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Le Retour de Don Quichotte/Chapitre 17

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Bloud & Gay (p. 215-226).

CHAPITRE XVII

Le départ de Don Quichotte

Au milieu de tout ce tumulte, les deux gentilshommes qui avaient été désignés nominativement restaient assis, silencieux et raides comme des moines. Lord Seawood demeurait bouche bée ; il avait l’air d’une tête humaine qui eût été subitement arrachée de son corps et qui resterait suspendue au milieu des airs. Le juge plaisantait peut-être, mais est-ce ainsi qu’un juge peut plaisanter ? Et s’il ne plaisantait pas… alors, où étaient la terre, l’air et les cieux ? Lord Eden, lui, restait curieusement impassible et son sourire énigmatique s’était plutôt accentué, comme s’il avait deviné ce qui allait suivre. L’instant d’après, l’arbitre continua :

— Le principe est approuvé, dans la mesure où nous l’avons exposé. Le gouvernement d’un métier reste de droit aux maîtres artisans et aux professionnels. Mais l’ordre ancien reconnaissait aussi d’autres droits, et parmi ces droits, la propriété privée. L’artisan travaillait et le commerçant commerçait avec ses biens personnels. Dans le cas présent, nous devons admettre que si, en théorie, le droit d’administration devrait appartenir aux travailleurs, en fait les matériaux appartiennent toujours aux trois hommes que j’ai nommés.

— C’est mieux ! Un soupir de soulagement se fit entendre du côté des partisans d’Archer, et la tête du vieux Seawood commença à branler fébrilement comme celle d’un magot de la Chine. Mais la tête solide d’Eden demeura immobile, avec son sourire dur et sûr de soi.

— La morale et la jurisprudence médiévales affirmaient le principe de la propriété privée avec plus de soin et de modération que la plupart des systèmes modernes, jusqu’à ce qu’on arrive au système appelé Socialisme. Il était généralement admis qu’un homme pouvait être en possession de biens auxquels il n’avait pas droit, parce qu’il les avait acquis par des procédés condamnés par la morale chrétienne, l’usure par exemple. Il y avait aussi des lois contre l’accaparement, contre toute méthode de s’assurer la totalité d’une marchandise quelconque sur le marché. Cependant, en dehors de ces crimes, qui étaient souvent punis par le pilori et même par la potence, la possession personnelle de la richesse était considérée comme normale, et je ne vois aucun motif de douter que la fortune propre de ces trois personnes ne soit réellement ce qu’ils ont investi dans cette industrie. C’est même, je peux le remarquer, la plus grande partie de leur fortune. Deux d’entre eux possèdent de grandes propriétés foncières, mais elles sont devenues de moins en moins rémunératrices et sont hypothéquées en partie. La richesse qui fait d’eux des hommes opulents vient des opérations fructueuses de la Compagnie des couleurs et teintures de goudrons de houille, dont ils possèdent presque toutes les actions. Ces opérations sont si fructueuses que, sur toute l’étendue de ce pays, et pratiquement dans tout le monde industrialisé, les couleurs pour artistes, crayons, pastels, etc… viennent à peu près exclusivement des usines où ces sous-produits sont traités. Il ne reste donc qu’à demander par quelle forme d’entreprise commerciale on a pu acquérir une telle supériorité.

Un changement curieux se manifestait dans le public. La plupart des auditeurs, bercés par les phrases familières d’un compte-rendu commercial, s’étaient abandonnés à une douce somnolence approbative. Mais, pour la première fois, Lord Seawood était souriant et Lord Eden ne l’était plus.

— Il se trouve qu’un hasard, ou plutôt une aventure — une des plus honorables aventures des nouveaux compagnons de ce royaume — a révélé les faits d’un cas caractéristique. Il s’agit de l’histoire d’un maître artisan à l’ancienne mode, d’un maître qui sans doute possible composait ses couleurs de ses propres mains, d’après son goût et son jugement personnels, et qui produisait ainsi un certain article que les meilleurs altistes de son temps regardaient comme unique, et que les artistes d’aujourd’hui ont cherché vainement à remplacer. Cet article n’est pas vendu par la Compagnie des couleurs et teintures de goudrons de houille. Qu’est-il advenu de ce chef-d’œuvre ? Qu’est-il arrivé à ce maître ?

