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Les Évangiles (Renan)/XX. Sectes de Syrie. — Elkasaï

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CHAPITRE XX.


SECTES DE SYRIE. ELKASAÏ.


Tandis que les Églises occidentales, subissant plus ou moins l’influence de l’esprit romain, marchaient rapidement vers une catholicité orthodoxe et aspiraient à se donner un gouvernement central, excluant les variétés de sectes, les Églises d’ébionim, en Syrie, s’émiettaient de plus en plus et s’égaraient en toute sorte d’aberrations. La secte n’est pas l’Église ; trop souvent, au contraire, la secte ronge l’Église et la dissout. Véritable Protée, le judéo-christianisme s’engageait tour à tour dans les directions les plus opposées. Malgré le privilège qu’avaient les communautés de Syrie de posséder les membres de la famille de Jésus et de se rattacher à une tradition bien plus immédiate que celle des Églises d’Asie, de Grèce et de Rome, il n’est pas douteux que, réduites à elles-mêmes, ces petites associations se seraient perdues dans le rêve au bout de deux ou trois cents ans. D’une part, l’usage exclusif du syriaque leur enlevait tout contact fécond avec les œuvres du génie grec ; de l’autre, une foule d’influences orientales, pleines de danger, agissaient sur elles et les menaçaient d’une prompte corruption. Leur manque de raison les livrait aux séductions de ces folies théosophiques, d’origine babylonienne, égyptienne, persane, qui, dans quarante ans environ, causeront au christianisme naissant cette grave maladie du gnosticisme qu’on ne saurait comparer qu’à un croup terrible auquel l’enfant n’échappa que par miracle.

L’atmosphère où vivaient ces Églises ébionites de Syrie au delà du Jourdain était des plus troubles. Les sectes juives abondaient en ces parages et suivaient une direction toute différente de celle des docteurs orthodoxes[1]. Depuis la ruine de Jérusalem, le judaïsme, privé de l’aiguillon prophétique, n’a plus eu que deux pôles d’activité religieuse, la casuistique, représentée par le Talmud, et les rêves mystiques de la Cabbale naissante. Lydda et Iabné étaient les centres d’élaboration du Talmud ; le pays au delà du Jourdain servait de berceau à la Cabbale. Les esséniens n’étaient pas morts[2] ; sous le nom d’esséens, d’ossènes, d’osséens[3], ils se distinguaient à peine des nazaréens ou ébionites, et continuaient leur ascétisme particulier, leurs abstinences, avec d’autant plus d’ardeur que la destruction du temple avait supprimé le ritualisme de la Thora. Les galiléens de Juda le Gaulonite existaient, ce semble, comme Église à part[4]. On ne sait guère ce qu’étaient les masbothéens[5], encore moins ce qu’étaient les génistes, les méristes[6] et quelques autres hérétiques obscurs[7].

Les samaritains se divisaient de leur côté en une foule de sectes, se rattachant plus ou moins à Simon de Gitton[8]. Cléobius, Ménandre, les gorothéens, les sébuéens, sont déjà des gnostiques ; le mysticisme cabbalistique coule chez eux à pleins bords. L’absence de toute autorité permettait encore les plus graves confusions. Les sectes samaritaines, qui pullulaient à côté de l’Église, entraient parfois jusque dans son enceinte, ou cherchaient à s’y introduire de force. On peut rapporter à ce temps le livre de la Grande Exposition attribué à Simon de Gitton[9]. Ménandre de Capharétée avait succédé à toutes les ambitions de Simon. Il s’imaginait, comme son maître, posséder la vertu suprême, cachée au reste des hommes. Entre Dieu et la création, il plaçait un monde d’anges innombrables, sur lesquels la magie a tout pouvoir. Cette magie, il prétendait en connaître les derniers secrets. Il paraît qu’il baptisait en son propre nom. Ce baptême conférait le droit à la résurrection et à l’immortalité. C’est à Antioche que Ménandre compta le plus de sectateurs. Ses disciples cherchaient, à ce qu’il semble, à usurper le nom de chrétiens ; mais les chrétiens les repoussaient hautement et leur donnaient le nom de ménandriens[10]. Il en était de même de certains sectaires simoniens nommés entychites, adorateurs d’éons, sur lesquels on fit peser les plus graves accusations[11].

Un autre samaritain, Dosithée ou Dosthaï, jouait le rôle d’une sorte de Christ, de fils de Dieu, et cherchait à se faire passer pour le grand prophète égal à Moïse dont on lisait la promesse dans le Deutéronome (xviii, 15), et qu’en ces temps de fièvre on croyait sans cesse voir venir[12]. L’essénisme, avec sa tendance à multiplier les anges, était au fond de toutes ces aberrations ; le Messie lui-même n’était plus qu’un ange comme un autre, et Jésus, dans les Églises placées sous cette influence, allait perdre son beau titre de fils de Dieu pour n’être plus qu’un grand ange, un éon de premier rang[13].

