Le Poulailler/Chapitre27

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Librairie agricole de la Maison rustique (p. 245-252).

CHAPITRE XVII

Races diverses.


J’ai réuni dans un chapitre unique les races de poules d’agrément qui ne m’ont pas paru mériter une étude aussi complète que les précédentes.


Race de Jérusalem.

Cette espèce vient-elle de Jérusalem ou n’en vient-elle pas ? C’est ce que je n’ai jamais pu savoir.

La seule chose certaine est qu’il y a une espèce qui porte ce nom, qui paraît être depuis longtemps fixée, et ne manque pas de caractères propres.

Selon certaines personnes, la jérusalem est une poule blanche comme la neige, avec le camail hermine foncé, très-tranché, et la queue presque noire ; la crête est simple, la patte bleue ; elle pond bien, est très-bonne à manger, et sa taille est un peu au-dessous de la moyenne. Le coq tout pareil.

Selon d’autres, en France au moins, la poule de Jérusalem est une assez forte poule qui présente à peu près les mêmes caractères que ci-dessus, mais dont la robe blanche est teintée d’une nuance jaune rosée, très-claire, à peine appréciable, et se trouve tiquetée de petites tachettes noires, espacées.

Les avis sont tellement partagés, que je n’ai pas pu me fixer davantage.


VARIÉTÉS DE POULES À PLUMAGE COUCOU.

Ces poules coucou ne forment pas précisément des races bien distinctes, ce sont plutôt des variétés provenant de différentes races, mais dont il n’est pas possible de retrouver exactement l’origine. Comme elles sont du reste charmantes, et que les caractères de leur plumage sont assez fixés, j’ai cru devoir leur consacrer quelques lignes.


Coucou de France, ou Ombrée coucou française.

Cette race mérite d’être remarquée pour ses excellentes qualités, sa charmante forme et son riche plumage, dont l’aspect général et les dessins particuliers la rapprochent des différentes variétés de poules dites Coucou. Des marques noires transversales, très-distinctes, se détachent sur un fond blanc assez clair (grav. 106).

Voici la description que M. Letrône donne de cette espèce :

« La poule Coucou, ainsi désignée à raison de la ressemblance de la coloration et de l’agencement des teintes de ses plumes avec celles qui recouvrent l’oiseau de ce nom, possède encore un caractère très-distinct par la conformation de sa crête, qui est très-épaisse, granulée, finissant par une pointe ou crochet en arrière, et qui recouvre toute la tête. Cette forme, bien que très-caractéristique, ne se transmet pas toujours aux sujets issus des croisements ; mais on remarquera que la couleur blanche rosée des pattes ne fait jamais défaut. C’est un excellent signe, comme on le sait, pour décider de la finesse et de la bonne qualité de la chair chez les volailles. Précisément à cause de cette propriété de transmettre régulièrement la couleur du plumage et celle des pattes à tous les sujets provenant du croisement de cette race, il paraîtrait difficile de distinguer le type vrai d’avec les variétés, si d’autres signes bien évidents, quoique moins perceptibles, ne nous venaient en aide. Pour cela, nous reconnaissons comme absolument nécessaire d’entrer dans une description très-détaillée pour bien faire connaître ce type.
Grav. 106. — Plume de la poule ombrée coucou de France.

COQ.
DIMENSIONS ET CARACTÈRES PARTICULIERS.


Taille. — De la partie supérieure de la tête jusque sous les pattes, dans la position du repos, 0m.38 ; dans la position fière, 0m.50 ; du dos sous les pattes, 0m.28.

« Poids. — À l’âge adulte, 2 kil. ; charpente osseuse très-légère, muscles bien développés, chair fine et très-blanche.

« Corps. — Circonférence prise au milieu du corps, 0m.42 ; longueur, 0m.20.

« Crête. — Double, surmontée de globules charnus informes et divisés en dessins vermiculés, se terminant par une pointe renversée dépassant l’occiput, et prenant naissance à un centimètre de la pointe du bec.

« Barbillons. — Charnus, d’une belle forme, assez développés, à deux divisions se soudant sous le bec. Oreillette peut apparente.

« Œil. — Grand, d’une couleur rouge-brique tirant sur le jaune.

« Iris. — Noir. Regard doux.

« Bec. — Semblable pour la forme à celui du dorking ; narines peu saillantes ; couleur blanche, ombrée de noir ; longueur, 0m.03.

« Patte. — Canon de la patte : circonférence, 0m.04 ; longueur, 0m.09. Patte pourvue de quatre doigts bien proportionnés. Couleur de chair.

« Éperons. — Faibles, aigus et très-recourbés.

DESCRIPTION DU PLUMAGE.

