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Le Fils du diable/VII/5. Consultation

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Legrand et Crouzet (Tome IIIp. 316-325).
Septième partie

CHAPITRE V.

CONSULTATION.

Le médecin Saulnier disait à madame Batailleur :

— Il y a longtemps que cette pauvre enfant souffre ?

— Oui… répondait Batailleur qui jouait gauchement son rôle de mère ; je pense qu’il n’y a pas mal de temps…

— Vous ne le savez pas au juste ? demanda le docteur étonné.

— De quoi ?… si fait !… en voilà une idée !… ça serait drôle que je ne le saurais pas !…

Saulnier, après avoir tâté le pouls de la pauvre Nono endormie, releva les yeux sur la marchande.

— Avait-elle un médecin à Paris ? demanda-t-il encore.

— Oui… non… parbleu ! fit coup sur coup Batailleur.

Saulnier ne comprenait point l’embarras de cette femme, et de vagues soupçons lui venaient ; ce fut en ce moment que Sara le vit secouer la tête.

Puis en observant le sommeil de Judith, il poursuivait :

— Le caractère de l’enfant était-il gai ?… Semblait-elle heureuse ?

— Ma foi, dit Batailleur, pas trop, la pauvre fille !

— C’est que, murmura Saulnier, elle est bien malade !

Un énergique juron tomba des lèvres de Batailleur.

— Eh bien ! dit-elle ensuite en frappant son pied court et gros contre le parquet, faut avouer tout de même que ce n’est pas de la chance !

— Il faut que je voie la poitrine de la malade, dit le docteur ; tenez-moi la bougie…

C’est la chose redoutée, le mal terrible qui ne pardonne pas ; on le craint dans l’échoppe indigente comme dans les riches salons. C’est la mort cauteleuse, qui vient à pas lents et sûrs étouffer la belle jeune fille ou l’adolescent souriant au seuil de la vie.

Ce mot poitrine a dans la bouche des médecins un accent funeste, que chacun saisit et qui déchire le cœur des mères.

Elle est si cruelle, cette mort, qui semble choisir la jeunesse et la beauté ! et l’on voit tant autour de soi de ces pâles fleurs qui tombent !…

Par une sorte d’instinct charitable, Batailleur voulut cacher à madame de Laurens ce qui allait se passer.

Elle se mit entre le lit et la porte.

Le médecin Saulnier souleva la couverture ; il posa sa main, puis son oreille, contre la poitrine de l’enfant, dont le sommeil lourd continuait.

Non content de ces indices, il dénoua le cordon qui retenait la chemise de Judith, afin de compléter ses observations. Mais à peine la toile se fut-elle ouverte, que le docteur se redressa en fronçant le sourcil.

— Qu’est-cela ? dit-il.

Son doigt tendu montrait des taches bleuâtres qui marbraient la pauvre poitrine de l’enfant.

La bougie tremblait dans les mains de Batailleur.

— Serait-ce vous ?… commença Saulnier, dont les traits exprimaient du dégoût et de l’indignation.

— Moi ? se récria Batailleur avec énergie ; si je tenais celui qui a fait ça je l’étranglerais !

— Votre fille n’était donc pas avec vous à Paris ?

— On n’est pas millionnaire ; l’enfant était en place… Oh ! le vieux coquin d’Araby !

Saulnier ramena vers l’enfant son regard où il y avait une pitié profonde.

— Ce n’est pas vous, dit-il en s’adressant à Batailleur ; je le crois… Il fallait être une bête féroce pour accabler ainsi cette frêle créature ! Cette nuit, il n’y a rien à faire… je reviendrai demain matin.

Le docteur se dirigea vers la porte par où il était entré.

— Et pensez-vous qu’il y ait du danger ? demanda la marchande en le reconduisant.

— Elle est bien faible ! répondit Saulnier ; mais à cet âge… Demain nous pourrons mieux juger.

Il s’esquiva pour éviter de nouvelles questions.