L’union intime qui existait entre les chrétiens et la masse d’Israël, le manque de direction qui caractérisait les Églises transjordaniques faisaient que chacune de ces sectes avait son contre-coup dans l’Église de Jésus. Nous ne comprenons pas bien ce que veut dire Hégésippe[14], quand il trace pour l’Église de Jérusalem une période d’absolue virginité, finissant vers les temps où nous sommes, et quand il attribue tout le mal des temps qui suivirent à un certain Thébuthis, qui, par dépit de n’avoir pas été nommé évêque, infecta l’Église d’erreurs empruntées aux sept sectes juives[15]. Ce qui est vrai, c’est que, dans ces cantons perdus de l’Orient, d’étranges alliances se produisaient. Quelquefois même la manie des mélanges incohérents ne s’arrêtait pas aux limites du judaïsme ; les religions de la haute Asie fournissaient plus d’un élément à la chaudière où les ingrédients les plus disparates fermentaient ensemble. Le baptisme est un culte originaire de la région du bas Euphrate ; or le baptisme était le trait le plus ordinaire chez les sectes juives qui cherchaient à s’affranchir du temple et des prêtres de Jérusalem. Jean le Baptiste avait encore des disciples[16]. Les esséens, les ébionites étaient presque tous adonnés aux ablutions. Après la destruction du temple, le baptisme reprit de nouvelles forces. Des sectaires se plongeaient dans l’eau chaque jour, à tout propos[17]. Nous avons entendu, vers l’an 80, des accents qui semblent venir de cette secte[18]. Sous Trajan, la vogue du baptême redouble. Cette faveur croissante fut due en grande partie à l’influence d’un certain Elkasaï, que l’on peut supposer avoir été en beaucoup de choses l’imitateur de Jean-Baptiste et de Jésus.

Cet Elkasaï paraît avoir été un esséen de la contrée située au delà du Jourdain[19]. Il avait peut-être résidé en Babylonie, d’où il feignait d’avoir rapporté le livre de sa révélation. Il éleva son drapeau prophétique en l’an 3 du règne de Trajan[20], prêchant la pénitence et un nouveau baptême, plus efficace que tous ceux qui avaient précédé, capable en un mot d’effacer les péchés les plus énormes. Il présentait comme manifeste de sa mission divine une apocalypse bizarre, écrite probablement en syriaque[21], et qu’il cherchait à entourer d’un mystère charlatanesque, en la présentant comme descendue du ciel à Sera, la capitale du pays fabuleux des Sères, par delà les Parthes[22]. Un ange gigantesque, de trente-deux lieues de haut, représentant le fils de Dieu, y jouait le rôle de révélateur ; à côté de lui, un ange femelle, de même taille, l’Esprit-Saint, paraissait comme une statue dans les nuées entre deux montagnes. Elkasaï, devenu dépositaire du livre, le transmit à un certain Sobiaï[23]. Quelques fragments de cet écrit bizarre nous sont connus[24]. Rien ne s’y élève au-dessus du ton d’un mystificateur vulgaire, qui veut faire fortune avec de prétendues formules d’expiation et de ridicules momeries. Formules magiques, composées de phrases syriaques lues à rebours[25], puériles prescriptions sur les jours fastes et néfastes, folle médecine d’exorcismes et de sortilèges, recettes contre les démons et les chiens, prédictions astrologiques, voilà l’Évangile d’Elkasaï. Comme tous les faiseurs d’apocalypses, il annonçait pour l’empire romain des catastrophes, dont il fixait la date à la sixième année de Trajan[26].

Elkasaï fut-il réellement chrétien ? On en douterait parfois[27]. Il parlait souvent du Messie, mais il équivoquait sur Jésus. On peut supposer que, marchant sur les traces de Simon de Gitton, Elkasaï connut le christianisme et le copia. Comme plus tard Mahomet, il adopta Jésus pour un personnage divin. Les ébionites furent les seuls chrétiens avec lesquels il eut des rapports ; car sa christologie est celle d’Ébion. À son exemple, il maintenait la Loi, la circoncision, le sabbat[28], repoussait les anciens prophètes, haïssait saint Paul[29], s’abstenait de chair, se tournait vers Jérusalem en priant[30]. Ses disciples paraissent s’être rapprochés du bouddhisme ; ils admettaient beaucoup de Christs, passant les uns dans les autres par une sorte de transmigration, ou plutôt un seul Christ, s’incarnant et paraissant au monde par intervalles. Jésus fut une de ces apparitions. Adam avait été la première[31]. Ces rêves font penser aux avatars de Vischnou et aux vies successives de Krichna.

