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Le Présent de l’Homme lettré/I

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CHAPITRE I


Sachez que je tire mon origine de la ville de Majorque[1], (que Dieu la ramène à l’islâm !), grande ville sur la mer, entre deux montagnes et traversée par une petite rivière. C’est une ville de commerce qui possède deux ports où de grands navires viennent jeter l’ancre pour se livrer à un trafic important. Elle se trouve dans une île du même nom, abondante en oliviers et en figuiers. Dans une bonne année l’île de Majorque peut exporter vers le Caire et Alexandrie plus de 20.000 barriques d’huile d’olive[2]. On rencontre dans cette île plus de 120 places fortes entourées de murs et bien entretenues. De nombreuses sources arrosent tous les points de l’île et se jettent dans la mer.

Mon père, homme considéré d’entre les habitants de la ville de Majorque, n’avait d’autre enfant que moi. À l’âge de 6 ans, mon père me mit entre les mains d’un savant prêtre, sous la direction duquel j’étudiai l’Évangile au point d’en savoir par cœur la majeure partie au bout de deux ans. Puis je me suis mis à étudier l’idiome[3] de l’Évangile et la logique pendant six ans. Ayant achevé ces études, je me transportai de Majorque à la ville de Lérida[4] dans la Catalogne[5], ville réputée pour sa science chez les chrétiens de cette région[6]. Une grande rivière la traverse[7]. J’y remarquai l’or mélangé avec le sable, mais il est un fait reconnu par tous les habitants de ce pays, que les frais de l’exploitation ne compensent pas le profit que l’on en retire. Aussi l’a-t-on abandonnée. Les fruits abondent dans cette ville. J’ai remarqué que les paysans ont l’habitude de couper les pêches en quartiers qu’ils font sécher au soleil ; ils en font de même des courges et des noix[8]. Quand ils veulent en manger pendant l’hiver, ils les laissent tremper une nuit dans l’eau, et les cuisent comme si elles étaient fraîches de la saison. La récolte principale de tout ce pays est celle du safran. C’est à Lérida que se réunissent les étudiants chrétiens au nombre de mille ou de mille cinq cents, qui ne reconnaissent d’autre autorité que celle du prêtre sous la direction duquel ils étudient.

Pendant six ans j’étudiai dans cette ville la physique et l’astronomie, après quoi je me mis exclusivement pendant quatre ans à l’étude de l’Évangile et de son idiome. Au bout de ces études je quittai Lérida pour me transporter à Bologne[9] en Lombardie.

Bologne est une très grande ville. Les édifices y sont construits en excellentes briques rouges, à cause du manque de carrières de pierre.

Chaque fabricant de briques possède un timbre spécial, pour marquer ses produits. À leur tête se trouve un inspecteur, chargé de contrôler la bonne qualité de l’argile dont ils se servent et la cuisson des briques. S’il arrive qu’une brique se fende ou s’effrite, l’inspecteur en condamne le fabricant à en payer la valeur et le fait frapper de verges.

La ville de Bologne est un centre scientifique pour tous les habitants de cette région[10]. Chaque année il y arrive de tous côtés plus de deux mille étudiants, pour y étudier la science. Tous les étudiants, y eut-il même parmi eux un roi ou un fils de roi, portent pour vêtement le costume du baptême, qui leur sert de signe distinctif. Ils ne sont justiciables que du prêtre auprès duquel ils font leurs études.

Quant à moi j’habitai le presbytère d’un prêtre très âgé et d’une grande autorité, nommé Nicolas Myrtil. Ce prêtre occupait à Bologne un rang très considérable par sa science, sa piété et son ascétisme. Aux yeux de tous les chrétiens de ce temps il était envisagé comme le plus grand savant. De tous côtés, de la part des rois ou d’autres personnages, des questions, se rapportant à la religion, lui étaient sans cesse soumises. Ces questions étaient accompagnées de riches présents, afin de recevoir sa bénédiction. Quand leurs présents étaient bien accueillis par lui, ils s’en honoraient et s’en félicitaient. Ce fut auprès de ce prêtre que j’étudiai la science des principes et des fondements de la religion chrétienne. Pendant longtemps je lui rendis des services et je remplis une grande partie de ses fonctions, ce qui le détermina à la fin à me recevoir au nombre de ses plus intimes. Comme je continuai à le servir et à l’entourer de mes hommages, il alla jusqu’à me confier les clefs de sa demeure et de ses armoires de provisions. Tout était sous ma main, excepté la clef d’une petite chambre à l’intérieur de la maison, où personne d’autre n’entrait que lui. C’était probablement l’endroit où il cachait les trésors qui lui étaient envoyés. Mais Dieu seul sait au juste ce qu’il en est.

