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Le Sonnet du front

La bibliothèque libre.
L’IdoleAlphonse Lemerre, éditeur (p. 12-13).




LE SONNET DU FRONT





Ainsi que la lueur d’une lampe d’opale
Veillant dans une alcôve ou devant un autel,
Ainſi, rayon d’amour ou ſoupir immortel,
Le feu de la penſée éclaire le front pâle.

Ta lucide beauté ne connaît point le hâle,
Ni les molles langueurs des roſes de paſtel :
Et l’impeccable orgueil de tes lignes eſt tel
Qu’il faurait démentir les tortures du râle.


A la fois tranſparence & reflet précieux,
Tu ſembles répéter la lumière des yeux
Dans ta blancheur d’hoſtie & ta rigueur de pierre.

Ton étroiteſſe eſt comme un abri délicat
(Car l’âme ne luit pas toute ſous la paupière)
Qui concentre & dérobe à peine ſon éclat.