On sent dans tout cela le syncrétisme grossier d’un sectaire, fort ressemblant à Mahomet, qui brouille et confond à froid, selon son caprice ou son intérêt, les données qu’il prend de droite et de gauche. L’influence la plus reconnaissable est celle du naturalisme persan et de la cabbale babylonienne. Les elkasaïtes adoraient l’eau comme source de vie et détestaient le feu. Leur baptême, administré « au nom du grand Dieu très-haut, et au nom de son fils, le grand roi », effaçait tous les péchés et guérissait toutes les maladies, quand on y joignait l’invocation des sept témoins mystiques, le ciel, l’eau, les esprits saints, les anges de la prière, l’huile, le sel, la terre[32]. Aux esséens Elkasaï empruntait les abstinences, l’horreur des sacrifices sanglants[33]. Le privilège d’annoncer l’avenir et de guérir les maladies par des procédés magiques était aussi une prétention des esséniens[34]. Mais la morale d’Elkasaï ressemblait aussi peu que possible à celle de ces bons cénobites. Il réprouvait la virginité et permettait, pour éviter la persécution, de simuler l’idolâtrie, même de renier de bouche la foi que l’on professait.

Ces doctrines furent adoptées plus ou moins par toutes les sectes ébionites[35]. On en trouve la vive empreinte dans les récits pseudo-clémentins, œuvre des ébionites de Rome[36], et de vagues reflets dans la lettre faussement attribuée à Jean[37]. Le livre d’Elkasaï cependant ne fut connu des Églises grecques et latines qu’au iiie siècle et n’y eut aucun succès[38]. Il fut, au contraire, adopté avec enthousiasme par les osséens, les nazaréens, les ébionites d’Orient[39]. Toute la région au delà du Jourdain, la Pérée, Moab, l’Iturée, le pays des Nabatéens, les bords de la mer Morte, vers l’Arnon, étaient remplis de ces sectaires. Plus tard, on les appela samséens, expression dont le sens est obscur[40]. Au ive siècle, le fanatisme de la secte était tel, que des gens se faisaient tuer pour la famille d’Elkasaï. Sa famille, en effet, existait encore et continuait son charlatanisme grossier. Deux femmes, Marthous et Marthana, qui prétendaient descendre de lui, étaient presque adorées ; la poussière de leurs pieds, leur crachat passaient pour des reliques[41]. En Arabie, les elkasaïtes, comme les ébionites et les judéo-chrétiens en général, vécurent jusqu’à l’islam et se confondirent avec lui[42]. La théorie de Mahomet sur Jésus s’écarte à peine de celle d’Elkasaï. L’idée de la kibla, ou direction pour la prière, vient peut-être des sectaires transjordaniques[43].

On ne peut assez insister sur ce point que, avant le grand schisme des Églises grecques et latines, également orthodoxes et catholiques, il y eut un autre schisme oriental, un schisme syrien, si l’on peut s’expliquer ainsi, qui mit hors du christianisme, ou pour mieux dire laissa sur ses confins tout un monde de sectes judéo-chrétiennes et ébionites, nullement catholiques (esséens, osséens, samséens, jesséens, elkasaïtes), au sein desquelles Mahomet apprit le christianisme et dont l’islam fut la revanche[44]. Une preuve, en quelque sorte vivante encore, de ce grand fait est le nom de nazaréens que les musulmans ont toujours donné aux chrétiens. Une autre preuve que le christianisme de Mahomet fut l’ébionisme ou le nazaréisme est ce docétisme obstiné qui a fait proclamer aux musulmans de tous les temps que Jésus n’a pas été crucifié en personne, qu’une ombre seule souffrit à sa place[45]. On croirait entendre Cérinthe ou quelqu’un de ces gnostiques si énergiquement combattus par Irénée[46].

