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Le Jardin des dieux/Le Golfe entre les palmes/Le Vœu

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Le Jardin des dieuxEugène Fasquelle (p. 157-158).



LE VŒU



Pêcheur de mon pays, toi qui, grave, fréquentes
Cette baie où les dieux dérobent leurs autels,
Ménage ton filet que des débris d’acanthe
Ont alourdi souvent de leur marbre éternel.

En retournant sa poche où, tout à coup, abondent
La rascasse épineuse et le mou calemar,
Peut-être verras-tu de ses mailles profondes
Surgir le dieu bachique ou le faune camard.


Car les temples déserts ont perdu sous la vague,
Dans ce golfe immortel, leurs marbres submergés,
Et les dieux que la pieuvre orne de molles bagues
Aux laminaires d’or livrent leurs bras rongés.

Ah ! qu’il te soit donné dans une aube d’automne
De ravir à l’abîme et, près de toi, d’asseoir
Quelque jeune bacchant que l’angelus étonne
Mais qui sourit encore aux chansons des pressoirs.