Aller au contenu

Le Crépuscule des Nymphes, suivi de Lectures antiques/Le Crépuscule des Nymphes/16

La bibliothèque libre.
Slatkine reprints (p. 199-214).





ANTHOLOGIE



LE CONCOURS DE THRYALLIS
ET DE MYRRHINE


Nous nous sommes souvent débauchées mais jamais de façon plus charmante.

Ce qui nous donna le plus de plaisir, ce fut la passionnante dispute de Thryallis et de Myrrhinê à propos de leurs fesses (et sur la question de savoir) laquelle les avait plus splendides et plus tendres.

Myrrhinê la première défit sa ceinture, et, sous sa chemise de soie transparente, elle tortilla ses hanches tremblantes comme de la crème ou du lait caillé, en regardant en arrière les mouvements de sa croupe, et elle haletait un peu comme si elle jouissait en amour, si bien que je fus frappée de la voir semblable à l’Aphrodite.

Pourtant Thryallis, loin de renoncer à concourir, dépassa encore son succès de lasciveté. « Je ne lutterai pas, dit-elle, avec tant de voiles et de grimaces, mais (nue) comme au gymnase ; à la lutte il ne faut pas de vêtements. » Elle ôta donc sa chemise, et, louchant un peu vers ses reins, « Tiens, dit-elle, regarde cette couleur ! Comme c’est frais, immaculé, pur ! vois la pourpre de ces fesses, leur forme ni gonflée ni plate, et leurs plis sur la cuisse et leurs fossettes tout en haut. Mais elles ne tremblent pas, par Zeus, ajouta-t-elle en souriant, comme celles de Myrrhinê. » Et disant cela, elle imprima de telles secousses à son derrière, elle le bouleversa de telle sorte ici et là entre ses hanches, que toutes nous nous levâmes en applaudissant et attribuâmes la victoire à Tryallis.

Il y eut encore des concours à propos de hanches et de seins ; mais aucune n’osa montrer son ventre près de celui de Philouménè, qui n’avait pas eu d’enfants et était dans toute sa jeunesse.

Ainsi nous passâmes toute la nuit, disant du mal de nos amants et formant le projet de les changer bientôt, car le nouvel amour est toujours le plus doux. Nous sortîmes complètement grises.


Alciphron, I. 39.



Que l’homme le plus sûr soit gardien de ma porte et indique aux baigneuses le moment d’entrer,

de peur qu’on n’aperçoive dans mes eaux quelque Naïade toute nue, ou Kypris avec les Charites à la belle chevelure,

par mégarde ; car « il est terrible de voir les dieux apparaître », et qui démentirait ces paroles d’Homêros ?


Macédonius, IX. 625.



J’avais en songe, dans la nuit, une jeune fille qui aimait à rire, et je la serrais fortement dans mes bras.

Elle se laissait faire vraiment, et ne s’inquiétait pas si mon corps lui demandait tous les amours.

Mais un Erôs jaloux qui nous guettait fit disparaître mon amie, en dissipant mon songe.

Tant (il est vrai) que, même dans les songes du sommeil, Erôs ne voit pas sans envie la jouissance doucement amoureuse.


Macédonius, V. 243.



Peut-être elle ne sait pas encore secouer les cymbales dans ses mains, cette Bacchante honteuse qu’a mise debout le tailleur de pierre ;

Car il l’a penchée en avant, et elle ressemble à celle qui crierait : « Sortez, et je heurterai (mes cymbales) quand il n’y aura plus personne. »


Agathias, Plan. 59.



Une vierge aux pieds d’argent se baignait et arrosait les pommes d’or de ses mamelles dont la peau est de lait caillé.

Ses fesses rondes ondulaient l’une et l’autre en agitant leur peau plus mouillée que l’eau.

Et sa main étendue cachait le saillant Eurolas, non pas tout entier mais autant qu’elle le pouvait.


Rufin, V. 60.



Par bonheur je vis Prodikê seule, et, suppliant, j’embrassai ses genoux amhrosiens :

« Sauve, lui dis-je, un homme qui va périr avant peu, et contente mon fugitif souffle de vie. »

Quand je parlais ainsi, elle pleurait ; mais, essuyant une larme, de ses jolies mains elle repoussa les miennes.


Rufin, V. 66.



Ô Philinna, je préfère ta ride, au visage de la jeunesse tout entière. Je désire avoir dans mes deux mains

tes mamelles à la tête pesante et aux mamelons abaissés, plutôt que le sein raide d’une jeune fille de mon âge.

Car ta fin d’automne est meilleure que le printemps d’une autre et ton hiver est plus chaud que l’été d’une étrangère.


Paul le silentiaire, V. 238.



Long est le baiser de Galateia, et sonore ; mou celui de Dêmo ; celui de Dôris est une morsure. Lequel est le plus énervant ?

Ce n’est pas à les entendre qu’on juge les baisers ; mais ayant goûté à ces trois bouches, nous prononcerons la sentence.

Tu t’égarais, mon cœur. Les baisers mous de Dêmo, tu les connaissais, et le miel charmant de ses lèvres mouillées !

Ne les quitte pas. Elle a la couronne, bien méritée ; si quelqu’un près d’une autre jouit, il ne m’arrachera pas de ma Dêmo.


Paul le silentiaire, V. 244.



Doux sont les baisers de Sapphô, et douce l’étreinte de ses membres neigeux. Tout son corps est doux.

Mais son âme est de diamant dur. L’amour est sur le bout de ses lèvres. Tout le reste est d’une vierge.

Qui la supporterait ? Celui-là pourrait tout aussi bien supporter une soif de Tantale.


Paul le silentiaire, V. 246.



Il est charmant, amis, le sourire de Laïs, et charmantes sont les larmes de ses paupières qui tremblent.

Hier, sans prétexte, elle gémissait, penchée sur moi, la tête appuyée à mon épaule.

Je baisai son visage mouillé. Comme une rosée glissant des joues, ses larmes étaient bues par ses lèvres humides.

Et, à moi qui lui demandais pourquoi elle versait des larmes, elle dit : « J’ai peur que tu ne me quittes ; car vous êtes tous parjures. »


Paul le silentiaire, V. 250.



Arrachons nos vêtements, ô Jolie. Que nue à nu tu sois étreinte et enfermée dans mes bras.

Qu’il n’y ait rien entre nous. Ce dernier linge sur toi me semble une muraille de Semiramis.

Joignons les poitrines et les lèvres. Que le reste soit caché dans le silence, car je déteste les cris indiscrets.


Paul le silentiaire, V. 252.



Tes yeux s’alourdissent et brillent de désir, Khariklo, comme si tu te levais à peine réveillée.

Ta chevelure est fatiguée ; l’éclat de tes joues roses s’est fait jaune et pâle, et ton corps défaille.

Si les jeux de la nuit ont laissé de telles traces, il a goûté le bonheur suprême,

Celui qui t’a eue dans tes bras fermés sur lui. Et si le chaud Erôs te brûle, puisse-t-il te brûler pour moi.


Paul le silentiaire, V. 259.



Ses mamelles dans mes mains je les ai, sa bouche à ma bouche ; et sa nuque éclatante, éperdument furieux je la dévore.

Je n’ai pas encore pris toute l’Aphrodite mais je combats. J’étreins la vierge qui me refuse son lit.

Car, moitié à la Paphienne, moitié à l’Athêna, elle s’est donnée. Et moi entre les deux je m’épuise.


Paul le silentiaire, V. 272.