Le nom syriaque de ces diverses sectes de baptistes était sabiin, équivalent exact de « baptiseurs ». C’est l’origine du nom des sabiens, qui sert encore aujourd’hui à désigner les mendaïtes[47], nazaréens[48] ou chrétiens de saint Jean, qui continuent leur pauvre existence dans le district marécageux de Wasith et de Howeyza, non loin du confluent du Tigre et de l’Euphrate[49]. Au viie siècle, Mahomet les traite avec une considération particulière[50]. Au xe siècle, les polygraphes arabes les appellent el-mogtasila, « ceux qui se baignent[51] ». Les premiers Européens qui les connurent les prirent pour des disciples de Jean-Baptiste qui auraient quitté les rives du Jourdain avant d’avoir reçu la prédication de Jésus[52]. On ne peut guère douter de l’identité de ces sectaires avec les elkasaïtes, quand on les voit appeler leur fondateur El-hasih[53], et surtout quand on étudie leurs doctrines, qui sont une sorte de gnosticisme judéo-babylonien, analogue par plusieurs côtés à celui d’Elkasaï. L’usage des ablutions[54], le goût pour l’astrologie[55], l’habitude d’attribuer des livres à Adam, comme au premier des révélateurs[56], les rôles prêtés aux anges, une sorte de naturalisme et de croyance à la vertu magique des éléments[57], l’horreur du célibat[58] sont autant de traits communs aux sectaires de Bassora et aux elkasaïtes.

Comme Elkasaï, les mendaïtes tiennent l’eau pour le principe de vie, le feu pour un principe de ténèbres et de destruction[59]. Quoiqu’ils demeurent loin du Jourdain, ce fleuve est toujours pour eux par excellence le fleuve baptismal[60]. Leur antipathie pour Jérusalem et le judaïsme[61], la malveillance qu’ils témoignent envers Jésus et le christianisme[62] n’empêchent pas que leur organisation d’évêques, de prêtres, de fidèles ne rappelle tout à fait l’organisation chrétienne[63], que leur liturgie ne soit calquée sur celle d’une Église et n’aboutisse à de vrais sacrements[64]. Leurs livres ne paraissent pas anciens[65] ; mais ils semblent en avoir remplacé d’antérieurs. De ce nombre fut peut-être l’Apocalypse ou Pénitence d’Adam, livre singulier sur les liturgies célestes de chaque heure du jour et de la nuit et sur les actes sacramentels qui s’y rattachent[66].

Le mendaïsme n’a-t-il qu’une seule source, l’esséisme et le baptisme juif ? Non, certes ; à beaucoup d’égards, on peut y voir une branche de la religion babylonienne, qui aurait contracté un mariage intime avec une secte judéo-chrétienne, déjà empreinte elle-même des idées de Babylone. Le syncrétisme effréné qui a toujours été la loi des sectes orientales rend impossible l’exacte analyse de pareilles monstruosités. Les rapports ultérieurs des sabiens avec le manichéisme[67] restent fort obscurs. Tout ce qu’on peut dire, c’est que l’elkasaïsme dure encore de nos jours et représente seul, dans les marais de Bassora, les sectes judéo-chrétiennes qui fleurirent autrefois au delà du Jourdain.

La famille de Jésus, qui existait encore en Syrie, fut sans doute opposée à ces malsaines chimères. Vers le temps où nous sommes, les derniers neveux du grand fondateur galiléen s’éteignent, entourés du plus profond respect par les communautés transjordaniques, mais presque oubliés des autres Églises. Depuis leur comparution devant Domitien, les fils de Jude, revenus en Batanée, étaient tenus pour des martyrs. On les mit à la tête des Églises, et ils jouirent d’une autorité prépondérante jusqu’à leur mort sous Trajan[68]. Les fils de Clopas, pendant ce temps, semblent avoir continué de porter le titre de présidents de l’Église de Jérusalem. À Siméon, fils de Clopas, avait succédé son neveu Juda, fils de Jacques[69], auquel paraît avoir succédé un autre Siméon, arrière-petit-fils de Clopas[70].

Un événement politique important se passa, l’an 105, en Syrie, et eut pour l’avenir du christianisme de graves conséquences. Le royaume nabatéen, resté jusque-là indépendant, qui contournait la Palestine à l’est, et comprenait les villes de Petra, de Bostra, et de fait, sinon de droit, la ville de Damas[71], fut détruit par Cornélius Palma[72], et devint la province romaine d’Arabie. Vers le même temps, les petites royautés, feudataires de l’empire, qui s’étaient jusque-là maintenues en Syrie, les Hérodes, les Soèmes d’Émèse, les petits souverains de Chalcis, d’Abila, les Séleucides de la Comagène, avaient disparu. La domination romaine prit alors en Orient une régularité qu’elle n’avait pas eue encore. Au delà de ses frontières, il n’y eut plus que le désert inaccessible. Le monde transjordanique, qui jusque-là n’entrait dans l’empire que par ses parties les plus occidentales, y fut englobé tout entier. Palmyre, qui n’avait encore donné à Rome que des auxiliaires, entra tout à fait dans la domination romaine. Le champ entier du travail chrétien est désormais soumis à Rome, et va jouir du repos absolu que donne la fin des préoccupations de patriotisme local. Tout l’Orient adopta les mœurs romaines ; des villes, jusque-là orientales, se rebâtirent selon les règles de l’art du temps. Les prophéties des apocalypses juives se trouvaient mises en défaut. L’empire était au comble de sa puissance ; un même gouvernement s’étendait d’York à Assouan, de Gibraltar aux Carpathes et au désert de Syrie. Les folies de Caligula et de Néron, les méchancetés de Tibère et de Domitien étaient oubliées. Dans cet immense espace, il ne s’élevait qu’une protestation nationale, celle des Juifs ; tout pliait sans murmure devant la plus grande force qu’on eût vue jusque-là.

