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Les Actes des Apôtres/56

La bibliothèque libre.
Librairie de L. Hachette et Cie (p. 190-193).

LVI

LE SYMBOLE DES APÔTRES.



Grand’mère. C’est ici, chers enfants, que finissent les Actes des Apôtres, mais je vous raconterai la fin de la vie de saint Paul ; et celle de saint Pierre, et des autres Apôtres. Saint Luc ne nous a pas rapporté la fin de leur histoire ; nous en connaissons les intéressants détails par les antiques traditions de Rome, et comment chacun des Apôtres a consommé son martyre. Je ne vous dirai ici que ce qui paraît tout à fait certain.

Élisabeth. Grand’mère, où était saint Pierre, quand saint Paul l’a quitté avec saint Luc ?

Grand’mère. Il était à Jérusalem. Il venait, avec ses frères et les Apôtres, de composer la grande profession de foi appelée le Symbole des Apôtres

Valentine. Qu’est-ce que c’est : le Symbole des Apôtres.

Grand’mère. Symbole veut dire abrégé de la foi. Le Symbole des Apôtres est une prière qui indique en abrégé aux Chrétiens tout ce qu’ils doivent croire sous peine de ne pas être Catholiques ; on appelle cette prière le Credo ; vous la dites tous, tous les jours.

Armand. Non, Grand’mère, je ne la, dis pas.

Grand’mère. Comment ? tu ne la dis pas : Je crois en Dieu

Armand. Oui, oui, Grand’mère ; tous les matins. Pas le soir, par exemple, parce que j’ai trop envie de dormir ; je dis seulement Notre Père ; Je vous salue Marie, et d’autres petites prières pour tout le monde.

Grand’mère. Eh bien ! Je crois en Dieu est précisément le Credo ; mais il faut aussi dire le Credo autant que possible, le soir comme le matin.

Armand. Et pourquoi l’appelez-vous Credo ?

Grand’mère. Parce que Credo est le mot latin qui veut dire Je crois ; et comme c’est le premier mot de la prière, on l’appelle le Credo.

Jeanne. Et ce sont les Apôtres qui ont fait eux-mêmes cette prière ?

Grand’mère. Oui, saint Pierre et les autres.

Henriette. C’est bienheureux qu’ils l’aient faite.

Jacques. Pourquoi cela ?

Henriette. Parce que, sans cette prière, on n’aurait su que croire. Et comme on a confiance dans les Apôtres, on croit ce qu’ils ont dit.

Jacques. On l’aurait su tout de même, puisque l’Évangile le dit.

Louis. Mais on ne peut pas relire tout l’Évangile tous les matins.

Jacques. Non, mais on se rappelle bien à peu près.

Louis. Et si tu comprends une chose d’une manière et moi d’une autre ?

Jacques. Alors, nous demanderons à maman.

Louis. Et si maman n’y est pas ? ou bien si c’est une maman pauvre qui ne sait pas lire ?

Jacques. Alors on demande au curé.

Louis. Et si le curé se trompe ? et si tu es dans un pays où on se dispute pour les choses de la religion, comme en Angleterre ou en Russie ?

Jacques. Alors on demanderait à l’Évêque.

Pierre. Mais l’Évêque peut aussi se tromper. Il y en a qui se sont trompés et qui ont été condamnés par les Papes ?

Jacques. Ah ! ce serait bien embarrassant.

Pierre. Tu vois bien qu’il faudrait aller jusqu’au Pape pour ne pas se tromper, puisque le Pape seul ne peut jamais se tromper dans les affaires religieuses. Et comment veux-tu que chacun aille courir chez le Pape pour savoir ce qu’il doit croire ?

Grand’mère. Mes chers petits, je vous ai laissés débattre cette question pour vous faire comprendre combien il est nécessaire que tous les articles de foi soient clairement expliqués par ceux qui continuent la Divine mission des Apôtres. Pierre a raison ; et le raisonnement de Louis est très-juste ; si nous n’avions pas la foi que les Apôtres ont résumée dans le Credo, nous serions comme les hérétiques ; ils n’ont pas de chef ; ils refusent de croire à l’autorité du Pape, successeur de saint Pierre, et chef de l’Église ; ils comprennent et expliquent chacun à leur manière les livres saints, comme la Bible, l’Évangile, les Actes des Apôtres et les Épîtres des Apôtres ; et comme chacun croit avoir mieux compris que les autres, ils se disputent ; ils se séparent, ils forment une quantité de Sectes qui se trompent toutes et qui se détestent entre elles ; et ils n’ont personne pour les mettre d’accord.

Louis. Qu’est-ce que c’est : Secte ?

Grand’mère. Une Secte est une réunion de gens qui n’ont pas les mêmes croyances.

Nous autres catholiques, grâce à notre chef unique qui est notre Saint-Père le Pape, nous avons tous la même croyance ; nous sommes tous unis dans la même foi, nous croyons ce que croient les Catholiques Anglais, Allemands, Espagnols, Chinois, Américains, etc. Et nous obéissons tous au même chef. C’est comme une armée commandée par un seul général ; soldats, lieutenants, capitaines, colonels, généraux, tous obéissent au même commandement, suivent les ordres qui leur sont donnés et s’adressent à leur Chef dans toutes les difficultés du service. C’est enfin la tête qui commande aux membres, et les membres qui obéissent à la tête.