet une composition rapide : c’est, peut-on dire, son premier avantage, et il est d’importance si on le compare à l’ancienne méthode de la composition manuelle. Mais un opérateur pourra-t-il composer rapidement si la copie qui lui est remise est d’une lecture difficile ? Il est donc indispensable, pour que le travail soit exécuté dans les meilleures conditions de rapidité, que la copie soit bonne.
xxxx S’il s’agit d’un manuscrit, l’écriture doit être convenable, largement espacée, autant que possible sans surcharges ni ratures. Lorsque la copie a été dactylographiée, il est bon que le blanc d’une interligne donne au texte une clarté suffisante, afin de ne pas fatiguer la vue. Dans l’un et l’autre cas — manuscrit ou dactylographie — l’orthographe doit être irréprochable, la ponctuation correcte, les incidents typographiques nettement indiqués. Un opérateur n’a pas à reviser la copie qui lui est confiée, à ajouter ce qui manque, à rectifier les erreurs qu’elle contient : son rôle est de composer, il n’a ni le droit ni le devoir de changer quoi que ce soit au texte dont il assure la reproduction. De ce que les corrections à la machine à composer sont exécutées rapidement et économiquement, il n’est pas bon de conclure que l’on peut donner à un opérateur une mauvaise copie ; diminuer le nombre des corrections est non seulement du temps gagné, mais aussi de l’argent économisé.

Ainsi s’impose la nécessité de préparer la copie avant de la remettre à l’opérateur, de la reviser tant au point de vue de l’orthographe et de la ponctuation que de la marche typographique.

Les épreuves, elles aussi, doivent être l’objet d’une attention particulière au moins égale à celle exigée pour les épreuves des compositions manuelles. Le papier comportera des marges suffisantes, plutôt larges, pour l’indication des rectifications ou des modifications à apporter au texte ; les corrections seront indiquées d’une manière claire, précise, et dans un ordre rigoureux : le correcteur évitera ce fouillis et ce chassé-croisé de renvois qui parfois constituent un grimoire indéchiffrable, obligent l’opérateur à une attention et à un effort hors de propos et risquent d’entraîner des oublis aux conséquences souvent regrettables.