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Les Actes des Apôtres/30

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XXX

DISPUTE ENTRE LES JUIFS ET LES PAÏENS CONVERTIS.
LES APÔTRES PRENNENT S. PIERRE POUR JUGE.



Grand’mère. Quelque temps après, Paul et Barnabé discutèrent vivement avec des Juifs convertis venus de Judée, qui prétendaient que, pour être chrétien, il ne suffisait pas d’être baptisé, il fallait encore être circoncis comme l’étaient tous les Juifs.

Plusieurs disciples juifs qui avaient conservé l’orgueil de leur nation…

Jacques. Pourquoi étaient-ils orgueilleux ? Il n’y avait pas de quoi pourtant.

Grand’mère. Ils se croyaient la nation la plus favorisée du monde et ils l’avaient été réellement, puisque leur nation avait été choisie entre toutes pour donner au monde le Messie. Si les Juifs sont tombés si bas, c’est qu’ils ont méconnu et crucifié le Messie.

Quoi qu’il en soit, ces Juifs venus de la Judée voulaient que tous les Chrétiens fussent circoncis ; et les nouveaux baptisés ne le voulaient pas.

Henriette. Pourquoi cela ? Qu’est-ce que cela leur faisait ?

Grand’mère. Parce qu’étant baptisés, étant parfaitement chrétiens, ils jugeaient inutile de mêler une cérémonie juive à une cérémonie chrétienne. D’ailleurs, ils n’avaient pas grande confiance dans des hommes qui leur disaient le contraire de ce que leur avaient enseigné Paul et Barnabé.

Saint Paul et saint Barnabé approuvaient et soutenaient vivement leurs disciples, ne voulant pas imposer aux païens convertis une cérémonie inutile et pour laquelle ils témoignaient de la répugnance.

Jacques. C’est très-bien à saint Paul et à saint Barnabé ; j’aime bien mieux cela ; ils avaient raison et ils ne devaient pas céder ! Des mauvaises gens qui ne savent rien et qui veulent faire les maîtres !

Grand’mère, souriant. Tu as bien vite tranché la question, toi. Il paraît qu’elle n’était pas si facile puisque saint Paul et saint Barnabé n’ont pas pu les convaincre.

Élisabeth. Mais pourquoi ne demandaient-ils pas à saint Pierre ? Ils auraient été bien vite d’accord, puisqu’il était leur maître à tous.

Grand’mère. C’est précisément ce qu’ils ont fait plus tard. Après s’être bien disputés, personne ne croyant devoir céder, on résolut de soumettre la question à saint Pierre. Il fut décidé que ce serait saint Paul, saint Barnabé et quelques autres qui iraient à Jérusalem.

Quand ils arrivèrent, ils furent reçus avec une grande joie par Pierre et par tous les Chrétiens. Quand Paul et Barnabé rendirent compte de leurs voyages dans les villes de l’Asie-Mineure, et qu’ils parlèrent du sujet principal de leur retour, quelques Pharisiens convertis à la foi de Notre-Seigneur, se levèrent, disant qu’il fallait que les infidèles fussent circoncis et qu’on devait leur imposer de garder toutes les cérémonies de la loi de Moïse.

Les Apôtres et les Anciens se rassemblèrent pour se consulter sur cette question.

Camille. Grand’mère, je trouve que les Pharisiens ont été bien peu respectueux pour saint Pierre ; ils devaient attendre ses ordres, avant de décider eux-mêmes une question si difficile.

Grand’mère. Sans doute, chère petite ; l’esprit pharisaïque, qui est tout orgueil, ne les avait pas entièrement quittés à ce qu’il paraît. Ils auraient dû, comme tu le juges fort bien, attendre respectueusement l’avis de saint Pierre et ne pas donner le leur avant qu’on le leur eût demandé.

Leurs paroles donnèrent lieu à une vive discussion. Pierre alors se leva, et leur parla à peu près ainsi :

« Mes Frères, vous savez que le Seigneur m’a choisi pour parler le premier aux Gentils, afin que par ma bouche, ils puissent entendre la parole de Dieu, et connaître Notre-Seigneur Jésus. Ils ont cru en lui, et Dieu, qui connaît les cœurs, les a reçus parmi les siens, en leur envoyant l’Esprit-Saint comme à nous. Il n’a fait aucune différence entre eux et nous, purifiant leurs cœurs par la foi.

« Pourquoi donc voulez-vous faire ce que Dieu n’a pas fait ? Pourquoi voulez-vous leur imposer une cérémonie qu’il n’a pas ordonnée ? Nous croyons nous autres, que nous serons sauvés et eux aussi, par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ. »

Quand Pierre eut parlé, toute la multitude se tut.

Pierre. À la bonne heure ! Voilà de la vraie obéissance.

Grand’mère. Sans doute ; c’est ainsi qu’ont toujours fait depuis et que feront toujours les vrais catholiques. Dès que le souverain Pontife a décidé une question, ils se soumettent respectueusement ; ils croient, et tout est fini.

Les fidèles assemblés écoutaient Paul et Barnabé qui racontaient combien de prodiges Dieu avait faits par leurs mains parmi les Gentils.

Saint Jacques parla ensuite et termina en disant que son avis était celui de saint Pierre, qu’il ne fallait pas inquiéter et repousser ceux des Gentils qui se tournaient vers le Seigneur et qui croyaient en lui. Mais qu’il fallait leur écrire qu’ils devaient persévérer dans la foi, et s’abstenir de tout péché.

Alors les Apôtres et les Anciens décidèrent qu’on choisirait quelques disciples et qu’on les enverrait avec Paul et Barnabé à Antioche ; qu’on écrirait, au nom des Apôtres et des Anciens, une lettre pour les rassurer et les affermir dans la foi. Qu’on ne leur imposerait aucune chose inutile, qu’on ne leur ferait faire que les choses nécessaires, comme de s’abstenir de toute mauvaise action, de ne pas manger des mets consacrés aux idoles. Saint Pierre et les Apôtres ayant approuvé ce que disait Jacques, on écrivit la lettre et les envoyés partirent ; étant arrivés à Antioche, ils assemblèrent les nouveaux Chrétiens, et leur remirent la lettre. L’ayant lue, ils se réjouirent beaucoup. Les envoyés des Apôtres leur parlèrent et les fortifièrent par leurs bonnes paroles.

Ces disciples restèrent quelque temps à Antioche ; ils revinrent ensuite à Jérusalem auprès de saint Pierre.