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Le Livre des sonnets/Les cloches qui tintaient sous l’azur clair du ciel

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Spleen




Les cloches qui tintaient ſous l’azur clair du ciel,
Juſqu’à la chambre cloſe éparpillant leur âme,
Vainement, d’une voix d’amour qui plaint & blâme,
Ont répété : « Les fleurs ſe fanent ſur l’autel… »

Un portrait, qui riait d’un rire ſenſuel
Sur une cheminée où tremblait une flamme,
A fait étinceler ſes yeux comme une lame,
Vainement, & redit : « Mes baiſers ſont de miel… »

Les cloches ont ceſſé ; l’ombre crépuſculaire
Du portrait ſenſuel a voilé la colère ;
La nuit myſtérieufe erre dans la maiſon.

Et l’homme dont le cœur répugne à toute envie
Savoure longuement, comme un divin poiſon,
La taciturne mort du Jour & de la Vie.


Paul Bourget.