  1. Récognitions, I, 54 ; Hégésippe, dans Eus., H. E., IV, 22 ; saint Justin, Dial., 80 ; Constit. apost., VI, 6 ; saint Épiphane, hær. xiv et suiv.
  2. Pline, Hist. nat., V, 73. Josèphe, après la guerre, parle des esséniens comme encore existants.
  3. Hégésippe, dans Eus., IV, xxii, 6 ; Constit. apost., VI, 6 ; Philosoph., IX, 18, 27 ; Épiph., hær. xix, xxx, liii, et Resp. ad Acac. et Paul., sub fin. Je suppose que, dans Justin, Dial., 80, au lieu de ΕΛΛΗΝΙΑΝΩΝ, il faut lire ΕΣΣΗΝΙΑΝΩΝ ou ΕΣΣΗΝΩΝ. Cf. Sacy, Chrest. arabe, I, p. 345-347.
  4. Hégésippe, dans Eus., H. E., VI, xxii, 6 ; saint Justin, Dial. cum Tryph., 80 ; Indiculus de hæresibus, attribué à saint Jérôme, dans Œhler, Corp. hæres., I, p. 283.
  5. Hégésippe, dans Eus., H. E., IV, xxii, 5, 6 ; Constit. apost., VI, 6 ; l’Indiculus et Isidore, dans Œhler, I, p. 283, 303.
  6. Saint Justin, Dial., 80 ; Indiculus, Œhler, I, p. 283. Je suppose que le mot (μερισταί répond à mînîm, οἱ ἀπὸ μέρους, en opposition avec les vrais juifs, οἱ ἀπὸ γένους (γενισταί). Voir cependant Isidore de Sév., Etym., VIII, iv, 8.
  7. Saint Justin, l. c. ; Théodoret, Hæret. fab., I, 1 ; Indiculus, l. c. ; saint Isidore, Orig., VIII, 4.
  8. Les Apôtres, p. 273 et suiv. ; Hégésippe, dans Eus., IV, xxii, 5 ; Théodoret, l. c. ; Récognitions, II ; Constit. apost., VI, 8 ; Épiph., hær. x-xiii, xxii, li, 6, et Resp. ad Acac. et Paul, sub fin. Cf. Livre de Josué, édit. Juynboll, p. 110 et suiv. ; Chronique d’Aboulfath, édit. Vilmar, texte arabe, p. 82-83, 151-164, prol., p. lix-lx, lxxi-lxxiii, lxxx-lxxxiv ; Schahristani, texte arabe, Cureton, p. 170, trad. Haarbrücker, I, p. 258 (en tenant compte de Vilmar, p. lxxii, note, et de la correction d’Ewald, Gesch. des V. I., VII, p. 124, note) ; Chwolsohn, Die Ssabier, I, p. 96-99.
  9. Les Apôtres, p. 267 et suiv.
  10. Justin, Irénée, etc. Voir les Apôtres, p. 273, note 2. Joignez-y Eus., H. E., III, 26.
  11. Théodoret, I, 1, et V, 9 ; Clém. d’Alex., Strom., VII, 17 ; Cotelier, Eccl. gr. mon., III, p. 640, 641. Il est douteux que le passage de Pamphile, Apol. pro Orig. (trad. Rufin), ch. 12, Delarue, IV, append., p. 22, se rapporte à eux.
  12. Homél. pseudo-clém., ii, 24 ; Hégésippe, dans Eus., IV, xxii, 5 ; Constit. apost., VI, 8 ; Origène, Contre Celse, I, 57 ; VI, 11 ; De principiis, IV, 17 ; In Matth. comment. series, 33, Opp., III, p. 851 ; In Joh., tom. xiii, 27 ; Macarius Magnès, III, 41, p. 151 ; cf. p. 184 ; Pseudo-Tertul., Adv. omn. hær., 1 (Œhler, t. II, p. 752 et suiv.) ; Théodoret, Hær. fab., I, 1 ; Épiph., hær. x, xii, xiii, xiv ; Philastre, c. 4 ; saint Jér., Dial. adv. lucif., I, p. 304, IV, 2e part. Mart. ; Epit. Paulæ, p. 676, ibid. ; Euloge d’Alex., dans Photius, cod. ccxxx, p. 285, 1re col., Bekker ; Liber Josué, Juynboll, loc. cit. ; Chron. samarit. d’Aboulfath, dans Sacy, Chrest. arabe, I, p. 333 et suiv. ; édit. Vilmar, l. c. ; Schahristani, édit. Cureton, I, p. 170, trad. Haarbrücker, I, p. 258.
  13. Coloss., ii, 18.
  14. Dans Eusèbe, H. E., IV, 22. Cf. III, xxxii, 7, 8.
