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Le parfait secrétaire des grands hommes/Lettre 56

La bibliothèque libre.
Texte établi par Georges GirardLa cité des livres (p. 86).
VI


[À Newton.]


Ce 29 may [1659 ?].


Je vous ay dict, Monsieur et jeune amy, que Descartes nous avoit donné la clef des hautes sciences. Et en effet, c’est luy qui appliqua l’algèbre et la géométrie à la physique. Avec de telles connaissances, nous pouvons maintenant pénétrer dans les routes de l’infini, nous tenons le fil de ces connaissances sublimes qui estonnent ceux mesmes qui les trouvent. Par ce moyen, la marche de l’univers maintenant sera réglée et l’esprit de l’homme est agrandi. :

Descartes a plus fait en un instant que n’ont fait les siècles précédents. Il a découvert un nouveau monde. L’Europe est partagée entre l’étonnement et l’admiration. Sa vue profonde et sa sagacité l’ont déjà élevé au-dessus de tous les esprits de nostre siècle. Ils ne conçoivent pas même ce qu’il a imaginé. Il a fait ces grandes choses, et je le vois encore dans sa première jeunesse, au milieu des murs de l’école, toujours guidé par cette justesse d’esprit qui le caractérisoit. Il forma le projet d’applanir les difficultés qui croisent les opérations de l’esprit, ainsi que je vous le démontreray dans une autre lettre.

Je suis, Monsieur et jeune amy, vostre bien affectionné.

Pascal.