« Grâce aux informations portées devant moi par le vaillant gentleman que j’ai mentionné, je suis en état de dire ce qui lui est arrivé. L’homme a été réduit à la mendicité, il a été brisé par le désespoir au point d’être accusé de démence. Il est parfaitement clair que les moyens employés pour le chasser de sa boutique et lui ravir son gagne-pain furent les méthodes dont j’ai parlé : l’achat des matières premières avant qu’elles puissent l’atteindre, la réduction de ses subsides, l’abaissement de ses prix par un complot pour vendre au-dessous du cours, etc… J’ai dit déjà que du temps de nos pères, les hommes qui commettaient de pareils crimes pouvaient être pendus ou exposés au pilori. Les hommes qui ont fait ces choses de nos jours sont les trois actionnaires de cette Compagnie, les trois Maîtres de cette industrie. Puis il les nomma tous les trois de nouveau et tout au long, d’une voix rauque ; au nom de Lord Seawood sa voix sembla se briser. Il ne regardait aucun visage dans la foule.

— En conséquence, sur ce second point, la Cour d’arbitrage décide que la fortune privée investie dans cette affaire n’est pas légalement acquise, et ne peut pas invoquer le privilège de juste possession. En résumé, il est décrété : premièrement, que la profession sera régie par ses membres, complètement affranchis, soumise à tout droit de propriété légitime — et secondement, que le droit de propriété invoqué dans ce cas n’est pas légitime. Nous adjugerons à la Corporation…

Le vieux Seawood bondit comme galvanisé, et une sorte d’orgueil plus profond que toutes les vanités de sa jeunesse reparut en lui.

— Je m’étais imaginé, dit-il en bégayant avec emphase, que ce mouvement devait restaurer un vrai respect pour la noblesse. Je ne me doutais pas qu’aucune de ces réglementations d’atelier pût s’appliquer à la noblesse.

— Ah ! dit Herne comme à part soi, voilà ce que j’attendais !

Il semblait parler pour la première fois d’une voix humaine, et l’effet en était d’autant plus saisissant qu’il proférait à nouveau des mots étranges :

— Je ne suis pas un homme, dit-il, je ne suis qu’un porte-parole pour éclairer la Loi, la Loi qui ne connaît ni homme ni femme. Mais je vous le demande avant qu’il soit trop tard, ne faites pas appel au rang ni aux titres, ne réclamez pas votre droit comme nobles et pairs.

— Pourquoi pas ? cria l’exubérant Archer.

— Parce que sur ce point aussi, répondit Herne mortellement pâle, vous avez été assez insensés pour m’obliger à découvrir la vérité.

— Que diable signifie tout cela ? s’écria Archer au désespoir.

— Que je sois damné si je le sais, répliqua le solide M. Hanbury.

— Ah ! oui, j’avais oublié, dit l’arbitre d’une voix vibrante, vous n’êtes pas de vulgaires artisans, vous n’avez pas appris à faire des couleurs, vous n’avez pas trempé vos mains dans la teinture ; vous avez passé par des épreuves plus glorieuses, vous avez fait la veillée des armes et gagné vos éperons ; vos écussons et vos titres vous viennent de l’antiquité la plus reculée et vous n’avez pas oublié les noms que vous portez.

— Naturellement, nous n’avons pas oublié nos propres noms, dit Eden avec humeur.

— Quelque étrange que ce soit, reprit l’arbitre, c’est exactement ce que vous avez fait.