Je passai ainsi à servir ce prêtre et à étudier une période de dix ans. Or il arriva certain jour que le prêtre étant malade, fut empêché de se rendre à la conférence. Les auditeurs de la conférence, tout en l’attendant, s’étaient mis à discuter des questions scientifiques. À un certain moment il se présenta dans leurs discussion cette parole que Dieu a dite par la bouche de son prophète Jésus : « Il viendra après moi un prophète dont le nom est le Paraklète[11] ». Ils cherchèrent à déterminer auquel des prophètes cela pouvait se rapporter. Chacun d’eux émit son opinion selon le degré de sa science et de son intelligence, et la discussion allait en s’animant et la dispute en augmentant sans cesse. À la fin ils se séparèrent sans avoir résolu la question.

Rentré chez le directeur de notre collège, il me dit : Sur quoi avez-vous discuté aujourd’hui pendant mon absence ? Je l’informai de notre désaccord au sujet du nom du Paraklète, que tel avait exprimé telle opinion, tel autre telle autre opinion et je le mis au courant des diverses réponses.

— Et toi, me dit-il, quelle opinion as-tu exprimée ? Celle du docteur un tel, lui répondis-je, que j’ai empruntée à son commentaire de l’évangile.

— Que tu es loin et proche de la vérité, s’écria-t-il, un tel s’est trompé, un tel a presque trouvé.

Aucun cependant n’a trouvé le sens véritable. Au reste personne ne peut expliquer la signification de ce nom illustre que les docteurs très-ferrés dans la science. Or, en fait de science, vous n’en avez encore acquis que bien peu.

Sur ces paroles je me précipitai à ses pieds, je les baisai et je lui dis : Tu vois, Monseigneur, que je suis venu auprès de toi d’un pays éloigné ; pendant ces dix ans que je suis à ton service, j’ai acquis, grâce à toi, des connaissances innombrables, achève maintenant ta bonté à mon égard en me faisant connaître ce nom illustre. Le vieillard se mit à pleurer et me dit : Mon enfant, certes tu m’es bien cher à cause des services que tu m’as rendus et de ton attachement à moi. Il y a certainement dans la connaissance de ce nom illustre un grand profit, mais je crains que, si tu le divulguais, les chrétiens ne te tuent à l’instant même.

— Par Dieu le Très-Grand, par la vérité de l’Évangile et par celui qui l’a apporté, m’écriai-je, je ne parlerai à personne de ce que tu me confieras, si ce n’est sur ton ordre.

— Mon fils, m’interrompit-il, dès ton arrivée auprès de moi je t’ai demandé des informations sur ta patrie, j’ai voulu savoir si elle se trouve voisine des Musulmans, si vos compatriotes les combattent, ou s’ils vous combattent, en un mot je tenais à connaître tes sentiments au sujet de l’Islam. Sache donc, mon fils, que le Paraklète est l’un des noms du prophète des Musulmans, Mohammad, à qui a été révélé ce quatrième livre[12] dont parle Daniel, le prophète,[13] annonçant que ce livre lui serait révélé. Certes sa religion est la religion véritable et sa doctrine est cette doctrine bienfaisante dont parle l’évangile.

— S’il en est ainsi, Monseigneur, lui demandai-je, quel est ton avis sur la religion de ces chrétiens ?

— Mon enfant, me répondit-il, si les chrétiens étaient restés fidèles à la religion primitive de Jésus, ils posséderaient la religion de Dieu, car la religion de Jésus comme celle de tous les prophètes (que la bénédiction et le salut soient sur eux tous) est la religion de Dieu.

— Comment faire donc, Monseigneur, demandai-je ?

— Il me répondit : ô mon enfant, il faut embrasser l’Islâm.

— Mais les Musulmans, insistai-je, peuvent-ils sauver celui qui embrasse leur religion ?

— Oui, me disait-il, ils le sauvent dans ce monde-ci et dans l’autre.

— Cependant, Monseigneur, lui fis-je observer, l’homme intelligent choisit pour lui-même ce qu’il a reconnu être le meilleur, puisque donc tu proclames la supériorité de la religion de l’Islâm, qui t’empêche de l’embrasser ?

— Mon enfant, me répondit-il, Dieu m’a révélé la vérité de ce que je viens de te dire au sujet de la supériorité de la religion de l’Islâm et de la grandeur du prophète de l’Islâm, dans ces derniers temps. Maintenant je suis bien vieux et mon corps s’est affaibli. Je ne veux pas dire que cela m’excuse, au contraire Dieu aura raison contre moi. Ah ! si Dieu m’avait conduit vers cette voie alors que j’avais ton âge, j’aurais abandonné toute chose et j’aurais embrassé la vraie religion. Mais l’amour du monde est le principe de tout péché. Tu connais ma position chez les Chrétiens, mon rang élevé, la considération et le respect dont on m’entoure. Eh bien, dès que l’on s’apercevrait en quoi que ce soit, de ma tendance vers l’Islâm, tout le peuple me tuerait à l’instant même. Mais admettons que je réussisse à leur échapper et à me mettre en sûreté chez les Musulmans, voici ce qui se passerait : Je suis venu, en musulman, auprès de vous, leur dirais-je. En entrant dans la vraie religion, me répondraient-ils, tu t’es fait du bien à toi-même, mais à nous tu n’as rendu aucun service. Car par ton entrée dans la religion de l’Islâm tu as échappé au châtiment de Dieu. Après cela je resterais au milieu d’eux, vieillard de 70 ans, pauvre, ne sachant pas leur langue, et condamné à mourir de faim, tandis qu’ils ignoreraient ma position.

