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Le Parnasse contemporain/1869/Danse macabre

La bibliothèque libre.
Le Parnasse contemporainAlphonse Lemerre [Slatkine Reprints]II. 1869-1871 (p. 183-184).




HENRI CAZALIS

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DANSE MACABRE


Au visage de mon squelette
Voici le loup de velours noir,
Le loup où votre lèvre, un soir.
Mit des parfums de violette.

Par cette antithèse toujours
Je veux me rappeler, madame,
Le vide aimable de votre âme
Et la vanité des amours.

Oh ! je ne me plains pas : la chose
Est trop connue en vérité ;
Mais j’ai quelque peu regretté
Votre jeune corps, blanc & rose.

— Que pleure-t-on là cependant ?
Cette chair, qui fait notre envie.

N’est après tout, comme la vie,
Qu’une loque sur du néant !

Et je veux mon âme ainsi faite
Qu’un jour enfin sous tous ces corps
Je ne sache voir que des morts,
Des os en costumes de fête.

Pour alors, dans un coin du bal,
Me tenir seul, &, las de vivre,
Laisser passer cette foule ivre,
Et ces gaîtés de carnaval !