Aller au contenu

Le grand troche, sorite/02

La bibliothèque libre.
Éditions Elaia (p. 3-4).

Le Marchand des Quatre Raisons


Cercle Noir
Cercle Noir

* LÉTHÉ D’ÉTÉ


Le chèvre-feuille chevrote sans bruit
dans les braises méridiennes
les mouches vertes volent
comme des voleurs de velours
trois scabieuses scabreuses
se cabrent sans bouger
sous le poids des zygènes
— Un viol d’atmosphère s’accomplit
dans le silence de midi.

Le soleil outrage la lenteur des jours
dans les moindres recoins de l’ombre
il enfonce son sexe incandescent.

La forêt se tait pendant qu’il tue
& livre aux flammes
en son univers-crématoire
le cadavre horriblement mutilé
de la lenteur des jours.

Des chardons n’osent encore
lancer leurs graines d’infortune
qui dégorgent sur la tige
en un flot obscène —
l’adage des sauges est violet
Si l’anse du ciel est rose.

Silence.
Quelle science cireuse parle
du recueillement de l’univers ?
Ils ne savent pas quels pavés
pavent l’enfer.

L’immobile secret
des couleurs de l’espoir
crève la majesté de la Nature.
Six lances s’élancent
dans le cœur universel
& libèrent des vapeurs absentes
où l’on soupçonne
le silencieux cri
du crime-monde.