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Les Œuvres de Mesdames Des Roches/Madeleine des Roches/Ode 2

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Ode. 2.



AINSI que la lumiere
Dompte l’obſcurité,
La ſcience eſt premiere
Mais tout eſt vanité.

Ce qui fut vray-ſemblable
Selon l’antiquité,
Se contera pour fable
À la poſterité.

Noſtre principe eſt ſonge,
Noſtre naiſtre mal-heur,
Noſtre vie menſonge,
Et noſtre fin douleur.


Qui dreſſe l’édifice,
Qui le rend plus tortu,
Qui embraſſe le vice,
Qui ayme la vertu.

Qui chemine en tenebre,
Qui ayme la clarté,
Qui ioint ſon iour funebre,
À ſa nativité.

Toute choſe a ſon terme,
Et ne le peut paſſer,
L’inconſtance eſt plus ferme
Qu’on ne ſçauroit penſer.

La ſeure ſapience,
Suit la grand’-vnion,
Et l’humaine ſcience
N’eſt rien qu’opinion.

Les fleuues par leurs courſes,
De grans ſe font petis,
Puis reprennent leurs ſources
Dans le sein de Tethys,

Le ciel, la terre & l’onde,
Tout a mutation,
Qui cauſe au petit monde
Diuerſe paſſion,


Qui du Pole Antartique
Connoiſt le changement,
Ou la fable Atlantique
Deduite hautement.

Pour n’auoir de Caſſandre
Creu les diuins ſecrets,
Troye fut miſe en cendre
Par l’outrage des Grecs.

De l’ouurage ſuperbe
Par Eufrate laué,
Le Prince paiſſoit l’herbe
Contre Dieu eſleué.

Cyrus montre ſa force
Sur les Aſſyriens,
Crœſus en vain ſ’efforce
Sauuer les Lydiens.

L’armee eſt ia ſortie
De la hautaine tour,
La Royne de Scythie
Luy faict ſemblable tour.

Perſe & Grece on veit prendre
Au Prince renommé,
Au Monarque Alexandre
Qui naquit tout armé.


Antioche domine
Au mal exercité,
La ſeconde ruine
De la ſaincte Cité.

Laconie eſt heureuſe
De Pollux & Caſtor,
Et Rome glorieuſe
Des fils de Numitor.

La Romaine ſageſſe
Chaſſa la Royauté,
Et rendit à la Grece
La douce liberté.

Commandant ſur la terre,
Ce fort peuple de Mars,
Vne ciuile guerre
L’aſſaut de toutes pars.

O humaine entrepriſe
Des Aigles triomphans !
On voit que Rome eſt priſe
Par ſes propres enfans.

Pleins de telle demence
Que le Sicilien,
Ou le cruel Mezence
Du peuple Cerien.


On a veu l’Auſonie
Pleine de Thieſtes,
Et l’Europe fournie
De nouueaux Oreſtes.

La fin d’vn tel orage
Demontre le ſerain,
Mais c’eſt le ſeul ouurage
Du grand Dieu ſouuerain.