« La tête est garnie de plumes fines et courtes qui, comme les plus grandes, doivent avoir une coloration par plaques d’un noir bleu plus ou moins foncé, se dégradant par demi-teintes sur un fond blanc et se reproduisant à des distances à peu près égales, et à raison de la longueur des plumes, depuis le duvet, qui est d’un gris bleu clair, jusqu’à leur extrémité. Les plumes du cou sont longues, fournies et fines ; — la nuance ombrée s’y reproduit ; — mais elles prennent un aspect argenté par la finesse des détails d’ombre un peu moins accusés. Il en est de même pour cette sorte de plumes légères qui recouvrent la queue. Les plumes de la poitrine sont celles qui présentent le plus de régularité, bien qu’elles soient partout d’un même aspect, toujours attrayant à l’œil. Les plumes caudales possèdent aussi dans leur développement toutes ces nuances d’ombre bien uniformément tracées. Il en est de même pour celles de l’aile, du bras et de l’avant-bras, internes ou externes. Chez certains sujets, les plumes de l’avant-bras sont parfois blanches ; ce léger défaut n’a pas de signification, parce qu’à la mue elles peuvent renaître avec plus ou moins de taches ombrées. Il arrive aussi que toute la queue varie du noir au blanc. Le système de coloration dans le plumage de cette sorte de volaille est général sur les moindres parties du corps, et très-persistant, comme nous l’avons dit.

POULE.

« Les dimensions de la poule étant dans le plus parfait rapport avec ceux du coq, suivant les règles générales et proportionnelles que la nature a établies entre les mâles et les femelles. dans l’espèce galline, nous ne voyons pas qu’il soit bien nécessaire de lui donner un article minutieusement détaillé ; nous dirons seulement que la poule coucou donne un poids normal et approximatif de 1 kil. 500 gr. ; que sa crête est moins grande que celle du coq, bien qu’également double, que dans sa structure les proportions sont parfaites ; que son bec est toujours demi-blanc rosé, et que son plumage est entièrement et partout nuancé de la façon la plus régulière par des taches d’un noir bleu, faisant ombre sur un fond blanc symétriquement partagé.

« Cette volaille est très-robuste, sobre, pondeuse des plus remarquables, donnant de beaux œufs. C’est avec raison la poule de prédilection, et qu’adoptent nos petits ménages ruraux dans la partie nord-est de la Sarthe et dans plusieurs communes du sud-est de l’Orne, où son élevage est en constant progrès. La chair de cette volaille est très-blanche et délicate, son engraissement assez avantageux. Son croisement avec des races plus fortes fournit d’appétissants produits pour la table, et, par ces motifs, elle est d’une vente facile sur les marchés du pays.

Ombrée coucou de Rennes.

« Une variété de cette race est élevée en Bretagne dans les environs de Rennes ; elle se distingue par des caractères extérieurs peu différents sous le rapport du plumage et du volume. Chez le coq, les plumes fines du cou et du recouvrement de la queue sont d’un jaune-paille parsemé de taches nuancées d’un brun roux qui donnent des reflets dorés à cette sorte d’ornement. Toutes les autres plumes ont la même couleur nuancée de l’espèce précédemment décrite. La crête du coq coucou de Rennes est simple, grande et solide, parfaitement droite et à dentures excessivement profondes et aiguës, pour le moins autant développée que celle du coq espagnol. Les barbillons sont amples. La poule ne se distingue de l’autre espèce que par sa crête simple et droite. On estime autant cette variété que la première pour la production et la qualité de la chair. Comme l’autre, c’est une volaille d’un moyen volume, mais possédant des muscles bien fournis et délicats, attachés sur des os d’une excessive légèreté. Les pattes sont d’un rose couleur de chair. Les Bretons apportent une grande attention à la reproduction de cette race remarquable.

« Ces deux variétés de volailles sont très-faciles à élever ; les poulets ne sont ni tardifs ni précoces. C’est un tendre et succulent manger lorsqu’ils ont atteint l’âge de cinq ou six mois. Ils croissent parfaitement sans qu’il soit besoin d’y apporter des soins particuliers. Ces volailles vivent et produisent longtemps sans s’épuiser. Nous connaissons un coq, parfait cocheur, âgé de cinq ans, chez qui l’ardeur première et les vertus prolifiques n’ont rien perdu. Cette qualité persistante de forces doit être regardée comme précieuse, surtout à l’égard des croisements avec des races s’usant vite.

« Nous possédons, dans un parfait état de pureté, les deux variétés de cette race, que nous nous sommes permis de nommer pour les distinguer : la première, poule coucou de France ; la seconde, poule coucou de Rennes. C’est après avoir eu la facilité de les étudier l’une et l’autre que nous avons cru devoir leur accorder un article spécial, afin d’engager les éleveurs à les étudier à leur tour pour les propager ensuite. À notre avis, ce sera une des bonnes acquisitions que pourront faire ceux qui, tout en cherchant l’ensemble des qualités, tiendront particulièrement au plus réel produit, l’abondante fourniture d’œufs s’accordant avec la plus économique nourriture.

Ombrée coucou hollandaise.

« Cette espèce semble être à peu près la même que respect française. La crête demi-double est pendante et de côté, la patte est blanche. »

Nous ne pensons pas, ainsi que nous l’avons dit plus haut, comme M. Letrône, que ces poules forment des races ; ce sont de simples variétés de poules ordinaires, qu’il est bon de décrire parce qu’elles sont jolies, à plumage fixe, et en même temps bonnes à manger ; mais elles n’ont pas la moindre importance dans la question des croisements.

Il n’y a pas non plus de conséquence générale à tirer de leur plumage, dont beaucoup d’espèces possèdent l’analogue.