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Le Livre d’un père/Soleil d’hiver

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XVI

SOLEIL D’HIVER




Il fait bien noir, en décembre,
         Dans ma chambre ;
Ma lampe l’éclaire peu,
Un brouillard aigu pénètre
         Tout mon être,
Et j’ai froid devant mon feu.

Mon vieux corps est à la gêne ;
         J’ai grand’peine
A me dresser sur mes reins.
Mon cœur fléchit, ma pensée
         Gît glacée
Par l’hiver et les chagrins.


Et je roule, amer et sombre,
         Dans cette ombre,
Des rêves désespérés…
Voilà qu’on frappe à ma porte,
         Je m’emporte…
Mais c’est vous, amis !… entrez.

C’est vous, enfants ! c’est la joie !
         Dieu m’envoie
Un message et le réveil.
Dans vos yeux souriant d’aise
         Que je baise,
Vous m’apportez le soleil.

Mon cœur serré se délie,
         Et j’oublie
Que je songeais à mourir ;
Et je veux encor vous suivre,
         Je veux vivre,
Vivre pour vous et souffrir !


Mars 1875.