  15. Saint Justin (Dial., 80), saint Épiphane (Adv. hær., xiv, 1), Makrizi (Sacy, Chrest. arabe, I, 305 et suiv., 345-346), Aboulfaradj (Dyn., p. 116, texte arabe), comptent aussi sept sectes juives. Cf. Auctarium novum de Combefis, t. II (ou Hist. Monoth.). p. 300, et Cotelier, notes sur Const. apost., VI, 6. Les Récognitions n’en connaissent que cinq. Pseudo-Jérôme en compte dix.
  16. Récognit., I, 54, 60 ; Homél. pseudo-clém., ii, 23.
  17. Récognit., I, 54, 60 ; Homel. pseudo-clém., ii, 23 ; Hégésippe, dans Eus., H. E., IV, xxii, 6 ; saint Justin, Dial., 80 ; Constit. apost., VI, 6 ; Épiphane, hær. xvii, xxx, 16 ; Rép. à Acace et Paul, sub fin. ; Sacy, Chrest. arabe, I, p. 306, 346.
  18. Voir ci-dessus, p. 167.
  19. Origène, In Ps. lxxxii (dans Eus., H. E., VI, 38) ; Philosophumena, IX, 4, 13-17 ; X, 29 ; Épiphane, hær. xix entier ; xxx, 3, 17 ; liii entier ; anacephalæosis, t. i, lib. II, no 7 ; t. ii. lib. I, no 10 ; epitome (Opp., édit. Dindorf, I, 352 et suiv.) ; Théodoret, Hær. fab., II, 7 ; Pseudo-Aug., De hær., 10, 32.
  20. Philos., IX, 13. Un autre passage (ibid., § 16) nous reporterait aux derniers temps de Trajan, si on lisait comme Rœper et Duncker ; mais ce passage est obscur et altéré. Je lis avec Hilgenfeld : ἀφότε ὑπάτευσεν ἕκτου.
  21. On le conclut du genre attribué à rouah (voy. ci-dessus, p. 103, note 4) et des formules syriaques en usage dans la secte (v. p. 456).
  22. Philos., IX, 13. Sur cette ville de Séra, voir Ammien Marcellin, XXIII, 6 (p. 381, Paris, 1681) ; Ptolémée, I, xi, 1, 4 ; xvii, 5 ; VI, xiii, 1 ; xvi, 8; VIII, xxiv, 8.
  23. On se demande s’il n’y a pas ici quelque bévue de la part des hérésiologues qui nous ont transmis les renseignements sur Elkasaï. Σοϐιαΐ est peut-être le nom même des Sabiens, الصابئة. On a aussi soupçonné dans Ἠλχασαΐ quelque étymologie symbolique, אל כסי ou חיל כסי, « le dieu caché » ou « la forme cachée » (Épiph., hær. xix, 2) ; mais il se peut que Ἠλχασαΐ soit un simple ethnique d’Elkési, village au delà du Jourdain, c’est-à-dire du pays des esséens et des ébionites. Voir Gesen., Thes., p. 1211. En tout cas, Elkasaï a été un homme réel. Simon de Gitton fut appelé aussi Ἡ δύναμις τοῦ θεοῦ μεγάλη, ce qui n’empêche pas qu’il ne doive être tenu pour un personnage historique.
  24. M. Hilgenfeld les a recueillis. Novum Testamentum extra canonem receptum, fascic. III.
  25. Épiph., xix, 4, formule expliquée par M. Stern et par M. Lévy de Breslau. Cf. Zeitschrift der d. m. G., 1858, p. 712.
  26. Philos., IX, 16. Voir ci-dessus, p. 455.
  27. Épiph., hær. xix, 3 ; xxx, 3, 17 ; liii, 1.
  28. Philos., IX, 14 ; Épiph., xxx, 1.
  29. Origène, dans Eus., H. E., VI, 38 ; Théodoret, l. c.
  30. Épiph., hær. xix, 3. Cf. Irénée, I, xxvi, 2.
  31. Épiph., hær. xxx, 3 ; liii, 1 ; Philos., IX, 14 ; X, 29 ; Théodoret, l. c. C’est la doctrine pseudo-clémentine des Récognitions et des Homélies.
  32. Philos., IX, 15 ; Épiph., xix, 1. Comp. I Joh., v, 6-8 ; Homélies pseudo-clém., Contest. Jacobi, en tête, c. 1 et 2 ; Apocal. d’Adam, Journal asiat., nov.-déc. 1853, p. 427 et suiv.
  33. Épiph., xix, 3 ; liii, 1.
  34. Jos., B. J., II, xiii, 12. Cf. Homélies pseudo-clém., ix, 22 et suiv. ; xi, 26 ; xiii, 14 ; xvi, 18 et suiv. De là le nom d’esséens (אסיא, « médecins » ).