Sara s’élança dans la chambre.

— Qu’a-t-il dit ? s’écria-t-elle ; rappelez-vous bien chacune de ses paroles, Joséphine, et dites-moi tout !

— Mon Dieu ! répliqua Batailleur, c’est drôle, les médecins, vous savez, chère madame ; celui-ci n’a pas dit grand’chose…

— Mais enfin ?…

— Il a dit ceci, puis ça… des bêtises !

— Ah ! fit Petite, vous me mettez à la torture !

— Eh bien ! que voulez-vous ?… il a dit que c’était un malaise… une petite fièvre de croissance…

— Vraiment ?

— Tiens !… il a dit que la petite n’était pas forte… nous savions ça aussi bien que lui… mais quant à concevoir des inquiétudes, il n’y a pas de quoi.

— Il a dit cela ?

— Tout au juste.

Madame de Laurens respira longuement. Ses yeux étaient fixés sur sa fille ; elle ne voyait point que le visage de Batailleur, d’ordinaire hardi jusqu’à l’effronterie, exprimait de l’hésitation et de la contrainte.

Elle ne voyait que sa Judith.

— Mon Dieu ! dit-elle en rappelant son sourire, si vous saviez, ma bonne, quelles idées folles emplissaient mon cerveau, là-bas derrière cette porte !… Il me semblait entendre la voix du docteur prononcer toutes sortes de menaçantes paroles… Ces quelques minutes m’ont paru longues comme un siècle !

Elle s’interrompit brusquement et regarda Batailleur en face.

— Mais pourquoi a-t-il secoué la tête ? demanda-t-elle.

— Il a secoué la tête ?… répliqua la marchande. Ah ! oui, je me souviens ; ces médecins voient des affaires d’état dans tout… l’oreiller était trop bas ; il l’a rehaussé.

Sara avait repris la place qu’elle avait occupée naguère au chevet de sa fille. Le sommeil de cette dernière était plus tranquille en ce moment, Petite n’osait pas l’embrasser de peur de l’éveiller, mais elle la caressait d’un regard souriant.

— Quand je pense, murmurait-elle en appuyant ses mains contre la couverture, que j’aurais pu apprendre, en entrant ici, quelque chose qui m’aurait tuée ! et qu’au lieu de cela, j’ai le cœur plein de joie ! car vous ne voudriez pas me tromper, n’est-ce pas, ma bonne Batailleur ?… Tout ce que vous m’avez dit est la vérité ?… D’ailleurs, ne le vois-je pas par mes yeux !… Tenez comme son joli visage sourit, et comme sa joue prend de belles couleurs !…

La marchande fouillait sa cervelle pour trouver quelque chose à répondre ; c’était en vain. Elle faisait de son mieux pour paraître gaie, elle était sur des épines.

Depuis que le médecin avait prononcé le mot fatal, Batailleur voyait sur les traits de l’enfant les signes connus de l’effrayante maladie ; ces belles couleurs elles-mêmes, dont parlait Sara, c’était le symptôme de cette fièvre intermittente qui fatigue le sommeil des poitrinaires.

— Chère madame, dit-elle pour mettre lin à cette scène, ne voulez-vous point achever votre toilette de bal ?

Petite avait oublié le bal ; elle jeta un regard chagrin sur son costume.

— Que j’aimerais bien mieux rester là toute la nuit ! murmura-t-elle, à la voir !… à veiller sur elle !… à deviner ses rêves !

Elle repoussa son fauteuil avec lenteur, s’arrachant à regret de cette place aimée ; puis, elle s’approcha de nouveau, heureuse d’avoir trouvé un prétexte pour rester une minute encore.

— J’y pense, dit-elle, quelle idée a donc eue le docteur de soulever la couverture ?…

— Je n’ai pas vu, balbutia la marchande, dont l’embarras redoubla d’une manière visible

— Je l’ai bien vu, moi, reprit Sara, et c’est vous qui m’avez empêchée d’en voir davantage.

