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Le Tour de France

La bibliothèque libre.
La Chanson française du XVe au XXe siècle, Texte établi par Jean GillequinLa Renaissance du livre (p. 296-297).


LE TOUR DE FRANCE


   Compagnons du tour de France,
   Tout gaillards, tout réjouis,
   Nous allons, pleins d’espérance,
   Par de beaux et doux pays.
   La jeunesse triomphante
Met des ailes à nos talons ;
      Qu’il pleuve ou qu’il vente,
      Libres, nous allons !

   Par les blés, les vignes vertes,
   Par les prés vêtus de fleurs,
   En faisant des découvertes
   On s’en va toujours ailleurs.
   D’un vallon qui nous attire
Nous grimpons sur le haut des monts.
      Ah ! comme on respire
      L’air à pleins poumons !

   On n’est pas toujours en route,
   Et l’on rêve quelquefois ;
   Si l’on veut casser sa croûte,
   L’ombre est douce au coin d’un bois
   Ou, songeant au bord de l’onde
Qui murmure dans les roseaux
      L’âme vagabonde
      Suit le fil des eaux.

   Mais adieu le paysage !
   C’est la ville aux mille toits.
   Les métiers font leur tapage :
   On dérouillera ses doigts !
   On va voir les camarades
On leur donne un bon coup de main ;
      Puis, après rasades,
      Hop, sur le chemin !


   Dans les champs on va par groupes ;
   Tiens ! j’en vois flâner là-bas.
   Mais le soir, flairant la soupe,
   Tous allongent leur compas.
   Lestement fendons l’espace !
Mes garçons nous rirons après,
      En louant la grâce
      D’un joli vin frais !

Maurice Bouchor.


(Extrait des Chansons de marche. Hachette et Cie, Éditeurs. Paris.)