  35. Épiph., hær. xxx, 2, 17.
  36. Contestatio Jacobi précitée. Voir le VIe volume.
  37. I Joh., v, 6-8.
  38. Origène le premier en entendit parler. In Ps. LXXXII (dans Eus., H. E., VI, 38) ; Philos., IX, 13. Eusèbe ne connaît les elkasaïtes que par le passage d’Origène (H. E., VI, 38), et croit l’hérésie née au iiie siècle, parce que c’est alors qu’elle parut et échoua dans les Églises non-ébionites des pays grecs et latins.
  39. Épiph., hær. xix, 1, 2, 5 ; xxx, 2 ; liii, 1.
  40. Selon l’explication la plus probable, ce serait un équivalent de θεραπευτής.
  41. Saint Épiphane, hær. xix, 2 ; liii, 1 ; anacephalæosis, tomus i lib. II, no 7 ; epitome, Dindorf, p. 352. Jean Damascène copie l’anacephalæosis, même ἔτι καὶ δεῦρο. Il se peut qu’Épiphane se trompe en plaçant ces femmes au ive siècle. Celse, en effet (Orig., Adv. Cels., l. V, 62, Opp., I, p. 626), parle de deux femmes sectaires, Marthe et Mariamne, qui peuvent bien être Μαρθοῦς et Μαρθάνα. Sur la forme Μαρθοῦς, voir Miss. de Phén., p. 384.
  42. On attribue à Elkasaï ou Elxaï un prétendu frère Iéxaï, d’où peut venir le nom de Ἰεσσαῖοι, porté par les esséens. Epiph., hær. xxix 1, 4, 5, 7. Rien de plus confus que les données d’Épiphane sur ces Jesséens. Tantôt il les rattache à Jessé, tantôt au nom de Jésus, tantôt aux esséens. Cf. saint Nil, Monast. exerc., c. iii.
  43. Voir ci-dessus, p. 52-33. Dans l’idée des Arabes, ce qui constitue une religion, c’est une kibla et un kitâb, une direction pour prier et un livre. L’expression בית המקדש = معبد القدس, pour désigner Jérusalem, peut se rattacher aux mêmes sectes : Hierosolymam adorant quasi domus sit Dei (Irénée, I, xxvi, 2). Comp. Modjir eddîn, Hist. de Jér., p. 227 (édit. du Caire).
  44. Masoudi, Prairies d’or, I, p. 130. Cf. Sprenger, Das Leben und die Lehre des Mohammad, I, 18-43, 93-101, 403 ; II, p. 384 et suiv. ; G. Rœsch, dans Theol. Studien und Kritiken, 1876, 3e fascic., p. 409 et suiv. (Gotha).
  45. Voir ci-dessus, p. 421-422.
  46. Irénée, I, xxiv, 4 ; Épiph., xxiv, 3 ; Pseudo-Tertullien, Contre toutes les hérésies, c. 1 (Œhler) ; Théodoret, Hær. fab., I, 4.
  47. Eux-mêmes se donnent ce nom. Livre d’Adam, lre part., ch. xiii, xvii, xx, xxx, xxxi, xxxv, xxxvi, xxxvii, xxxviii, xlii, clausule, 2e part., ch. i, ii, v.
  48. Cf. Norberg, Cod. Naz., II, 235, 237.
  49. Voir Vie de Jésus, p. 102 et suiv. Le culte des astres ayant une grande place dans la religion des sabiens des marais, les Arabes firent sabisme synonyme d’astrolâtrie. Moïse Maimonide adopta cette idée, et c’est par lui que se sont répandues en Europe tant de notions confuses sur un prétendu sabéisme, considéré comme le culte primitif de l’humanité.
  50. Coran, ii, 59 ; v, 73 ; xxii, 17.
  51. Mohammed ibn Ishak en-Nédim, Kitâb el-Fihrist (écrit en 987), p. 340, édit. Fluegel. Cf. Chwolsohn, Die Ssabier, I, 109 et suiv., 136 et suiv., 805-807 ; II, 543 et suiv., 760 ; Fluegel, Mani, p. 133 et suiv. ; Journal asiatique, nov.-déc. 1853, p. 436-437, et août-sept. 1855, p. 292-294 ; Hist. des lang. sémit., III, ii, 2.
  52. Lire le chapitre xii de la première partie du Livre d’Adam.