« Au cours d’études historiques sérieuses sur ces questions de blason et d’hérédité, vers lesquelles mon attention avait été attirée, j’ai découvert un état de choses singulier. Il semble que le préjugé populaire en cette matière se trompe du tout au tout. Je dirai brièvement que j’ai trouvé fort peu de gens possédant un arbre généalogique qui serait admis, au sens héraldique et féodal de l’aristocratie médiévale. Et ceux-là sont des personnes tout à fait pauvres et obscures, n’appartenant même pas à ce que nous appelons la classe moyenne. Par contre, dans chacun des trois comtés soumis à mon enquête, les hommes qui semblent avoir le moins de droit à une noble naissance sont les gentilshommes.

Il dit cela d’un ton impersonnel et sans vie, comme s’il faisait à des étudiants une conférence sur les Hittites. Il exagérait même ; les mots par lesquels il continua étaient presque trop morts et trop détachés.

— Leurs domaines ont généralement été acquis à une époque toute récente, et souvent par des méthodes d’une moralité douteuse, au mépris de toute chevalerie ; par de petits solicitors et spéculateurs employant diverses formes d’hypothèque, de forclusion, et autres chicanes. En s’emparant des domaines, ces personnes ingénieuses prenaient aussi possession non seulement des titres, mais des noms de familles plus anciennes. Le nom de la famille Eden n’est pas Eames, mais Evans. Le nom de la famille Seawood n’est pas Severne, mais Smith.

À ces mots, Murrel, qui surveillait avec anxiété le visage pâle et raidi de l’orateur, murmura soudainement une exclamation et comprit.

Tout autour de lui, c’était maintenant un tumulte déclaré ; tout le monde parlait à la fois. Dominant ce vacarme, on pouvait toujours entendre la voix rauque de l’arbitre :

— Les deux seuls hommes de ce district du comté qui puissent réclamer cette noblesse à laquelle appel a été fait sont : un homme qui conduit l’omnibus entre la ville de Milldyke et celle-ci, et un petit fruitier de la même ville. Personne ne peut s’intituler Armiger Generosus, en dehors de William Pond et de George Carter.

— Bon Dieu de bon Dieu ! Le vieux George ! s’écria Murrel, rejetant sa tête en arrière avec un grand éclat de rire. Le rire est contagieux, il rompit la gêne et recueillit tous les assistants dans son gouffre sonore, le vrai refuge des Anglais. Braintree lui-même, se rappelant soudain le sourire stupide du vieux George, à l’auberge du Dragon, ne put contenir sa gaîté.

Mais, suivant la petite remarque de Lord Seawood, le président de la Cour d’arbitrage manquait du sens de l’humour ; il n’avait jamais fait sa lecture des volumes du Punch.

— Je ne sais pas, dit-il, pourquoi la lignée de cet homme serait ridicule. Il n’a pas, autant que je sache, terni son blason. Il n’a pas conspiré avec des voleurs et des accapareurs pour ruiner d’honnêtes gens. Il n’a pas prêté d’argent à des taux usuraires et arrondi ses champs par la chicane ; il n’a pas servi les familles régnantes comme un chien ni dévoré des familles déchues comme un vautour. Mais vous — vous qui venez ici pour écraser les faces des pauvres avec vos titres pompeux de propriété et de noblesse, et votre grand moulinet final de Chevalerie — que dirai-je de vous ? Vous trônez dans la maison d’un autre, le blason d’un autre est sur votre écu, le cimier d’un autre est sur vos portails ; toute votre histoire est l’histoire d’hommes nouveaux dans de vieux vêtements, et vous venez ici vers moi pour plaider contre toute justice au nom de vos nobles ancêtres !

Le rire avait expiré, mais le bruit augmentait ; il n’y avait plus à se tromper sur sa nature, tous les cris épars s’étaient fondus en un seul, et c’était le tumulte de la foule quand elle se change en une meute hurlante. Archer, Hanbury, dix ou douze autres hommes étaient debout et criaient. Cependant, au-dessus de tous les bruits, la même voix continuait à planer inlassable, la voix du fanatique sur le siège du jugement.