Eh bien, grâce à Dieu, je suis resté fidèle à la religion de Jésus et à ce qu’il a apporté, Dieu m’en est témoin.

— Ainsi donc, Monseigneur, lui dis-je, tu me donnes le conseil de me rendre au pays des Musulmans et d’embrasser leur religion ! — Oui, me répondit-il, si tu es bien avisé, cherchant le salut, hâte-toi de le faire, tu gagneras par là ce monde-ci et l’autre. Mais, mon enfant, que pour le moment personne ne soit instruit de cette affaire, cache-la avec la plus extrême sollicitude, car si elle s’ébruitait, si peu soit-il, on te tuerait à l’instant même et je ne pourrais rien pour toi. Il ne te servirait à rien d’en rejeter la cause sur moi, je le nierais, et tandis qu’on ajouterait foi à ce que je dirais contre toi, on ne croirait pas ce que tu dirais contre moi. Si donc tu prononces un mot de cette affaire je serai net de ton sang. — Que Dieu me préserve, m’écriai-je, d’en arriver là.

Ayant tout fait pour le tranquilliser, je fis mes préparatifs de voyage et je lui dis adieu. À ce moment il me combla encore de ses bénédictions, et me remit comme viatique cinquante dînârs d’or.

Je m’embarquai pour la ville de Majorque, ma patrie, où je m’arrêtai pendant six mois ; puis je me mis en route pour l’île de Sicile, où je restai cinq mois, attendant un navire faisant voile pour le pays des Musulmans. Un navire allant à Tunis étant arrivé, je m’y embarquai. Nous quittâmes la Sicile au moment du coucher du soleil et nous jetâmes l’ancre en rade de Tunis à midi.

Dès que je fus descendu au bureau de la douane, des Chrétiens notables ayant entendu parler de moi, m’amenèrent une monture et me prirent avec eux dans leurs maisons. Quelques négociants également habitant à Tunis, les accompagnèrent. Je passai quatre mois chez eux, jouissant de la plus large hospitalité.

Au bout de ce temps je m’informai auprès d’eux si à la cour du Sultan se trouvait quelqu’un parlant la langue des Chrétiens. (Or le Sultan à cette époque était notre Seigneur feu Abou’l-Abbâs Ahmad). Ils m’apprirent qu’il y avait à la cour un homme distingué, nommé le docteur Yoûsouf, un des principaux serviteurs du Sultan, dont il était le médecin. Cette nouvelle me causa une très grande joie. M’étant informé de la résidence de cet homme, je me rendis chez lui.

Quand je fus auprès de lui, je lui exposai ma situation et lui dis que le motif de mon arrivée était le désir d’embrasser la religion de l’Islam. Le médecin se réjouit extrêmement de cette nouvelle, surtout parce que cet heureux évènement devait avoir lieu par son intermédiaire. Puis il monta sa jument et se rendit avec moi au palais. Il y entra, informa le sultan de mon histoire et demanda une audience pour moi. Ce qui m’ayant été accordé, je me tins en présence du Sultan.

Il s’informa d’abord de mon âge ; je lui répondis que j’avais 35 ans. Puis il voulut savoir quelles sciences j’avais étudiées, ce que je lui appris. — Tu es venu, me dit-il, pour une bonne chose, deviens Musulman, avec la bénédiction du Dieu Très-Haut.

Je dis à l’interprète, le médecin susdit : Dis à notre Seigneur le Sultan, jamais personne n’abandonne sa religion, sans que ses coreligionnaires n’élèvent la voix contre lui et ne le calomnient ; je réclame donc de ta bienveillance de bien vouloir faire chercher les négociants Chrétiens et les autres notables qui se trouvent dans ta capitale et de les interroger à mon sujet, de cette façon tu entendras ce qu’ils disent sur mon compte ; après cela j’embrasserai l’Islâm.

