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Le Géranium ovipare/Ballade en l’honneur de Messieurs les Chats-Fourrés

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BALLADE
EN L’HONNEUR DE MESSIEURS
LES CHATS-FOURRÉS


Tuons ces méchans chats-fourrés, ce sont tiercelets du diable.
Rabelais.


Vautrés sur leur siège pendant
que le procureur incrimine
avec des gestes de pédant,
solennels autant qu’un flamine
l’un se gratte, l’autre rumine
on prendrait pour de gros colis
ou pour des bœufs de Taormine
les vieux conseillers ramollis.

Chauves, goutteux et brèche-dent,
ils cultivent la balsamine,
boivent de l’orge et du chiendent
et plus d’un suit quand il chemine
les mollets de telle gamine :
le soir, ils pissent dans leurs lits
du sucre ou bien de l’albumine
les vieux conseillers ramollis !


Mais ils sont moraux ! Gourmandant
les mœurs d’un temps qui s’effémine,
grand Dieu ! comme ce président
est imposant quand il fulmine !
(tel ce grec après Salamine) !
Impollus comme fleur-de-lis
et plus blancs que leur blanche hermine,
les vieux conseillers ramollis !

                         Envoi

Prince, ils ont beau faire la mine,
ils ne sont pas jolis, jolis !
Vainement la pourpre enlumine
les vieux conseillers ramollis !