— Que la troisième affaire soit donc inscrite au rôle pour le jugement et la réponse à la requête. Ces trois hommes ont réclamé la maîtrise d’une profession et l’obéissance de tous leurs ouvriers, et leur cause est jugée. Ils réclament la maîtrise, et ils ne sont pas maîtres ; ils réclament la propriété et ils ne sont pas propriétaires ; ils réclament la noblesse et ils ne sont pas nobles : leurs trois requêtes sont repoussées.

— Oh ! suffoqua Archer, est-ce qu’on va tolérer cela plus longtemps ?

Lord Eden s’était levé lentement, paresseusement, avec les mains dans ses poches.

— On a parlé, dit-il, de quelqu’un accusé de démence. Je suis fâché qu’une scène de cette sorte ait eu lieu ici ; mais ne serait-il pas temps que quelqu’un de compatissant intervînt ?

— Qu’on aille chercher un docteur ! cria Archer d’une voix glapissante.

— C’est vous-même qui l’avez nommé, Eden, dit Murrel, en le toisant.

— Tout le monde peut se tromper, fit Eden sèchement ; je ne nierai pas que ce lunatique n’ait fait rire à mes dépens. Mais c’est une scène pénible pour les dames.

— Oui, dit Braintree, les dames ont l’occasion d’admirer le grand finale de tous vos serments de loyauté.

— Si c’est la fin de votre loyalisme envers moi, dit l’arbitre avec calme, ce n’est pas la fin du mien envers vous, ni envers la Loi que j’ai juré d’exposer. Ce n’est rien pour moi de descendre de ce siège, mais c’est tout de dire la vérité pendant que je l’occupe. Et que vous haïssiez la vérité ou non, c’est moins que rien.

— Vous avez toujours été un cabotin ! cria Julian Archer avec colère.

Un sourire étrange passa sur le visage pâle du Juge.

— Là, dit-il, vous vous méprenez. Je n’ai pas toujours été un cabotin ; j’étais un personnage bien humble et stupide, jusqu’au jour où vous avez eu besoin de moi et fait de moi un cabotin. Mais j’ai trouvé que la pièce que vous jouiez était beaucoup plus réelle que la vie que vous meniez. Les vers que nous récitions par jeu sur cette pelouse étaient bien plus près de la vie que toute la vie que vous meniez alors.

Les mauvais rois trônent à l’aise sous leurs dais.
L’habitude guérit de la honte, mais quelle panique déchaînée
quelle sauvage et pâle terreur, si jamais un Roi était bon !
Quel ébranlement dans les cieux, quel prodige !
Les hommes supportent facilement un maître injuste,
nul homme ne veut endurer un maître juste.
Ses nobles se soulèvent, ses chevaliers le trahissent,
Et il s’en va, comme je m’en vais, seul !

Il descendit brusquement de l’estrade et parut plus grand de sa chute.

— Si je cesse d’être Roi ou Juge, cria-t-il, je serai toujours un Chevalier, quand ce serait, comme dans la pièce, un Chevalier Errant, Mais vous, vous serez tous des cabotins ! Vagabonds et fripons, où avez-vous volé vos éperons ?

Un spasme indéfinissable, une crispation humiliée traversa le visage noueux du vieil Eden, et il dit avec humeur :

— Je voudrais que cette scène finisse !

Elle ne pouvait avoir qu’une fin. Braintree rayonnait d’un sombre triomphe, mais les hommes qui l’entouraient comprenaient presque aussi mal la décision rendue en leur faveur que les hommes d’en face. Et ces derniers n’étaient plus depuis longtemps en humeur de les laisser intervenir. Toute cette chevaleresque compagnie répondit par des murmures ou par un sombre silence à l’appel de son ancien chef. Deux seulement bougèrent. Des derniers rangs de la foule, Olive Ashley s’avança lentement, avec une allure de princesse, et tout en jetant un regard radieux au chef des travailleurs, elle prit son poste à côté du siège du jugement. Elle n’osa pas regarder le visage blême et marmoréen de la femme qui était son amie. Un moment après, Douglas Murrel se leva avec une grimace bizarre, et vint en se dandinant se ranger de l’autre côté de l’arbitre. Ils semblaient une parodie étrange de la Dame et de l’Écuyer qui avaient tenu l’écu et l’épée à ses côtés, au jour de son couronnement.