  53. Kitâb el-Fihrist, l. c. Il est vrai que l’incertitude de l’écriture arabe, quand il s’agit de noms étrangers, répand des doutes sur ce mot.
  54. Voir le Qolasta, hymnes et discours sur le baptême, publié par M. Euting (Stuttgard, 1867).
  55. Chwolsohn, Die Ssabier, I, p. 115.
  56. Voir ci-dessus, p. 458.
  57. Voir, outre le Livre d’Adam (éditions de Norberg et de Petermann), le Divan des mendaïtes, dont le manuscrit est à la Propagande, à Rome. Migne, Dict. des apocr., I, col. 283 et suiv.
  58. Livre d’Adam, 1re part., ch. xvii.
  59. Livre d’Adam, 1re part., ch. xiii.
  60. Livre d’Adam, 1re part., ch. i, iv, vi, viii, ix, xii, xiii, xvii, xxix, xxx, xxxi, xxxii, lxii.
  61. Livre d’Adam, ch. xvii, xxxi, xli. lxii.
  62. Livre d’Adam, 1re part., ch. i, ii, xii, xvii.
  63. Livre d’Adam, 1re part., ch. xvii, xxix, lxii ; Mss. sabiens de la Bibl. nat., no 16.
  64. Mss. sabiens de la Bibl. nat., nos 12-15. Mention du Verbe, Livre d’Adam, 1re part., ch. xxxi.
  65. Livre d’Adam, 1re part., ch. ii et xxxi (mention de Mahomet, lxii (liste des Sassanides et invasion musulmane), les clausules et notes finales. Cf. 2e part., ch. i.
  66. Journal asiat., nov.-déc, 1853, p. 427 et suiv. Comp. le manuscrit sabien no 15 de la Bibl. nat.
  67. Fluegel, Mani, p. 83 et suiv., 132 et suiv., 305.
  68. Hégésippe, dans Eus., H. E., III, xx, 8 ; xxxii, 6.
  69. Constit. apost., VII, 46 ; note de Cotelier sur ce passage. Voir l’appendice, à la fin de ce volume, p. 545-347.
  70. Le Syncelle (Paris, p. 345, 347 ; comp. Eusèbe, Chron., d’après Scaliger, 2e édit., p. 80) et saint Épiphane (hær. lxvi, 20), d’accord avec les Constitutions apostoliques, donnent un Juda pour successeur à Siméon. Ailleurs (Eus., Chron., l. II, ad ann. Traj. 10 et 12 ; Hist. eccl., III, 35 ; cf. Nicéph., Chronogr., p. 409, Paris), ce successeur est appelé Justus. Les critiques sont d’accord sur ce point qu’un Siméon, fils de Clopas, mourut martyr vers la fin du règne de Trajan. Mais Siméon, cousin germain de Jésus, a de la sorte une vie et un épiscopat beaucoup trop longs. On concilie tout en supposant trois fils de Clopas, évêques de Jérusalem, après Jacques : 1o Siméon, fils de Clopas et cousin germain de Jésus ; 2o Juda, fils de Jacques, petit-fils de Clopas et petit-cousin de Jésus ; 3o un second Siméon, fils ou petit-fils de Jacques, de José ou de Siméon I, par conséquent petit-fils ou arrière-petit-fils de Clopas, petit-cousin ou arrière-petit-cousin de Jésus. C’est celui-ci qui aurait été martyrisé sous Trajan. La série des chefs de l’Église de Jérusalem serait ainsi : Jacques, frère du Seigneur ; Siméon, fils de Clopas ; Juda, fils de Jacques ; Siméon II, petit-fils ou arrière-petit-fils de Clopas ; Justus. Voir le Syncelle (l. c.) ; Tillemont, Mém., II, p. 186 et suiv.
  71. Voir les Apôtres, p. 174-175 ; Eckhel, III, p. 330.
  72. Dion Cassius, LXVIII, 14 ; Ammien Marcellin, XIV, 8 ; Chron. pasc., I, p. 472 (Bonn) ; Eutrope, VIII, 2 ; Borghesi, Annal. dell’Inst. arch., 1846, p. 342 et suiv. ; Eckhel, III, p. 500 et suiv. ; VI, p. 420 ; Mionnet, V, p. 579 et suiv. ; Cohen, II, Traj., nos 15, 309.