Ses doigts froissaient la couverture avec une sorte d’envie.

— On est enfant quand on aime bien, pensa-t-elle tout haut ; je voudrais regarder son petit cou blanc !… ses bras nus qui doivent être roses !… Je ne l’ai jamais vue, moi, ma fille !

Elle fit le geste de soulever la couverture.

Batailleur se précipita au-devant d’elle pour l’en empêcher.

— Y pensez-vous, chère madame ? dit-elle, il fait froid, et l’enfant est en sueur !

— Froid, répliqua Sara ; d’où vient donc que je brûle, moi qui suis demi-nue ?… Il faut si peu de temps, d’ailleurs, pour glisser un regard !…

Batailleur appuyait ses deux mains sur la couverture que madame de Laurens voulait toujours soulever.

— Laissez, dit cette dernière avec un commencement d’impatience, laissez, ma bonne !

La marchande ne bougea pas.

Les sourcils de Sara se froncèrent légèrement et son œil exprima une nuance d’inquiétude.

— Laissez ! répéta-t-elle d’un ton plus impérieux.

Et comme la marchande n’obéissait point encore, elle ajouta d’une voix déjà changée :

— Vous me feriez croire à un malheur… Laissez, vous dis-je !

— Écoutez, murmura Batailleur, quand les enfants ont comme ça la fièvre… il ne faut pas… que sais-je ?…

Sa phrase s’acheva en un bourdonnement confus.

Sara lui ordonna une dernière fois de lâcher prise.

Batailleur n’osa plus résister, mais elle joignit les mains en balbutiant machinalement :

— Je vous en prie… croyez-moi… ne regardez pas !…

C’était souffler le feu pour l’éteindre.

D’un geste violent, Sara souleva la couverture qui retomba l’instant d’après, parce que sa main paralysée ne pouvait plus la tenir.

Elle venait de voir ces larges taches bleuâtres qui marbraient le cou et les bras de sa fille.

Elle devint d’abord pâle comme une morte ; puis son front s’empourpra subitement pour faire place aussitôt après à une pâleur plus livide.

Des tressaillements convulsifs agitaient tout son corps et bouleversaient les belles lignes de son visage ; ses yeux brûlaient ; elle était si effrayante à voir, que Batailleur, frappée de crainte, tremblait.

— Je vous avais bien dit… commença-t-elle.

Un geste roide de Sara lui coupa la parole.

Il y eut un long silence, pendant lequel madame de Laurens releva une seconde fois la couverture pour compter avec une sombre attention les meurtrissures qui couvraient le corps de sa fille.

À mesure qu’elle regardait, les muscles de sa figure se détendaient lentement ; ses paupières battirent ; deux larmes ardentes roulèrent sur sa joue.

Ce fut l’affaire d’une seconde ; les larmes se séchèrent et les yeux, de Sara eurent un éclair terrible.

— Qui a fait cela ?… murmura-t-elle d’une voix stridente et brisée.

Batailleur hésitait à répondre ; madame de Laurens lui prit le bras et le serra jusqu’à lui arracher un cri de douleur.

— Qui a fait cela ? répéta-t-elle avec effort.

La marchande balbutia le nom d’Araby.

Les dents de Petite grincèrent ; elle lâcha le bras de Batailleur, où l’empreinte de ses doigts restait marquée.

Nulle plume ne saurait peindre ce qu’il y avait en elle de haine et de colère !

— Araby !… répéta-t-elle, comme si ce nom, abhorré désormais, eût déchiré sa lèvre au passage, Araby !… Araby !!…

Elle appuya ses poings fermés contre son front.

— Tigre !… tigre ! dit-elle avec un furieux élan de rage, et il n’est pas là pour que je me venge !

Ses yeux revinrent vers l’enfant, dont la bouche entr’ouverte exhalait des plaintes faibles, parce que le froid piquait sa poitrine nue.

Sara se laissa tomber sur ses deux genoux ; la douleur sans bornes dominait en elle de nouveau la colère.