Debout devant son siège, le juge fit un dernier geste rituel : il arracha la longue robe pourpre et noire qui était son vêtement de juge et, la laissant tomber, apparut dans le costume vert qu’il avait toujours porté depuis le dramatique lendemain de la pièce.

— Je m’en vais comme un vrai hors-la-loi, dit-il. Pareil aux hommes qui commettent des vols sur les grands chemins, je ferai le bien sur les grands chemins, et cela me sera compté comme un crime plus impardonnable encore.

Il leur tourna le dos, et son regard égaré parut errer çà et là autour du trône vide.

— Avez-vous perdu quelque chose ? demanda Murrel.

— J’ai tout perdu, répondit Herne.

Puis il vit ce qu’il cherchait ; il ramassa le grand épieu qui accompagnait son costume de forestier, et s’en alla à grands pas vers la grille du parc.

Murrel resta un moment à le regarder, et puis, mû par une impulsion nouvelle, courut après lui en l’appelant par son nom. L’homme en vert se retourna et le regarda avec un visage pâle et souffrant.

— Dites, fit Murrel, puis-je venir avec vous ?

— Pourquoi viendriez-vous avec moi ? demanda Herne sans impolitesse, mais comme s’il s’adressait à un étranger.

— Ne me connaissez-vous pas ? Ne savez-vous pas mon nom ? Au fait, vous ne savez peut-être pas mon vrai nom ?

— Que voulez-vous dire ?

— Mon nom, dit l’autre, est Sancho Pança.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Vingt minutes plus tard, sortait du domaine de Seawood un cortège bien fait pour montrer que le grotesque suit de près le fantastique. Car Douglas Murrel pour rien au monde n’aurait perdu sa faculté de jouir de l’absurde avec une parfaite gravité. Sitôt que Murrel eut obtenu le poste d’écuyer qu’il avait sollicité, il disparut derrière le hangar voisin et reparut, perché au sommet de son célèbre hansom-cab, conduisant son absurde cheval de fiacre. Du haut de son perchoir, avec la déférence d’un serviteur bien stylé, il eut l’air d’inviter son nouveau maître à monter dans le cab. Pour pousser plus loin encore le mélange du sublime et du ridicule, voici que le chevalier habillé de vert, solennel et grotesque, sauta à califourchon sur le cheval de fiacre et brandit son épieu. Ceux qui furent témoins de cette scène, avant qu’un rire général ne l’engloutît comme la nuit efface un paysage illuminé par un éclair, ceux-là, pendant un instant rapide, crurent voir ressusciter un mort. Les os du visage émacié, la fourche flamboyante de la barbe, les yeux creux et frénétiques faisaient jaillir les souvenirs : grand et raide au dessus de la selle de Rossinante, revêtu d’un équipement minable, il brandissait cette vaine lance qui depuis trois cents ans ne nous a rien appris qu’à rire de sa menace vaine. Derrière lui se dressait une ombre béante : le cab grotesque, pareil aux mâchoires d’un dragon moqueur qui le poursuivait à jamais, comme la caricature répand son ombre sur tout ce qui fait la dignité et la beauté de notre vie ; et, au-dessus de tout, l’esprit humain, léger et vain plutôt que malveillant, regardant de haut les plus nobles choses d’ici-bas.

Mais en vain cet appendice absurde, branlant et surplombant, demeurait accroché derrière lui comme un poids écrasant : à cette minute tout s’effaçait, tout disparaissait devant la force et la passion formidables du visage de Don Quichotte.