Le sultan me répondit par l’intermédiaire de l’interprète : Tu me fais la même demande que ‘Abd Allah ben Salam[14] fit au prophète lorsqu’il embrassa l’Islâm. Sur cela il fit venir les notables chrétiens et quelques commerçants, et m’ayant fait entrer dans une chambre voisine de la salle d’audience, il leur dit : Que pensez-vous de ce prêtre nouvellement arrivé, par tel bateau ? — C’est, lui répondirent-ils, un grand savant dans notre religion, et même nos chefs prétendent qu’il ne se trouve pas dans le monde chrétien un homme ayant atteint le degré de science et de piété auquel il est parvenu.

— Que diriez-vous de lui, demanda le sultan, s’il devenait musulman ?

— À Dieu ne plaise, s’écrièrent-ils, jamais il ne fera cela.

Dès qu’il eut appris l’opinion des chrétiens, le sultan me fit chercher.

Alors, dans ce moment même et en présence des chrétiens, je prononçai la profession de foi[15]. Les Chrétiens se signèrent sur leur visage[16] et dirent : Le désir seul de se marier l’a poussé à cette action (car chez nous le prêtre ne se marie pas) et ils quittèrent le palais profondément affligés.

Le feu sultan m’accorda un traitement de quatre dînârs par jour, me désigna comme demeure son palais particulier et me fiança avec la fille de Hadji Mohammad Assaffar. Le jour de mon mariage, il me gratifia de cent dînârs d’or et d’un magnifique habillement. Peu de temps après, ma femme mit au monde un fils que j’appelais Mohammad pour lui obtenir les bénédictions attachées au nom de notre prophète Mohammad.



  1. Palma, capitale de l’île de Majorque, que notre auteur entend probablement, est actuellement encore une ville très importante et commerçante, de plus de 50.000 habitants, située dans une position des plus pittoresques.
  2. Le principal article d’exportation de Majorque est encore l’huile d’olive. Cf. Bover, Noticias histórico-topográficas de la isla de Mallorca.
  3. Une autre leçon donne les idiomes. Les Arabes appellent ‘Ilm al-loga, science du langage, cette partie de la grammaire que nous désignons, sous le nom de lexicographie et de syntaxe.
  4. Les mss. ne sont pas d’accord sur l’orthographe de ce nom. Les uns écrivent Alâzda, d’autres Lârda.
  5. Les mss. lisent Al-Katlân, Al-Katalân et Katlân.
  6. L’Université de Lérida, fondée en 1300, n’existe plus.
  7. Le Sègre.
  8. Un man. porte : les carottes.
  9. Les mss. disent : Nabonuiyya, Banouniyya, Manouniyya, Banounaka, Balouniyya, Alabzadiyya, Alandariyya, Alanbaudiyya.
  10. L’Université de Bologne, fondée vers 425 par Théodose le Jeune, comptait autrefois, en effet, plusieurs milliers d’étudiants. Actuellement il n’y en a plus que 500 à 600. Sa réputation scientifique était si bien établie qu’on frappait les monnaies de Bologne avec l’inscription : Bononia docet.
  11. Quelques manuscrits portent : Ahmad le Paraklète. Il est à remarquer que dans l’Évangile de Barnabas, de tous temps très-populaire en Afrique, le Paraklète porte aussi le nom de Ahmad, traduction de παράϰλυτος. Nous reviendrons sur ce détail.

    On lit dans le Korân, soura du rang (LXI, v. 6) : Jésus, fils de Marie a dit : ô enfants d’Israël ! Je suis envoyé auprès de vous pour confirmer ce qui a été révélé avant moi, à savoir la Loi (cf. Math. 5/7) et pour vous annoncer qu’il viendra après moi quelqu’un dont le nom est Ahmad. Et quand il (Jésus) est venu avec ses arguments, ils ont dit : c’est un sorcier manifeste.

  12. Les 3 autres livres sont la Thora ou Loi de Moïse, les Psaumes et l’Évangile.
  13. Cf. Daniel, XII, 4.
  14. Ibn Khallikan raconte ainsi cet épisode. Abd Allah ibn Salâm (ou Sâlim), schaikh d’une tribu juive, vint un jour trouver le prophète, pour lui dire que, vaincu par les arguments irrésistibles et la beauté du Korân, il désirerait embrasser l’Islâm. Pour bien prouver cependant que la conviction seule et non l’ambition le poussait à cet acte, il pria le prophète d’interroger les Juifs sur son compte. Tous furent unanimes à déclarer que Abd Allah ibn Sâlim était un de leurs schaikhs des plus considérés et des plus riches. Au même instant, Abd Allah rentra et en leur présence embrassa l’Islam. Il existe un ouvrage assez volumineux sous le titre « Mardj al Anâm », au sujet de ce qui s’est passé entre le prophète et Abd Allah ibn Salâm. Une copie de cet ouvrage se trouve dans la bibliothèque de la Grande Mosquée de Tunis. Je n’ai pu la voir.
  15. Il n’y a de Dieu que Allah, Mohammad est le prophète de Dieu.
  16. Quelques mss. lisent pleurèrent.