Elle appuya sa tête contre le matelas, et demeura comme abîmée dans son angoisse.

Il y avait un contraste bien étrange entre cette détresse désespérée et le luxueux éclat du costume de bal.

L’œil hésitait, blessé, entre cette toilette frivole, qui éveillait des idées de plaisir, et le désespoir de cette mère, agenouillée, qui sanglotait tout bas.

Il y avait quelque chose de plus poignant dans cette détresse que semblait railler la riante parure du bal…

La marchande n’osait plus ni parler ni bouger.

Sara se redressa soudain, parce qu’une toux creuse souleva la poitrine de l’enfant.

Elle resta muette, tandis que ses yeux disaient une épouvante navrée.

Puis tout à coup son regard s’alluma sous ses sourcils froncés violemment.

— Araby !… dit-elle encore, oh ! je le trouverai… mais ce n’est pas lui tout seul !… Et je crois que je vais la venger !

Ses lèvres se relevèrent ; cela ressemblait presque à un sourire.

— C’est lui qui n’a pas voulu ! reprit-elle, c’est lui qui m’a forcée de lui fermer les portes de ma maison !… sans lui, aurait-elle été jamais sous les ongles de ce monstre ?… Ah ! je ne croyais pas pouvoir le haïr davantage !

Elle tourna le dos au lit et se dirigea vers sa chambre à coucher.

— Venez, ma bonne, dit-elle d’une voix qui ne tremblait plus ; je suis en retard… Achevez ma toilette.

Batailleur croyait rêver. Ce calme, brusquement revenu après l’effrayante colère, achevait de l’abasourdir.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Il ne manquait plus rien à la toilette de Sara ; elle jeta un dernier regard à son miroir et trouva la force de sourire.

Ses traits ne gardaient aucune trace de sa récente agonie ; elle portait la tête haute et l’aigrette de diamants qui ornait sa coiffure orientale mettait d’éblouissants reflets dans sa prunelle.

Elle était plus charmante que jamais ; et certes, nul n’aurait pu deviner ce qu’il y avait au fond de son cœur.

Parfois seulement sous l’arc lustré de ses grands cils, une flamme sournoise s’allumait.

Ceux qui l’auraient vue alors auraient senti du froid dans leurs veines, c’était comme la langue agile et venimeuse du serpent, qui se montre à demi sous de gracieuses fleurs gaiement épanouies.

Elle sortit de sa chambre, sans dire un seul mot à Batailleur.

Le docteur Saulnier, qui était en Allemagne pour veiller à la santé de M. de Laurens, habitait une chambre voisine de l’appartement de ce dernier.

C’était chez lui que Sara se rendait.

— Docteur, dit-elle en l’abordant, vous me voyez tout inquiète.

Saulnier, surpris par cette visite inattendue, lui avança silencieusement un fauteuil.

On sait que le jeune médecin voyait en elle un ange de douceur et de vertu.

— Je viens vous consulter, reprit Sara, qui se laissa choir entre les bras du fauteuil.

— Pour vous, madame ?

— Plût à Dieu !… Mais non, c’est toujours pour mon pauvre Léon, que je vois souffrir sans cesse et que nous ne pouvons soulager.

— Il faut espérer, madame… commença le docteur.

— Pendant que j’y pense, interrompit Petite avec cette vivacité des gens qui veulent fixer au passage un souvenir fugitif, je serais bien aise de vous adresser une question… Nous reviendrons tout à l’heure au véritable sujet de ma visite.

— Entièrement à vos ordres, répliqua Saulnier.

— Asseyez-vous là, près de moi, docteur… N’avez-vous pas été, ce soir, chez cette femme que j’ai prise tout récemment auprès de moi ?

— Il n’y a pas plus d’un quart d’heure que j’en suis sorti.

— Pauvre Batailleur !… Voilà des années qu’elle est à mon service et je m’intéresse tout particulièrement à elle… Vous avez vu sa fille ?

