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Les Actes des Apôtres/54

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LIV

ILS SONT BIEN TRAITÉS PAR LES HABITANTS.
MIRACLES DE SAINT PAUL.



Grand’mère. Les habitants du pays étaient bons ; ils s’empressèrent de venir à leur secours. Ils leur apprirent qu’ils étaient dans l’île de Malte.

Armand. Où est Malte ?

Grand’mère. Dans la mer Méditerranée, du côté de la Sicile. L’île de Malte appartient aujourd’hui aux Anglais.

Les habitants de l’île de Malte emmenèrent chez eux les pauvres naufragés ; les voyant transis de froid, car on était dans le mois d’octobre et l’eau de la mer les avait trempés, ils allumèrent un grand feu pour les sécher et les réchauffer.

Saint Paul, ayant ramassé lui-même une quantité de sarments de vigne, les jeta au feu, lorsque tout à coup une vipère, qui avait été engourdie par le froid, fut subitement réveillée par la chaleur ; elle lui sauta à la main et le mordit. Quand les habitants virent Paul piqué par une vipère dont la morsure est mortelle dans ces pays-là, ils dirent entre eux que cet homme était sans doute un meurtrier, puisque après avoir échappé à la mer, les Dieux ne lui permettaient pas de vivre.

Marie-Thérèse. Comment les Dieux ? puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu.

Grand’mère. Nous n’en adorons qu’un ; mais les païens ignorants en adoraient une quantité. Tu verras cela quand tu apprendras la mythologie ou histoire de la Fable.

Saint Paul, secouant la vipère et la faisant retomber dans le feu, n’en ressentit aucun mal.

Ceux qui étaient là, le regardaient, croyant qu’il allait enfler, tomber par terre et mourir. Après avoir attendu longtemps, voyant qu’il ne mourait pas, qu’il n’enflait même pas, ils changèrent de pensée et dirent qu’il était un Dieu.

Élisabeth. Grand’mère, je trouve que tous ces païens et Gentils sont un peu bêtes ; ils changent d’idée comme des enfants ; tantôt ils vous portent au Ciel comme des dieux, tantôt ils veulent vous tuer comme des scélérats.

Grand’mère. C’est ce qui arrive, chère petite, à tous ceux qui ne connaissent pas la vérité ; ils ne savent sur quoi appuyer leur esprit, et ils passent d’une erreur à l’autre. Il n’en est pas de même pour nous ; les Chrétiens ont trouvé la vérité ; ils ont foi en l’Église ; ils s’appuient sur elle et ils sont sûrs de n’être jamais trompés par elle, puisqu’elle est l’œuvre du Saint-Esprit, c’est-à-dire de Dieu.

Camille. Certainement ; si on a besoin d’un conseil, d’une explication, on s’adresse au prêtre, ministre de Dieu, qui est lui-même instruit et éclairé par le Pape, successeur de saint Pierre. Rien n’est plus simple.

Louis. Comment ? chaque prêtre va à l’école chez le Pape ?

Grand’mère. Non, cher enfant, le Pape n’a pas d’école ; les hommes qui veulent être prêtres font leurs études dans des écoles qu’on appelle des Séminaires, où on leur enseigne la théologie, c’est-à-dire la science de la religion, de la seule vraie religion dont le. Pape est le Chef et qu’il préserve de toute erreur. Quand le Pape juge à propos d’enseigner quelque chose ou de condamner une erreur, il envoie son jugement à tous les Évêques. Les Évêques le transmettent aux prêtres, et par les prêtres, à tous les fidèles.

Revenons à saint Paul, si persécuté, si courageux, si fidèle.

Il y avait en cet endroit de l’île de Malte des terres appartenant au plus grand seigneur de l’île ; il s’appelait Publius et il reçut saint Paul et ses compagnons pendant trois jours ; il fut très-bon pour eux. Le père de Publius était dans son lit, souffrant beaucoup d’une maladie qu’on appelle la dyssenterie. Paul entra chez lui ; il s’agenouilla et pria ; ensuite il lui imposa les mains et il le guérit subitement.

Ce miracle fut connu de tous les habitants de l’île ; les malades accouraient en foule près de saint Paul qui les guérissait tous. Ils en témoignèrent beaucoup de reconnaissance et donnèrent à saint Paul et à tous ses compagnons tout ce qui leur était nécessaire pour reprendre leur navigation.