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Le Laurier noir/III/Rencontre

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Société de la Revue Le Feu (p. 63-64).

RENCONTRE


          J’ai rencontré Jean Pellerin
          Dans un village de Lorraine.
          Il fumait la pipe. À ses mains
          Pesait un cache-nez de laine.

          Une route pleine de trous
          Bordait le seuil d’une brigade.
          La pluie de l’Est tombait sur nous ;
          Nous songions à Shéhérazade,


          Aux soirs lointains de l’Opéra,
          À Nijinski, à la paresse
          Qui ruisselle entre les beaux bras
          Des espérances, nos maîtresses.

          Dans une auberge de rouliers
          Nous bûmes de la mirabelle.
          Elle avait le goût des lauriers.
          Jean Pellerin, je me rappelle

          Votre parole dans le vent.
          Quand votre tâche était finie
          Vous alliez vers un lit de camp
          Et vous relisiez Athalie.

          Pauvre décor en vérité !
          Mais que son ombre frémissante
          Ressemblait à l’éternité
          Parfois si simple et si touchante !