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Les Œuvres de Mesdames Des Roches/Madeleine des Roches/Ode 8

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Ode 8.


LHonneur proüeſſe, & la vertu,
Sur le ſommet deux fois pointu,
Reſumoyent les loix de la Parque
Deſſus le ſiege de Poetiers
Où tant de braues Cheualiers
Chargerent la fatale barque.


Themis roüant ſon œil ardant,
Par l’Orient & l’Occident,
De l’Eſſedon au Garamente :
Tirant ſa formidable voix
Poetiers, dit elle à ceſte fois,
Eſcoute les vers que ie chante.

Or que Typhon faict denicher,
De ce miſerable Rocher
Ces monſtres viuans de rapine :
Le ieune Hercule Guiſien
Sur le bord Acherontien
Les ſacrifie à Proſerpine.

Voy-tu quel nombre d’ennemis
Au ſommeil d’ærain endormis
Par ce valeureux chef de guerre,
Pluſieurs ſont ia des floz couuers,
Les autres giſent à l’enuers,
Deſſus la face de la terre.

Ils ne ſeront de l’eternel
Receuz au cloiſtre ſupernel,
Et meſme leur triſte auanture,
Ne peut permettre que leurs os
Iouyſſent d’vn commun repos
D’vne honorable ſepulture.

Comme ils penſoyent tenir le pont,
On veit de ce Cocles ſecond

La hardieſſe ſeure & pronte,
Qui le rompit deuant leurs yeux,
Et de leurs aſſauts furieux,
Ils eurent la perte, & la honte.

Pluſieurs ſeigneurs d’illuſtre ſang,
Suiuant leur chef marchent de rang
Curieux d’vne belle gloire :
Pluſieurs en ce dangereux pas
Par vn plus loüable treſpas
Changent leur vie à la victoire.

La poudre, la bale, & le ſon
Du beau & vaillant Brianſon
Emportent la ſaincte ceruelle :
Qu’vn Dœmõ prend ſoigneuſemẽt,
Puis Iupiter tout promptement
En faict vne Pallas nouuelle.

Parmy ces effroyables coups,
Ie voy le grand guerrier Onoux
Tombé ſur la riue du fleuue,
Il eſt (ô doloreux meſchef !)
Bleſſé mortellement au chef
Malgré le caſquet à l’eſpreuue.

Voicy le hardy Boif-iourdain,
Qui le releue de ſa main
Sans abandonner l’entrepriſe :
Bien que froißé, caſſé, battu,

Leur nombre cede à ſa vertu,
La breche par luy eſt repriſe.

Tandis ce grand Orithien,
Cherche touſiours nouueau moyen,
Pour faire vne braue ſortie
Sur cet Harpiac eſtranger
Lequel deſcend pour te manger
De l’extremité de Scythie.

Tes murs ſont preſque ruinez,
Tes ſouldars morts ou mutinez,
Tu languis de faim qui te preſſe :
Toutefois ce genereux cœur,
Iamais vaincu, touſiours vainqueur
Te leuera de ton opreſſe.

Contre l’Armoric & l’Anglois,
Tu ſouſtins le ſceptre, & les loix
Par deux Vierges Roines guidee :
Tu te ſauuas diuinement,
Et ores tu es ſainctement
Par le grand Guiſien gardee.

L’Hebrieu arreſta le ſoleil,
Le petit Clain en cas pareil
Reuerant ſa puiſſance forte :
A faict vn lac dedans le pré,
A diane, & Pallas ſacré,
Contre le courant qui l’emporte,


Les Manes ſont tous reſiouis
Au tour de ce grand Roy Louis,
Qui de ſon illuſtre ſemence
Voit ſortir ce braue ſeigneur,
Dont le conſeil, force, & bõ-heur
Soutient le beau lys de la France.

Preſte l’oreille à ce doux bruit,
Voy-tu ce viel Sennacherib
Rompu par la force de l’Ange :
Voy-la Femme de ce guerrier
Celebrer le digne Laurier,
Au Po, au Iourdain, & au Gãge.