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Le Parnasse libertin/115

La bibliothèque libre.
Chez Cazals & Ferrand, Libraires (p. 113-114).

AUTRE.
LES CANTHARIDES.


Comme ſouvent tout s’enfile ici-bas !
Des Bernardins pâturoient en lieu gras,
Près de leur clos vivoient des Bernardines.
Peignez-vous bien chaque choſe en ſon rang ;
Un bel étang nourriſſoit les béguines ;
Une Haye vive entourroit cet étang ;
Sur cette Haye étoient des Cantharides ;
Un vent ſurvint qui les jetta dans l’eau ;
Dans l’eau nageoient des grenouilles avides,
Par qui l’eſſain fut croqué bien & beau ;
Grenouille après ſervie au Réfectoire,
De ſa ſubſtance infecta la Nonain ;
D’où s’enſuivit l’eſclandre qu’on peut croire,

Un feu ſubtil & rien moins que divin.
Grand carrillon : ſi qu’au bruit du Tocſin
Vinrent, non pas les pompes de la ville,
Mais celles-la du Benoît Bernardin.
Comme ſouvent ici-bas tout s’enfile.

Par Piron.