Le grand troche, sorite/06
Le grand troche, sorite (1925)
Éditions Elaia, (p. 8).
LETTRE ANONYME
À tous les coins de rue
pendant ma promenade matinale
une jeune fille inconnue m’arrête
pour me dire — bonjour comment allez-vous ?
Il est huit heures du matin d’été.
Un seul oiseau troue ce silence de ville exhumée.
Dans cet adorable paysage de fait-divers
de crime passionnel
de balles perdues dans les tentures
d’empreintes digitales un peu partout
seul un enfant nu-pieds affronte le guet-apens du jour
— Comment allez-vous
— Comment allez-vous
— Comment allez-vous
Acceptons les caresses des pensées trop entreprenantes.