— Oui, madame.

— Voyons, docteur, reprit Sara dont la voix eut un imperceptible tremblement ; vous pouvez être franc avec moi… on ne dit pas tout à la pauvre femme, assise au chevet de son enfant malade… mais moi…

Elle s’arrêta et reprit avec un effort violent qui ne parut point au dehors :

— Moi, voyez-vous, je ne suis pas sa mère… il faut ne me rien cacher.

— Pourquoi vous cacherais-je quelque chose ? demanda Saulnier, qui ne conçut pas l’ombre d’un soupçon.

— Sans doute… répliqua Petite, en jouant l’indifférence. Cela ne me regarde pas… Et ce que j’en fais, c’est pour cette malheureuse femme.

— Vous avez, Madame, un cœur si excellent !…

— Que dites-vous de l’état de cette petite fille ?

Saulnier secoua la tête ; Sara était prête à défaillir. La réponse attendue était, pour elle, la vie ou la mort.

— Je vais vous causer du chagrin, madame, répliqua le médecin, puisque vous portez de l’intérêt à la mère… cette pauvre enfant se meurt d’une maladie de poitrine.

La pâle figure de Sara n’exprima rien du désespoir profond qui lui étreignait l’âme.

Son regard resta froid ; pas un des muscles de sa face ne bougea.

— Mais, dit-elle avec lenteur et d’une voix glacée, il y a bien encore quelque espoir de la sauver, n’est-ce pas ?

— Non, répondit le docteur.

La tête de Sara se pencha sur sa poitrine.

Le docteur, qui la regardait, se disait :

— Comme elle est compatissante et bonne !…

Sara resta, durant une minute, écrasée sons son angoisse muette. Puis la force extraordinaire qui était en elle reprit le dessus.

— Pourquoi songer au malheur d’autrui, dit-elle, quand on est soi-même si à plaindre ?… Docteur, j’ai l’âme tourmentée de scrupules… Quand je me vois ainsi parée pour le bal, il me vient des remords… Pendant ces heures de plaisirs, mon pauvre Léon souffre…

— Toujours cette pensée ! murmura le médecin, oh ! vous l’aimez bien, madame !

— Si je l’aime ! répliqua Petite, qui joignit ses mains en levant les yeux au ciel, tenez, je veux vous dire tout de suite ce qui m’amène… C’est une folie, peut-être, mais je ne vis pas depuis que cette idée m’est venue. Quand ces crises affreuses le prennent et qu’il reste des heures entières anéanti, s’il ne trouvait personne à son réveil pour aider le premier effort de la vie qui revient…

— C’est impossible ! interrompit le docteur.

— Oh ! laissez-moi achever… Je suis si malheureuse quand ces idées-là me poursuivent !… s’il appelait en vain quelque jour !… si personne n’entendait ses cris faibles !…

— C’est impossible, madame, répéta le docteur, vous vous faites des terreurs imaginaires… Germain, le valet de chambre de M. de Laurens, est un serviteur fidèle… il comprend la responsabilité qui pèse sur lui.

Petite ne put réprimer un geste d’impatience.

— Mais enfin ?… dit-elle en insistant.

— Madame, vous me mettez dans un grand embarras, répliqua le docteur avec une hésitation manifeste ; je n’ai, pour ma part, aucune espèce d’inquiétude, je vous en donne ma parole d’honneur… et pourtant, ma réponse va nécessairement augmenter vos craintes…

— Il y a donc du danger ? prononça tout bas Petite en feignant la plus extrême épouvante.

— Il n’y a pas de danger, puisque le fait est impossible, dit le docteur avec conviction ; mais, ajouta-t-il d’une voix moins assurée, si le fait était possible…

Il avait peur d’achever.

— Eh bien ? dit Sara.

— Eh bien ! il y aurait danger !…

— Un danger grave ?…

— Un danger de mort soudaine !

Madame de Laurens respira fortement ; ce pouvait être un soupir d’effroi…